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Maurice Guillaume (militaire)

Maurice Guillaume, né à Chaumont (Haute-Marne) le et mort à Paris le , est un officier français devenu directeur de journaux dans l'entre-deux-guerres.

Maurice Guillaume
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Maurice Joseph Guillaume
Nationalité
Formation
École spéciale militaire de Saint-Cyr (-)
Petit séminaire de Langres (d)
Activités
Fratrie
Enfant

Biographie

Carrière militaire

Fils d'officier[1], Maurice Guillaume a été élève au petit séminaire de Langres[2]. Il s'engage dans l'armée en 1906 et intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr; il fait partie de la 91e promotion (1907-1908) et en sort major de promotion[3]. Il sert en Afrique du Nord, en Algérie et au Maroc. Alors jeune lieutenant de 23 ans, il est blessé durant les émeutes de Fès d'avril 1912[4]. De 1912 à 1915, il est affecté au bureau militaire du Résident général au Maroc, le maréchal Hubert Lyautey, dont il est l'officier d'ordonnance puis le chef de cabinet.

Il sert en France comme capitaine puis chef de bataillon dans l'infanterie (chasseurs à pied) durant la Première Guerre mondiale. Il est sept fois cité, reçoit la croix de guerre et la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1916. Deux fois blessé, il est affecté à l'état-major de la 8e armée en 1918. Il est mis à disposition de la présidence de la République en 1920, comme officier d'ordonnance de Paul Deschanel[5], ce qui lui vaut d'être promu officier de la Légion d'honneur.

Il épouse en 1919 Germaine de Kératry (1893-1994), issue d'une famille de la noblesse bretonne, fille aînée d'un directeur du contrôle financier en Indochine, Pierre de Kératry. Infirmière de la Croix-Rouge durant la guerre, elle est titulaire de la croix de guerre comme son mari. L'un des témoins de mariage de Guillaume est Aristide Briand[6]. Ils ont eu quatre enfants, deux filles et deux fils. Ses deux filles épouseront des officiers : Monique, mariée au capitaine de frégate Bizot-Espiard, et Claude, qui épouse en 1944 un saint-cyrien, Pierre Favereau[7]. Ses deux fils seront aussi officiers : Jean-Marie, décédé en Algérie en 1957 à la tête d'une unité de parachutistes[8], et Pierre Guillaume, lieutenant de vaisseau, officier putschiste en 1961 et membre de l'OAS, condamné à plusieurs années de prison ; son itinéraire a influencé Pierre Schoendoerffer pour son roman et son film Le Crabe-tambour[9].

Mis en congé sans solde en 1921, il mène une seconde carrière de journaliste, tout en demeurant en disponibilité et dans le cadre de réserve, affecté à l'état-major du gouverneur militaire de Paris[10]. Il est promu lieutenant-colonel en 1926 - il est alors à 39 ans le plus jeune de son grade - puis colonel en 1930[11]. Ce qui lui vaut un article moqueur du Canard enchaîné[12]. Il est promu commandeur de la Légion d'honneur en 1927 et devient le plus jeune commandeur de France[13]. C'est le maréchal Lyautey qui lui remet sa cravate de commandeur lors d'une cérémonie aux Invalides[14]. Il est à cette date membre de l'Association des membres de la Légion d'honneur décorés au péril de leur vie et membre du conseil de l'Association des Amis de Saint-Cyr[15].

Il est affecté à la tête du centre mobilisateur de Belfort en 1939[16], puis est promu général de réserve durant l'Occupation[17].

Journaliste et directeur de journaux

D'abord secrétaire général du quotidien de droite L'Intransigeant de 1921 à 1924, il est nommé directeur du quotidien d'information Le Petit Journal en , à 38 ans[18]. Désigné administrateur de ce quotidien en [19] et administrateur de Paris-Midi, tout en étant directeur et propriétaire de la Dépêche marocaine[20], il est obligé de quitter le poste de directeur à la mort du commanditaire du Petit Journal, Louis Loucheur[21]. Il est ensuite directeur du Quotidien, commandité par Jean Hennessy, jusqu'au début de l'année 1933[22].

Il fonde en et dirige un hebdomadaire, Vendémiaire[23], puis un autre en , Choc, dont il est aussi le propriétaire[24]. Son épouse aurait collaboré à ce périodique, signant des éditoriaux[25]. Choc est un périodique « national », opposé au Front populaire et à Léon Blum[26], et très anticommuniste ; il publie entre juillet et les appels du général Edouard Duseigneur à l'union des « nationaux » contre le communisme[27]. D'abord déférent à l'égard des Juifs, il verse ensuite dans l'antisémitisme[28].

Le colonel Guillaume participe à la campagne menée par l'extrême droite contre le chef du Parti social français, le colonel François de La Rocque : il publie des échos contre lui dans son journal, puis des articles du duc Joseph Pozzo di Borgo, du commandant Stanislas Sicé[29] ou de Philippe Henriot accusant La Rocque d'avoir reçu des fonds secrets d'André Tardieu lorsqu'il dirigeait les Croix-de-Feu. D'où la série de procès en 1937-1938 l'opposant à La Rocque[30] - [31]. Il est agressé par des militants du PSF en [32].

Au service du régime de Vichy

Devenu général du cadre de réserve, Guillaume, qui a servi dans sa jeunesse en Afrique du Nord et a présidé dans l'entre-deux-guerres la Djellaba, association amicale des troupes du Maroc[33], est chargé auprès du chef du gouvernement, Pierre Laval, de la coordination des affaires nord-africaines, ainsi que du contrôle du service des affaires nord-africaines, créé en par le régime de Vichy pour s'occuper des questions intéressant les Nord-Africains se trouvant sur le territoire métropolitain[34].

Il est arrêté à la Libération[35], incarcéré jusqu'en , appréhendé une nouvelle fois le ; il est alors soupçonné de collaboration économique - il aurait eu des intérêts dans une entreprise qui devint un centre d'achat allemand sous l'Occupation, mais cette information fait l'objet d'un classement - et de trahison : il aurait travaillé pour l'Abwehr selon la presse. Il se défend en affirmant qu'il a transmis des renseignements à la Résistance. Il est mis en liberté provisoire et bénéficie ensuite d'un non-lieu, en 1946[36].

Il est inculpé en 1951 de faux et usage de faux certificats de résistance mais il proteste de sa bonne foi[37]. Il est condamné en 1953, par défaut, à trois mois de prison avec sursis dans cette affaire d'un faux réseau de résistance, les Loups de France[38].

Il meurt en 1961 d'une embolie au cours de la cérémonie du retour des cendres du maréchal Lyautey[39].

Distinctions

Notes et références

  1. Cf. le Dossier de la LĂ©gion d'honneur de Jules Guillaume sur la base LĂ©onore
  2. Revue des lectures, 15 septembre 1934
  3. Historique de la promotion du centenaire de l'Ă©cole de Saint-Cyr, Annuaire de la Saint-Cyrienne, 15 septembre 1931, "DĂ©jeuner de la promotion du Centenaire", Le Gaulois, 23 mars 1922
  4. L'Ouest-Eclair, 19 avril 1929 (témoignage de Guillaume sur les émeutes de 1912)
  5. "L'accident de M. Paul Deschanel", Le XIXe siècle, 25 février 1920, "Les vacances de M. Paul Deschanel", Le Gaulois, 12 avril 1920, "Le monument Paul Deschanel", Le Radical, 31 octobre 1926
  6. Journal des débats, 14 mai 1919, "Mariages", Le Gaulois, 29 décembre 1918, Dossier de la Légion d'honneur de Pierre de Kératry sur la base Léonore. Elle est la petite-fille d'Émile de Kératry.
  7. Le Matin, 30 juin 1944, Biographies des principales personnalités françaises décédées au cours de l'année, 1962, p. 104
  8. Le Monde, 19 août 1961
  9. Bulletin des amis de Raoul Salan, no 9, biographie de son fils Pierre
  10. Journal officiel, 20 septembre 1926
  11. "Le lieutenant-colonel Guillaume", Le Journal, 8 janvier 1926 (avec une photographie), "Deux records", Le Gaulois, 8 janvier 1926, Comœdia, 29 janvier 1930
  12. L'Humanité, 10 septembre 1936
  13. Paris-midi, 17 décembre 1927
  14. Cf. son dossier de la Légion d'honneur, "Une belle cérémonie aux Invalides", Le Petit Journal, 16 décembre 1927, "Prise d'armes aux Invalides", Le Petit Parisien, 16 décembre 1927, "Le maréchal Lyautey préside une prise d'armes aux Invalides", Le Journal, 16 décembre 1927, "Une prise d'armes aux Invalides", L'Ouest-Eclair, 17 décembre 1927. Ces journaux publient en "une" une photo du lieutenant-colonel Guillaume décoré par Lyautey. Cf. aussi Armée et marine, no 37, janvier 1928 et Ambassades et consulats, juillet 1927, Le Radical, 18 décembre 1927 (photographies en civil)
  15. "Une prise d'armes aux Invalides", Le Gaulois, 16 décembre 1927, L'Echo de Paris, 27 avril 1928, 34e liste des membres de la Légion d'honneur décorés au péril de leur vie,"Association des amis de Saint-Cyr", Le Journal, 27 novembre 1927
  16. Jacques Nobécourt, op. cit., p. 669
  17. En 1943 selon Le Monde du 8 juin 1946.
  18. L'Intransigeant, 5 décembre 1924, "Informations", La Presse, 7 décembre 1924, Le Gaulois, 5 décembre 1924, Le Radical, 17 juillet 1927, "Le Petit Journal. Chez le commandant Guillaume, directeur", Lectures pour tous, février 1926
  19. La Revue diplomatique, octobre 1930, Ibid., 31 octobre 1931
  20. Comœdia, 29 janvier 1930, Le Journal, 28 janvier 1930
  21. François Dubasque, op. cit., chap. 9, note 14, "Maîtres de l'opinion: Le Petit Journal", Les Nouvelles littéraires, 2 juillet 1932
  22. "Maîtres de l'opinion: Le Quotidien", Les Nouvelles littéraires, 10 septembre 1932, L'Œil de Paris pénètre partout, 7 janvier 1933. Jusqu'en mai 1933 selon François Dubasque, op. cit., chap. 9, note 14
  23. Journal « dévoué aux anciens combattants et au redressement national » selon L'Eveil économique de l'Indochine, 8 juillet 1934. Cf. aussi Revue des lectures, 15 septembre 1934. L'hebdomadaire est possédé par une société au capital de 600 000 francs dont Guillaume est l'un des administrateurs : Moniteur de la papeterie française, 1er janvier 1934, Les Documents politiques, diplomatiques et financiers, février 1934 (il possède 290 actions sur 600). Vendémiaire est dirigé à partir de 1935 par Émile Buré, directeur du quotidien L'Ordre.
  24. "Un nouveau grand hebdomadaire, Choc", L'Ouest-Eclair, 6 novembre 1935, "M. Maurice Guillaume nous parle de Choc", Comœdia, 26 octobre 1935. Premier éditorial reproduit en partie dans "Pour la vraie paix", Le Journal des débats, 21 novembre 1935. Il publie fin 1935 une enquête intitulée "Une explication franche et décisive avec l'Allemagne est-elle souhaitable et possible ?": Cahiers de l'Union fédérale, 20 décembre 1935
  25. "Toutes les coulisses", Comœdia, 27 décembre 1935 (sous le pseudonyme de GK Guillaume). Son épouse est présentée comme sa collaboratrice par l'un de ses avocats en 1938 : L'Ouest-Eclair, 26 mars 1938
  26. "Le colonel Guillaume excitateur à l'assassinat de Léon Blum", Le Populaire, 15 février 1936
  27. Henry Coston (dir.), Partis, journaux et périodiques d'hier et d'aujourd'hui, Lectures françaises, décembre 1960, p. 135, L'Echo d'Alger, 18 avril 1937 : enquête sur la nécessité de l'union des groupements non-communistes face au communisme
  28. Simon Epstein, op. cit., p. 163
  29. Notamment l'article intitulé « Lâcheté » dans le numéro du 29 juillet 1937 de Choc: « Je déclare ici, en mon nom personnel et au nom des Camarades du feu [association de Croix de feu dissidents fondée et présidée par Sicé], que je tiens M. de La Rocque pour indigne de l'uniforme français qu'il a porté. Je déclare tenir pour certain qu'il a émargé aux fonds secrets de divers ministères, à l'insu du comité directeur dont je faisais partie ». Ainsi que l'article du 19 août.
  30. Jacques Nobécourt, op. cit.
  31. Le Petit Journal, 22 octobre 1937, Le Petit Journal, 4 janvier 1938, Ibid., 1er décembre 1937, L'Ouest-Eclair, 1er décembre 1937, Paris-Soir, 20 juillet 1938, L'Ouest-Eclair, 16 novembre 1937, interrogatoire de Guillaume,"Les procès de La Rocque", Ibid., 8 décembre 1937 (plaidoiries des avocats de Guillaume), "Les jugements du procès La Rocque", L'Ouest-Eclair, 4 janvier 1938, Ibid., 21 juillet 1938, Lettre de Guillaume, Le Populaire, 7 décembre 1937 (photographie)
  32. "Les agresseurs du colonel Guillaume comparaissent devant le tribunal correctionnel de Saint-Malo", Paris-Soir, 26 mars 1938
  33. Le Journal, 18 avril 1929, "Une cérémonie à la mémoire des morts du Maroc". Il est désigné en 1926 président des anciens des 2e et 2e bis régiments de zouaves : Les Echos des anciens combattants, janvier 1926
  34. Journal officiel, 30 juin 1943, "Direction du service des affaires nord-africaines", Paris-Soir, 17 décembre 1943, "Un musulman de Paris tient table ouverte" (photographie ), Ibid., 9 décembre 1943, "Pour fêter l'Aid-el-Kébir", Le Matin, 18 décembre 1943, "Une manifestation artistique au profit des isolés nord-africains", Le Matin, 20 mai 1944, "Le meilleur bineur de betteraves de Seine-et-Marne un Nord-Africain est fêté à Melun (photographie). Service des affaires nord-africaines : cf. Informations générales, 10 août 1943
  35. L'Humanité, 23 septembre 1944
  36. « le lieutenant de Vaisseau Pierre Guillaume », Bulletin des amis de Raoul Salan, no 9,‎ (lire en ligne) ( éléments biographiques dans la biographie de son fils Pierre}, « Colonel Guillaume : Il est accuse d'avoir fourni aux Allemands des renseignements d’ordre militaire », Le Monde,‎ (lire en ligne), 12 juin 1946, "Le cas du colonel Guillaume. Une mise au point du ministère de la justice", Le Monde, 24 juin 1946, "Le général Guillaume porte plainte contre le directeur de la sécurité militaire"
  37. Le Monde, 17 mars 1951 (une erreur factuelle dans l'article : il n'était plus directeur du Petit Journal en 1937), Le Monde, 19 mars 1951, "Une lettre du général Guillaume"
  38. Paris-presse, L’Intransigeant, 21 juillet 1953, Ce Soir, 5 juillet 1952
  39. Le Monde, 19 août 1961 (information donnée par l'avocat de Pierre Guillaume lors du procès de ce dernier relatif au putsch de 1961 en Algérie).
  40. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
  41. « Dossier de la Légion d'Honneur (Base Léonore) », sur http://www.culture.gouv.fr

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacques NobĂ©court, Le Colonel de La Rocque (1885-1946) : Ou les pièges du nationalisme chrĂ©tien, Paris, Fayard, coll. « Pour une histoire du XXe siècle », , 1194 p. (ISBN 978-2-35512-027-5).
  • Simon Epstein, Un paradoxe français : Antiracistes dans la Collaboration, antisĂ©mites dans la RĂ©sistance, Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèque Histoire », , 622 p. (ISBN 978-2-226-17915-9)
  • Pierre Guillaume (militaire) (fils de Maurice Guillaume), Mon âme Ă  Dieu, mon corps Ă  la patrie, mon honneur Ă  moi, MĂ©moires, Paris, Plon, 2006
  • François Dubasque, Jean Hennessy (1874-1944). Argent et rĂ©seaux au service d'une nouvelle RĂ©publique, Presses Universitaires de Rennes, 2008.

Liens externes

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