Mathias Sorgho
Né en 1920 et mort le , Daogo Mathias Sorgho est un homme politique de la Haute-Volta (aujourd'hui Burkina Faso), président de l’Assemblée territoriale, six fois ministre de 1958 à 1963 puis ambassadeur. Il a notamment fait partie de l'équipe qui a piloté le passage de la tutelle française à l'autonomie puis l'indépendance de la Haute-Volta.
Ministère de la Santé (d) | |
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Ministère de l’Education nationale |
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Daogo Mathias Sorgho |
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Biographie
Origine et formation initiale
Alors qu'il n'est encore qu'un enfant, son père, chef d’un petit village dans la région de Tenkodogo en Haute-Volta, est sollicité fortement par les autorités françaises pour qu'il soit envoyé à l'école des blancs. L'objectif est de placer les enfants des chefs traditionnels sous l'influence et la dépendance du pouvoir colonial. Selon les explications de Sorgho lui-même, ce départ se fait dans la honte, honte de la famille de céder à la pression : « Et c’est mon grand frère, qui était déjà un homme mûr, qui m’a emmené. Mais on a attendu la nuit, parce qu’on n’a pas voulu me sortir du village pendant le jour, pour que tout le monde voie comme cela »[1].
Retenu ensuite comme élève à l’École normale William-Ponty[1], il devient instituteur. Il est même le premier directeur de l’école publique de Houndé de 1943 à 1950 puis de l’école de Taamsin de 1951 à 1954. Catholique, il se marie et est le père de 10 enfants, 2 garçons et 8 filles[2]. Entretemps, la Seconde Guerre mondiale, et la guerre d'Indochine (et bientôt la guerre d'Algérie) font émerger un mouvement de décolonisation dans l'ancien empire colonial français[3].
Participation à la marche de la Haute-Volta vers l'indépendance
La Haute-Volta avait été démembrée en 1932 et divisée en trois régions administrées respectivement par la Côte d’Ivoire, le Soudan français et le Niger. Elle fut reconstituée en 1946 et dotée d'une première structure représentative, sur la base du décret no 46-2375 du portant création d’assemblées territoriales en Afrique-Occidentale française. Mathias Sorgho commence sa carrière politique comme conseiller territorial de Tenkodogo en 1952, rattaché à l'Union Voltaïque (UV). Président de l’Assemblée territoriale de Haute-Volta en 1957[4], il se rallie en au Parti Démocratique Unifié/Rassemblement démocratique africain (PDU/RDA), le mouvement de Ouezzin Coulibaly (ancien enseignant et chargé de cours de pédagogie à l'école normale William-Ponty) et Félix Houphouët-Boigny[5] - [6], permettant à Ouezzin Coulibaly de se maintenir comme chef du conseil de gouvernement, avec Maurice Yaméogo comme ministre de l'intérieur, dans une structure exécutive mise en place en Haute-Volta par la loi no 56-619 du dite Loi-cadre Defferre[7]. La Haute-Volta est encore un des territoires d'outre-mer de la France.
Il est nommé ministre de la Santé publique de février à [8]. Le , ce territoire de la Haute-Volta se transforme en République de Haute-Volta, une république membre de la communauté franco-africaine. Une transition est en cours pour passer de la tutelle française à un statut qui reste à définir, mais qui est négocié, par le conseil de gouvernement auquel appartient Mathias Sorgho, avec le gouvernement français désormais dirigé par le général de Gaulle (revenu depuis peu aux affaires). « Il n'était pas douteux que, sous l'impulsion des élites, les populations décideraient d'aller à l'indépendance», écrit Charles de Gaulle dans ses Mémoires d'espoir, parlant de l'Afrique noire, « mais il s'agissait de savoir si ce serait d'accord avec nous, ou sans et, même, contre nous »[9]. De à , Mathias Sorgho devient ministre de la Jeunesse et des Sports, et enfin ministre des travaux publics, des transports et des communications, d’ à [10] - [2]. Il fait ainsi partie de l'équipe ministérielle de la République de Haute-Volta qui a préparé l'accès à l'indépendance, concrétisé le , avec comme premier président Maurice Yaméogo[11] - [12].
Après l'indépendance
Après l'indépendance, il est nommé ministre de l’Éducation nationale de à octobre 1963 sous la présidence de Maurice Yaméogo. Il s'emploie notamment à ouvrir des écoles primaires et des établissements secondaires dans la capitale Ouagadougou et dans tout le pays[13]. Maurice Yaméogo le nomme ensuite ambassadeur à Paris de 1964[14] à 1966[15].
Plusieurs de ses enfants auront un rôle important dans le nouveau pays ou dans des organismes internationaux, telles deux de ses filles, Odile Sorgho-Moilinier, née en 1948, directrice du bureau du Programme des Nations unies pour le développement, à Genève, jusqu'en [5], et Alice Sorgho-Ouédraogo, née en 1955, représentante de l'Organisation internationale du travail (OIT) au Cameroun, en Éthiopie, directrice du programme de l'OIT pour l'abolition du travail des enfants, puis, en 2006, directrice du bureau de l'Organisation internationale du travail pour l'Afrique centrale et enfin Directrice du Programme OIT/Sida[5] - [16] - [17]. Son fils jumeau et aîné, Germain Sorgho, était également haut fonctionnaire à l'Organisation mondiale de la santé. Le décès de Mathias Sorgho est intervenu le , peu de jours après celui de ce fils aîné, et alors qu'il attendait le retour de sa dépouille en Burkina Faso[2].
Références
- Jézéquel 2003.
- L'observateur 2004.
- M'Bokolo 2004.
- site de l'Assemblée nationale du Burkina Faso
- Rupley, Bangali et Diamitani 2013, p. 202.
- Zougmoré 2010.
- Zougmoré 2013.
- La Haute-Volta, du référendum à l'indépendance - 2003, p. 1009
- de Gaulle 2002, p. 912.
- La Haute-Volta, du référendum à l'indépendance - 2003, p. 1022
- Zangré 2010
- Mediaf Burkina Faso
- Site de la commune de Ouagadougou
- Le Monde 1964
- Le Monde 1966
- StarAfrica.com 2012
- Université de Genève 2002
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Lawrence Rupley, Lamissa Bangali et Boureima Diamitani, Historical Dictionary of Burkina Faso, Scarecrow Press, , 394 p., p. 202.
- « La Haute-Volta, du référendum à l'indépendance », dans Burkina Faso : cent ans d'histoire, 1895-1995, t. 1, Editions Karthala, (ISBN 9782845864313).
- Jean-Hervé Jézéquel, « Les “enfants du hasard” ? », Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs,‎ (lire en ligne).
- Roger Bila Kabore, Histoire politique du Burnika Faso de 1919 à 2000, Paris/Budapest/Torino, L'Harmattan, coll. « Études africaines », , 667 p. (ISBN 2-7475-2154-0, BNF 38848823, lire en ligne).
Bibliographie sur le contexte
- Charles de Gaulle, Mémoires, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », , 1502 p. (ISBN 2-07-011583-6).
- Elikia M'Bokolo, Afrique Noire : Histoire et Civilisations : Du XIXe siècle à nos jours, t. II, Éditions Hatier, , 2e éd..
Articles de journaux
- Merneptah-Noufou Zougmoré, « Daniel Lazare Ouezzin Coulibaly : L’homme qui crut au RDA », Mutations, no 37,‎ (lire en ligne).
- Merneptah-Noufou Zougmoré, « Indépendance : Les élites indigènes dans le sillage de la politique métropolitaine », Lefaso.net, no 37,‎ (lire en ligne).
- Rédaction L'observateur, « Décès de Mathias Sorgho », L'Observateur paalga,‎ (lire en ligne)
- Bernard Zangré, « Burkina Faso, Cinquantenaire. Maurice président de la République », L'Observateur paalga,‎ (lire en ligne)
- « M. Guissou ambassadeur de Haute-Volta en France », Le Monde,‎ .
- « Les ambassadeurs de la République dominicaine et de la Haute-Volta présentent leurs lettres de créance », Le Monde,‎ (lire en ligne).
Sources sur le web
- « Burkina Faso / Le Pr. Nurukyor Claude Somda, historien: 11 décembre, fête de l’indépendance », sur le site Mediaf.
- « Festivités de fin d’année : trois rues baptisées, trois histoires », sur le site de la commune de Ouagadougou.
- « "Santé et droits de l'homme" sous la loupe du Forum de l'Université », sur Université de Genève, .
- « Les syndicalistes formés à la prise en charge du VIH/Sida en milieu du travail », sur StarAfrica. com, .
- « Assemblée nationale. Historique. », sur le site de l'Assemblée nationale du Burkina Faso.