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Massacre de Tientsin

Le massacre de Tientsin est un épisode des relations entre la Chine et les Occidentaux qui est survenu sous la dynastie Qing[1] en 1870 dans la ville de Tientsin (aujourd'hui Tianjin) et qui a provoqué la mort d'une centaine de personnes.

Historique

Les commerçants et diplomates europĂ©ens sont parvenus Ă  obtenir des concessions Ă©trangères en Chine, après le traitĂ© de Nankin (1842), qui mit fin Ă  la première guerre de l'opium, et le TraitĂ© de Tianjin (1858), qui clĂ´ture la première phase de la seconde guerre de l'opium (qui permet l'installation de missionnaires chrĂ©tiens, la concession de territoires aux Étrangers (tel que Hong Kong) et la lĂ©galisation de leur importation de l'opium). Les missionnaires catholiques qui les accompagnent sont spĂ©cialement protĂ©gĂ©s par la France[2], par privilège obtenu de la dynastie de l'Empire cĂ©leste. Cependant les Ă©trangers sont mal acceptĂ©s par les Chinois et mĂ©prisĂ©s depuis la seconde guerre de l'opium. Quant aux missionnaires, ils doivent faire face Ă  des persĂ©cutions de la part des autoritĂ©s et certains perdent la vie[3]. Les chrĂ©tiens chinois sont aussi dĂ©pourvus de droits civils dans les faits. C'est dans ce contexte que se propagent en 1870 des rumeurs d'enlèvement de la part des orphelinats et hĂ´pitaux catholiques de la rĂ©gion. Trois Chinois sont impliquĂ©s dans une affaire d'enlèvement d'enfants et deux d'entre eux sont immĂ©diatement exĂ©cutĂ©s le , accusĂ©s de voler des enfants pour le compte du portier de l'orphelinat. Une foule mĂ©contente se rĂ©unit devant l'Ă©glise Notre-Dame des Victoires, accusant l'orphelinat des filles de la CharitĂ©, et dĂ©truit les vitraux. Les catholiques chinois prĂ©sents dans l'Ă©glise appellent le consul français Fontanier Ă  la rescousse, pour faire intervenir le tribunal chinois local. Une dispute Ă©clate dans les locaux du mandarin chinois intendant des ports du nord qui aboutit Ă  la mort du consul et de son chancelier Simon, tuĂ©s par la foule, après avoir donnĂ© l'ordre de tirer sur les manifestants. Jacques Gernet explique que Fontanier avait « perdu la tĂŞte Â»[4]. Leurs corps sont jetĂ©s dans le fleuve[5].

Pendant ce temps, la révolte se propage dans les concessions étrangères, les écoles et hôpitaux catholiques sont incendiés, ainsi que l'église Notre-Dame des Victoires, quatre églises anglaises et américaines. Quarante convertis chinois sont massacrés, le , ainsi que dix religieuses françaises, qui sont mutilées et violées, deux prêtres lazaristes, et trois négociants russes et d'autres étrangers sont assassinés, etc.[6]

Les canonnières fluviales des puissances étrangères sont aussitôt envoyées pour rétablir le calme, tandis que leurs gouvernements demandent réparation. Le vice-roi de la province, Zeng Guofan, est désigné pour négocier et après avoir interrogé les orphelins se rend compte qu'aucun n'a pu être victime d'enlèvement et que les religieuses sont innocentes. Le vice-roi désigne aussi dix-huit informateurs pour interroger les témoins et renvoie les mandarins du tribunal local. Cela n'est pas suffisant pour apaiser la colère des puissances européennes, alors que les événements ont été largement diffusés dans la presse en Europe et aux États-Unis.

Le gouvernement français[7] exige qu’une mission expiatoire vienne présenter ses excuses à Paris, ce qui est fait devant Adolphe Thiers (à la tête du gouvernement provisoire, depuis la chute du Second Empire) en .

Conséquences

La France avant les faits Ă©tait en train de nĂ©gocier avec l'Empire cĂ©leste pour que les missionnaires obtiennent le mĂŞme statut que les prĂŞtres bouddhistes ou taoĂŻstes, ce qui Ă©tait difficile, car la dynastie ne pouvait selon ses traditions leur donner les mĂŞmes droits qu'Ă  des Chinois. Après les Ă©vĂ©nements, la Chine rĂ©pond qu'elle ne peut ni proscrire ni approuver les missions et les Puissances dĂ©sormais se rendent compte que la dynastie mandchoue est incapable de protĂ©ger leurs intĂ©rĂŞts, qu'ils soient commerciaux ou autres. Du cĂ´tĂ© chinois, la mĂ©fiance s'installe aussi. La Chine a dĂ» payer de fortes indemnitĂ©s (250 000 taĂ«ls), dont la plus grande partie en fait est, ironie du sort, prĂ©levĂ©e sur des taxes Ă  l'importation dans les ports commerçant avec les Puissances[8]. Ce drame explique en partie la rĂ©volte des Boxers qui Ă©clate vingt-cinq ans plus tard.

Notes et références

  1. Anciennement orthographiée Tsing
  2. Les missionnaires catholiques reçoivent leur passeport de la France, qu'ils soient français ou non
  3. Comme le premier martyr lazariste canonisé, le P. Jean-Gabriel Perboyre
  4. Jacques Gernet, Le Monde Chinois. 2. L'Epoque contemporaine, Pocket, p. 356
  5. Ernest Martin, Notes sur le massacre de Tien-tsin : par le Dr Ch.-E. Martin, Paris, Ernest Leroux, , 50 p. (lire en ligne) sur Gallica
  6. « Notices et Documents sur les prêtres de la Mission et les filles de la Charité de S. Vincent de Paul, massacrés, le 21 juin 1870, à Tien-tsin (Pé-tche-ly, Chine) en haine de la religion catholique et de ses saintes œuvres ; ou les Premiers Martyrs de l'œuvre de la Sainte-Enfance », sur Gallica, (consulté le )
  7. Par l'intermédiaire de Julien de Rochechouart venu de la légation de Pékin
  8. Corinne de MĂ©nonville, Les Aventuriers de Dieu et de la RĂ©publique, Paris, Les Indes Savantes, , 157-158 p.

Annexes

Bibliographie

  • Le Massacre de Tien-Tsin (1870), Lettres de SĹ“ur Pauline Viollet et rĂ©cit du R. P. Collard, Ă©dition de François Biju-Duval, Arcades Ambo Ă©d., Nice, 2017.
  • Bernard Brizay, « Le Massacre de Tien Tsin » dans La France en Chine, Perrin, 2013.
  • Ernest Martin, Notes sur le massacre de Tien-Tsin, Ernest Leroux Ă©diteur, Paris, 1884.

Articles connexes

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