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Jean-Gabriel Perboyre

Jean-Gabriel Perboyre (1802-1840), est un prĂȘtre lazariste, martyrisĂ© en Chine au XIXe siĂšcle.

Jean-Gabriel Perboyre
Image illustrative de l’article Jean-Gabriel Perboyre
Statue de Jean-Gabriel Perboyre.
Saint, prĂȘtre, martyr
Naissance 6 janvier 1802
au Puech commune de Montgesty ( Lot), France
DĂ©cĂšs 11 septembre 1840 (38 ans)
Wuchang, Hubei, Chine
Nationalité Français
Ordre religieux Congrégation de la Mission
Vénéré à Chapelle Saint-Vincent-de-Paul de Paris
BĂ©atification 10 novembre 1889 Rome
par LĂ©on XIII
Canonisation 2 juin 1996 Rome
par Jean-Paul II
VĂ©nĂ©rĂ© par l'Église catholique romaine
FĂȘte 11 septembre

Jeunesse et vocation

Jean-Gabriel Perboyre est nĂ© le au hameau du Puech, dans le village de Montgesty prĂšs de Cahors (Lot). Il est l’aĂźnĂ© des huit enfants (dont six entreront en religion) de Pierre Perboyre et Marie Rigal, agriculteurs.

Maison natale de Jean-Gabriel Perboyre.

En 1817, son jeune frĂšre, Louis, rejoint Montauban afin de poursuivre ses Ă©tudes au petit sĂ©minaire dirigĂ© par leur grand-oncle Jacques, prĂȘtre lazariste. Jean-Gabriel accompagne son frĂšre encore trĂšs jeune, pour quelques mois, le temps nĂ©cessaire pour qu'il s'habitue Ă  sa nouvelle vie. Jean-Gabriel en profite pour parfaire son instruction.

TrĂšs rapidement, Jean-Gabriel Perboyre montre de rĂ©elles aptitudes pour les Ă©tudes, et donne dĂ©jĂ  des signes de vocation religieuse. Son oncle tente alors de persuader ses parents de lui permettre de poursuivre sa formation thĂ©ologique plutĂŽt que de reprendre la direction de l'exploitation agricole familiale. Jean-Gabriel Perboyre Ă©crira alors Ă  son pĂšre qu'il a compris que Dieu voulait qu'il soit prĂȘtre[Note 1].

Il termine ainsi ses Ă©tudes secondaires et entre chez les lazaristes oĂč son frĂšre Louis se trouvait dĂ©jĂ . Il prononce ses vƓux le .

Mission sacerdotale en France

En 1823, alors qu'il n'était pas encore ordonné, il est nommé professeur à Montdidier prÚs d'Amiens. Il est trÚs vite chéri de ses élÚves[Note 2], créant des comités de classe pour aller visiter les prisonniers et aider les pauvres.

Le jeune pÚre Jean-Gabriel Perboyre avant son départ en Chine, gravure[Note 3].

C'est en 1826 qu'il est ordonnĂ© prĂȘtre. Il est alors envoyĂ© Ă  Saint-Flour en tant que professeur de thĂ©ologie. Sa rĂ©ussite est telle que l'Ă©vĂȘque le rĂ©clame comme directeur du sĂ©minaire. Il est d'abord nommĂ© professeur au grand sĂ©minaire, puis en 1831 directeur du petit sĂ©minaire, le noviciat des lazaristes Ă  Paris.

Toutefois, il gardait toujours dans l'esprit le souhait de partir pour la Chine afin de convertir les populations locales, malgrĂ© sa santĂ© qui n'Ă©tait pas florissante[Note 4]. Il demandait alors Ă  ses sĂ©minaristes « Priez pour que ma santĂ© se fortifie et que je puisse aller en Chine afin d'y prĂȘcher JĂ©sus-Christ et de mourir pour lui »[Note 5], expliquant qu'il Ă©tait entrĂ© chez les lazaristes uniquement dans ce but.

Son frĂšre Louis y Ă©tait parti fin 1830. Mais il Ă©tait mort au cours du voyage. Jean-Gabriel Perboyre a d'autant plus envie d'y partir qu'il voulait achever l'Ɠuvre commencĂ©e par son frĂšre. Il disait : « Que ne suis-je trouvĂ© digne d'aller remplir la place qu'il laisse vacante ! HĂ©las j'ai dĂ©jĂ  30 ans »[Note 6]. Il dut alors lutter contre l'avis de ses supĂ©rieurs, et surtout celui des mĂ©decins qui ne l'encourageaient pas Ă  entreprendre une aussi lointaine et dangereuse mission.

Mission en Chine

Le pĂšre Perboyre et ses compagnons, dont Joseph Gabet et Joseph Perry, embarquent au Havre le et arrivent cinq mois plus tard Ă  Macao.

L'adaptation est difficile. Il faut apprendre la langue et les coutumes locales, tout en s'habituant au climat. DĂšs le mois de dĂ©cembre, il Ă©crivait « Si vous pouviez me voir un peu maintenant, je vous offrirais un spectacle intĂ©ressant avec mon accoutrement chinois, ma tĂȘte rasĂ©e, ma longue tresse et mes moustaches... On dit que je prĂ©sente pas mal en Chinois. C'est par-lĂ  qu'il faut commencer pour se faire tout Ă  tous puissions nous ainsi les gagner Ă  JĂ©sus-Christ »[Note 7], car l’entrĂ©e des EuropĂ©ens Ă©tant interdite dans l’empire de Chine, il faut pour y parvenir paraĂźtre chinois[Note 8].

Jean-Gabriel Perboyre, missionnaire lazariste en Chine, gravure.

Ce n'est qu'aprĂšs un trĂšs long et difficile voyage qu'il parvient sur son lieu de mission en dans le Ho Nan[Note 9], encore lui faut-il endurer une maladie qui, faisant craindre le trĂ©pas, l’immobilisa trois mois. Il trouve lĂ  une population misĂ©rable, deux mille chrĂ©tiens environ vivant dans la plus extrĂȘme pauvretĂ©. Pour visiter, avec un prĂȘtre chinois, quinze cents chrĂ©tiens rĂ©partis dans une vingtaine de communautĂ©s, il lui faut parcourir le plus souvent Ă  pieds environ 1 500 kilomĂštres en six mois[Note 10].

En , Jean-Gabriel Perboyre quitte le Ho Nan car il est appelĂ© dans le Hou-PĂ©. LĂ  encore, la chrĂ©tientĂ© atteint Ă  peine 2 000 Ăąmes rĂ©parties en une quinzaine de communautĂ©s. Dans la ville-centre, l'Ă©glise n'est qu'une masure, mais le PĂšre Perboyre vante lĂ  « un millier de pieux fidĂšles remplissant, mĂȘme sous la pluie et sur la neige, cette humble enceinte »[Note 11]. Il se consacre Ă  son travail apostolique, et, malgrĂ© son dĂ©nuement, il s'efforce de soulager la misĂšre de ses fidĂšles et d'agir concrĂštement dans le cadre de son Ɠuvre missionnaire.

MalgrĂ© tout son dĂ©vouement Ă  sa mission, et en plus du dĂ©labrement consĂ©cutif de sa santĂ©, Jean-Gabriel Perboyre Ă©prouve en cette pĂ©riode le supplice du doute. Doute de sa foi, doute de ce que Dieu attend de lui, ce qui a pour effet de l’affaiblir considĂ©rablement, jusqu’au jour oĂč son Sauveur lui demande « "Que crains-tu ? Ne suis-je pas mort pour toi ? Mets tes doigts dans mon cĂŽtĂ© et cesse de craindre ta damnation" »[Note 12].

Le martyre

Le , un groupe armĂ© se dirige vers la rĂ©sidence des missionnaires Ă  Tcha-Yuen-Keou. Ils n'ont que le temps de s'enfuir. Le PĂšre Perboyre se rĂ©fugie dans la forĂȘt voisine, mais, trahi par un de ses catĂ©chumĂšnes pour quelques taels, il est retrouvĂ©, fait prisonnier et amenĂ© devant un premier mandarin. Il est ensuite emmenĂ© de ville en ville et Ă  chaque fois interrogĂ©, parfois torturĂ©, par des fonctionnaires impĂ©riaux de rang plus Ă©levĂ©[Note 13].

Le martyre de Jean-Gabriel Perboyre, gravure.

Il arrive finalement Ă  Ou-Tchang-Fou oĂč il reste en captivitĂ© pendant presque un an. MalgrĂ© les longs interrogatoires et les diverses tortures, il reste inĂ©branlable dans sa foi[Note 14], redonnant courage Ă  ses compagnons, et impressionnant ses geĂŽliers par sa sĂ©rĂ©nitĂ© et sa foi[1].

Il est condamnĂ© Ă  mort le par le tribunal de la province de Hubei Ă  Ou-Tchang-Fou (Wuchang, quartier de la ville de Wuhan). Avant de mourir, il confie un message Ă  un catĂ©chiste venu le visiter, Ă  l'attention des autres chrĂ©tiens de la mission : « Dis-leur de ne pas craindre cette persĂ©cution. Qu'ils aient confiance en Dieu. Moi je ne les reverrai plus, eux non plus ne me reverront pas, car certainement je serai condamnĂ© Ă  mort. Mais je suis heureux de mourir pour le Christ ». Il faut maintenant attendre la ratification impĂ©riale de la sentence. Celle-ci parvient le . Selon l’usage chinois, Jean-Gabriel Perboyre est exĂ©cutĂ© le jour mĂȘme. Pour cela, il est liĂ© sur un gibet en forme de croix, et exĂ©cutĂ© lentement par strangulation[Note 15].

Un des catĂ©chistes ayant soudoyĂ© les gardes, le corps du martyr a pu ĂȘtre inhumĂ© en terre chrĂ©tienne Ă  cĂŽtĂ© de Saint François-RĂ©gis Clet, martyrisĂ© vingt ans auparavant. Les PĂšres Joseph Gabet et Évariste Huc passent lĂ  vingt ans aprĂšs sa mort, et sa dĂ©pouille est transfĂ©rĂ©e Ă  la maison mĂšre des lazaristes Ă  Paris.

Évariste Huc, qui est en 1846 avec Joseph Gabet le premier missionnaire Ă  parvenir Ă  Lhassa, cĂ©lĂšbre sa premiĂšre messe en Chine revĂȘtu de la chasuble du PĂšre Perboyre, rapportĂ©e Ă  Macao.

Béatification, canonisation, dévotion

Le pÚre Jean-Gabriel Perboyre a successivement été déclaré vénérable dÚs 1843 par le Pape Grégoire XVI, puis béatifié le par le Pape Léon XIII et enfin canonisé le par le Pape Jean-Paul II.

Saint Jean-Gabriel Perboyre est le premier martyr de Chine canonisĂ© avant qu'en 2000 le Pape Jean-Paul II ne canonise 120 Martyrs de Chine dont 28 prĂȘtres, certains ayant subi le martyre antĂ©rieurement Ă  Jean-Gabriel Perboyre, comme François-RĂ©gis Clet qu’il avait tant dĂ©sirĂ© imiter. Sa fĂȘte a Ă©tĂ© fixĂ©e au , jour de son appel Ă  Dieu. Les catholiques du diocĂšse de Cahors n'ont pas attendu la canonisation pour vĂ©nĂ©rer leur compatriote ; dĂšs sa bĂ©atification les Ă©glises du diocĂšse se sont dotĂ©es de statues permettant de prier le saint homme[2], comme Ă  l'Ă©glise de Montgesty, oĂč un pĂšlerinage a lieu tous les .

En 2020, alors qu'éclate à partir de Wuhan la pandémie de covid-19 en Chine, la dévotion à Saint Jean-Gabriel Perboyre mort d'étouffement, par les catholiques chinois locaux frappés par cette maladie affectant les voies respiratoires, est attestée par un sinologue américain, témoin oculaire qui témoigne[3] - [4].

Citations

Du PĂšre Jean-Gabriel Perboyre :

  • « À Siang-Yang-Fou, j’ai subi quatre interrogatoires, Ă  l’un desquels je fus obligĂ© de rester une demi-journĂ©e les genoux sur des chaĂźnes de fer et suspendu Ă  une poutre de bambou. À Ou-Tchang-Fou, j’ai subi plus de vingt interrogatoires, et ... j'ai reçu cent dix coups de bambou parce que je n’ai pas voulu fouler aux pieds la croix »[Note 16].
  • « Dans le crucifix, l’Évangile et l’Eucharistie nous trouvons tout ce que nous pouvons dĂ©sirer. Il n’y a pas d’autre voie, d’autre vĂ©ritĂ©, d’autre vie »[5].


Notes et références

Notes

  1. page 17.
  2. pages 50-56.
  3. Les gravures sont tirées de la biographie éditée en 1889 chez Gaume et Cie à l'occasion de la béatification.
  4. pages 91-92, 108-111.
  5. pages 108-110.
  6. pages 88-89.
  7. pages 146-147.
  8. pages 193, 195-197.
  9. pages 187-190.
  10. page 195.
  11. pages 207-213.
  12. pages 119-120.
  13. pages 220-229.
  14. pages 220-249.
  15. pages 253-255.
  16. page 252.

Références

  • Vie du Bienheureux Jean-Gabriel Perboyre, prĂȘtre de la CongrĂ©gation de la mission. MartyrisĂ© en Chine le .
    • Autres rĂ©fĂ©rences
    1. Louis Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, , 484 p. (lire en ligne).
    2. AgnÚs Girou, « Exposition », sur La Croix, Documentation Catholique, , p. 603-605.
    3. (en) Anthony E. Clark, « The Saints of Wuhan: Isolation, Suffering, and the Breath of Faith », sur The Catholic world report, (consulté le ).
    4. Bernard Massarini, « Coronavirus dans le Lot. À Wuhan, en Chine, les chrĂ©tiens invoquent un saint originaire du Lot », sur actuLot (consultĂ© le ).
    5. « Une semence d’éternitĂ© : Saint Jean-Gabriel Perboyre », sur Sommes Vincentiens (consultĂ© le ).
    6. Prions en Église - Éditions Bayard - N°250 - page 156.

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Anonyme, Vie du Bienheureux Jean-Gabriel Perboyre, prĂȘtre de la CongrĂ©gation de la mission. MartyrisĂ© en Chine le , Paris, Gaume et Cie, 1889, 473 p.
    • Joseph Boucard, Vie et martyre du bienheureux Jean-Gabriel Perboyre, prĂȘtre de la CongrĂ©gation de la mission de Saint-Lazare, mort pour la foi en Chine, Tours, Mame et fils, 1897.
    • Sylvestre AndrĂ©, Jean-Gabriel Perboyre : PrĂȘtre de la mission, Lazariste : le premier saint de Chine, Éditions du Signe, 1996.
    • Ducourneau Jean-Yves p., Une semence d'Ă©ternitĂ©, Saint Jean-Gabriel Perboyre, prĂȘtre de la Mission, premier saint de Chine, Éditions Ă©dicausse, 2e Ă©dition, 2022.

    Sources

    • Osservatore Romano : 1996 n.22 p.1,7,11 / n.23 p.1-4 / n.24 p.9 / n.30 p.9-10
    • Jean-Gabriel Perboyre, le premier saint canonisĂ© de Chine (the First canonized saint of China (en chinois), par Paul Geng Yongshun, Editions Window, Tainan, Taiwan, 1999.

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