MartĂn Almada
MartĂn Almada, nĂ© le Ă Puerto Sastre dans le dĂ©partement de l'Alto Paraguay, est un Ă©crivain et avocat paraguayen, Ă©galement militant des droits de l'homme.
Naissance |
Puerto Sastre, département de l'Alto Paraguay |
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Nationalité | Paraguayen |
DiplĂ´me |
doctorat en Ă©ducation |
Profession |
enseignant, avocat |
Activité principale |
militant des droits de l'homme |
Formation |
Biographie
Jeunesse et formation
MartĂn Almada doit vendre des pâtisseries dans la rue durant son enfance afin d'aider sa famille Ă subsister. Il parvient Ă mener Ă bien ses Ă©tudes et sort diplĂ´mĂ© de l'universitĂ© nationale d'Asuncion (es) en 1963. Il devient enseignant et Ă©pouse une collègue, Celestina PĂ©rez. Ensemble ils fondent l'institut Juan Baustista Alberdi Ă San Lorenzo, près d'Asuncion[1].
Almada s'engage dans le syndicalisme, étant proche de la « pédagogie des opprimés » de l’éducateur brésilien Paulo Freire[2]. Il poursuit également des études de droit à l'université nationale et obtient son diplôme d'avocat en 1968. Grâce à une bourse, il part en Argentine étudier à l'université nationale de La Plata. En 1974, il obtient un doctorat en éducation. Sa thèse, titrée Paraguay: Educación y Dependencia, attire l'attention de la police paraguayenne. Le régime militaire d'Alfredo Stroessner, au pouvoir depuis le coup d'État du , le classe comme « terroriste intellectuel »[1].
Emprisonnement
MartĂn Almada est arrĂŞtĂ© en 1974 dans le cadre de l'opĂ©ration Condor, menĂ©e par les gouvernements militaires d'AmĂ©rique latine. Il est torturĂ© durant un mois, subissant le supplice du « tejurugudi » – fouet dont on pare les lanières d’embouts mĂ©talliques[2] - [3] - [4]. Son Ă©pouse Celestina PĂ©rez de Almada meurt Ă l'âge de 33 ans, d’un arrĂŞt cardiaque, durant son incarcĂ©ration. Les geĂ´liers tĂ©lĂ©phonaient Ă sa femme pour lui faire Ă©couter ses cris durant les sĂ©ances de torture, lui ont fait parvenir ses vĂŞtements tachĂ©s de sang et l'ont invitĂ© Ă venir rĂ©cupĂ©rer son cadavre après avoir prĂ©tendu qu'il Ă©tait mort. Almada est envoyĂ© Ă la prison de l'Emboscada oĂą il est dĂ©tenu durant trois ans. Il mène une grève de la faim de 30 jours et des ONG, notamment Amnesty International, font pression pour obtenir sa libĂ©ration, qui survient en 1977[1] - [4].
Exil et retour au Paraguay
MartĂn Almada quitte le pays accompagnĂ© de ses trois enfants et de sa mère[2]. Il vit au Panama avant de s'Ă©tablir en France et de rejoindre l'UNESCO[5]. Il raconte sa dĂ©tention dans son livre Paraguay, la cárcel olvidada: el paĂs exiliado[6]. Il retourne au Paraguay après l'Ă©tablissement d'un rĂ©gime dĂ©mocratique en 1992[5]. En dĂ©cembre de la mĂŞme annĂ©e, il dĂ©couvre cinq tonnes d'archives secrètes de la police politique dans des bâtiments dĂ©saffectĂ©s de LambarĂ©, en pĂ©riphĂ©rie d'Asuncion. Les documents mettent au jour l'existence de l'opĂ©ration Condor et sont dĂ©signĂ©s sous le nom d'« archives de la terreur »[3] - [4]. En 1993, Almada fonde la Commission nationale des droits de l'homme[3].
En 1997, MartĂn Almada est dĂ©corĂ© par l'association argentine des grands-mères de la place de Mai (Abuelas de Plaza de Mayo). Le prix Nobel alternatif lui est dĂ©cernĂ© en 2002[6]. Il est membre du comitĂ© de parrainage du tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont commencĂ© le .
En 2020, après huit annĂ©es d'enquĂŞte, le journaliste français Pablo Daniel Magee lui consacre l'ouvrage OpĂ©ration Condor, un homme face Ă la terreur en AmĂ©rique latine, prĂ©facĂ© par le cinĂ©aste Costa Gavras et publiĂ© Ă Paris, aux Ă©ditions Saint-Simon[7]. Ă€ la suite de la parution du livre de Magee, le Dr. MartĂn Almada est dĂ©corĂ© de l'Ordre national de la LĂ©gion d'honneur par le PrĂ©sident de la RĂ©publique française Emmanuel Macron le 6 DĂ©cembre 2021[8].
Bibliographie
- (en) David Kohut et Olga Vilella, Historical Dictionary of the "dirty Wars", Lanham (Md.), Rowman & Littlefield (no 40), , 405 p. (ISBN 978-0-8108-5839-8, lire en ligne), p. 14-17.
- Opération Condor, Paris, Saint-Simon, , 378 p. (ISBN 978-2-37435-025-7)
- Pundonoroso/Honorablissime, AsunciĂłn, Servilibro, , 117 p. (ISBN 978-99925-254-1-8)
Voir aussi
Références
- David Kohut et Olga Vilella, p. 14
- « « Opération Condor », un homme face à la terreur », sur Médelu,
- Cristina L'Homme, « MartĂn Almada a retrouvĂ© les archives du plan Condor. Exhumer les «âmes qui pleurent». », LibĂ©ration,
- (en) Simon Watts, « How Paraguay's 'Archive of Terror' put Operation Condor in focus », BBC World Service,
- David Kohut et Olga Vilella, p. 15
- David Kohut et Olga Vilella, p. 16
- « Opération Condor : Un homme face à la terreur. Article de Maurice Lemoine, ex rédacteur en chef du Monde Diplomatique », sur www.medelu.org, (consulté le )
- « M. MartĂn Almada, dĂ©fenseur des droits de l’homme, chevalier de la LĂ©gion d’honneur », sur https://py.ambafrance.org Site de l'ambassade de France au Paraguay, (consultĂ© le )
Archives
Une petite partie des archives de la terreur, un rouleau de microfilms de 1200 images, est conservĂ©e Ă La contemporaine dans le fonds MartĂn Almada. Ce corpus a Ă©tĂ© amenĂ© en France en 2000 par le sociologue Alain Touraine. Le fonds originel des archives de la terreur est conservĂ© au Centre de documentation des droits de l’Homme dans le palais de justice d'AsunciĂłn.