Marko Ivan Rupnik
Marko Ivan Rupnik, né le à Idrija (quartier de Zadlog (en)) en Slovénie, est un prêtre jésuite et artiste mosaïste slovène. De 1991 à 2020, il dirige l'atelier d'art religieux Centro Aletti, à Rome.
Naissance | Zadlog (en) |
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Nationalité | |
Formation | |
Activités |
Prêtre catholique (depuis le ), peintre, mosaïste, artiste, théologien, écrivain |
Ordre religieux | |
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Distinctions |
Prix Prešeren () Ordre de la Liberté (en) () |
Marko Ivan Rupnik est temporairement excommunié par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 2019 à la suite notamment d'accusations d'abus sexuels à l'encontre de femmes majeures.
Biographie
Né le à Zadlog en Slovénie, Marko Rupnik entre au noviciat des Jésuites le . À la fin de sa formation spirituelle et théologique il est ordonné prêtre le et fait sa profession religieuse définitive comme jésuite le [1].
Artiste créatif et inspiré il rejoint le Centre Aletti, à Rome à partir de 1991[1], fondé par le cardinal Tomas Spidlik pour le dialogue œcuménique avec l'Église orthodoxe.
Proche du pape Jean-Paul II, il est chargé de la rénovation artistique de la chapelle privée du pape - chapelle Redemptoris Mater - dans l'enceinte des appartements pontificaux au Vatican[2].
Professeur à l'Université grégorienne, il est également consulteur de la Congrégation pour les Églises orientales et du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation[1].
Selon des sources du Vatican, Marko Ivan Rupnik a été proche de tous les papes depuis Jean-Paul II. Ainsi, il a prêché les exercices de Carême devant la Curie romaine en mars 2020[3] - [4] - . Toutefois il n'appartient pas aux conseillers les plus proches du pape François[2].
Abus sexuels
Marko Ivan Rupnik est accusé d’agressions sexuelles par neuf religieuses de la communauté de Loyola en Slovénie dont Marko Rupnik fut l’accompagneur spirituel et de gestes déplacés et d’abus spirituels par deux autres femmes. Une première femme l'a accusé en 1998. Puis une deuxième au début de l'année 2020. Il est démis de sa fonction de directeur du centre Aletti en 2020. En 2021, des signalements ont été transmis auprès de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi pour « violences sexuelles et psychologiques ». L’ordre des jésuites a pris des sanctions disciplinaires à son encontre : il ne doit plus confesser, accompagner spirituellement et prêcher des retraites. Tout enseignement ou engagement public doit être validé par sa hiérarchie[5] - [6] - [7].
En décembre 2022, Arturo Sosa, supérieur général de la Compagnie de Jésus, affirme que Marko Ivan Rupnik a été excommunié par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 2019 après les agressions de religieuses en Slovénie dans les années 1990. Puis ayant fait acte de repentance la sanction a été allégée par le Saint-Siège tout en maintenant certaines restrictions à ses activités pastorales[8].
En mai 2020, Rupnik est considéré comme excommunié automatiquement (latae sententiae) pour absolution d'un complice « dans un péché contre le 6e commandement » ('tu ne commettras pas d'adultère') ; mais le même mois, la Congrégation le réintègre par la suite dans l'Église catholique, après que Rupnik se fut repenti[9] - [10] - [11].
En revanche, les activités artistiques de Rupnik ne sont pas concernées par ces restrictions. Ainsi en 2022, pour la France, deux commandes sont en cours : une pour la future église Saint-Joseph-le-Bienveillant, à Versailles, et une autre pour une chapelle de la basilique Sainte-Thérèse de Lisieux[8] - [11]. Le , le diocèse de Versailles a publié un communiqué annonçant qu'il avait mis fin à sa collaboration avec Marko Ivan Rupnik[12].
Le , dans une interview en italien, sous pseudonyme, une des religieuses victimes de l'artiste jésuite a évoqué une dépendance de Marko Rupnik à la pornographie et son emprise sur les sÅ“urs (une vingtaine de victimes, dit l'article), et sa justification de rapports sexuels par des détours pseudo-théologiques. Elle témoigne aussi de l'omertà qui a entouré le cas et l'absence de réponse ou d'aide, par exemple, du cardinal Tomáš Å pidlÃk lorsqu'elle a eu le courage de dénoncer les abus subis. Pour Lucetta Scaraffia, éditorialiste de La Stampa, « l'affaire Rupnik révèle grossièrement comment les hiérarchies ecclésiastiques peinent à comprendre le problème des abus sexuels sur les religieuses ». Les abus sexuels à l'égard des femmes n’existent pas. Ils sont considérés uniquement comme des « transgressions sexuelles commises par les deux parties »[13] - [14].
Fin décembre 2022 a été publié le volume officiel du Vatican qui contient tous les timbres imprimés par le Vatican pour l'année 2022 ; malgré les accusations, une œuvre picturale de Rupnik a été la couverture officielle de l'ouvrage[15].
En janvier 2022, lors d'une interview avec The Associated Press, le pape François déclaré qu'il n'était pas intervenu pour lever le droit de prescription (durée à partir de laquelle un crime ne peut plus être jugé) de Rupnik lors du jugement suivant de Rupnik, mais qu'il l'aurait levé si les victimes présumées avaient été des mineures. Cela a son importance, car Rupnik avait déjà été jugé par le Saint-Siège par le passé pour des délis commis dans les années 1990[9] - [16].
Le , à la suite d'une enquête interne, la Compagnie de Jésus publie de nouvelles sanctions à l'égard de Marko Ivan Rupnik : il doit « cesser toute "activité artistique publique", ce qui s’ajoute à l’interdiction, déjà en vigueur, de donner des conférences, de célébrer la messe en public ou de quitter la région de Rome sans l’autorisation de ses supérieurs »[17]. L'enquête révèle que 15 laïcs ont témoigné d'abus, ayant eu lieu entre 1980 et 2018. Cela va conduire à l'ouverture d'une troisième enquête canonique[17] - [18] - [19].
Le , La Vie publie le récit d'une des victimes : sœur Samuelle. Membre des Fraternités monastiques de Jérusalem pendant près de 20 ans avant de les quitter en 2018, elle relate y avoir « été victime d’une violence psychologique subtile et délétère ». Durant ce temps, elle a également travaillé pour le Centre Aletti de 2010 à 2014, où elle indique avoir été victime d'« emprise à caractère sexuel » de la part de Marko Rupnik[20].
Le , il est renvoyé de la Compagnie de Jésus « en raison de son refus obstiné d’observer le vœu d’obéissance », notamment à cause de voyages entrepris malgré les restrictions de déplacement qui lui étaient imposées. Il dispose de « 30 jours, à compter du 14 juin 2023, pour faire appel »[21].
Å’uvres
Avec l'Atelier d'Art Religieux du Centro Aletti dont il est le directeur jusqu'en 2020, il a réalisé des œuvres dans le monde entier, comme par exemple :
- les mosaïques de la chapelle Redemptoris Mater, au Vatican[2],
- une mosaïque de la basilique de la Sainte Trinité à Fátima représentant l'Apocalypse[22],
- les mosaïques de la façade de la basilique Notre-Dame du Rosaire, à Lourdes[23]. Le conseil d’orientation du sanctuaire de Lourdes s'interroge, en mars 2023, sur le devenir des mosaïques[24].
- les mosaïques de la cathédrale de l'Almudena, à Madrid (Espagne),
- les mosaïques de la cathédrale Saint-Sébastien, à Bratislava (Slovaquie),
- les mosaïques de la chapelle de l'évêché de Ténérife (Espagne),
- les mosaïques du sanctuaire Madonna Ta'Pinu à Gozo (Malte),
- la mosaïque de la chapelle du Patronage du Bon Conseil, Paris, (2015)[25],
- la mosaïque du parvis de la cathédrale Sainte-Geneviève-et-Saint-Maurice de Nanterre (France), représentant Sainte Geneviève[26],
- les mosaïques de l'église Sant Julià i Sant Germà de Sant Julià de Lòria, en Andorre (2019).
- La nouvelle chapelle attenante à la Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux est construite pour accueillir la châsse contenant les reliques de Louis et Zélie Martin (2022)[27].
- Les mosaïques du chemin de joie à Genève (2019)[28] - [29]. Charles Morerod, évêque du lieu, s'exprime en contre leur retrait[30].
Publications
- (en) Marko Ivan Rupnik, In the Fire of the Burning Bush: An Initiation to the Spiritual Life, (ISBN 978-0-8028-2832-3)
- (en) Marko Ivan Rupnik, Discernment: Acquiring the Heart of God, (ISBN 978-0-8198-1882-9)
- (en) Marko Ivan Rupnik, Human Frailty, Divine Redemption: The Theology and Practice of the Examen, (ISBN 978-0-8198-3410-2)
- (en) Marko Ivan Rupnik, Contemplating the face of Christ: a way of the cross, (ISBN 978-0-8198-1669-6)
- (en) Marko Ivan Rupnik, According to the Spirit: Spiritual theology on the move with Pope Francis' Church, (ISBN 978-0-6484977-3-8)
Notes et références
- « Art sacré en mosaïques par le père Marko Ivan Rupnik au sanctuaire national Ta' Pinu », Gozo News,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Abus sexuels dans l’Église : les questions troublantes posées par l’affaire Rupnik », sur La Croix, (consulté le )
- Youna Rivallain, « Comprendre l'affaire Rupnik en six grandes questions », La Vie,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Anita Bourdin, « Première prédication de vendredi de carême confiée au p. Marko I. Rupnik SJ », sur Zenit, (consulté le ).
- Héloïse de Neuville, « Agressions sexuelles dans l’Église : des sanctions légères pour le jésuite artiste Marko Rupnik », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
- Julien Covolo, « Un prêtre-artiste renommé accusé de violences sexuelles sanctionné par l'ordre des jésuites », rtbf,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Raphaël Zbinden, « L’affaire Rupnik divise les jésuites », sur cath.ch, (consulté le )
- Loup Besmond de Senneville et Héloïse de Neuville, « Le père Marko Rupnik a été excommunié en 2019 annonce le supérieur général des jésuites », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Pope Francis: ‘I had nothing to do’ with Father Marko Rupnik case », sur EWTN News (consulté le )
- (en) « Jesuits ask victims to come forward in artist abuse case », sur AP NEWS, (consulté le )
- « Dossier Rupnik: les Jésuites publient la chronologie de l'enquête », Vatican news,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Communiqué du Diocèse de Versailles et de la paroisse de Montigny-Voisins-le-Bretonneux », sur Diocèse de Versailles, (consulté le )
- (it) Federica Tourn, « I baci nel nome dell’eucarestia e il sesso a tre per imitare la Trinità , parla la suora vittima di Rupnik », sur www.editorialedomani.it (consulté le )
- « Affaire Rupnik: nouveaux indices de dissimulation », sur Cath.ch, (consulté le )
- (en-GB) « Father Rupnik Scandal: Vatican Features One of His Paintings on Cover of New Stamp Volume – EWTN Global Catholic Television Network » (consulté le )
- « Another victim surfaces in Rupnik scandal, Pope's blank mind », sur newdailycompass.com (consulté le )
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- (en) « Jesuit barred from artistic activity after new abuse claims », sur AP NEWS, (consulté le )
- Sophie Lebrun, « Affaire Rupnik : 15 nouvelles victimes, 30 ans d’abus et une procédure interminable », sur La Vie.fr, (consulté le )
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- « Sanctuaire de Fatima », Fatima.pt,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « L'oeuvre. Les mystères lumineux de la basilique du Rosaire. », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
- Youna Rivallain, « Mosaïques de Marko Rupnik à Lourdes : le conseil d’orientation du sanctuaire crée un groupe de réflexion. », La Vie,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Mosaïque – Des saints pour la jeunesse. », Famille chrétienne,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Michel Sot, « Geneviève au secours de Paris », L'Histoire n°469, mars 2020, p. 24-25.
- Valentine Leroy, « Lisieux : un nouvelle chapelle dédiée à Louis et Zélie Martin », Aletia,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Un chemin de joie qui sillonne le canton de Genève », sur cath.ch, (consulté le )
- « Chemin de joie » (consulté le )
- (de) « Rupnik-Mosaike an Genfer Kirchen: Bischof Morerod spricht sich gegen Entfernung aus » [« Mosaïques de Rupnik sur les églises genevoises : Mgr Morerod s'oppose à leur retrait »], Kath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )