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Marika Cifor

Marika Cifor est une fĂ©ministe et archiviste amĂ©ricaine, chercheuse et professeure adjointe Ă  l’UniversitĂ© de Washington en archivistique et humanitĂ©s numĂ©riques.

Marika Cifor
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Biographie

Marika Cifor a obtenu une maitrise en histoire et une autre en bibliothĂ©conomie et sciences de l’information Ă  l’UniversitĂ© Simmons Ă  Boston et ensuite son doctorat en 2017 Ă  l’UniversitĂ© de Californie, en sciences de l’information, Ă©tudes fĂ©ministes et humanitĂ©s numĂ©riques. Elle a Ă©tĂ© stagiaire postdoctorale au Consortium for Faculty Diversity du CollĂšge Bowdoin, en Ă©tudes fĂ©ministes, des genres et des sexualitĂ©s. En 2018, elle est devenue professeure adjointe en bibliothĂ©conomie et sciences de l’information Ă  l’UniversitĂ© de Washington, Ă  Seattle. Ses travaux portent entre autres sur l’affect, la mĂ©moire, le corps, les archives communautaires et les cultures numĂ©riques[1].

Contribution intellectuelle

Son approche de l’archivistique et des humanitĂ©s numĂ©riques est multidisciplinaire. Ses intĂ©rĂȘts en recherche se concentrent sur les individus et les communautĂ©s marginalisĂ©s, soit par la race, l’orientation sexuelle, le genre ou le statut VIH. Elle s’intĂ©resse en particulier Ă  la façon dont ces individus et communautĂ©s sont reprĂ©sentĂ©s Ă  travers les archives et les cultures numĂ©riques, et celle dont ils se reprĂ©sentent et se documentent eux-mĂȘmes Ă  travers les archives communautaires et participatives[1]. Ses travaux ont Ă©galement portĂ© sur les contributions de l’étude des Ă©motions en lien avec l’archivistique et la composante affective des archives en tant que telle. Sa vision de l’archivistique s’aligne avec une conception postmoderne de la profession, qui remet en question son objectivitĂ© et sa neutralitĂ© et admet l’influence des facteurs sociaux et culturels dans la crĂ©ation de la connaissance, et plus spĂ©cifiquement celle des archives[2].

Sa thĂšse de doctorat porte sur les archives qui documentent l’activisme autour du sida/VIH dans les annĂ©es 1980 et 1990 aux États-Unis. En 2021, elle travaille Ă  mettre cette thĂšse sous forme de livre, qui s’intitulera Viral Cultures: Activist Archives at the End of AIDS through an archival ethnography. L’ouvrage traitera du potentiel des Ă©motions prĂ©sentes dans ces archives, en particulier celui de la nostalgie, et leur utilisation par une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’activistes, d’archivistes et d’artistes[3].

Ses travaux relĂšvent d’une prĂ©occupation de la façon dont les archives et les technologies numĂ©riques influencent l’identitĂ©, l’expĂ©rience et leur rĂŽle dans les changements sociaux. Dans son article Aligning Bodies: Collecting, Arranging, and Describing Hatred for a Critical Queer Archives, elle explore les thĂ©ories de l’affect et queer au sein des archives. À partir de ses observations des archives et des collections LGBT, elle propose comment des Ă©lĂ©ments de ces thĂ©ories peuvent ĂȘtre appliquĂ©s aux pratiques d’évaluation, de classement et de description des archives, en s’inspirant de la reprĂ©sentation de la haine dans les archives LGBT et queer[4]. Elle a Ă©galement effectuĂ© des travaux sur les archives communautaires et celles reliĂ©es Ă  l’activisme, et attire l’attention sur l’importance de leur contribution savante Ă  l’archivistique et Ă  l’étude de l’activisme, de l’engagement du public avec le passĂ©, en plus de leur rĂŽle dans la sociĂ©tĂ© en matiĂšre de justice et de changements sociaux[2].

Plusieurs de ses travaux visent l’application de thĂ©ories, de principes et d’approches issues des Ă©tudes fĂ©ministes Ă  l’archivistique, tant en recherche que dans la pratique. Dans l’article Critical Feminism in the Archives, corĂ©digĂ© avec Stacy Wood, elle examine le potentiel de l’apport fĂ©ministe dans les archives, au-delĂ  des questions de reprĂ©sentation et de dĂ©veloppement des collections[5]. Elle fait l’examen de l’intervention fĂ©ministe dans le monde des archives, Ă  travers les archives communautaires et l’intĂ©rĂȘt qu’y ont portĂ© de nombreuses auteures et de chercheuses fĂ©ministes depuis les annĂ©es 1970 aux États-Unis. Elle met de l’avant les avantages d’« un engagement fĂ©ministe sĂ©rieux avec la thĂ©orie et la pratique archivistique », qui insiste sur l’importance de la reprĂ©sentation pour l’identitĂ© collective et la nĂ©cessitĂ© de prendre en compte les critiques du pouvoir en place, et qui permet de soulever d’autres questions autour des politiques institutionnelles et des structures Ă©tablies[5].

De façon similaire, dans l’article From Human Rights to Feminist Ethics: Radical Empathy in the Archives, rĂ©digĂ© en collaboration avec l’archiviste Michelle Caswell, elle se penche sur l’application de l’éthique de la sollicitude (ethics of care), issue de l’éthique fĂ©ministe, Ă  l’archivistique. Elle propose d’appliquer les principes de l’empathie radicale aux assises thĂ©oriques archivistiques en matiĂšre de justice sociale, assises qui jusqu’ici s’en tiennent Ă  l’établissement d’« un cadre lĂ©galiste axĂ© sur les droits pour dĂ©finir le rĂŽle des documents, des centres d’archives et des archivistes »[6]. Selon l’approche suggĂ©rĂ©e, les archivistes sont perçus plutĂŽt comme « gardiens responsables, liĂ©s aux crĂ©ateurs de documents, aux sujets, aux utilisateurs et aux communautĂ©s grĂące Ă  un rĂ©seau de liens de responsabilitĂ©s qui sont mutuellement affectifs »[6].

Publications

  • Cifor, M., Caswell, M., Migoni, A.A. & Geraci, N. (2018). ‘What We Do Crosses over to Activism’: The Politics and Practice of Community Archives. The Public Historian 40(2): 69-95.
  • Cifor, M. (2017). Stains and Remains: Liveliness, Materiality, and the Archival Lives of Queer Bodies. Australian Feminist Studies 91-92: 5-21.
  • Cifor, M., Wood, S. (2017). Critical Feminism in the Archives. Journal of Critical Library and Information Studies 1(2).
  • Cifor, M. (2016). Affecting Relations: Introducing Affect Studies to Archival Discourse. Archival Science 16(1): 7-31.
  • Cifor, M. (2016). Aligning Bodies: Collecting, Arranging, and Describing Hatred for a Critical Queer Archives. Library Trends 64(4): 756-775.
  • Caswell, M., Cifor, M. (2016). From Human Rights to Feminist Ethics: Radical Empathy in the Archives. Archivaria 81: 23-83.

Références

  1. (en) « MARIKA CIFOR », sur MARIKA CIFOR (consulté le )
  2. (en) Marika Cifor, Michelle Caswell, Alda Allina Migoni et Noah Geraci, « “What We Do Crosses over to Activism”The Politics and Practice of Community Archives », The Public Historian, vol. 40, no 2,‎ , p. 69–95 (ISSN 0272-3433, DOI 10.1525/tph.2018.40.2.69, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. (en) Kristin Veel, « Viral Cultures - Activist Archives at the End of AIDS », sur artsandculturalstudies.ku.dk, (consulté le )
  4. (en) Marika Cifor, « Aligning Bodies: Collecting, Arranging, and Describing Hatred for a Critical Queer Archives », Library Trends, vol. 64, no 4,‎ , p. 756–775 (ISSN 1559-0682, DOI 10.1353/lib.2016.0010, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. (en-US) « Critical Feminism in the Archives », Journal of Critical Library and Information Studies,‎ (DOI 10.24242/jclis.v1i2.27, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. (en) Michelle Caswell et Marika Cifor, « From Human Rights to Feminist Ethics: Radical Empathy in the Archives », Archivaria,‎ , p. 23 (ISSN 1923-6409, lire en ligne, consultĂ© le )
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