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Marie Mesmin et la secte de Notre-Dame des pleurs

Marie Mesmin (1867-1935) est une visionnaire bordelaise qui aurait bĂ©nĂ©ficiĂ© Ă  partir de 1902 d'apparitions mariales et de prophĂ©ties sur les malheurs encourus par la France dans le contexte prĂ©cĂ©dant l'adoption en 1905 de la loi de sĂ©paration des Églises et de l'État.

Marie Mesmin
Description de l'image Marie Mesmin.jpg.
Nom de naissance Marie Baillet
Naissance
Monguilhem (Gers)
DĂ©cĂšs (Ă  67 ans)
Bordeaux
Nationalité française
Pays de résidence France
Profession
Concierge
Autres activités

À partir de 1909, Marie Mesmin fonde une secte sous le nom de « Notre-Dame-des-pleurs », que l’archevĂȘque de Bordeaux, Pierre Paulin Andrieu, condamne sĂ©vĂšrement.

La secte et sa fondatrice deviennent cĂ©lĂšbres Ă  partir de 1919 quand des adeptes usent de procĂ©dĂ©s moyenĂągeux pour agresser deux prĂȘtres qu'ils accusent d'envoĂ»ter Marie Mesmin.

Début des visions et des prophéties

Marie Baillet, seconde d'une famille de cinq enfants, est née en 1867 dans la commune de Monguilhem (Gers). Marie ne fréquente pas l'école. Elle ne saura jamais ni lire ni écrire (à l'ùge adulte elle apprend seulement à écrire son nom et elle signe les lettres qu'elle dicte à une secrétaire : « Marie Mesmin, esclave de Marie »).

Selon son propre rĂ©cit, son enfance est marquĂ©e par deux phĂ©nomĂšnes « miraculeux » : en 1874, alors qu'elle garde les vaches dans un prĂ©, elle tombe dans une mare. Sur le point de pĂ©rir noyĂ©e, elle invoque JĂ©sus : « Mon bon JĂ©sus, dit-elle, sortez-moi de lĂ , je vais mourir ». Marie prĂ©tend qu'Ă  ce moment-lĂ , elle s'est sentie emportĂ©e par des mains invisibles qui la dĂ©posaient sur la berge. Elle bĂ©nĂ©ficie par la suite d'une vision du Christ et du SacrĂ©-CƓur. De cet accident et de cette vision, naĂźt sa dĂ©votion au SacrĂ©-CƓur de JĂ©sus qui durera toute sa vie.

Marie est placée à Bordeaux vers l'ùge de quinze ans. Elle épouse Jean Mesmin, infirmier à l'hÎpital de Bordeaux.

En 1905 elle devient concierge d'un immeuble occupé par une compagnie d'assurance au 13 cours du XXX juillet à Bordeaux[Note 1]. Elle y réside avec son mari et leurs deux filles, Jeanne et Marie-Louise, jusqu'en janvier 1913.

Pendant cette période, Marie rapporte une série d'apparitions et de conversations avec la Vierge-Marie qui lui prédit les malheurs qui attendent la France si elle ne renonce pas à « chasser Dieu du pays ».

Un cercle d'adeptes se forme autour de Marie Mesmin et de la statue de la Vierge qu'elle garde dans sa conciergerie : « Notre-Dame des-pleurs ». Cette statue verse des larmes quand Marie fait ses dévotions. Plus tard, cette statue sera remplacée par une autre qui pleure également.

Le nombre d'adeptes croĂźt et les attroupements devant l'immeuble gĂȘnent son employeur qui la congĂ©die en janvier 1913. ImmĂ©diatement, une adepte fortunĂ©e lui prĂȘte un logement sis au 26 boulevard du Bouscat (aujourd'hui boulevard Pierre 1er) Ă  Bordeaux, oĂč elle demeure jusqu'Ă  sa mort le .

La secte est trĂšs active dans la rĂ©gion bordelaise. Marie elle-mĂȘme voyage beaucoup grĂące Ă  l'aide de ses donateurs.

À partir de 1917, Marie souffre de vifs maux qu’elle attribue Ă  des envoĂ»tements pratiquĂ©s par deux prĂȘtres. Elle envoie des membres de la secte chasser le diable du corps de ces malheureux. Les deux expĂ©ditions punitives, qui sont des agressions trĂšs violentes, se terminent devant les tribunaux correctionnels. La couverture mĂ©diatique des procĂšs rend « Notre-Dame-des-pleurs » cĂ©lĂšbre au plan national.

L'archevĂȘque de Bordeaux rĂ©agit et menace de refuser les sacrements Ă  tout religieux ou laĂŻc qui assiste Ă  des cĂ©rĂ©monies organisĂ©es par Marie Mesmin. La secte pĂ©riclite, mais ne disparaĂźt pas.

À la mort de Marie Mesmin, l'Ă©crivain Louis ÉmiĂ© lui consacre une nĂ©crologie publiĂ©e dans La Petite Gironde[2].

Les premiÚres révélations

C'est en 1902 que Marie Mesmin a ses premiĂšres rĂ©vĂ©lations. La Vierge Marie lui annonce des persĂ©cutions et l'exhorte Ă  la priĂšre[Note 2]. Ces prophĂ©ties sonnent comme la menace de flĂ©aux Ă©pouvantables qui vont s’abattre sur une France dĂ©christianisĂ©e refusant de revenir Ă  la Foi de son baptĂȘme, alors mĂȘme que l’Église catholique combat[3] la loi de sĂ©paration des Églises et de l'État.

On trouve un prĂ©cĂ©dent semblable dans les apparitions mariales de Fontet (Gironde) en 1873-1874 oĂč la prĂ©tendue voyante Marie Bergadieu (1830-1904), dite Berguille annonce des malheurs pour la France si elle renonce Ă  la monarchie.

La statue qui pleure

La statue qui pleure

Marie Mesmin a une mauvaise santé : elle est diabétique et tuberculeuse. Vers 1906-1907 elle se rend à Lourdes dans l'espoir d'une guérison miraculeuse. Elle n'est pas guérie, mais en souvenir de son pÚlerinage elle achÚte une banale statue en plùtre de Notre-Dame de Lourdes. La statue est installée dans la cuisine de sa loge de concierge et Marie fait ses dévotions chaque jour devant elle.

Un samedi de mars 1907, Marie Mesmin voit des larmes couler des yeux de la statue. C'est le dĂ©but d’une suite de lacrymations destinĂ©es Ă  appeler le peuple de France Ă  la conversion, Ă  la priĂšre et au repentir.

En septembre 1909 une étape supplémentaire est franchie : au lieu de pleurer, la statue se transforme en apparition de la Vierge. C'est ainsi que commence une série d'apparitions (au moins une dizaine selon Marie Mesmin) qui ont eu lieu d'abord dans l'oratoire de sa cuisine, puis dans l'église Notre-Dame de Bordeaux, sur les marches de l'autel de la chapelle Notre-Dame-du-Rosaire.

Rapidement les nouvelles de ces apparitions se rĂ©pandent et l’archevĂȘchĂ© de Bordeaux doit intervenir. En mars 1910 la statue est retirĂ©e de l'oratoire du cours du XXX juillet pour un examen par les autoritĂ©s ecclĂ©siastiques. La statue est dĂ©posĂ©e au couvent des Franciscaines de Marie ImmaculĂ©e, rue de la Teste Ă  Bordeaux : elle ne pleure plus et un Ă©chantillon des larmes qu'elle aurait versĂ©es se rĂ©vĂšle ĂȘtre de l'eau du robinet. La conclusion de l'archevĂȘchĂ©[4] est qu'il n'y a aucune justification autorisant Ă  penser Ă  une apparition mariale. La statue ne sera pas rendue Ă  Marie Mesmin et elle a Ă©tĂ© probablement dĂ©truite.

La Santissima Bambina

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    La Bambina qui pleure

AprÚs la confiscation de la statue de N-D. de Lourdes, Marie Mesmin la remplace par une autre : une Vierge-Enfant, réplique en plùtre vendue comme souvenir de « la Santissima Bambina» de Milan, statue horizontale représentant la Vierge-enfant au berceau et réputée miraculeuse[5].

DĂšs son emplacement dans l'oratoire de Marie la statue commence Ă  pleurer comme celle de N-D. de Lourdes. Les prĂ©dictions et demandes de la Vierge continuent d'ĂȘtre rĂ©pandues par Marie Mesmin : Bordeaux sera dĂ©truite et il faut un orphelinat pour les enfants survivants ; il faut construire une grande basilique prĂšs de la place des Quinconces, dont le chƓur sera exactement Ă  l'oratoire de Marie.

L'oratoire du Bouscat

Le , la comtesse et le comte de Montluisant[Note 3], des adeptes de Marie Mesmin, lui proposent d'habiter l'une de leurs propriétés à Bordeaux situé au 26 boulevard du Bouscat (actuellement boulevard Pierre 1er).

26 Boulevard du Bouscat

Marie Mesmin s'y installe et une partie de la maison est transformée en oratoire dédié à la statue de la Santissima Bambina et une autre partie en petit orphelinat pour accueillir quelques jeunes filles. La statue ne pleure plus, mais, le elle exsude des parfums suaves quand Marie Mesmin fait ses dévotions. Le phénomÚne fait l'objet d'un nouveau culte sous le nom de Notre-Dame-des-Parfums.

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    L'oratoire du Bouscat

Le nombre d'adeptes augmente et une extension de la maison est construite pour servir de salle de rĂ©union et de priĂšres. Marie Mesmin est la seule personne Ă  avoir accĂšs Ă  l'oratoire oĂč se trouve la statue miraculeuse. La renommĂ©e de la statue se rĂ©pand et le 26 boulevard du Bouscat devient un lieu de pĂšlerinage. On y vend des mĂ©dailles et images pieuses.

Joseph Saboungi, nĂ© Ă  Tyr (Syrie) et ĂągĂ© de 45 ans est un archimandrite syrien de l'ordre de Saint-Basile, vicaire gĂ©nĂ©ral du diocĂšse de Sidon et docteur en thĂ©ologie. Venu Ă  Lourdes pour le congrĂšs eucharistique des 22-26 juillet 1914, il entend parler de Marie Mesmin et se rend Ă  Bordeaux. La guerre l’empĂȘche de rentrer en Syrie et on lui demande d'Ă©tudier ces miracles en vue de constituer un dossier Ă  prĂ©senter aux autoritĂ©s de Rome. Il s'installe au 26 boulevard du Bouscat et devient Ă©galement directeur de conscience de Marie.

Alors que l'archimandrite Seboungi travaille sur le dossier des miracles de N-D. des pleurs, des tensions apparaissent entre Marie Mesmin, certains membres de la secte et lui. L'approche critique de l'archimandrite et sa connaissance des procĂ©dures canoniques lui font Ă©carter certains tĂ©moignages qui risquent d'ĂȘtre refusĂ©s par Rome comme preuve du miracle. Les adeptes de Marie Mesmin craignent qu'il prenne l'ascendant sur elle et veuille prendre sa place Ă  la tĂȘte du groupe (par la suite, ils l'accuseront de pratiquer des messes noires et d'envoĂ»ter Marie). Les aspects Ă©conomiques liĂ©s Ă  l'exploitation du phĂ©nomĂšne miraculeux sont aussi en jeu. L'archimandrite Saboungi se retire de l'oratoire le 10 juin 1917 pour prendre un poste de professeur de mathĂ©matiques Ă  la collĂ©giale de Saint-Donatien Ă  Nantes.

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    La Bambina de Bordeaux

Une certaine presse catholique s'emballe au sujet des miracles, comme La Revue Mariale[6] du qui laisse entendre que l'archevĂȘchĂ© de Bordeaux les approuve. L'autoritĂ© diocĂ©saine publie une rĂ©futation[7] diffusĂ©e dans tous les diocĂšses[8] : « L'autoritĂ© diocĂ©saine dĂ©clare qu'elle n'a jamais accreditĂ© aucun prĂȘtre auprĂšs de l'oratoire de Mme Mesmin ; qu'elle Ă  dĂ©fendu aux membres du clergĂ© d'assister aux exercises religieux organisĂ©s dans l'oratoire et que les fidĂšles doivent, jusqu'Ă  nouvel ordre, Ă©viter d'y prendre part ».

Cette mise en garde du Cardinal Andrieu, archevĂȘque de Bordeaux a peu d'effet sur les membres de la secte.

Pendant la PremiÚre Guerre Mondiale Marie Mesmin voyage beaucoup dans le nord de la France pour porter secours aux poilus. Elle fait aussi de longs voyages en Italie et dit avoir rencontré le pape, qui aurait dédicacé une image de la Bambina.

La rĂ©putation de la secte de « N-D. des pleurs» est considĂ©rablement assombrie par trois affaires d'agression en 1919, 1925 et 1926 par des « mesminites » pour dĂ©senvoĂ»ter « Maman Marie ». L'archevĂȘchĂ© menace d'excommunication les membres de la secte s'ils continuent de prendre part aux activitĂ©s de l'oratoire du Bouscat.

À partir de 1926, la secte pĂ©riclite, sans disparaĂźtre (voir les sections Liens externes et Livres panĂ©gyriques).

Marie Mesmin meurt le . En 1940, par la donation de sa propriĂ©taire, la maison devient propriĂ©tĂ© de l'archevĂȘchĂ© de Bordeaux. Puis, en 1968, le site est revendu, la maison dĂ©molie et remplacĂ©e par une station service.

Les envoûtements

Toute sa vie Marie Mesmin souffre de divers maux que la mĂ©decine n'arrive pas Ă  soigner. Elle les attribue Ă  des envoĂ»tements et demande Ă  plusieurs reprises que des prĂȘtres pratiquent sur elle les rites d'exorcisme de l’Église catholique, sans aucun rĂ©sultat.

La situation devient dramatique en 1919 quand Marie Mesmin accuse l'archimandrite Saboungi d'ĂȘtre possĂ©dĂ© par le dĂ©mon et de l'avoir envoĂ»tĂ©e. En 1926, l'abbĂ© Desnoyers est accusĂ© des mĂȘmes faits.

Pour sauver « maman Marie », des « mesminiques » organisent des expĂ©ditions punitives contre les deux prĂȘtres avec pour objectif d'extirper le dĂ©mon de leurs corps en recourant Ă  des procĂ©dĂ©s moyenĂągeux comme la flagellation et la torture, sans donner la mort.

Les flagellants sont condamnés par les tribunaux.

AprĂšs l'agression de l'archimandrite Saboungi, le cardinal Pierre Paulin Andrieu rĂ©itĂšre son interdiction aux prĂȘtres et aux laĂŻcs d'assister aux cĂ©rĂ©monies organisĂ©es Ă  l'oratoire du 26 boulevard du Bouscat[9]. En 1926, aprĂšs l'agression de l'abbĂ© Desnoyers, il menace d'excommunication les membres de la secte[10] - [11] - [12]. La secte de « Notre-Dame-des-pleurs » pĂ©riclite et Marie Mesmin devient cĂ©lĂšbre avec la couverture nationale des Ă©vĂ©nements par la presse.

L'agression de l'archimandrite Joseph Saboungi (20 février 1919)

Selon Marie, l'archimandrite Saboungi continue de l'envoĂ»ter Ă  distance et elle est exorcisĂ©e Ă  plusieurs reprises, sans succĂšs. Elle accuse Ă©galement Joseph Saboungi d'ĂȘtre la cause des morts de plusieurs membres de la secte.

Le quatre disciples de Marie Mesmin (MM. de Floris[Note 5], agent de change ; Parentthel, courtier d'assurances ; Berton, chef d'orchestre et Cardon, inspecteur de la Sûreté générale) mÚnent une « croisade » à Nantes pour prétendument le libérer du démon : ils ligotent l'archimandrite et le flagellent.

Une plainte est dĂ©posĂ©e et l'affaire est jugĂ©e par le tribunal correctionnel de Bordeaux[13]. L'avocat de Joseph Saboungi est Maurice Garçon du barreau de Paris, amateur d'affaires de sorcellerie[14]. Les agresseurs sont condamnĂ©s Ă  trois mois de prison avec sursis et au paiement de 500 francs Ă  titre de dĂ©dommagement Ă  Joseph Saboungi.

L'agression de Rose Moreau (24 décembre 1925)

Le Rose Moreau, une membre de la secte « N-D. des pleurs », est retrouvĂ©e le visage ensanglantĂ© et les vĂȘtements couverts de boue devant la maison de Marie Mesmin. Quatre jours plus tard Marie Mesmin porte plainte contre Mlle Moreau en l'accusant de faire scandale dans l'oratoire Ă  tel point qu'il a fallu la sortir par la force.

Grùce à un certificat médical et une lettre administrative ordonnant la mise en observation de Rose Moreau, des « mesminiques » parviennent à la faire interner au Chùteau Picon. Rose Moreau, qui se dit possédée par un démon, ne porte pas plainte pour l'agression.

Rose Moreau avait contribué à mettre en relation Marie Mesmin et l'abbé Paul Desnoyer afin qu'il exorcise « Maman Marie ». L'abbé Desnoyer sera agressé à son tour quelques jours plus tard.

L'agression de l'abbé Paul Desnoyer (3 janvier 1926)

L'abbé Paul Desnoyer

En 1921, par l'intermédiaire de relations pieuses aprÚs un pÚlerinage à Notre-Dame de La Salette, Marie Mesmin entre en contact avec l'abbé Paul Desnoyer, curé depuis 22 ans à Bombon (Seine et Marne)[15] - [16] - [17]. (Paul Desnoyer décÚdera en décembre 1955 à l'ùge de 90 ans[18].) AprÚs une longue série d'échanges épistolaires, en 1923, Marie, par l'intermédiaire de Rose Moreau, le réclame à Bordeaux pour l'exorciser, car elle est encore envoûtée. L'abbé vient à Bordeaux pendant une semaine, trouve Marie en pleine santé, mais pratique malgré tout les rites d'exorcisme et repart pour Bombon. Paul Desnoyer n'a jamais fait partie de la secte de « N-D. des pleurs » et dans sa déclaration au juge d'instruction il dit qu'il pensait avoir affaire avec une malade et des illuminés.

En 1924 Marie Mesmin est encore envoûtée et cette fois le responsable qu'elle désigne est l'abbé Desnoyer.

Des membres de la secte lui envoient des lettres de menaces pour qu'il mette fin Ă  l'envoĂ»tement. En dĂ©cembre 1925, l'Ă©poux de Marie Mesmin, avec quelques hommes de la secte, rendent visite au curĂ© Ă  Bombon. Ils ont vu une preuve incontestable de sa culpabilitĂ© : des vols d'oiseaux au-dessus de l'oratoire du Bouscat Ă©crivent son nom dans le ciel. Ils lui donnent une derniĂšre chance d'arrĂȘter l'envoĂ»tement.

L'envoĂ»tement ne s'arrĂȘte pas et le , dix femmes et deux hommes (Albert Froger et Maurice Lourdin) de la secte font une expĂ©dition punitive Ă  Bombon. Ils assistent Ă  la messe cĂ©lĂ©brĂ©e par l'abbĂ©, puis l'enferment dans sa sacristie oĂč il est ligotĂ© et bĂąillonnĂ© au point d'Ă©touffer. Il est flagellĂ©, reçoit du poivre dans ses yeux, on menace de lui brĂ»ler la plantes des pieds au fer rouge, etc. La bonne de l'abbĂ© Desnoyer, Jeanne Hellois, est Ă©galement agressĂ©e.

Les villageois, intriguĂ©s par ces « touristes » autour de l'Ă©glise, alertent la police, qui se rend sur place et trouve le curĂ© dans la sacristie en train d'ĂȘtre flagellĂ©. Les malfaiteurs sont arrĂȘtĂ©s et revendiquent leurs actes.

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    Sacristie de l'Ă©glise de Bombon
    (poivre toujours sur le banc)
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    L'abbé Desnoyer - Maßtres Mourier et Garçon - Jeanne Hellois et sa niÚce
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    Albert Froger & Maurice Lourdin

L'abbé Denoyer porte plainte et est défendu, comme Joseph Saboungi, par le célÚbre avocat Maurice Garçon[19].

Les hommes sont condamnés à huit mois de prison ferme et les femmes à trois mois de prison avec sursis. Marie Mesmin n'est pas inculpée, mais son cas est signalé par les psychiatres comme un danger social : ses délires sont contagieux pour les esprits faibles de son entourage.

RĂ©actions populaires Ă  l'agression de Paul Desnoyer

Marie, ses acolytes et le curé de Bombon deviennent des sujets de raillerie populaire. Citons quelques exemples tirés de la bibliographie des articles de presse :

  • « Complainte du CurĂ© de Bombon », paroles d'Alibert sur l'air de Trompette en bois[20] :
  • « Le martyr de la flagellation (le curĂ© de Bombon) », paroles[21] de F. Montagnon[22], sur l'air de Trompette en bois
  • « Ils ont fouettĂ© Monsieur le curĂ© » , paroles[23] de LĂ©on Bonnenfant[24] sur l'air Elle s'Ă©tait fait couper les cheveux[25]
  • Au Casino de Quinconces[Note 6] Ă  Bordeaux une revue burlesque : Et l’on sen... voĂ»te ![26] mettant en scĂšne l'agression du curĂ© de Bombon.
  • Un spectacle de marionnettes (Guignol) : Marie Mesmin girls[27]
  • À Lormont, les femmes du lavoir de la rĂ©publique mettent en scĂšne une parodie grivoise de l'agression du curĂ© de Bombon[28].
  • Dans le parler populaire bordelais (le bordeluche) une « Marie Mesmin, Notre-Dame des sept douleurs » dĂ©signe une pleurnicheuse[29].

Livres panégyriques

  • Henry Gaultier (prĂ©f. H. de Pierre-Prat), La Merveilleuse Histoire de N-D. des Pleurs de Bordeaux : Histoire et documentation, Villedieu (Vaucluse), La Revue « Lourdes », 63 p. (prĂ©sentation en ligne).
  • Marie VĂ©renne, ProphĂ©ties de Notre-Dame de Bordeaux, Rassemblement Ă  Son Image, , 266 p. (ISBN 978-2-36463-553-1, prĂ©sentation en ligne).
  • Gille Lameire, La Vierge en pleurs de Bordeaux, Saint-Germain-en-Laye, Association "Tout restaurer dans le Christ", , 337 p. avec une note critique de R. Darricau in « Notes bibliographiques », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 62, no 169,‎ , p. 416 (lire en ligne, consultĂ© le )
  • Gilles Lameire, La Vierge en pleurs de Bordeaux, Resiac Ă©ditions, , 338 p. (ISBN 9782852680609, prĂ©sentation en ligne).

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Jules Mauris, « Le procĂšs de la Vierge qui pleure », Mercure de France,‎ , p. 673-714 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Jules Mauris, « Second procĂšs de la Vierge qui pleure », Mercure de France,‎ , p. 277-318 (lire en ligne sur Gallica). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • « Survivances », La Revue archĂ©ologique, t. 2,‎ , p. 374 (lire en ligne sur Gallica).
  • « Survivances », La Revue archĂ©ologique, t. 1,‎ , p. 358-359 (lire en ligne sur Gallica).
  • Louis Palauqui et Henri Bouffard (prĂ©f. AndrĂ© Violis), La merveilleuse histoire de N.-D. des pleurs, Bordeaux, Éditions de la Gorgone, , 48 p. (prĂ©sentation en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Professeur-Docteur Orloff., Une SĂ©ance de MagnĂ©tisme ou comment devenir sĂ»rement magnĂ©tiseur suivi page 61 par La Flagellation du CurĂ© de Bombon et la VĂ©ritĂ© sur l'EnvoĂ»tement., Paris, Saint-Gilles, , 125 p. (prĂ©sentation en ligne).
  • Jean-Jacques Michaud, « Les larmes miraculeuses de Notre-Dame des Pleurs Ă  Bordeaux au dĂ©but du XXe siĂšcle », Revue ArchĂ©ologique de Bordeaux, vol. XCVII,‎ , p. 275-279 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Roger Galy, Journaliste ! : MĂ©moires d'un rubiquard de province, Ă©ditions de l'orĂ©e, , 180 p. (ISBN 9782402144049, prĂ©sentation en ligne).

La Presse et la secte de Notre-Dame des pleurs

Les trois agressions perpĂ©trĂ©es par les adeptes de la secte de Notre-Dame-des-Pleurs pour « chasser le dĂ©mon » et le dĂ©cĂšs de Marie Mesmin ont reçu une couverture nationale dans la presse. Marie Mesmin elle-mĂȘme a laissĂ© des traces dans la mĂ©moire collective bordelaise. Jusqu'Ă  aujourd'hui son nom est Ă©voquĂ© pĂ©riodiquement dans la presse locale, mais souvent avec des imprĂ©cisions historiques sur les faits.

1919-1920

1925

1926-1927

1935

1955-2021

Notes

  1. Marie Mesmin affirme que cette adresse Ă©voque la « RĂ©volution de Juillet» de 1830 Ă©vĂ©nement emblĂ©matique de l’abandon des valeurs de la Foi et de la montĂ©e de la laĂŻcitĂ© et qui explique pourquoi le Seigneur choisit d’y envoyer Sa MĂšre.
  2. « L'Église sera persĂ©cutĂ©e, les religieux et les religieuses seront chassĂ©s. On sortira le Christ des tribunaux et des Ă©coles. Les ennemis de l’Église voudront faire disparaĂźtre tout ce qui est Dieu. Ils voudront abolir la religion. Ils se disent : "Quand on ne croira plus, nous serons les maĂźtres. Cependant le jour oĂč ils croiront ĂȘtre les maĂźtres, eh bien ! ce sera le moment oĂč Dieu sera aimĂ© plus que jamais".
    Quand on aura chassé Dieu des écoles, ce sera le moment des malheurs. Vous verrez catastrophes sur catastrophes :
    1. Les chùtiments commenceront sous le troisiÚme président de la République aprÚs celui d'alors.
    2. La guerre en sera le prélude à titre d'avertissement.
    3. La France aura la guerre avec l'Allemagne.
    4. La France ne sera pas prĂȘte.
    5. La France sera attaquĂ©e par l'Allemagne au moment oĂč elle s'y attendra le moins.
    6. La guerre commencera dans les Balkans, mais en France elle sera terrible.
    7. La France ne sera pas seule, mais elle sera beaucoup plus éprouvée que ses alliés.
    8. La guerre aura un caractĂšre de sauvagerie exceptionnelle ; ce sera une guerre comme on en aura jamais vue ; il y aura des massacres de prĂȘtres et d'enfants. On coupera les mains aux enfants.
    9. De grandes apparences d'oiseaux laisseront tomber beaucoup de feu sur les villes. On ne sera en sûreté que dans les caves (en 1902 on ne parlait pas encore d'avions bombardiers !).
    10. Le sol sera si terriblement bouleversĂ© en beaucoup d'endroits que les gens ne reconnaĂźtront ni l'emplacement de leurs maisons, ni mĂȘme les chemins qui y conduisaient.
    11. AprÚs le fléau de la guerre, les hommes ne s'amenderont pas. Alors suivront les pestes, les maladies que les médecins ne connaßtront pas, puis des révolutions, des guerres civiles et la famine. On verra des tremblements de terre, des montagnes se déplaceront. »
  3. Charles de Montluisant, La Famille de Montluisant, Mouriers-Tarentaise, F. Ducloz, , 255 p. (lire en ligne sur Gallica)
    « Général Charles MJ de Montluisant », sur Genéanet
  4. Parmi les photographies des ecclésiastiques présents au CongrÚs Eucharistique (voir : c:25th International Congress Eucharistic in Lourdes) il est le seul de rite orthodoxe
  5. Louis (de LanĂšte David) de Floris (1880-1957) devenu aprĂšs la mort de son Ă©pouse (1941) moine bĂ©nĂ©dictin Ă  l'Abbaye d'En-Calcat oĂč il rejoint son fils, Jacques de Floris (1909-1992), le PĂšre Emmanuel de Floris en religion. Ce dernier, aprĂšs avoir quittĂ© En-Calcat en 1969, se fait ermite Ă  Montmorin. Cf. lien externe : "Hommage au pĂšre Emmanuel de Floris le veilleur de Montmorin".
  6. Le Casino de Quinconces Ă©tait situĂ© sur les AllĂ©es d’OrlĂ©ans au niveau de la rue CondĂ©. Il est Ă©difiĂ© en 1920 d’aprĂšs les plans de l’architecte Cyprien Alfred-Duprat. Sa scĂšne occupait 200 m2. Le Casino ne fonctionnait que durant la belle saison. Il sera dĂ©finitivement dĂ©moli en 1936.
    Les promoteurs voulaient crĂ©er de grandes revues Ă  l’image de celles produites aux Folies-BergĂšre ou au Casino de Paris. Ils font venir des vedettes comme LoĂŻe Fuller et Mayol). Pour la rĂ©alisation des costumes des tableaux de chaque revue, ils s’adressent Ă  des costumiers de grand renom tels que Max Weldy, fournisseur attitrĂ© des Folies-BergĂšre Ă  Paris.

Références

  1. Jacques Mourier, « La vie mystique de Marie Mesmin : chef de la police surnaturelle de "Notre-Dame-des-pleurs" », DĂ©tective, vol. 1, no 1,‎ , p. 11 (lire en ligne).
  2. Louis ÉmiĂ©, « Sur la mort de Marie Mesmin », La Petite Gironde,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  3. Patrick Weil, De la laïcité en France, Paris, Grasset, , 155 p. (ISBN 9782246827757, présentation en ligne).
  4. Archives diocésaines de Bordeaux, Dossier Notre-Dame des Pleurs
  5. PÚre Ange Brazzoli, Marie enfant dite Santissima Maria Bambina, Saint-Gabriel éditions, , 254 p. (ISBN 9791091133043, présentation en ligne).
  6. (BNF 32860478)
  7. « A propos de la Vierge des pleurs », L'Aquitaine : revue religieuse, archĂ©ologique, littĂ©raire [,‎ , p. 47 (lire en ligne sur Gallica).
  8. « A propos de la Vierges des pleurs », La semaine religieuse de ClĂ©rmond-Ferrand,‎ , p. 143 (lire en ligne).
  9. « La Vierge qui pleure : Histoire d'un envoĂ»tement », L'Aquitaine : revue religieuse, archĂ©ologique, littĂ©raire,‎ , p. 337-339 (lire en ligne sur Gallica).
  10. « DĂ©claration de S.E. le Cardinal-ArchevĂȘque de Bordeaux Ă  propos de la Vierge des Pleurs », L'Aquitaine : revue religieuse, archĂ©ologique, littĂ©raire,‎ , p. 96-97 (lire en ligne sur Gallica).
  11. « L’ArchevĂȘque de Bordeaux condamne, une fois de plus, la secte de N-D. des Pleurs », Le Figaro,‎ , p. 2 (lire en ligne sur Gallica).
  12. « L’ArchevĂȘque de Bordeaux condamne la culte de N-D. des Pleurs », Le Matin,‎ , p. 3 (lire en ligne sur Gallica).
  13. Archives de Bordeaux MĂ©tropole, Le procĂšs de Notre-Dame des Pleurs, 1920, IX-h 773
  14. Jean Couvreur, « Un amateur de sorcellerie », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  15. « Comment l'abbĂ© Desnoyer entra en relation avec Marie Mesmin », MĂ©morial de la Loire et de la Haute-Loir,‎ , p. 6 (lire en ligne).
  16. « Le curĂ© de Bombon explique au juge d'instruction ses relations avec Marie Mesmin », L’Ɠuvre,‎ , p. 3 (lire en ligne sur Gallica).
  17. « Le curĂ© de Bombon expose au juge la genĂšse de ses relations avec les flagellants », Le Journal,‎ , p. 1 (lire en ligne sur Gallica).
  18. « Le curĂ© de Bombon vient de mourir Ă  90 ans », Sud-Ouest,‎ , p. 2.
  19. Bernard Oudin, Défendre ! : le temps du barreau, place des éditeurs, , 523 p. (ISBN 9782262042844, présentation en ligne).
  20. [vidéo] Trompette en bois sur YouTube
  21. « Texte de : Le martyr de la flagellation »
  22. F. Montagnon sur data.bnf.fr
  23. « Ils ont fouetté Monsieur le curé », sur Patrimoine orale
  24. LĂ©on Bonnenfant sur data.bnf.fr
  25. [vidéo] Elle s'était fait couper les cheveux sur YouTube
  26. P. Cheminau, « Et l’on sen ... voĂ»te ! », La Vie Bordelaise, no 1770,‎ (lire en ligne).
  27. Seillon, « Les Marie-Mesmin Girls, farce grivoise », sur Portail des Arts de la Marionnette
  28. « Lavoir de la république - Lormont », sur Lormont.fr
  29. Guy Suire, « Mots d'ici », Sud-Ouest,‎

Annexes

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