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Maria Torok

Maria Torok, née Mária Török le à Budapest et morte le à New York, est une psychanalyste française d'origine hongroise.

Maria Torok
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  72 ans)
New York
Nom dans la langue maternelle
Török Mária
Nom de naissance
Mária Török
Nationalité
Domiciles
Budapest (-), Paris (Ă  partir de )
Formation
Activités
Conjoints
Nicholas Rand (d) (Ă  partir de )
Nicolas Abraham
Autres informations
Distinction
Ĺ’uvres principales
Cryptonymie: Le verbier de l’Homme aux loups (d)

Biographie

Maria Torok quitte la Hongrie dans les bouleversements politiques que traverse ce pays après la Seconde Guerre mondiale, et s'exile en France, en 1947. Elle obtient un diplôme de psychologue à la Sorbonne[1], et devient membre associé de la Société psychanalytique de Paris en 1950, après une analyse auprès de Bela Grunberger puis de Margaret Clark-Williams. Elle devient psychologue-conseil auprès des écoles maternelles de la direction de l'enseignement de la Seine en 1954[2], et s'inspire des travaux de Germaine Tortel.

Elle rencontre à Paris le psychanalyste d'origine hongroise, Nicolas Abraham, qui devient son partenaire de vie et de recherches jusqu'à la mort de celui-ci en 1975. Ils rédigent de nombreux articles, dont un certain nombre sont publiés dans l'ouvrage L'écorce et le noyau (2009), plusieurs livres, notamment Le Verbier de l'Homme aux loups (1976). Ces recherches se situent dans une perspective d'adhésion critique à l'égard de certains travaux de Freud, qu'ils reprennent à nouveau compte. Après la mort de Nicolas Abraham, Maria Torok poursuit ses recherches, dont un certain nombre sont réunies dans l'ouvrage Questions à Freud[3] (1995) qu'elle publie avec son nouveau compagnon Nicholas Rand[4].

Maria Torok a reçu en 1969 le 7e prix Maurice Bouvet pour son article « Maladie du deuil et fantasme du cadavre exquis »[5].

Travaux théoriques

Maria Torok et Nicolas Abraham ont situé leurs travaux dans une perspective ferenczienne, insistant sur la place du traumatisme dans la pratique et la réflexion psychanalytiques.

Pour chercher du sens au-delà de la signification consciente et réflexive, il est nécessaire d'accepter avec Freud que l’inconscient existe : c’est la seule hypothèse indispensable à la pratique de la psychanalyse, toutes les autres doivent être mises en suspens de manière à avoir une écoute libérée de tout préjugé (y compris ceux répandus dans les écrits psychanalytiques). À partir de cette avancée méthodologique issue du premier Freud, de Ferenczi et de l’étude critique de Husserl, Nicolas Abraham et Maria Torok ont déchiffré la problématique des deuils pathologiques et des influences transgénérationnelles.

« La conception de la psychanalyse de Nicolas Abraham et Maria Torok étend à toute la vie les possibilités de remaniements psychiques, ce qui réduit relativement la place des conflits et des refoulements instinctifs de l’enfance, tout en augmentant celle des catastrophes, individuelles et collectives, qui surviennent à tout âge. »[6]

Les avancées théorico-cliniques de Maria Torok inspirent en France les recherches de Jean Claude Rouchy[7], Serge Tisseron[8], Claude Nachin[9], Lucien Mélèse, Barbro Sylwan, Saverio Tomasella[10]. Judith Dupont et le groupe de traduction du Le Coq-Héron, favorisent la traduction et la diffusion des travaux de recherche de Nicolas Abraham et de Maria Torok en consacrant des dossiers à ces deux auteurs dans deux numéros de leur revue, en 2000[11] et 2006[12].

Notions principales

  • Le processus d'introjection : selon le principe ferenczien, « un individu ne peut aimer que lui-mĂŞme. Il peut Ă©tendre cet amour Ă  d'autres, au moyen d'un processus d'introjection, qui inclut dans le Moi les pulsions dont l'objet est l'occasion et le mĂ©diateur. L'introjection reprĂ©sente donc une extension du Moi »[13].
  • Le fantasme d’incorporation ou la secrète identification avec un objet d’amour perdu : il s'agit d'« une magie pour rĂ©cupĂ©rer l'objet-plaisir perdu et compenser l'introjection manquĂ©e. L'incorporation sert Ă  nier la perte, lorsqu'elle est inavouable. »[14].
  • La crypte au sein du moi ou l’enterrement d’un vĂ©cu honteux indicible : « Lorsqu'il est impossible de reconnaĂ®tre son chagrin, le trauma et tous les affects qu'il a provoquĂ©s se trouvent mis Ă  l'abri dans un caveau. La crypte rĂ©sulte d'un secret honteux partagĂ© » avec l'objet d'amour perdu[14].
  • La maladie du deuil ou deuil impossible d’un ĂŞtre cher[15].
  • Le fantĂ´me transgĂ©nĂ©rationnel, ou « travail du fantĂ´me dans l'inconscient », dĂ©signe les effets des secrets de famille Ă  travers les gĂ©nĂ©rations.

Publications

  • Une vie avec la psychanalyse, Paris, Aubier, 2002, 296 p.[16]
  • Le Verbier de L'homme aux loups, avec Nicolas Abraham, Paris, Flammarion, 1976, 252 p.
  • L’Écorce et le noyau, avec Nicolas Abraham, Paris, Flammarion, 1987, 480 p.
  • Questions Ă  Freud, avec Nicholas Rand, Paris, Les Belles-Lettres/Archimbaud, 1995, 284 p.
  • «PrĂ©face» Ă  l'Ă©dition française du livre de Melanie Klein, Essais de psychanalyse (1947), avec Nicolas Abraham, Paris, Payot, 1968/2005, p. 7-18.
  • La PĂ©dagogie non-directive de Germaine Tortel, Paris : SĂ©minaire de phĂ©nomĂ©nologie gĂ©nĂ©tique, 1960 (Notice du SUDOC).

Notes et références

  1. Jacques Sédat, « Maria Torok (1925-1998) », Encyclopædia Universalis en ligne, consulté le 10 septembre 2014.
  2. Site de l'Association européenne Nicolas Abraham et Maria Torok
  3. Nicholas Rand et Maria Torok, Questions à Freud. Du devenir de la psychanalyse. Les Belles Lettres/Archimbaud, collection « L’Inconscient à l’œuvre ».
  4. « L'inconscient freudien », Michel Plon, Libération, 9 novembre 1995
  5. Page des prix Maurice Bouvet sur le site de la SPP, pour l'article « Maladie du deuil et fantasme du cadavre exquis », Revue française de psychanalyse, vol. 32, no 4, p. 715-733, 1968.
  6. Claude Nachin, A l'aide, y'a un secret dans le placard, Fleurus, 1999, p. 61.
  7. Jean Claude Rouchy (dir.) La psychanalyse avec Nicolas Abraham et Maria Torok, collection Transition, Erès, 2001.
  8. Serge Tisseron, «Maria Torok, les fantômes de l'inconscient», no 186, 2006-3, p. 27-33. Article en ligne
  9. Claude Nachin, « Promenades autour du symbole psychanalytique : anasémie et pratique analytique », Le Coq-Héron, no 186, 2006/3, p. 12-26. Article en ligne
  10. Saverio Tomasella, La traversée des tempêtes. Renaître après un traumatisme. Éditions Eyrolles, Paris, 2011.
  11. Des voies nouvelles pour la psychanalyse : Nicolas Abraham - Maria Torok, Le Coq-HĂ©ron , no 159, 2000/1.
  12. Dossier Nicolas Abraham et Maria Torok, Le Coq-Héron, no 186, 2006/3, « Symboles, cryptes et fantômes », p. 7-142, [lire en ligne].
  13. Judith Dupont, «La notion de trauma selon Ferenczi et ses effets sur la recherche psychanalytique ultérieure», Filigrane, 2008. Article en ligne
  14. Judith Dupont, 2008.
  15. Voir Claude Nachin, Le deuil d'amour, 1993.
  16. Recension critique : Corinne Daubigny, « Lectures », 2002/4, n° 171, p. 136-140 [lire en ligne]

Voir aussi

Bibliographie

  • Judith Dupont, « Repères sur la question du trauma : Freud, Balint, Abraham et Torok », p. 77-79, in J.C. Rouchy (dir.), La psychanalyse avec Nicolas Abraham et Maria Torok, 2001.
  • Claude Nachin, « UnitĂ© duelle, cryptes et fantĂ´mes », p. 39-51, in J.C. Rouchy (dir.), La psychanalyse avec Nicolas Abraham et Maria Torok, 2001.
  • Nicholas Rand (2006). « Ĺ’dipe roi de Sophocle ou le complexe des ancĂŞtres », Le Coq-HĂ©ron, 2006/3, no 186 [lire en ligne]
  • Jean Claude Rouchy (dir), La psychanalyse avec Nicolas Abraham et Maria Torok, Transition, Erès, 2001.
  • Jacques SĂ©dat, « Maria Torok », dans Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse 2. M/Z., Paris, Calmann-LĂ©vy, (ISBN 2-7021-2530-1), p. 1727-1728. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Barbro Sylwan et Philippe RĂ©fabert, Freud, Fliess, Ferenczi. Des fantĂ´mes qui hantent la psychanalyse, Paris, Éditions Hermann, coll. « Nicolas Abraham et Maria Torok », 2010.
  • Serge Tisseron, « Les secrets de famille, la honte, leurs images et leurs objets », p. 53-68, in J.C. Rouchy (dir.), La psychanalyse avec Nicolas Abraham et Maria Torok, 2001.
  • Dossier « Nicolas Abraham et Maria Torok », Le Coq-HĂ©ron, no 186, 2006/3, Symboles, cryptes et fantĂ´mes, p. 7-142, [lire en ligne].
  • Dossier « Des voies nouvelles pour la psychanalyse : Nicolas Abraham - Maria Torok », Le Coq-HĂ©ron, no 159, 2000/1.

Articles connexes

Liens externes

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