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Maria Blondeau

Maria Blondeau, née Émélie Blondeau en 1873 à La Neuvillette (Marne) et morte le [1] à Fourmies, est une ouvrière d'une filature de coton, considérée comme la figure la plus emblématique des morts de la fusillade de Fourmies en 1891[2].

Maria Blondeau
Portrait posthume de Maria Blondeau, détail extrait d'une illustration des fusillés de Fourmies lors de la manifestation du 1er mai 1891 (L'Intransigeant illustré).
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  17 ans)
Fourmies
Nom de naissance
Émélie Blondeau
Surnom
Maria
Nationalité
Activité

Origines familiales

Maria Blondeau née au sein d'une famille d'origine modeste. Sa mère est une vendeuse itinérante d'épices et son père, Émile Octave Blondeau est lui-même ouvrier[3].

La manifestation et la fusillade de Fourmies

Depuis 1886 le 1er mai s'est imposĂ© comme celui de la journĂ©e de dĂ©fense des droits des travailleurs[4]. Ă€ Fourmies, les manifestants rĂ©clament tout particulièrement la journĂ©e de huit heures et une augmentation des salaires[5]. Les ouvriers sont nombreux dans la ville qui connait un dĂ©veloppement Ă©conomique et dĂ©mographie grâce Ă  l'industrie cotonnière qui se dĂ©veloppe de manière importante depuis moitiĂ© du XIXe siècle. En 1891, sur les 6 910 habitants de Fourmies, 3790 travaillent dans le secteur du textile[6]. C'est une industrie oĂą les salaires des ouvriers sont rĂ©putĂ©s particulièrement bas et le volume horaire Ă©levĂ©. Ă€ cette forte prĂ©sence ouvrière, s'ajoute la crĂ©ation rĂ©cente d'une antenne locale du jeune Parti ouvrier français qui rencontre rapidement du succès et participe Ă  la politisation du bourg. Le , les manifestants sont donc nombreux lors de la manifestation[6].

Couverture de L'intransigeant illustré du 14 mai 1891. On aperçoit au centre de l'image Maria Blondeau tenant un bouquet d'aubépine, ainsi que son époux, Kléber Giloteaux, tenant le drapeau tricolore.

Maria Blondeau est une ouvrière d'une des nombreuses filatures de coton de la ville. Le jour du 1er mai elle est prĂ©sente dès 5h du matin, les manifestants alternent alors entre occupations d'usines et dĂ©filĂ©s dans les rues. Si l'ambiance est d'abord Ă  la fĂŞte, Ă  partir de 15h, la situation se tend Ă  la suite d'une arrestation d'une dizaine de manifestants par les gendarmes venus en renfort[7]. C'est Ă  partir de ce moment lĂ  que Maria Blondeau prend la tĂŞte du cortège au cĂ´tĂ© de son fiancĂ©, KlĂ©ber Giloteaux et d'autres jeunes ouvriers[8]. La première ligne est alors essentiellement composĂ©e des "porteuses de mai", jeunes filles tenant des bouquets d'aubĂ©pine, symbole du printemps, dont Maria fait partie. Cette dernière lui a Ă©tĂ© offerte plus tĂ´t dans la matinĂ©e par son fiancĂ©[9]. KlĂ©ber Giloteaux, lui aussi au premier rang, arbore quant Ă  lui un drapeau rouge, souvent confondu par la suite avec un drapeau tricolore dans l'iconographie lui rendant hommage[6]. Ă€ 18h15, après une dernière sĂ©rie d'altercation, une seule salve est tirĂ©e sans sommation. La proximitĂ© directe entre les soldats venus en supplĂ©ment des gendarmes et les manifestants rĂ©unis sur la place du village suffit Ă  provoquer la mort immĂ©diate de neuf personnes, dont Maria Blondeau et plus de 35 blessĂ©s[6]. Après la salve, les soldats dispersent rapidement les manifestants.

L'image des deux époux morts pendant la manifestation, bouquet de fleur et drapeau en main, va rapidement se diffuser à l'échelle nationale comme symbole du pacifisme face aux violences étatiques et à la répression des manifestations[10].

Elle est enterrĂ©e dans le cimetière du centre de Fourmies, aux cĂ´tĂ©s des autres morts de la fusillade[1]. Ses funĂ©railles ainsi que celles des autres morts rĂ©unissent plus de 30 000 personnes[6]. Plusieurs plaques tĂ©moignent de la vivacitĂ© de la mĂ©moire des fusillĂ©s Ă  Fourmies et plus largement Ă  l'Ă©chelle nationale[11].

Hommages

L'image symbolique de Maria Blondeau, ouvrière tenant un bouquet d'aubépine ensanglantée face à la violence des forces de l'ordre va participer à faire d'elle une des figures emblématiques des luttes non-violentes ainsi que de la défense des droits des ouvriers[9] - [10]. Si la place de où se trouve le musée de la filature de Fourmies porte désormais son nom[12], c'est surtout dans le registre des chansons populaires que son image a eu le plus d'influence.

Illustration de la chanson Les Fiancés du Nord représentant le couple Maria Blondeau et Kléber Giloteaux. On aperçoit dans le fond l'abbé Margerin, autre figure emblématique de la fusillade de Fourmies[13]
  • Le chansonnier MontĂ©hus lui rend hommage dans la chanson Au lieu d'acheter tant d'aĂ©ros : "Car Ă  Fourmies, c’est sur une gamine / Que le Lebel fit son premier essai"[14]. Le fusil Lebel Ă©tant celui qui Ă©quipe les armĂ©es françaises depuis 1887[15].
  • Les Martyrs de Fourmies de Voilequin et de Poivilliers fait rĂ©fĂ©rence Ă  Maria Blondeau et Louise Hublet, autre figure fĂ©minine emblĂ©matique de la fusillade de Fourmies, elle-mĂŞme amie de Maria : "Pendant la fĂŞte sur place/ Au milieu des rires, des chants, / Deux jeunes filles avec grâce/ Distribuaient des fleurs des champs, / Lorsque soudain sifflent les balles/ Qui les frappent de tous cĂ´tĂ©s ;/ AussitĂ´t tombent sur les dalles/ Ces martyrs de la libertĂ©."[16].
  • Les FiancĂ©s du Nord de RenĂ© Esse et de Gaston Maquis Ă©voque la figure tragique du couple Maria Blondeau et KlĂ©ber Giloteaux, fiancĂ©s le matin, et mort dans la mĂŞme soirĂ©e[16] - [17].
  • Le massacre de Fourmies de PĂ©dron Ă©voque plus explicitement encore l'hommage Ă  l'ouvrière : "On voit Maria Blondeau./ Elle est lĂ , sanglante, inerte, / L'Ĺ“il hagard, la bouche ouverte, / etreignant son vert rameau ;/ Et pourtant, elle s'Ă©crie, / Dans sa terrible agonie :/ C'est... huit heures... qu'il... nous faut !"[16].
  • Le groupe montpelliĂ©rain Mauresca FracĂ s Dub rend hommage Ă  Maria Blondeau et aux autres manifestants tuĂ©s sa chanson Ă©ponyme (en occitan et français), Maria Blondeau dans l'album Cooperativa.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Notes et références

  1. « Fiche défunt - BLONDEAU EMILIE » Accès libre, sur cimetieres-de-france.fr (consulté le )
  2. « 1er mai 1891 - Drame ouvrier à Fourmies » Accès libre, sur herodote.net (consulté le )
  3. André Pierrard et Jean-Louis Chappat, La fusillade de Fourmies : premier mai 1891, Lille, C. Descamps, coll. « Évocation historique », , 344 p.
  4. (en) Encyclopædia Britannica : « Haymarket Riot » (lire en ligne)
  5. Parti Ouvrier, « Programme de la journée du 1er mai 1891 », Écomusée de Fourmies,‎
  6. Madeleine Rebérioux (Dir.), Fourmies et les premier mai : actes du colloque, Fourmies, 1er-4 mai 1991, Paris, Les éditions de l'Atelier, coll. « Patrimoine »,
  7. Claude Willard, La Fusillade de Fourmies, Paris, Ed. sociales, coll. « Pages d'histoire populaire »,
  8. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français - Maitron : BLONDEAU Emélie, dite Maria, Paris, (lire en ligne)
  9. Le Monde, « Il y a cent ans : Le 1 mai tragique de Fourmies », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant)
  10. Philippe Poisson, « Les fiancés du Nord », Criminocorpus,‎
  11. « Cimetière - Fourmies » Accès libre, sur geneanet.org (consulté le )
  12. Delmaire Danielle, « Reberioux Madeleine (dir) : Fourmies et les premier mai (compte-rendu) », Revue du Nord, vol. 77, no 311,‎ , p. 689-692
  13. Écomusée de l'Avesnois, « Les fiancés du Nord » Accès libre, sur armarium-hautsdefrance.fr (consulté le )
  14. Gérard Chastagnaret, De fumées et de sang : Pollution minière et massacre de masse. Andalousie - XIXe siècle, Madrid, Casa de Velázquez, , 456 p., « Les victimes seront oubliées », p. 257-268
  15. Jean-Louis Chappat et Émile Cornaille, Émile Cornaille (1879-1891) ou La vie à Fourmies en 1891, Fourmies, École Jean Macé, , p. 38
  16. Robert Brécy, « Les chansons du Premier Mai », Revue d'Histoire Moderne & Contemporaine, vol. XXVIII, no 3,‎ , p. 393-432 (lire en ligne, consulté le )
  17. En mémoire de Kléber Giloteaux et Maria Blondeau

Liens externes

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