Marguerite Charpentier (logement social)
Marguerite Charpentier, née le à Poitiers (Vienne) et morte le à Paris, est une militante française du logement social, et la fondatrice d'une communauté missionnaire de femmes laïques à Chaville (Hauts-de-Seine)[1].
Militante du logement social |
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Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 62 ans) 14e arrondissement de Paris |
Nom de naissance |
Marguerite Marie Louise Henriette Charpentier |
Nationalité | |
Activité |
Fondatrice d'une communauté missionnaire de femmes laïques |
Biographie
Enfance et formation
Marguerite Charpentier est la fille d'Emmanuel Charpentier, employĂ© de commerce puis magasinier chez le fabricant de clĂ© Bricard, et d'Ădith Brisson. Elle a un frĂšre, Louis Charpentier[2]. La famille vient s'installer dans les annĂ©es vingt Ă Paris, dans les habitations Ă bon marchĂ© fondĂ©e par l'abbĂ© Jean Viollet[1].
Elle passe le certificat d'Ă©tudes primaires, pour lequel elle est reçue brillamment, et commence Ă faire du secrĂ©tariat pour l'abbĂ© Viollet. C'est Ă©galement le dĂ©but de son engagement dans le scoutisme, dans la section neutre de la FĂ©dĂ©ration Française des Ăclaireuses.
Gravement malade, elle se rend alors en pĂšlerinage Ă Lourdes, d'oĂč elle revient guĂ©rie.
Elle renforce ensuite son engagement d'Ă©claireuse : elle devient commissaire et prend en charge une troupe de petites ailes (7-12 ans) dans un quartier populaire de Chaville[1].
Création de la librairie-papeterie Chez-nous
En dĂ©couvrant le livre de Jacques LĆw, En mission prolĂ©tarienne, elle dĂ©cide de crĂ©er une rĂ©sidence comme celle qu'il a crĂ©Ă© Ă Marseille. Ainsi, en janvier 1948, elle s'installe avec une amie au 140 avenue Roger-Salengro, en plein dans le quartier populaire du Doisu, Ă Chaville[1].
Progressivement, elle y anime une communauté de plusieurs jeunes femmes[3], souvent anciennes éclaireuses[2], et qui travaillent en usine. Certaines n'y restent que quelques mois.
En 1950, elle ouvre la librairie-papeterie Chez-nous, fondée sous la forme d'une association, qui lui donne un moyen de subsistance, mais aussi une raison de vivre dans un quartier populaire, avec un objectif « missionnaire, culturel et social ». La librairie se prolongeait par une bibliothÚque et une remise, et au premier étage se trouvait un appartement de trois piÚces, avec un coin cuisine[4].
L'activité de Chez-nous s'est progressivement développée, notamment via des actions de solidarité (piqûres gratuites à domicile, distribution de soupe aux personnes ùgées), qui ont fait connaßtre l'action de la résidence dans le quartier. Marguerite Charpentier organise ensuite des colonies de vacances, et l'hébergement de prostituées et d'adolescentes qui viennent de maisons de redressement[1].
Une charte est instituĂ©e pour l'hĂ©bergement des femmes dans la rĂ©sidence, stipulant la mise en commun des ressources, le cĂ©libat pour an (ne pas se marier dans l'annĂ©e), et la participation Ă l'Eucharistie, selon la prĂ©sence de prĂȘtres[1]. Cette prĂ©sence est initialement ponctuelle, mais fortement souhaitĂ©e par les sympathisants de Chez-nous. Les prĂȘtres qui viennent Ă la rĂ©sidence sont le plus souvent des dominicains, mis en contact via Louis Charpentier, Ă©tudiant au Saulchoir. Mais cette prĂ©sence reste ponctuelle, et Marguerite Charpentier rĂ©clame la prĂ©sence continue d'un prĂȘtre[1].
Ă partir du mois d'aoĂ»t 1951, toujours grĂące aux contacts de Louis Charpentier au Saulchoir, Bernard Gardey, prĂȘtre-ouvrier dominicain, vient habiter Ă Chaville pour travailler avec Marguerite Charpentier, son amie, et le rĂ©seau de Chez-nous[4]. Il s'installe non-loin de la librairie-papeterie, travaille chez Renault, et y est Ă©galement syndiquĂ© Ă la CGT[4] - [2]. Il avait rencontrĂ© la communautĂ© de Marguerite Charpentier pendant l'Ă©tĂ© 1947, lors d'une journĂ©e d'Ă©tude et de rĂ©flexion non loin du Saulchoir, et rendait rĂ©guliĂšrement visite Ă la rĂ©sidence depuis le dĂ©but de l'annĂ©e 1951[4]. Ă partir de son installation, il tient des messes pour la communautĂ© dans la remise de Chez-nous[4].
Création de l'Association Populaire du Logement
Dans le quartier du Doisu, la communautĂ© de Chez-nous est confrontĂ©e Ă d'importants problĂšmes de logement, et souhaite s'opposer aux expulsions, puis Ă l'insalubritĂ© et la pĂ©nurie de logement. Leur premiĂšre action a Ă©tĂ© de mener une enquĂȘte faisant Ă©tat de la situation du logement Ă Chaville, et contant des suggestions d'amĂ©lioration de la crise. Les enquĂȘteurs sont eux-mĂȘmes des mal-logĂ©s, dans la lignĂ©e des Ă©tudes menĂ©es par Ăconomie et Humanisme. Une fois l'enquĂȘte effectuĂ©e, Louis-Joseph Lebret, membre de cette derniĂšre association, atteste du sĂ©rieux de l'enquĂȘte. Elle devient ainsi une brochure, publiĂ©e en 1951, sous le nom de Des maisons pour Chaville, et est proposĂ©e dans la devanture de Chez-nous[1].
Marguerite Charpentier et Bernard Gardey dĂ©cident alors de fonder l'Association Populaire du Logement, qui a pour but de rĂ©unir celles et ceux qui souhaitent amĂ©liorer la situation du logement Ă Chaville, quelles que soient leurs opinions politiques ou religieuses. L'association est elle-mĂȘme dirigĂ©e par des mal-logĂ©s, et met en place un rĂ©seau de responsables de quartiers. Elle arrive Ă contraindre la municipalitĂ© de reloger par rĂ©quisition une vingtaine de familles, mais juge cela insuffisant, estimant qu'il faut crĂ©er de nouveaux logements Ă Chaville[4].
Cela devient possible grĂące Ă Joseph Grospiron, ingĂ©nieur aux usines Renault, qui a achetĂ© la brochure Des maisons pour Chaville dans la librairie, et pris contact avec l'Association Populaire du Logement. Il arrive Ă nĂ©gocier une participation Ă 50% de la RĂ©gie Renault dans la crĂ©ation de la coopĂ©rative HLM de l'Association Populaire du Logement, nĂ©e en 1953 sous l'impulsion de Marguerite Charpentier et Bernard Gardey. L'objectif de cette coopĂ©rative est d'ĂȘtre indĂ©pendante du pouvoir municipal ou patronal, tous les futurs locataires s'engageant Ă participer aux travaux, et au conseil d'administration. Un premier terrain est achetĂ© route du SablĂ© pour y amĂ©nager les premiers logements de la coopĂ©rative[4].
En 1955, le premier lot de 30 logements, le groupe Vivre est achevé, sur le modÚle des Castors[1].
Ensuite, Marguerite Charpentier se lance dans la crĂ©ation d'un second ensemble de logements. Mais la crise des prĂȘtres ouvriers de 1954 oblige Bernard Gardey Ă diminuer peu Ă peu son soutien, jusqu'Ă quitter Chaville en 1959. De nombreuses autres difficultĂ©s vont Ă©mailler cette construction, du dĂ©part de soutiens au refus du maire de signer le permis de construire, en passant par un accident de vespa de Marguerite Charpentier[4].
Malgré tout, Marguerite Charpentier réussit à mener à bien le deuxiÚme ensemble de l'Association Populaire du Logement, le groupe Vaincre, constitué de 150 logements, rue de Jouy[4].
Vie de famille, et départ de Chez-nous
Cependant, Marguerite Charpentier doit quitter Chez-nous pour pouvoir élever les deux enfants qu'elle a adoptés. La communauté de Chez-nous a tenu jusqu'à l'achÚvement des logements du groupe Vaincre, mais n'a pas survécu à son départ.
Elle s'installe alors dans le premier groupe de logements construits par l'Association Populaire du Logement, et devient animatrice du centre social qui se trouve juste à cÎté de son appartement.
Vers 1966-1967, elle quitte Chaville pour la commune voisine de Viroflay. Elle y travaille alors comme employée d'édition[1], jusqu'à sa mort en 1976.
Références
- Cova, Anne., Destins de femmes : religion, culture et société (France, XIXe-XXe siÚcles), Paris, Letouzey & Ané, , 466 p. (ISBN 978-2-7063-0275-6 et 2-7063-0275-5, OCLC 717267700, lire en ligne), Notice sur Marguerite Charpentier, pages 112 à 114
- « GARDEY Bernard, Ădouard, Marie, Paul - Maitron », sur maitron.fr (consultĂ© le )
- De la subversion en religion, Paris, KARTHALA Editions, , 308 p. (ISBN 978-2-8111-0304-0, lire en ligne), p. 209
- Bernard Gardey, La foi hors les murs : Grappillage de la Saint-Martin, 1912-1999, KARTHALA Editions, (ISBN 978-2-84586-169-5, lire en ligne), p. 8 Ă 14, 133, 141, 143