Marchand d'art
Un marchand d'art est une personne ou une entreprise qui achète et vend des œuvres ou objets d'art.
Cette activité commerciale structurée obéit à des réglementations à la fois locales et internationales. Le marchand d'art peut se spécialiser selon un genre, une époque. Il peut être antiquaire, faire dans l'ancien ou représenter un artiste vivant en tant que galerie sur rue ou en ligne, et n'être qu'un intermédiaire entre le producteur et d'autres acteurs du marché de l'art tels que par exemple les maisons de ventes aux enchères. En général, les gros marchands d'art se rencontrent dans le cadre de foires ou manifestations thématiques ou généralistes.
Histoire
Les premiers véritables marchands apparaissent en Occident au moment de la Renaissance, entre Florence et Venise (villes réputées chères) et Bruges (bon marché). Ils servent d'intermédiaire entre l'acheteur — de gros négociants spécialisés dans le commerce de la laine et des épices — et l'artiste, lequel n'a pas encore le statut moderne que nous lui connaissons aujourd'hui.
C'est aussi à cette époque que naît le concept de collection d'apparat, de cabinet de peinture ou de curiosité : princes, politiques et gros négociants accumulent des objets d'art, ils sont bientôt imités par la bourgeoisie citadine.
La ville d'Anvers est la première à subordonner l'artiste au marchand, l'obligeant à passer par ce dernier pour les transactions, par voie de réglementation des corporations ou guildes. Cohabitent alors deux types de marchands, les spécialisés dans la vente d'œuvres nouvelles, et ceux qui se consacrent à la revente et à l'ancien. Et c'est le développement de cette haute bourgeoisie marchande qui se consacre aux échanges internationaux qui, au XVIIe siècle, favorise son essor, notamment en Hollande, en Allemagne, en Angleterre. À Londres, se mettent en place à la fin du XVIIe siècle les différents acteurs que nous connaissons actuellement : la personne qui produit des objets d'art et qui est statutairement considérée comme telle, le vendeur, le critique d'art, l'enchère. La notion moderne d'œuvre d'art prend alors son essor. Les marchands s'adressent à une clientèle privée en direct ou à des intermédiaires qui achètent pour le compte de princes désireux de constituer une vaste collection. L'activité mécénale se dilue : tandis que le mécène cède la place au protecteur par voie de privilège, les collections peuvent être désormais directement alimentées par des marchands devenus experts en leur domaine et qui forgent le bon goût, la mode, par effet d'imitation comportementale : tel artiste, tel objet se retrouve alors plus recherché sur le marché, et des cotes sont établies[2]. L'étude des collections du banquier Everhard Jabach montre à cette époque des liens et des montants de transactions, des réseaux de vente ténus entre des marchands installés à Paris, Londres, Amsterdam, Cologne et Francfort[3].
Au XVIIIe siècle apparaissent les premières expositions en galeries d'art privées, les premiers salons annuels placés sous la tutelle d'organismes corporatistes, soit à caractère privé soit directement sous l'autorité du souverain, et surtout les premières grosses ventes aux enchères (inventées à Londres par les libraires), tandis que le commerce de l'estampe explose à Paris. Les marchands ont une clientèle de « connoisseurs », d'amateurs éclairés, et commencent à produire des catalogues spécialisés, des inventaires descriptifs précieux pour l'historiographie actuelle[2].
Au XIXe siècle, la bourgeoisie industrielle, considérablement enrichie grâce aux progrès techniques et au faible coût du travail, investit massivement dans l'art et fait appel aux marchands. Paris est alors la capitale du marché des œuvres d'art modernes, le rendez-vous des marchands recherchant des productions d'artistes vivants. Au XXe siècle, c'est New York qui devient la place centrale. Au XXIe siècle apparaît la vente en ligne.
Marchands d'art notables
XVIIe siècle
- Daniel Nijs (1572-1647)
- Hendrick van Uylenburgh
- Matthijs Musson (en) (1598–1678)
- Gilliam Forchondt l'Ancien (en) (1608–1678)
XVIIIe siècle
XIXe siècle
- Louis Adolphe Beugniet
- Colnaghi
- Adolphe Goupil de Goupil & Cie (Paris, Londres, Amsterdam, Vienne…)
- Elmire Lanafoërt-Doat
- Louise Doat-Sabail
- Michael Knoedler
- William Agnew (1er baronnet)
- Charles Sedelmeyer
- Williams & Everett (en)
- Bernheim Frères
- Tadamasa Hayashi
- Siegfried Bing
- Paul Durand-Ruel
- Georges Petit
- Ambroise Vollard
- Nathan Wildenstein
XXe siècle
- Jacques Seligmann (1858–1923)
- Berthe Weill (1865-1951)
- SadajirĹŤ Yamanaka (1866-1936)
- Eugène Druet (1867-1916)
- Joseph Duveen (1869-1939)
- Wilhelm Uhde (1874-1947)
- Georges Demotte (1877-1923)
- LĂ©once Rosenberg (1879-1947) et Paul Rosenberg (1881-1959)
- Max Moos (1880-1976)
- Ching Tsai Loo (1880-1957)
- Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979)
- Hugo Perls (1886-1977) et Klaus Perls (en) (1912–2008)
- Paul Guillaume (1891-1934)
- Georges Wildenstein (1892-1963)
- Edith Halpert (en) (1900–1970)
- Pierre Matisse (1900-1989)
- Aimé Maeght (1906-1981)
- Julien Levy (1906-1981)
- Alexandre Iolas (1907-1987)
- Leo Castelli (1907-1999)
- Ileana Sonnabend (1914-2007)
- André Emmerich (en) (1924-2007)
- Marian Goodman (née en 1928)
- Martha Hopkins Struever (en) (1931-2017)
- Yvon Lambert (né en 1936)
- Arne Glimcher (né en 1938)
- Bruno Bischofberger (né en 1940)
- Charles Saatchi (né en 1943)
- Larry Gagosian (né en 1945)
- Mary Boone (en) (née vers 1952)
XXIe siècle
- Jorge Coll (né en 1978)
- Jay Jopling (né en 1963)
- Ursula Hauser et Manuela Wirth (Hauser & Wirth)
- Fabrizio Moretti (art dealer) (en) (né en 1976)
- Pearl Lam (en)
- Emmanuel Perrotin (né en 1968)
- Almine Rech
- Thaddaeus Ropac (né en 1960)
- Eva Presenhuber (en)
- David Zwirner
Notes et références
- (en) Time smoking a picture, notice de la Art Gallery of New South Wales.
- Expositions, peintres, et critiques : vers l'image moderne de l'artiste par Annie Beq, in Dix-huitième siècle, Paris, Garnier, 1982, pp. 131-149.
- (en) C. Monbeig-Goguel, « Taste and Trade: The Retouched Drawings in the Everhard Jabach Collection at the Louvre », The Burlington Magazine, 1988.
Annexes
Bibliographie
- Mathieu Perona, « Les Débuts des marchés de l’art en Europe », sur panurge.org.