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Marcel Detry

Marcel Detry, né à Gilly le et décédé à Uccle le , est un chirurgien belge, résistant de la Première Guerre mondiale aux côtés d’Edith Cavell.

Marcel Detry
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  92 ans)
Uccle
Nationalité
Formation
Université libre de Bruxelles (en)
Activités

Biographie

Jeunesse

L'enfance de Marcel Detry est partagĂ©e entre une Ă©ducation bourgeoise et privilĂ©giĂ©e, et la dure rĂ©alitĂ© industrielle qui l'entoure Ă  Gilly oĂą son père est un chirurgien brillamment diplĂ´mĂ© de l’UniversitĂ© de Liège, et un Ă©chevin libĂ©ral actif. En pension Ă  l'AthĂ©nĂ©e d'Ostende, le jeune enfant accomplit ses humanitĂ©s anciennes en cette ville oĂą la famille sĂ©journe l’étĂ©. Élève brillant, il obtient le « Prix gĂ©nĂ©ral de l'annĂ©e Â» en 1893, et se destine Ă  la mĂ©decine Ă  l’UniversitĂ© Libre de Bruxelles.

Début de carrière

Diplômé avec distinction en , il se spécialise en chirurgie à Berne (Suisse) et à Paris (France) avant d’exercer dans différents hôpitaux : Bruxelles, polyclinique de Charleroi, hôpital de Saint-Gilles-lez-Bruxelles, hôpital de Jumet. Marié en 1907 à Blanche Dullier, qui est une petite-fille Delhaize, les liens de Marcel Detry avec ce qui devient un empire alimentaire, sont suivis tout au long de son existence.

DĂ©signĂ© en 1912 comme chirurgien adjoint puis chirurgien en chef de l'HĂ´pital de Jumet, et directeur du sanatorium, il reçoit Ă©galement dans son cabinet privĂ©, avenue Brugmann Ă  Bruxelles oĂą il rĂ©side. Cet hĂ´pital sanatorium hainuyer est alors tout neuf et enorgueillit la ville. ImplantĂ© sur trois hectares, l'endroit est des plus pittoresques et dispose d’un staff composĂ© de neuf mĂ©decins spĂ©cialisĂ©s. La presse qui relate l'inauguration prĂ©cise qu'outre le corps mĂ©dical, « cinq infirmières laĂŻques venant de l'Ă©cole de « La Source Â», de Lausanne (Suisse) seront attachĂ©es Ă  l'Ă©tablissement.(...). Miss Cavell, directrice de l'École Belge d'infirmières diplĂ´mĂ©es de Bruxelles dont le concours et les conseils furent si prĂ©cieux Ă  l'Ĺ“uvre que l'on installe aujourd'hui est Ă©galement prĂ©sente Ă  l’inauguration ».

En , a lieu l'inauguration d'une Plaine de jeux Ă  Uccle-Calevoet Ă  l'initiative du « Cercle des Éclaireurs du denier des Écoles Â», dont Marcel Detry est secrĂ©taire. La plaine de deux hectares qui voisine avec des champs d'avoine et de froment a pour but d'offrir aux enfants bruxellois dĂ©favorisĂ©s Ă  la fois un espace d'air pur « car les rĂ©servoirs d'air manquent de plus en plus » mais aussi de proposer un lieu « qui offre les moyens de s'Ă©tirer, de pratiquer des exercices physiques indispensables Ă  l'organisme (...) ».

RĂ©sistance

Collaborateur occasionnel d'Antoine Depage, Marcel Detry s'installe peu après la déclaration de guerre dans une autre demeure qu’il vient d’acheter avenue Brugmann, et dont les jardins communiquent avec les trois maisons qu'Edith Cavell transforme, rue de la Culture, en hôpital de la Résistance. Un écrivain anglais, Rowland Ryder (en) relayé ensuite par d'autres, a l'occasion, du vivant de Marcel Detry, de recueillir les souvenirs de cette époque où il prend des risques importants, et de les publier par la suite. L'auteur signale : « la maison du Docteur Detry avenue Brugmann se trouvait à deux pas de la clinique d'Edith Cavell ; les jardins étaient contigus et depuis sa maison, le docteur pouvait entendre les soldats britanniques chanter. Il avait averti Cavell du risque qu'elle courait et a dit qu'elle était devenue nerveuse et préoccupée au bloc opératoire. (...) Après la bataille de Charleroi, le 23 août, les hôpitaux de la région étaient remplis de blessés, et à l'hôpital de Jumet, il s’en trouvait de nombreux, français et quelques allemands. Le Docteur Marcel Detry, l'un des plus brillants chirurgiens de la clinique, se rendait à cet hôpital deux fois par semaine ; il faisait cela depuis au moins deux ans. L'un des patients du Docteur Detry à Jumet, un soldat français qui s'était battu à Charleroi et récupérait de ses blessures, s'était résolu à prendre la fuite. Il avait discuté de cette question avec le Docteur Detry, qui en avait ensuite parlé à Edith Cavell, laquelle avait accepté de le recevoir. Marcel Detry organisa pour lui le voyage pour Bruxelles où il séjourna un jour ou deux, jusqu'à ce qu'Edith Cavell lui trouvât un guide pour passer la frontière hollandaise. Les dix soldats du Docteur Detry, une dizaine, pour citer sa propre expression, furent envoyés individuellement de Jumet vers Bruxelles et ensuite, quand le sort le permettait, vers les Pays-Bas, à intervalles d'environ une semaine, jusqu'à la fin du mois de janvier 1915 ».

Mais Edith Cavell prend des risques de plus en plus grands, malgrĂ© les mises en garde de Marcel Detry, et entre mai et , l'Ă©tau se resserre et bientĂ´t le rĂ©seau tombe. Le , l'admirable infirmière, coupable de « trahison Â» envers les Allemands pour avoir permis l'Ă©vasion de centaines de soldats alliĂ©s de la Belgique, s'effondre sous les balles de l'occupant en ayant refusĂ©, comme la triste tradition le propose, qu'on lui bande les yeux. Pour Marcel Detry, dont Miss Cavell Ă©tait devenue l'amie de la famille, ce sont des moments terribles que le temps n'efface jamais. La guerre finie, le mĂ©decin idĂ©aliste qu'il est, Ă©pris de libertĂ©, reçoit la Croix de 1re classe de la Croix Rouge de Belgique pour « services rendus pendant la guerre 1914-1918 Â», et il n'est pas de doute possible que cette reconnaissance, il la dĂ©die alors Ă  cette infirmière exceptionnelle qu'il a eu le privilège de cĂ´toyer, elle qui a sauvĂ© des vies, lui qui, rĂ©gulièrement, donne la vie.

Fin de vie

Si l’existence, après la guerre, reprend son cours, elle demeure pour les mĂ©decins la triste origine de bien des malheurs. Marcel Detry poursuit en effet ses fonctions Ă  responsabilitĂ©s Ă  Jumet, et est alors amenĂ© Ă  traiter nombre de mutilĂ©s de la guerre Ă  la suite du danger des explosifs qui parsèment le territoire un peu partout. Sous le titre « C'est la mort ou la mutilation Ă  l'HĂ´pital-Sanatorium de Jumet. Tristes exemples Â», un journaliste consacre Ă  cet Ă©pineux problème un long article.

1940. Le cauchemar recommence. Marcel Detry qui a quitté Jumet depuis 1938, opère dans divers hôpitaux bruxellois dont celui qui porte le nom de son amie Edith Cavell; il poursuit son activité au-delà de la Seconde Guerre mondiale et l'Annuaire du Commerce et de l'Industrie de Bruxelles qui paraît en 1959 fait toujours état de sa profession de médecin.

Bibliographie

  • L’Écho d’Ostende,
  • RĂ´le des inscriptions de l’UniversitĂ© Libre de Bruxelles pendant la troisième pĂ©riode trentenaire 1894-1895-1923-1924, Revue de l’UniversitĂ© de Bruxelles, 1903-1904, Bruxelles, 1904, p. 80
  • Almanach de l’UniversitĂ© de Gand, section de Bruxelles de l’Association gĂ©nĂ©rale des Ă©tudiants libĂ©raux, Gand, 1905, p. 220–221
  • Le Journal de Charleroi, ,
  • (en) Rowland Ryder, Edith Cavell, Londres, Hamilton, , 278 p. (ISBN 978-0-241-89173-5, OCLC 906124006), p. 125, 140-141, 168
  • (en) Diana Souhami, Edith Cavell, Londres, Quercus, , 417 p. (ISBN 978-1-84916-359-0, OCLC 734071369)
  • P.- E. Detry, Le docteur Marcel Detry aux cĂ´tĂ©s d’Edith Cavell, in Revue Ucclensia, Bruxelles,
  • La Libre Belgique,
  • P.-E. Detry, La famille namuroise Detry. Autrefois de Try. Cinq siècles d’Histoire, Izegem, 2015.
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