Marc Alpozzo
Marc Alpozzo est un philosophe et écrivain français, né le [1] à New York.
Biographie
Marc Alpozzo est né à New York d'un père américain[2] et d'une mère française. Il est professeur de philosophie, écrivain et critique littéraire, écrivant dans Le Magazine des livres, La Presse littéraire, Livr'Arbitres. Il a également été animateur d"émissions philosophiques à la radio[3].
Ouvrages
Ses livres traitent du déracinement, de l'exil, de l'errance, de l'acédie, de la rencontre, du cheminement intérieur.
Ses premiers ouvrages se présentent moins comme des essais philosophiques, que des textes qui rendent hommage à la philosophie, mais aussi à la littérature, mêlant précisément les deux, notamment dans ses deux recueils d'articles La Part de l'ombre et Les Âmes sentinelles[4], qui traitent du double, autrement dit de cette confrontation permanente entre le lecteur et l'auteur. Exercice qu'il réédite avec deux Duetto, en 2017 et 2018, le premier sur J.M.G. Le Clézio, et l'autre sur Patrick Modiano, qui sont l'occasion de revenir sur la figure du père et sur celle de la mère, traitant de ce compagnonnage avec les deux écrivains, comme une expérience mystique, dans cette confrontation amphibologique avec ses doubles.
Après avoir contribué à l'élaboration d'un texte, avec Marie-France Hazebrouck, Désobéir, en 2012, essai philosophique tourné vers la jeunesse, et dans lequel il démontre que la désobéissance est impossible sans une éducation à l'obéissance, Marc Alpozzo publie, en 2014, un autre essai philosophique Seuls, Éloge de la rencontre. Cet ouvrage est un dialogue inspiré du dialogue socratique, dans lequel deux individus, une femme appelée La Dame Philosophie et un homme (probablement l'auteur lui-même) conversent dans une forêt abandonnée, à la fois de l'objet de la rencontre et de la connaissance de soi par la figure de l'autre. Écrit à la manière des Antiques, il a été considéré par la presse comme « un subtil dialogue philosophique, à la manière des Anciens où l'on conversait pour apprendre de soi et de l'autre »[5] et comme « une petite fable édifiante »[6]. Ce livre est l'occasion pour Marc Alpozzo de réfléchir aux thèmes de l'amour, de l'amitié, de la passion amoureuse, de la jalousie, ou encore du désir, afin de penser une libération totale de l'égo et de l'enferment par le mental. Reprenant la formule de Jean-Paul Sartre, « Autrui est la médiation entre moi et moi-même », le philosophe nous montre que la rencontre n'est possible qu'à condition d'avoir eu le courage de se rencontrer soi d'abord, mais ce qui n'est cependant possible, que dans une confrontation authentique avec l'autre. C'est donc une méditation sur une profonde connaissance de soi et la conscience de l'autre à laquelle Marc Alpozzo nous invite, en bâtissant un dialogue consolateur, mais aspirant à la sagesse.
En 2015, il publie quelques extraits de son journal intime, qu'il tient depuis près de 20 ans. C'est un récit, Le Saut Nijinsky, dans lequel il raconte sans fard sa dépression et son retour en terre natale. Il y montre comment il accepte de se confronter douloureusement à la figure du père et de l'absence, cause d'une errance personnelle et sans fin, et il y soutient également une thèse clairement controversée, consistant à affirmer que toute dépression est une chance[7]. Il utilise la figure du célèbre danseur Nijinsky, afin de montrer que la dépression est un message subtil provenant de l'inconscient, et qui nous conduit à un saut unique dans la métaphysique. Le saut de Vaslav Nijinski lorsqu'il est malade, est un saut lourd et maladroit, saut spectaculaire qu'il accomplit en se jetant par la fenêtre, sans le moindre effort. Le philosophe explique dans les notes de son journal, que c'est à ce grand jeté qu'il s'agit de parvenir (symbolisant son retour vers ce père, décédé une année plus tôt, et renouant avec la figure de l'autorité et de l'abandon) qu'il nomme le saut Nijinsky, affirmant par ailleurs qu'il est le seul vrai moyen d'approcher l'être. À la figure manquante du père, Marc Alpozzo oppose dans ce récit, la figure écrasante de la mère, soulignant combien dans cet entre-deux, l'absence du père renforce le poids de la mère au point d'écraser le fils. Dans ce texte extrêmement cursif, il trouve l'occasion de réfléchir à la famille, et à l'impossibilité d'être soi-même père, tout en renouant avec son grand thème de prédilection, la rencontre. À ce propos, Loic di Stefano écrit dans Le Salon littéraire : « Cet effort, surhumain, est un long chemin vers la simplicité, aussi bien envers soi-même qu'envers autrui, le rapport à l'autre étant source pour l'auteur de multiples turpitudes, et l'écrasante présence d'une mère pour laquelle il oublie ses volontés pour satisfaire les siennes...»[8] Récit également sur la maladie, la fragilité de l'être humain, le retour à l'origine, cette réflexion sur la maladie de la mort, qu'est la dépression, est l'occasion pour Marc Alpozzo, de réfléchir au sens de la vie, à son origine, et au choix moral qui nous incombe, afin de transformer sa propre existence. Cécile Pellerin écrit d'ailleurs à ce propos dans Actuallité : « Au-delà de l'évocation intime et particulière de la vie de l'auteur, la démarche est volontairement plus ouverte, interroge inévitablement sur soi-même, sur la manière dont chacun construit son existence, est capable ou non "d'accomplir sa révolution", ce pas de danse, "pour changer d'état d'être". Est capable ou non de trouver une vérité sur soi.»[9]
En 2017, Marc Alpozzo reprend le thème de la quête de soi dans un livre écrit sous une forme épistolaire, Partir, Cartographie de l'errance, et là encore elle se trouve à la fois dans les textes littéraires et les rencontres, dialoguant avec des philosophes, des écrivains, des poètes, des voyageurs (Du Abel de la Bible à Sénèque, en passant par la suissesse Alexandra David Néel, ou encore Le Clézio, Nietzsche, Kerouac, Jack London), le philosophe réfléchit sur les notions d'ici et d'ailleurs, pour en tirer une leçon morale : seul l'ici est une réalité, l'ailleurs ne pouvant être autre chose qu'une illusion, Marc Alpozzo donnant donc raison à Fernando Pessoa, le voyageur immobile. Cela fait dire à Jean-Paul Gavard-Perret dans Litteraire.com : «L'amour de la lecture devient le territoire et la carte Michelin du monde. Elle est aussi la carte du Tendre de la reconnaissance, de l’estime, de l’extime et des inclinations mais surtout de l’intime.»
Dans un autre texte, il rend un nouvel hommage appuyé au père. Ce livre, se présentant sous une forme épistolaire et philosophique, intitulé Lettre au père (certainement un clin d'oeil à Kafka), est un récit très personnel, qui reprend et rebrasse les notions d'exil, de rencontre et d'acédie. Mais cette lettre est surtout un essai sur le pardon. Le philosophe suggère au fil du récit, qu'il n'y a pas de tranquillité d'âme possible sans la capacité à aimer et pardonner ceux qui nous ont fait du mal ou qui nous ont trahi.
Malgré les nombreux thèmes qu'il a abordé dans ses livres, Marc Alpozzo déclare dans un entretien que ses textes s'articulent principalement « autour de deux notions : la rencontre et le cheminement intérieur»[10].
Publications
- Labyrinthe(s), Nice, Éditions CY, , 137 p. (ISBN 978-2-8472-8004-3)
- Caméra, Nice, Éditions CY, , 158 p. (ISBN 978-2-8472-8026-5)
- La Part de l'ombre. Études sur Le Clézio, Artaud, Kundera, Sarraute, Duras, Bukowski, Céline, Sartre…, Malissard, Éditions Marie Delarbre, , 155 p. ; rééd. La Part de l'ombre. Chroniques littéraires et philosophiques, Taulignan, Éditions Marie Delarbre, , 167 p. (ISBN 978-2-913351-14-1)
- Les Âmes sentinelles, Paris, Éditions du Littéraire, coll. « La Bibliothèque d'Alexandrie », , 271 p. (ISBN 978-2-9193-1802-5)
- Seuls. Éloge de la rencontre, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Tibi », , 170 p. (ISBN 978-2-2516-9004-9)
- Le Saut Nijinsky. Journal d'un Ă©veil, Paris, Regard et Voir, , 206 p. (ISBN 978-2-9545-7006-8)
- Les Droits de l'enfant expliqués aux enfants. En images et en mots (ill. Jean-Paul Fouques), Cagnes-sur-mer, Aimes, , 100 p. (ISBN 978-1-3264-2243-1)
- J.M.G. Le Clézio, Paris, Nouvelles lectures, coll. « Duetto », , 50 p. (ISBN 978-2-37424-045-9)
- Partir, cartographie de l'errance, Paris, Éditions du Littéraire, coll. « La Bibliothèque d'Alexandrie », , 104 p. (ISBN 978 2-919318-44-5)
- Lettre au père, Bruxelles, Éditions Lamiroy, coll. « Opuscule », , 38 p. (ISBN 978-2-87595-094-9)
- Patrick Modiano, Paris, Nouvelles lectures, coll. « Duetto », , 35 p. (ISBN 978-2-37424-052-7)
Participation Ă des ouvrages collectifs
- « Les enjeux de l'édition sur Internet » in Texte-e. Le texte à l'heure de l'Internet, sous la direction de G. Origgi et N. Arikha, Paris, Bibliothèque Centre Pompidou, 2003, pp. 149-150 (ISBN 2-84246-065-0)
- « Matzneff et les philosophes » in Gabriel Matzneff, sous la direction de Florent Georgesco, Paris, éditions du Sandre, 2010, pp. 61-67 (ISBN 978-2-35821-056-0)
- « L'angoisse de l'homme libre, ou l'absence de Dieu dans la philosophie de Sartre » in La liberté : approche plurielle, sous la direction de Pr Rachid Alami Idrissi, éd. bilingue, Marrakech, Publication de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociale, 2018, pp. 95-104 (ISBN 978-9981-00-107-7)
- « De l'engagement de l'intellectuel à sa responsabilité » in Repenser le rôle de l'intellectuel, ouvrage collectif dirigé par Daniel Salvatore Schiffer, avec la participation de Luc Ferry, Renée Fregosi, Christian Godin, Nathalie Heinich, Isabelle de Mecquenem, Edgar Morin, Yves Namur, Sabine Prokhoris, Robert Redeker, Frédéric Schiffter, Dominique Schnapper, Guy Sorman, Pierre-André Taguieff, Patrick Vassort, Alain Vircondelet, Olivier Weber, Élisabeth Weissman, etc., Paris, Éditions de l'Aube, 2023, pp. 25-30. (ISBN 978-2-8159-5548-5).
Contribution
- Désobéir, avec Marie-France Hazebroucq, Paris, Rue de l'échiquier, coll. « Philo jeunesse », 2012, 128 p. (ISBN 978-2-9177-7042-9)
Préface
- Robert Jacquot, 14 juillet 2089 au cri de la liberté, visages du futur au conditionnel, Paris, Les éditions La Bruyère, 2023, 390 p. (ISBN 978-2-7500-1779-8)
Notes et références
- « Notice BNF »
- J.M.G. Le Clézio, Éd. Nouvelles Lectures, et Lettre au père, Bruxelles, Lamiroy.
- Les Ă©missions L'instant philo et Sur les chemins du bonheur entre 2012 et 2013 sur RCF-Nice.
- La Part de l'ombre, chroniques littéraires et philosophiques, Malissard, Ed. Marie Delarbre, 2010, et Les Âmes sentinelles, Paris, Les éditions du littéraire, 2011.
- « Seul avec tous », sur Livres Hebdo (consulté le )
- Questions de femmes du 1er juin 2014
- « Vivre fm »
- « Marc Alpozzo, 'Le Saut Nijinsky, journal d'un éveil' », sur salon-litteraire.linternaute.com, (consulté le )
- « Le Saut Nijinski : journal d'un éveil "Faire de sa vie une œuvre d'art" », sur ActuaLitté.com (consulté le )
- Entretien avec Elodie Olson-Coons in Grand Genève Magazine, no 6, novembre 2015.