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Manoir de Cantepie (Cambremer)

Le manoir de Cantepie est situé au bout d'une allée sur la route de Lisieux à Caen au lieu-dit le Cadran, sur le territoire de la commune de Cambremer. Il se trouve presque en face de l'ensemble de bâtiments, auberge ou relais de poste, qui a donné son nom au carrefour[1]. Il est composé d'un logis et de deux corps de communs construits au XIXe siècle dans le style néo-normand.

Manoir de Cantepie
Image illustrative de l’article Manoir de Cantepie (Cambremer)
manoir de Cantepie vu du sud
Coordonnées 49° 08′ 23″ nord, 0° 03′ 55″ est
Pays Drapeau de la France France
Région historique Normandie
Commune Cambremer
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Manoir de Cantepie
Géolocalisation sur la carte : Calvados
(Voir situation sur carte : Calvados)
Manoir de Cantepie

Histoire

Un manoir n'est pas seulement une construction à l'allure aristocratique mais un bâtiment ou ensemble de bâtiments construit sur une seigneurie octroyée à un seigneur par son suzerain[2]. C'est donc bien sur une réalité historique et un contexte politique de droit féodal que se fonde la notion de domaine manorial qui confère à son détenteur des droits, comme celui de colombier[3]. Le bâtiment d'origine a été construit à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle pour des membres de la famille Le Gouez, détentrice de la seigneurie du Bais à Cambremer de 1455 à 1629. Le fief passe ensuite aux mains de Gui de l'Epée, écuyer, vers 1714 au plus tard. En 1747, il appartient à Jacques Denis, également écuyer.

Aux alentours de 1870, Alfred Swann, riche pharmacien propriétaire d'une boutique rue de Castiglione à Paris, se porte acquéreur de la propriété[4]. Marcel Proust a emprunté le patronyme de Swann, ami de la famille Proust[5] pour un des personnages de À la recherche du temps perdu. Le titre du premier tome de cette œuvre : Du côté de chez Swann, repris dans une chanson à succès en 1975[6], donne une dimension particulière à ce nom en le rendant familier au grand public.

Architecture

Le logis d'origine dont les façades sud et est sont entièrement visibles, est un bâtiment à pan-de-bois et hourdis de brique composé de neuf travées. La toute première construction n'en comportait que six. Celle-ci s'organise symétriquement autour des portes jumelles centrales caractéristiques des manoirs de la Renaissance dans le Pays d'Auge. Ces portes s'ouvraient sur les deux pièces du rez-de-chaussée, équipées chacune de sa cheminée placée en mur pignon[7]. Les trois grandes lucarnes à la capucine ou à croupe sont alignées au-dessus des fenêtres de l'étage et du rez-de-chaussée. Leurs jouées viennent rejoindre curieusement les couvertures à croupe dont les fenêtres de l'étage sont pourvues. Oves, godrons et cannelures ornent les poteaux ou la sablière. Ce décor n'est pas reproduit dans les trois travées rajoutées en 1729[4] mais l'homogénéité de la façade est maintenue par l'utilisation des mêmes matériaux et disposition que ceux du logis initial.

À la fin du XIXe siècle, Alfred Swann charge l'architecte caennais René Jacques Baumier[8] d'agrandir l'habitation. Le côté nord est ainsi doublé par l'ajout d'une construction en brique chaînée de pierre surmontée d'un étage à pan-de -bois et hourdis de brique. Cette construction est composée d'une avancée et d'un pavillon en retour d'équerre reliés entre eux par un porche à colonne galbée et culots sculptés de figures[4]. Elle est bien dans l'esprit des villas néo-normandes[9] de l'époque qui mélange les styles et multiplie matériaux et couleurs[10]. Alfred Swann a voulu signer son œuvre en faisant poser un épi de faîtage en fer forgé qui représente un cygne[11] et une plaque sculptée de trois pies sur la cheminée[4].

  • Façade à pan-de-bois et hourdis de brique.
    Façade à pan-de-bois et hourdis de brique.
  • Façade nord à pan-de-bois, et construction en brique et pierre du XXe siècle.
    Façade nord à pan-de-bois, et construction en brique et pierre du XXe siècle.

À l'intérieur, la salle à manger, qui figure à l'inventaire général du patrimoine culturel[12], réserve des surprises. Les solives du plafond du XVIIe siècle ont conservé quatre médaillons et deux cartouches en camaïeu de bleu qui illustrent les saisons. De part et d'autre de la cheminée monumentale en pierre se déroule une frise peinte entre 1901 et 1902 par Géo Lefèvre (1873-1953) sur toile marouflée. Cette frise très colorée participe de l'art de l'affiche que le peintre a pratiqué avec succès. Elle illustre un poème de Victor Hugo, La Fiancée du timbalier, tiré des Odes et Ballades[4], qui raconte dans un premier volet le départ à la guerre du duc de Bretagne et de ses chevaliers et avec eux un simple timbalier. Dans la deuxième partie, les gens acclament le retour des guerriers. Mais le fiancé de la jeune fille n'est pas dans le cortège, elle tombe morte dans les bras de sa compagne[13]. Les boiseries : portes, panneaux ainsi que les quatre aisseliers sculptés de cariatides et de personnages masculins datent du début du XXe siècle[4].

La dépendance au nord du logis a été construite également au XIXe siècle dans le style néo-normand. À pans de bois et hourdis de brique, elle abrite à la fois logements, garage, écurie et tout au bout un curieux pigeonnier carré couvert de petites tuiles et d'un épi de faîtage en terre cuite comme le reste du bâtiment.

Notes et références

  1. Yves Lescroart, « Le Cadran à Cambremer. Prix de la Fondation Herman de Lint. », Le Pays d'Auge, no 1, .
  2. définition du terme suzerain du Larousse
  3. Yves Lescroart, "Le manoir en Pays d'Auge", site de l'association Culture et Patrimoine du Pays d'Auge
  4. Pays de Cambremer : Architectures en Pays d'Auge, t. 1, Cabourg, Cahiers du Temps, coll. « Images du Patrimoine », , 257e éd., 93 p. (ISBN 978-2-35507-032-7), pages 51 à 55
  5. Jean-Marie Pérouse de Montclos, Le dictionnaire du patrimoine, Paris, éditions Place des Victoires, , 495 p. (ISBN 978-2-8099-1056-8), p 125.
  6. Du côté de chez Swann (chanson)
  7. Yves Lescroart, « Le Manoir en Pays d'Auge. Évolution architecturale des logis de bois du XVe au XVIIIe siècle. », Le Pays d'Auge, no 1, .
  8. « Maison », notice no PA00135497, villa Les Bossettes à Dives-sur-Mer.
  9. Bernard Toulier, L'assimilation du régionalisme dans l'architecture balnéaire (1830-1940), page 6
  10. Hervé Pelvillain, Pittoresque, éclectisme et régionalisme dans "Les charmes de la villégiature"
  11. Le mot anglais swan signifie cygne en français
  12. Notice no IM14002422, base Palissy, ministère français de la Culture
  13. texte du poème de Victor Hugo

Bibliographie

  • Régis Faucon et Yves Lescroart, Manoirs du Pays d'Auge, Paris, éditions Place des Victoires, 2000 (ISBN 2-84459-023-3)
  • Roger Jouet et Claude Quetel, Histoire de la Normandie des origines à nos jours, Paris, Larousse, 2005 (ISBN 2-03-575115-2)
  • ouvrage collectif, Le Patrimoine des communes du Calvados, t. 1, Paris, Flohic éditions, , 1715 p. (ISBN 2-84234-111-2), p. 518-519
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