Manoir d'Argouges
Le manoir d'Argouges est une demeure, de la fin du XVe siècle, qui se dresse sur le territoire de la commune française de Vaux-sur-Aure dans le département du Calvados, en région Normandie. C'est un lieu de féerie avec la légende de la fée d'Argouges, dont l'empreinte d'un pied est encore visible, dit-on, sur le rebord d'une fenêtre du manoir.
Type | |
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Fondation |
XVe siècle- |
Propriétaire actuel |
Laure et Bertrand Levasseur |
Patrimonialité |
Classé MH () |
Site web |
Localisation |
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Coordonnées |
49° 19′ 17″ N, 0° 43′ 13″ O |
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L'ancien manoir est classé aux monuments historiques.
Localisation
Le manoir est situé à 2,2 kilomètres au nord-ouest de l'église Saint-Aubin de Vaux-sur-Aure, dans le département français du Calvados.
Historique
Le fief de la puissante famille d'Argouges est mentionné pour la première fois au VIIIe siècle. L'histoire conserve la trace d'un Vaultier d'Argouges, un proche du duc de Normandie Guillaume le Bâtard qu'il nomme membre du conseil de régence lorsqu'il s'embarque pour aller conquérir l'Angleterre[1]. En 1383, lors de la montre de Saint-Sauveur-le-Vicomte, Guillaume d'Argouges, chevalier, y comparaîtra accompagné de huit écuyers de sa compagnie, attestant de la puissance de cette famille[2].
Lors de la guerre de Cent Ans, le manoir est pillé et en partie détruit. Une garnison anglaise y aurait été massacrée par Du Guesclin. Le manoir est reconstruit à la fin du XVe siècle par Pierre d'Argouges, héritier de Jean d'Argouges et de Marie de Carbonnel-Canisy, qui avait en 1471 épousé Marie aux Épaules, belle-sœur de Madeleine de Dreux, apparenté à la famille royale[2]. Parmi ses successeurs on relève Jean d'Argouges, curé de Banville, qui est en 1509 protonotaire apostolique, conseiller du roi et membre de l'Échiquier de Normandie, et qui épousa en 1550 Renée du Pont-Bellanger, qui lui apporta la baronnie de Rânes[2]. Le château est alors délaissé au profit de Rânes et de Fleury-en-Bière[3].
Quasi-abandonné dès 1524, le déclin fait son œuvre. Joachim d’Argouges, dernier seigneur des lieux, vend le fief sous Louis XIII. L’acquéreur, Jean de Choisy, seigneur de Balleroy, fait préciser dans son état des lieux que « l’édifice est déjà devenu définitivement impropre à l’habitation » et installe seulement un métayer dans une partie secondaire. Cette seule présence évite cependant les habituels pillages de ce type de demeure délaissée et ce ne sont pas moins de onze cheminées monumentales que l’on peut encore aujourd’hui contempler.
En 1632, Joachim d'Argouges, vend la seigneurie à Madeleine de Choisy, sœur de Jean de Choisy, comte de Choisy, seigneur de Balleroy et de Beaumont-le-Richard[1] - [4].
En 1722, le manoir est acquis par Claude-Olivier Regnault, président trésorier de France à Caen[1].
Laure et Bertrand Levasseur, en 1983 en font l'acquisition. Très délabré et menaçant ruine, ils entreprennent alors sa restauration et la mise en valeur du domaine[1] que Gustave Flaubert, parmi d’autres non moins célèbres, décrivait déjà comme « livré aux cochons ». Il n’est pourtant pas le seul à avoir souligné l’immense intérêt de ces lieux singulièrement préservés : Prosper Mérimée, à la suite de nombreux abbés savant du XVIIIe siècle, de même qu’Arcisse de Caumont, vantèrent le manoir d’Argouges.
Description
Le manoir d'Argouges offre un exemple de transition entre une féodalité finissante et les débuts de la Renaissance. Entouré de douves en eau, c'est l'un des plus beaux manoirs médiévaux de Normandie. Il fut édifié à partir du XIVe siècle (mur d'enceinte et tour sud-est) continué au XVe (corps de logis, colombier, granges, écuries) modifié vers 1510 (corps de logis[note 1] reconstruit, écuries restaurées, portail et deux tours ajoutées, au nord et à l'ouest, baies, cheminées et escalier refaits, deux grandes salles superposées commencées). Les travaux s'arrêtèrent en 1530 avant que soient achevés le Grand Escalier et les grandes salles. La famille d'Argouges se sépara du manoir en 1632 et il fut transformé en ferme. La salle basse devint écurie, la maison du jardinier devint fournil, etc. Onze cheminées furent néanmoins préservées[4]. Arcisse de Caumont le remarqua, et il fit l'objet de tableaux et de lithographies à l'époque romantique. Le manoir s'organise autour d'une basse-cour et d'une haute-cour séparée par des douves[4].
Guère remanié depuis sa construction, c'est sa partie droite, enceinte de la cour et tour sud-est, qui seraient les plus anciennes, et remonteraient à la fin du XIVe siècle[5].
La partie gauche comprend notamment le pavillon d'entrée à double parement, avec porte charretière à arc surbaissé et porte piétonne, surmonté de trois créneaux. Un modillon sculpté figurant la tête d'un homme est apposé au dessus et à gauche de la porte charretière. À côté du porche se trouve un four à pain[6].
Le logis seigneurial, ceint de douves et d'un petit mur d'enceinte, se présente sous la forme de deux pavillons bâti en pierre de Caen. Le pavillon de droite, a en son centre une tourelle polygonale, qui abrite un escalier secondaire, et qui se termine par une petite chambre en encorbellement caractéristique de la région du Bessin[note 2], et celui de gauche, une tourelle hexagonale avec une fenêtre centrale surmontée d'un fronton sculpté, plus basse que la précédente car inachevée. Le logis s'éclaire majoritairement pas des fenêtres à meneaux[note 3]. À l'intérieur, les enduits des murs sont d'origine. Un salon pavé de tomettes abrite une bibliothèque de style Louis XV dans laquelle sont exposés des pots pharmaceutiques[4].
Autour du logis, et l'entourant de dressent des dépendances ainsi qu'une tour d'angle couronnée de mâchicoulis et percée d'embrasures de tir, et une grosse tour servant de colombier avec 1 474 boulins. Les communs, dont un à usage de pressoir, accessible grâce à un escalier en pierre, prennent place à l'extérieur des douves[6].
À proximité du manoir, et aujourd'hui ruinée, se dressent les restes d'une église romane, épaulée de solides contreforts, dédiée à saint Pierre, et édifié probablement à la place d'un fanum, (petit temple gallo-romain)[6].
Le portail. Le colombier et la façade. Le pressois. Les vestiges de l'église Saint-Pierre.
Protection aux monuments historiques
L'ancien manoir est classée au titre des monuments historiques par décret du [7] - « Château dit Manoir d'Argouges », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
Le manoir dans les arts et la culture
Le roman Normandie, été 76 de Seegan Mabesoone, Pippa Éditions (Paris), 2021 (ISBN 9782376790532) décrit un été passé au manoir d'Argouges.
Notes et références
Notes
- La façade du corps de logis offre comme celle de Fontaine-Henry une bonne évolution de l'architecture depuis le milieu du XVe siècle jusqu'aux premières années du XVIe siècle[3].
- Elle rappelle la tour de la Fée du château de Gratot, autre possession de la famille d'Argouges[2].
- Le décor d'un « tableau » qui orne une travée de fenêtres, avec ses motifs linéaires, rappelle le décor de la façade du château de Chanteloup[3].
Références
- Bernard Gourbin (préf. Christian Nisse, introduction Pierre Brunet), Fermes-manoirs du Bessin, Bayeux, Éditions OREP, , 80 p. (ISBN 978-2-8151-0207-0), p. 72.
- Philippe Seydoux (photogr. Serge Chirol), La Normandie des châteaux et des manoirs, Strasbourg, Éditions du Chêne, coll. « Châteaux & Manoirs », , 232 p. (ISBN 978-2851087737), p. 18.
- Seydoux 1998, p. 21.
- Jérôme Marcadé, 100 clés des châteaux et manoirs de Normandie, Rouen, Éditions des Falaises, , 136 p. (ISBN 978-2-84811-509-2), p. 8.
- « Château dit Manoir d'Argouges », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Gourbin 2014, p. 73.
- « Ancien manoir d'Argouges », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
Voir aussi
Bibliographie
- Arcisse de Caumont, Statistique monumentale du Calvados, t. 3 : Arrondissements de Vire et de Bayeux, Caen, Hardel, (lire en ligne), p. 596 Ã 598.
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- Ressource relative à l'architecture :
- [PDF] Le manoir d'Argouges sur le site de la communauté de communes