Mancommunauté
La mancommunautĂ© (en espagnol : mancomunidad) est une forme dâintercommunalitĂ© propre Ă l'Espagne. Certains pays hispanophones dâAmĂ©rique du sud ont mis en place des statuts similaires (Bolivie, Ăquateur, et depuis 2016 PĂ©rou).
Présentation
En matiÚre juridique, elle désigne l'association libre de communes, dans le cadre juridique national, créant une entité locale supérieure à laquelle les communes regroupées délÚguent une partie des compétences que la loi leur attribue. L'objet d'une telle association est de mutualiser des services à l'intention de toutes les communes adhérentes.
Pour voir le jour, les mancommunautés doivent répondre à un certain nombre de critÚres :
- les communes doivent en principe ĂȘtre limitrophes ;
- l'objectif fixĂ© doit ĂȘtre clairement explicitĂ© ;
- un budget commun, indĂ©pendant de celui des entitĂ©s adhĂ©rentes, doit ĂȘtre Ă©laborĂ© ;
- la mancommunauté se doit de mettre en place des organes de gestion distincts des organismes propres aux communes membres.
Les mancommunautĂ©s jouissent d'une personnalitĂ© juridique propre pour remplir les missions qui leur sont assignĂ©es. En principe, elles sont crĂ©Ă©es sans limitation de durĂ©e, mais certaines d'entre elles peuvent l'ĂȘtre pour un temps prĂ©dĂ©terminĂ©, dans le but de mener Ă bien une ou plusieurs activitĂ©s spĂ©cifiques.
Territoires extra-communaux
En Espagne, une mancommunautĂ© peut ĂȘtre crĂ©Ă©e et disposer d'un territoire propre qui ne fait lĂ©galement partie d'aucune commune, car inhabitĂ© et ne disposant donc pas de conseil local Ă©lu, mais qui est gĂ©rĂ© par le conseil communautaire rĂ©unissant ses communes membres (parcenaires) pour autoriser son exploitation et en partager les usages et les fruits, y compris les recettes fiscales ou commerciales pour cette exploitation communautaire.
Pour exister, la mancommunautĂ© doit cependant remplir certains critĂšres de cohĂ©sion territoriale. Notamment les membres doivent ĂȘtre dans une mĂȘme comarque ou la mĂȘme juridiction provinciale (au sein d'une seule communautĂ© autonome) et former ensemble un territoire contigu dont font partie tous les membres (ou faire partie d'un mĂȘme conseil insulaire s'il s'agit d'Ăźles ou Ăźlots proches sĂ©parĂ©s par un mĂȘme secteur de mer territoriale). Et la mancommunautĂ© ne pas crĂ©er de nouvelles zones enclavĂ©es (les enclaves existantes, exclues des communes membres ou ajoutĂ©es Ă l'extĂ©rieur de celles-ci, peuvent cependant subsister dans la communidad formĂ©e, si leur fusion territoriale devait entraĂźner un conflit de juridiction).
Le terme mancommunautĂ© peut aussi parfois aussi remplacĂ© localement en castillan par les termes ledanĂa, hermandad, comunero ou junta, et d'autres termes similaires dans les langues rĂ©gionales (notamment en basque, aragonais et catalan) ; ces termes traditionnels peuvent ĂȘtre conservĂ©s aprĂšs l'Ă©rection d'une ancienne mancommunautĂ© en commune de plein exercice aprĂšs la fusion indivise de ses membres. Mais on ne doit pas confondre l'usage de ces termes au sein de certains toponymes (mĂȘme officialisĂ©s) avec leur usage lĂ©gal gĂ©nĂ©ral en langue castillane officielle ou co-officielle partout en Espagne, notamment les termes mancommunautĂ© (dĂ©signant l'institution intercommunale) et junta (dĂ©signant la juridiction provinciale).
Ces territoires peuvent aussi ĂȘtre d'anciens villages aujourd'hui inhabitĂ©s et extrĂȘmement ruraux, souvent difficile d'accĂšs ; ce sont le plus souvent des forĂȘts ou des zones de montagne, ils sont devenus des territoires protĂ©gĂ©s oĂč aucune rĂ©sidence privĂ©e permanente n'est lĂ©gale mais oĂč peuvent exister des exploitations agricoles et forestiĂšres (sans installation permanente, comme des zones de pĂąturage) ou des rĂ©serves naturelles protĂ©gĂ©es, quelques routes d'intĂ©rĂȘt intercommunal voire provincial ou national (parfois mĂȘme aucune autre route que des sentiers de montagne ou forestiers), parfois aussi des barrages sur les riviĂšres, ainsi que des lignes Ă©lectriques reliant les Ă©ventuels villages encore habitĂ©s mais enclavĂ©s (dont le territoire est inclus dans une des communes membres et ne fait pas partie du territoire partagĂ©).
Cependant l'association des communes dans cet objectif n'est pas totalement libre et est fixĂ© Ă long terme, car chaque commune membre conserve ses droits permanents sur ce territoire communautaire, sans pouvoir en dĂ©cider seule. Mais mĂȘme dans ce cas, le conseil communautaire peut gĂ©rer d'autres services communs sur le territoire propre de chacune de ses communes membres et pour lesquels les communes adhĂšrent librement.
On trouve de tels territoires cogérés et dont la propriété est détenue en indivision par les communes membres, dans plusieurs communautés autonomes espagnoles :
- de nombreux en Castille-et-LeĂłn (une dans la province de Soria, deux dans la province de SĂ©govie, les autres dans plusieurs comarques de la province de Burgos),
- un en Castille-La Manche (dans la province de Guadalajara),
- un dans la Communauté valencienne (dans la province de Valence),
- un en Cantabrie,
- un dans La Rioja,
- plusieurs en Navarre (certains partagés entre des communes des trois zones linguistiques bascophones, mixtes et non-bascophones) et
- un au Pays basque (dans la province du Gipuzkoa).