Maison de maître «La Grande Pierrière»
La maison de maître de «La Grande Pierrière» (appelée aussi «La Pierrière») est une maison de maître, datant du milieu du XVIIIe siècle, située dans la commune de Pregny-Chambésy, dans le canton de Genève, en Suisse.
«La Pierrière»
Destination initiale |
habitation |
---|---|
Destination actuelle |
habitation |
Construction |
Milieu du XVIIIe siècle |
Restauration |
1900 et 1960 |
Propriétaire |
famille Barbey |
Patrimonialité |
Objet inscrit à l'inventaire genevois |
Coordonnées |
46° 14′ 24″ N, 6° 09′ 01″ E |
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Localisation
La maison de maître se situe dans la localité de Chambésy, dans le sous-secteur du Le Vengeron et se dresse au bord du lac Léman. Elle se situe dans le lieu-dit de Grande Pierrière. Le domaine a une surface totale de 16 838 m2[1].
Toponymie
Le nom du lieu-dit Grande Pierrière vient des carrières de molasse sous-lacustre situées à 800 mètres au sud, devant l'actuelle villa «Terrasse Midi». Ces carrières ont été exploitées de la fin du Moyen Âge jusqu’au XVIIIe siècle[N 1] - [2] - [3] - [4]. Le lieu-dit donna également, dès le 21 octobre 1987, son nom à deux artères de la commune[5] - [6] - [7] - [8] - [9].
Histoire
À l'époque, cet endroit se trouvait sur le territoire du Royaume de France.
Le futur domaine a été formé de diverses parcelles groupées successivement, entre 1720 et 1784, par Jean-Claude Battu qui y ouvrit une auberge à cet emplacement[10]. Son fils, André Battu, vendit le domaine, le 22 novembre 1817, à Guillaume-Corneille de Chapeaurouge (1773-1819) pour le prix de 42 500 francs[11] - [12]. Le 24 avril 1820, ses descendants revend la propriété à Louis Jaquier. L'année suivante, il clôt sa propriété du côté du lac par un mur et construit un port privé. Le 4 avril 1825, Louis Jaquier lègue «La Grande Pierrière» aux enfants mineurs de son fils Jean et l'usufruit à leur mère Elisa Robinson car Jean Jaquier était interdit de divorcer[12].
Le 30 mai 1831, Elisa Robinson agissant pour ses enfants, vend «La Grande Pierrière» à Caroline-Renée Turrettini (1778-1835)[13] - [14]. Le domaine comprenait la maison de maître, la maison du fermier avec grange et écurie et la loge du portier. À ce moment-là, la route de Lausanne passait entre la maison de maître et le lac[15]. Son fils, Jean-Adolphe-Amédée d'Arbigny (1806-1876)[16], fut conseiller municipal de Pregny et maire de 1834 à 1846[17]. En 1846, ce dernier fait un échange de terrain avec l'État afin de modifier le tracer de la route de Lausanne de telle sorte que celui-ci ne sépare plus la maison de maître du bord du lac tout en possédant les terres à l'ouest de la nouvelle route, accessible depuis un tunnel souterrain. Le 31 mai 1858, il vend la propriété au botaniste Edmond Boissier-Butini (1810-1885) au prix de 200 000 francs[18]. Edmond Boissier-Butini, qui habitait la maison de maître voisine «Le Rivage», fit l'acquisition de «La Grande Pierrière» pour sa fille Caroline Boissier (1847-1918)[14].
Caroline Boissier épousa, en 1869, le botaniste William Barbey (1842-1914) qui s'installa également dans la maison de maître où il devint botaniste, comme son beau-père. Le terrain à l'ouest de la route de Lausanne est alors transformé en arboretum et la maison de maître est transformé par l'architecte Edmond Fatio (1871-1959). Une fontaine en calcaire datant de 1869 est également attestée sur le domaine[19]. En 1885, le couple Boissier-Barbey acquiert le terrain où se dressait le restaurant de Charles Pétament (au sud de la maison de maître «Le Rivage») et s'y fait construire une maison de style néo-médiéval par l'architecte Étienne Poncy : la maison de maître «Les Jordils». Outre une habitation, ce bâtiment devait également abriter les herbiers des deux botanistes. Le couple, Boissier-Barbey eut neuf enfants; le cinquième, Frédéric William Barbey (1879-1970) hérita du domaine en 1918. Il effectua de très importantes transformations de la maison de maître[20].
Au début des années 1980, l'ancien arboretum de l'autre côté de la route est vendu afin d'y construire la mission permanente du royaume d'Arabie saoudite auprès des Nations Unies[21].
Le 16 octobre 1987, la maison de maître et ses dépendances sont inscrit à l'inventaire genevois par le Département des Travaux Publics[22] - [19] - [10]
La propriété est encore détenue en 2022 par la famille Barbey[1].
Propriétaires
- ?-1817 : André Battu[12];
- 1817-1820 : Guillaume-Corneille de Chapeaurouge[14];
- 1820-1825 : Louis Jaquier[14];
- 1825-1831 : Enfants de Jean Jaquier et Elisa Robinson (usufruit d'Elisa Robinson)[14];
- 1831-1835 : Caroline-Renée Turrettini[14];
- 1835-1858 : Jean-Adolphe-Amédée d'Arbigny[14];
- 1858-1869 : Edmond Boissier-Butini (pour sa fille Caroline Boissier)[14];
- 1869-1914 : Caroline Boissier & William Barbey[23];
- 1914-1918 : Caroline Boissier[23];
- 1918-1970 : Frédéric William Barbey-Ador[24];
- 1970-1989 : Raymond Barbey[25];
- 1989-2004: Janine Louise Adéla Grasset-Barbey[26];
- 2004-2016 : Marie-Noëlle Barbey, Alain Barbey, Véronique Alice Barbey et Seillière de Laborde-Barbey;
- 2016-2022: Marie-Noëlle Barbey, Véronique Alice Barbey et Antoinette-Eliane Seillière de Laborde-Barbey;
- Depuis 2022: Véronique Alice Barbey et Antoinette-Eliane Seillière de Laborde-Barbey[1].
Architecture
La maison de maître a, vraisemblablement, été construite au milieu du XVIIIe siècle. Elle est caractérisée par la composition symétrique de ses façades et son décor de faux appareillage peint, alors que l'avant-corps à pans coupés et le toit à la Mansart pourraient remonter au courant du XXe siècle[22].
Notes et références
Notes
- La pierre extraite a servi à construire une partie de la cathédrale Saint-Pierre, la face occidentale de l'hôtel de ville, la Maison Tavel, le château de Tournay ainsi que plusieurs maisons de la place du Bourg-de-Four.
Références
- République et Canton de Genève : Département du Territoire (DT) : Direction de l’information du territoire (DIT) : SITG, « Extrait de la mensuration officielle et du registre foncier » (consulté le )
- Walter Wildi & Pierre Corboud & Stéphanie Girardclos & Georges Gorin, « Visite géologique et archéologique de Genève » [PDF], (consulté le )
- Christian Baur, « Petite-Pierrière » , sur www.plongeplo.ch, (consulté le )
- Badina Chaillot Calame, Dodus Antiqua Helvetica, Assemblée générale de 2014, Genève,
- République et Canton de Genève : Département du territoire (DT) : Direction de l’information du territoire (DIT) : Noms géographiques du canton de Genève, « Chemin de la Pierrière » , sur ge.ch (consulté le )
- Chancellerie d'État, « Arrêté relatif à la dénomination et à l'officialisation de la dénomination d'artères sur le territoire de la commune de Pregny-Chambésy », Feuille d'Avis Officielle (FAO), (lire en ligne )
- République et Canton de Genève : Département du territoire (DT) : Direction de l’information du territoire (DIT) : Noms géographiques du canton de Genève, « Promenade de la Pierrière » , sur ge.ch (consulté le )
- Conseil d'État, « Arrêté relatif à la dénomination d'une artère sur la commune de Pregny-Chambésy », Feuille d'Avis Officielle (FAO), (lire en ligne [PDF])
- Anne Baud & Anne Schmitt, La construction monumentale en Haute-Savoie du XIIe au XVIIe siècle: De la carrière au bâti, Lyon, ALPARA : MOM, (lire en ligne)
- Confédération Suisse : Département fédéral de l'Intérieur (DFI) : Office fédéral de la culture (OFC), « ISOS 1866 : Pregny », Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse, (lire en ligne [PDF])
- (de) « Guillaume-Corneille de Chapeaurouge » , sur Geneanet (consulté le )
- Guillaume Fatio & Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 (1ère édition) / 1978, 360 p., p. 275-276
- (en) « Caroline Renée Turrettini » , sur Geneanet (consulté le )
- Guillaume Fatio & Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 (1ère édition) / 1978, 360 p., p. 276
- Gilles Gardet, Carte historique de la commune de Pregny-Chambésy, juin 2016.
- (en) « Jean-Adolphe-Amédée Le Page d'Arbigny » , sur Geneanet (consulté le )
- Guillaume Fatio & Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 (1ère édition) / 1978, 360 p., p. 162
- Gustave Beauverd, Edmond Boissier,
- République et Canton de Genève : Département des Travaux Publics, « inscription à l'inventaire des dépendances de la Grande Pierrière; Bâtiment no 25 » [PDF], sur ge.ch, (consulté le )
- Guillaume Fatio & Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 (1ère édition) / 1978, 360 p., p. 275-279
- Pierre Heiniger, Pregny-Chambésy, commune genevoise (Addenda 1978-1997),, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, , 136 p., p. 21-25
- République et Canton de Genève : Département des Travaux Publics, « inscription à l'inventaire de la Grande Pierrière; Bâtiment no 24 » [PDF], sur ge.ch, (consulté le )
- Guillaume Fatio & Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 (1ère édition) / 1978, 360 p., p. 276-278
- Guillaume Fatio & Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 (1ère édition) / 1978, 360 p., p. 278-279
- Guillaume Fatio & Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 (1ère édition) / 1978, 360 p., p. 279
- « Raymond Barbey », sur dardel.info (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- G. Fatio, Pregny-Chambésy, commune genevoise, 1947 (1978)