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Mahler (film, 1974)

Mahler est un film britannique réalisé par Ken Russell, sorti en 1974.

Mahler

Titre original Mahler
RĂ©alisation Ken Russell
Scénario Ken Russell
Acteurs principaux
Sociétés de production Goodtimes Enterprises, Visual Programme Systems
Pays de production Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre Film dramatique
Film biographique
DurĂ©e 115 minutes
Sortie 1974

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

L'action se situe en 1911, lors de son voyage de retour à Vienne, à un moment où Mahler, malade, ne sait pas encore qu'il n'a plus que quelques jours à vivre. Tout au long de ce voyage, le compositeur, habité par un désespoir profond, revit les étapes importantes de sa vie : son enfance marquée par l'antisémitisme et la violence de son père contre sa mère, son amour pour sa femme Alma, sa conversion au catholicisme, qui facilite son accession à la tête de l'orchestre de Vienne et la disparition de ses proches : le suicide de son frère et la mort de sa fille.

Fiche technique

Distribution

Commentaires

Russell considère Mahler comme l'un de ses meilleurs films. Il s'agit d'une biographie romancée du compositeur autrichien Gustav Mahler, dans laquelle la musique a une grande importance, ponctuant les diverses scènes, de caractère souvent onirique ou fantasmagorique.

Les scènes oniriques du film sont marquĂ©es par des rĂ©fĂ©rences Ă  Freud ; Mahler avait d'ailleurs consultĂ© ce dernier pour qu'il l'aide Ă  rĂ©soudre ses problèmes, notamment conjugaux. Deux scènes d'anthologie sont particulièrement remarquables : la première, dans laquelle Mahler rĂŞve que sa femme et l'amant de cette dernière l'enterrent vivant, est rythmĂ©e par des extraits choisis des 5e, 1re, 7e et 9e symphonies ; la seconde, intitulĂ©e « La conversion Â» (parodie d'un film muet se transformant en comĂ©die musicale), met Mahler aux prises avec Cosima Wagner dĂ©guisĂ©e en nazie, qui adoube Mahler en tant que chrĂ©tien.

Cette scène utilise des Ă©lĂ©ments du symbolisme wagnĂ©rien, tout en les prĂ©sentant de façon ironique, grâce Ă  la musique de Mahler, qui associe bien souvent ironie et dĂ©sespoir. En l'occurrence, Cosima apparaĂ®t caricaturĂ©e en prĂŞtresse sadomaso d'un culte de l'ÉpĂ©e aux accents wagnĂ©riens, ayant revĂŞtu casque et porte-jarretelles, arborant fièrement une croix gammĂ©e sur ses fesses, brandissant une croix chrĂ©tienne comme l'Ă©pĂ©e de Siegfried, et contraignant le malheureux Mahler Ă  renier ses racines juives au travers d'une sĂ©rie d'Ă©preuves telles que manger du porc ou chanter en sa compagnie un pastiche de la ChevauchĂ©e des Walkyries. Cette mise en scène Ă  la fois sordide et clownesque Ă©voque la conversion rĂ©elle du musicien au catholicisme. « En mĂŞlant les emblèmes du catholicisme romain, de la mythologie nordique et du nazisme, Russell donne ainsi une image cinĂ©matographique de l’art mahlĂ©rien du syncrĂ©tisme carnavalesque. Â»[1] Une autre sĂ©quence participe de cette vision destructrice associĂ©e Ă  Richard Wagner et Ă  sa musique, lorsque Alma Mahler enterre une partition signĂ©e par son mari, celle de la 10e symphonie, au son de la Liebestod de Tristan und Isolde.

Comme dans Lisztomania (dans lequel on retrouve les personnages de Richard et Cosima Wagner), Ken Russell Ă©maille son film de rĂ©fĂ©rences anachroniques ou d'un symbolisme outrancier et grotesque. L'historien Laurent Guido fait ainsi ce commentaire : « Revendiquant sa folie psychĂ©dĂ©lique jusqu'aux excès de stupiditĂ©, le rĂ©alisateur exprime son imaginaire fantasque au mĂ©pris de toute valeur d'authenticitĂ© historique, voire de pertinence intellectuelle ou morale. Â»[2]

La fin du film met bien en évidence le caractère de profonde tragédie qui habite l'œuvre et la vie de Mahler et, plus largement, du genre humain.

Sélectionné pour la compétition officielle au Festival de Cannes 1974, le film remporte le Prix Vulcain de l'artiste technicien (Grand prix technique).

L'actrice britannique Dana Gillespie qui joue ici le personnage d'Anna von Mildenburg, reprendra son rôle dans un autre film sur la carrière de Mahler, soit Sterben werd ich um zu leben - Gustav Mahler de Wolfgang Lesowsky en 1987.

Notes et références

  1. FrĂ©dĂ©ric Bisson, « Mahler prophète Â», dans Multitudes, n° 55, janvier 2014, « Mahler prophète »
  2. Dictionnaire encyclopĂ©dique Wagner (sous la direction de TimothĂ©e Picard), entrĂ©e « Russell, Ken Â», Arles, Actes Sud, Paris, CitĂ© de la musique, 2010, p. 1854.

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