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Mahaut d'Artois

Mahaut d'Artois, ou parfois Mathilde d'Artois[1] (vers 1269/1270 – Paris, ), est une princesse de la maison capétienne d'Artois, comtesse d'Artois et pair de France, comtesse de Bourgogne par son mariage avec le comte Othon IV de Bourgogne, et belle-mère des rois Philippe V de France et Charles IV de France par les mariages de ses deux filles.

Mahaut d'Artois
Illustration.
Sceau de Mahaut d'Artois.
Titre
Comtesse d'Artois
–
(27 ans, 4 mois et 16 jours)
Prédécesseur Robert II
Successeur Jeanne Ire
Comtesse palatine de Bourgogne
–
(18 ans et 2 mois)
Prédécesseur Philippa de Bar
Successeur Philippe V le Long
Biographie
Dynastie Maison capétienne d'Artois
Date de naissance vers 1269/1270
Date de décès
Lieu de décès Paris
SĂ©pulture Abbaye de Maubuisson
Père Robert II d'Artois
Mère Amicie de Courtenay
Fratrie Philippe d'Artois
Conjoint Othon IV de Bourgogne
Enfants Jeanne II de Bourgogne
Blanche de Bourgogne
Robert de Bourgogne

Mahaut d'Artois

Elle est surtout connue du grand public pour son rĂ´le dans la suite romanesque Les Rois maudits de Maurice Druon.

Biographie

Mahaut est la fille du comte Robert II d'Artois et de sa première épouse Amicie de Courtenay. Sa date de naissance exacte est inconnue, les historiens la situant, à titre hypothétique, aux environs de 1269[2] ou 1270[3].

Mariage avec le comte Othon IV de Bourgogne

En 1285[4], elle est mariée au comte Othon IV de Bourgogne de la maison d'Ivrée. Le couple a cinq enfants :

Héritière du comté d'Artois

Le , son père meurt à la bataille de Courtrai, contre les Flamands du comté de Flandre, bataille qu'il mène pour le compte de son suzerain, le roi Philippe IV de France (Philippe le Bel). Elle lui succède comme comtesse d'Artois en écartant son neveu Robert III d'Artois, alors âgé de 16 ans, fils de son frère cadet Philippe d'Artois, mort le après une blessure reçue à la bataille de Furnes contre le comté de Flandre. En effet, les lois de succession du comté d'Artois donnaient priorité, quel que soit leur sexe, aux enfants du comte décédé, au détriment des éventuels petits-enfants[5].

Régente du comté de Bourgogne

En 1303, son mari le comte Othon IV de Bourgogne meurt à son tour des blessures reçues à la bataille de Courtrai contre les Flamands. Elle devient veuve et sa fille Jeanne, âgée de 12 ans, succède à son père sous la régence de sa mère.

Mariage de ses filles

Elle marie ses deux filles aux deux fils puînés du roi Philippe IV de France : l'aînée, Jeanne, épouse en 1307 Philippe, second fils du roi, alors que la cadette, Blanche, est mariée l'année suivante au troisième fils du roi, Charles.

Le roi Philippe V son beau-fils lui cède une de ses propriétés, le domaine du château de Conflans, ensuite connu sous le nom de « séjour de Bourgogne »[6].

En 1309, son neveu Robert III d'Artois lui fait un premier procès, qu'il perd, devant la cour des pairs du roi de France pour essayer de récupérer son héritage du comté d'Artois.

En 1314, les filles de Mahaut sont compromises dans une affaire d'adultère dans laquelle les trois brus du roi sont impliquées, le scandale de la tour de Nesle. Blanche est reconnue coupable d'adultère avec Gauthier d'Aunay et est enfermée à Château-Gaillard. Jeanne, accusée de complicité dans l'adultère de ses belles-sœurs, est enfermée au château de Dourdan. Par la suite reconnue innocente par le parlement de Paris, elle est libérée entre le 24 et le et retrouve sa place auprès de son époux à la cour de France[7].

En 1316, Robert III d'Artois organise une insurrection du comté d'Artois contre Mahaut, qui fait face.

Sa fille Jeanne devient reine de France

Philippe VI de Valois jugeant de la dispute entre Mahaut d'Artois et son neveu Robert d'Artois le 6 août 1332.

À la mort de Louis X de France (fils aîné de Philippe IV de France) et de Jean Ier de France (Jean le Posthume), son seul héritier, âgé de 5 jours, Philippe V de France et son épouse Jeanne sont sacrés roi et reine de France à la cathédrale Notre-Dame de Reims en janvier 1317.

Robert III d'Artois fait un second procès à Mahaut en 1318 devant la cour des pairs du roi de France pour récupérer le comté d'Artois, qu'il considère comme son héritage légal. Il est débouté. Lors d'un nouveau procès intenté dix ans plus tard, la mise en évidence du faux fourni par Jeanne de Divion fait perdre à Robert son procès. Jeanne de Divion est condamnée au bûcher, et Robert dépossédé de tous ses biens et banni en 1332.

Sa fille Blanche devient reine de France

Philippe V de France meurt de dysenterie et de fièvre le à Longchamp, près de Paris, sans héritier mâle. Son frère Charles IV de France lui succède et est sacré roi de France à Reims le . Blanche, fille de Mahaut, devient reine de France tout en étant en prison pour adultère, et son mariage est annulé le par le pape Jean XXII. Elle finit sa vie dans l'abbaye de Maubuisson près de Pontoise, où elle meurt en avril 1326.

Le , Charles IV de France, dernier des trois fils de Philippe IV de France, meurt sans héritier mâle à Vincennes, ce qui marque la fin de la dynastie des Capétiens directs et pose un problème de succession au royaume de France, résolu par l'assemblée des barons qui désignent Philippe VI de France (neveu de Philippe IV le Bel) comme successeur de Charles IV.

Mort

Le , Mahaut d'Artois tombe subitement malade ; son médecin accourt mais les saignées et remèdes divers ne peuvent rien, la comtesse meurt le [8] à Paris.

Son corps est inhumé à l'abbaye de Maubuisson, aux pieds de son père, tandis que son cœur est porté à l'église des Cordeliers de Paris dans la tombe de son fils.

Sa fille aînée, Jeanne, lui succède dans le comté d'Artois.

Soupçonné de l'avoir empoisonnée, son neveu Robert III d'Artois s'enfuit et se réfugie en Angleterre, où il soutient les prétentions du roi Édouard III à la couronne de France, d'où découlera la guerre de Cent Ans.

Mahaut d'Artois dans la fiction : Les Rois maudits

Mahaut d'Artois est l'un des protagonistes de la série romanesque Les Rois maudits (1955-1977) de Maurice Druon, apparaissant dans six des sept tomes.

L’œuvre de Druon a fait l'objet de deux adaptations télévisées. Dans la première, réalisée en 1972 par Claude Barma, le rôle de Mahaut est campé par Hélène Duc[9]. Dans la seconde adaptation, réalisée par Josée Dayan en 2005, c'est Jeanne Moreau qui prête ses traits au personnage de la comtesse d'Artois[10].

Impopulaire en raison de son autoritarisme, certains de ses ennemis l'ont accusée de la mort des rois Louis X le Hutin et Jean Ier le Posthume. Ces accusations, vraies ou fausses, sont reprises par l'écrivain Maurice Druon dans son œuvre littéraire Les Rois maudits.

Dans la série de romans de Druon et les deux adaptations télévisées, Mahaut d'Artois est décrite comme une conspiratrice et une calculatrice, prête à tout pour conserver l'Artois. Elle spolie son neveu Robert III d'Artois du comté, puis tente de faire de ses deux filles des reines de France en les mariant avec les héritiers du roi Philippe le Bel, et en jouant de poisons et diverses intrigues pour aider ses gendres à accéder au trône. Robert, pour se venger de sa tante, intrigue dans le sens contraire. Le conflit entre Mahaut et Robert pour le pouvoir contribue à la fin de la dynastie capétienne directe, ce qui provoque la revendication du trône de France par le roi Édouard III d'Angleterre, fils d'Isabelle de France, la seule fille survivante de Philippe le Bel, et mène à la guerre de Cent Ans.

Bibliographie

Ouvrages

  • GaĂ«lle AudĂ©on, A la Cour de Philippe le Bel, 1305-1313, Paris, Éditions L’Harmattan, « Collection Historiques, sĂ©rie Travaux », , 296 p. (ISBN 978-2-343-22920-1, prĂ©sentation en ligne)
  • GaĂ«lle AudĂ©on (prĂ©f. Éliane Viennot), Philippe le Bel et l'affaire des brus, 1314, Paris, Éditions L’Harmattan, « Collection Historiques, sĂ©rie Travaux », , 260 p. (ISBN 978-2-343-20371-3, EAN 9782343203713, prĂ©sentation en ligne)
  • Christelle Balouzat-Loubet, Mahaut d'Artois, une femme de pouvoir, Paris, Éditions Perrin, , 224 p. (ISBN 978-2-262-03678-2).
  • Christelle Balouzat-Loubet, Le gouvernement de la comtesse Mahaut en Artois (1302-1329), Turnhout (Belgique), Brepols, , 476 p. (ISBN 978-2-503-55109-8).
  • L'Enfant oubliĂ© : le gisant de Jean de Bourgogne et le mĂ©cĂ©nat de Mahaut d'Artois en Franche-ComtĂ© au XIVe siècle : MusĂ©e des beaux-arts et d'archĂ©ologie de Besançon, 5 dĂ©cembre 1997-24 fĂ©vrier 1998 (catalogue d'exposition), Besançon, MusĂ©e des beaux-arts et d'archĂ©ologie de Besançon, , 96 p. (ISBN 2-905193-29-8 et 9782905193292)
  • Éric Le Nabour, Les Rois maudits : l'enquĂŞte historique, Paris, Librairie AcadĂ©mique Perrin, , 296 p. (ISBN 978-2-262-02396-6 et 2262023964)
  • Jules-Marie Richard, Une-petite nièce de Saint Louis, Mahaut, comtesse d'Artois et de Bourgogne : Ă©tude sur la vie privĂ©e, les arts et l'industrie, en Artois et Ă  Paris au commencement du XIVe siècle, Champion, [lire en ligne sur Internet Archive] [lire en ligne sur Google Livres]

Articles

  • Anne-HĂ©lène Allirot, « Mahaut d'Artois », notice biographique, sur Dictionnaire des Femmes de l'ancienne France [en ligne], SociĂ©tĂ© internationale pour l'Ă©tude des femmes de l'Ancien RĂ©gime (SIEFAR), .
  • Anne-HĂ©lène Allirot, « DĂ©votions de deux comtesses d'Artois au XIVe siècle, Mahaut et Marguerite: MĂ©moire des ancĂŞtres et prestige du sang royal en Artois », dans Alain PrĂ©vost, Ă©diteur, Les comtes d'Artois et leurs archives : Histoire, mĂ©moire et pouvoir au Moyen Ă‚ge (recueil d'Ă©tudes), Arras, Artois Presses UniversitĂ©, (ISBN 978-2-84832-165-3, lire en ligne), p. 103-118.
  • Christelle Balouzat-Loubet, « Bien s'entourer pour mieux gouverner : les officiers de Mahaut, comtesse d'Artois (1302-1329) », Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, vol. 116, no 1,‎ , p. 146-165 (lire en ligne).
  • Christelle Balouzat-Loubet, « Motiver ses serviteurs : la rĂ©compense en Artois sous le règne de la comtesse Mahaut (1302-1329) », Hypothèses, vol. 12 « Hypothèses 2008 »,‎ , p. 181-190 (ISSN 1298-6216 et 2101-0269, lire en ligne).
  • Christelle Balouzat-Loubet, « La cour de Mahaut, comtesse d'Artois (1302-1329) : un espace public? », dans Nicolas Offenstadt et Patrick Boucheron, dir., L'espace public au Moyen Ă‚ge : DĂ©bats autour de JĂĽrgen Habermas, Presses universitaires de France, coll. « Le NĹ“ud Gordien », (lire en ligne), p. 149-158.
  • Christelle Balouzat-Loubet, « NĂ©gocier son serment : Mahaut d’Artois, Philippe V et la rĂ©volte artĂ©sienne », dans Les Relations diplomatiques au Moyen Ă‚ge : Formes et enjeux : XLIe Congrès de la SociĂ©tĂ© des historiens mĂ©diĂ©vistes de l’Enseignement supĂ©rieur public (Lyon, 3-6 juin 2010), Paris, Éditions de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et mĂ©diĂ©vale », (ISBN 9791035101688, lire en ligne), p. 145–151
  • Christelle Balouzat-Loubet, « Finances et pouvoir politique en Artois sous le règne de Mahaut (1302-1329) », dans Alain PrĂ©vost, Ă©diteur, Les comtes d'Artois et leurs archives : Histoire, mĂ©moire et pouvoir au Moyen Ă‚ge (recueil d'Ă©tudes), Arras, Artois Presses UniversitĂ©, (ISBN 978-2-84832-165-3, lire en ligne), p. 67-86
  • Christelle Balouzat-Loubet, « Le patronage religieux d'une princesse capĂ©tienne: dĂ©votions, fondations et mĂ©cĂ©nat de Mahaut, comtesse d'Artois (1302-1329) », dans Murielle Gaude-Ferragu et CĂ©cile Vincent-Cassy (dir.), « La dame de cĹ“ur » : Patronage et mĂ©cĂ©nat religieux des femmes de pouvoir dans l'Europe des XIVe – XVIIe siècles, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-4870-1, lire en ligne), p. 243-254
  • Christelle Balouzat-Loubet, « Mahaut d'Artois, une femme de pouvoir (1302-1329) », dans Antoine Destemberg, Yann Potin et Emilie Rosenblieh (dir.), Faire jeunesses, rendre justice : Ă€ Claude Gauvard, Publications de la Sorbonne, (ISBN 978-2-85944-911-7, lire en ligne), p. 173-183.
  • Nicole Brocard et Laurence Delobette, « Entre France et Empire: Le mariage d'Otton IV et de Mahaut d'Artois (1285) », dans Laurence Delobette et Paul Delsalle (Ă©d.), La Franche-ComtĂ© et les anciens Pays-Bas, XIIIe – XVIIIe siècles, vol. 1 : Aspects politiques, diplomatiques, religieux et artistiques, Besançon, Presses universitaires de Franche-ComtĂ©, (ISBN 978-2-84867-276-2, lire en ligne), p. 17-42.
  • Bernard Delmaire, « La comtesse Mahaut et ses trois testaments (1307, 1318, 1329) », Histoire et archĂ©ologie du Pas-de-Calais, Bulletin de la Commission dĂ©partementale d'histoire et d'archĂ©ologie du Pas-de-Calais, vol. XXIII,‎ , p. 3-43
  • Bernard Delmaire, « Le pouvoir de Mahaut, comtesse d'Artois et de Bourgogne, en Artois (1302-1329) », dans Eric Bousmar, Jonathan Dumont, Alain Marchandisse et Bertrand Schnerb (dir.), Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Ă‚ge et au cours de la première Renaissance, Bruxelles, De Boeck, , p. 247-268.
  • (en) Abigail P. Dowling, « Landscape of Luxury: Mahaut d'Artois (1302-29) Management and Use of the Park at Hesdin », dans Albrecht Classen and Christopher Classon (Ă©d.), Rural Space in the Middle Ages and Early Modern Age : The Spatial Turn in Premodern Studies, De Gruyter, , p. 367-388
  • Marie-HĂ©lène LavallĂ©e, « Ă€ propos du gisant de Jean de Bourgogne : archives et matĂ©riau », Marbres en Franche-ComtĂ© : actes des journĂ©es d'Ă©tudes, Besançon, 10-, Besançon, Association pour la promotion et le dĂ©veloppement de l'inventaire comtois, 2003, p. 80-84. [lire en ligne]
  • Jean-Pierre Redoutey, « Les trois testaments de Mahaut d'Artois », MĂ©moires de la sociĂ©tĂ© pour l'histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, vol. 39,‎ , p. 161-178
  • (en) Elly R. Truitt, « The Garden of Earthly Delights: Mahaut of Artois and the Automata at Hesdin », Medieval Feminist Forum, vol. 46, no 1,‎ , p. 74-79 (lire en ligne)

Notes et références

  1. Généalogie de Mathilde d'Artois, seconde épouse d'Othon V de Bourgogne sur le site Medieval Lands
  2. L'Enfant oublié, p. 32 ; Allirot 2004
  3. Balouzat-Loubet 2015, p. 27.
  4. Brocard et Delobette 2010
  5. Jean Favier, La guerre de Cent Ans, Fayard, 1980, p. 42.
  6. Claude Moreau, Un dictionnaire historique des rues anciennes et actuelles de Charenton-le-Pont, Paris, L’Harmattan, (ISBN 9782343027463), p. 167
  7. Christelle Balouzat-Loubet, Mahaut d'Artois, une femme de pouvoir, Paris, Éditions Perrin, , 222 p. (ISBN 978-2-262-03678-2), p. 113 et 202-203, note 28. : « Les dernières lettres envoyées par Mahaut [d'Artois] à Dourdan datent du 24 décembre 1314 […]. Libérée dans les jours qui suivent, Jeanne séjourne à l'hôtel d'Artois avec sa mère entre le 31 décembre 1314 et le 2 janvier 1315 […. Elle dîne à Conflans le 1er février 1315. ».
  8. Christelle Balouzat-Loubet, Le gouvernement de la comtesse Mahaut en Artois (1302-1329), Turnhout, Brepols, 2014, p. 342 et 418.
  9. (en) Les rois maudits [1972] sur l’Internet Movie Database, consulté le 2 décembre 2017
  10. (en) Les rois maudits [2005)] sur l’Internet Movie Database, page consultée le 2 décembre 2017

Voir aussi

Liens externes

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