Mélanie Rouat

Marie-Françoise Mélanie Catherine Rouat (Coat-Bazoin à Riec-sur-Belon[1] 1878-1955) a commencé comme ouvrière dans un élevage ostréicole, puis produit des huîtres avec son mari Louis Rouat (1871 - 1913?[9] ou 1914[10], homonyme du père de Mélanie[11]), tient un magasin d'épicerie et d'huitres[12]. Des légendes courent sur sa décision d'ouvrir un restaurant (en 1917 ?), des comédiens de la Comédie Française[13] affamés l'en auraient incitée a préparer un repas de homards[14] ou une omelette parfaitement réussis. Curnonsky dit l'en voir convaincu, dans un article de 7 jours (1941): «Ma vieille Mélanie, je la connais depuis plus de vingt ans, raconte Curnonsky. Je viens d’ailleurs à Riec-sur-Belon depuis 1903. On ignorait encore Mélanie. Elle n’a commencé qu’en 1919. Elle ne faisait d’ailleurs à manger que pour sept ou huit habitués. J’en étais avec Carco et Kisling. C’est moi qui dis, un jour, à Mélanie: Vous avez un génie de chef. Il ne faut plus faire la cuisine pour quelques clients. Il faut ouvrir un grand restaurant. C’est ainsi que Mélanie commença à faire les choses en grand. Ce ne fut pas une maison de régime. Mais un restaurant de Cur»[15]. Trois amis, Fernand Jobert (Paris 1876 -1949) aquarelliste à Belon, Maurice Asselin qui laisse des portraits de Cur. et Curnonsky ont ensemble lancé en 1923 le restaurant de Mélanie Rouat à Riec[16]. Jobert sera membre fondateur de l'Académie des gastronomes en 1928.

Le restaurant Chez Mélanie était breton: serveuses en habit traditionnel de Pont-Aven (elle-même portait toujours la coiffe de Pont-Aven[17]), aux murs peintures d'artistes bretons. Il sera fréquenté par les présidents Vincent Auriol, René Coty, par Roland Dorgelès, Graham Greene[18]. Le guide Michelin lui donne un macaron en 1932, puis 2 en 1934[19].

Maurice Asselin (1933) Curnonsky termine un plat de palourdes avec un Muscadet ou un Vallet nantais tandis que Mélanie en est aux huitres, les homards n'ont pas l'air à la crème (Musée de Saint-Brieuc)[20]

C'est sa 6^e enfant, Marie Rouat (1910-1982[12]), qu'elle a formée qui reprend le restaurant[21] conservant un macaron Michelin (Timbale de moules, Homard Mélanie)[22].

Chez Mélanie Riec sur Belon salle à manger et d'exposition de peintures bretonnes

Le journaliste et écrivain fait la connaissance de Mélanie Rouat en 1922 - époque où il commence la rédaction de La France gastronomique - alors qu'elle tient l'Hôtellerie Mélanie Rouat à Kerfany-les-pins[23].

Chez Mélanie (non daté)

Sa pièce de bœuf rôtie au sarrasin séduit Curnonsky qui en fera les éloges[24]. Il fait part de sa découverte aux membres de l'Académie des Gastronomes: Gaston Derys écrit en 1937 «A Riec-sur-Belon opère un des grands cordons bleus de France : c’est Mélanie Rouat, en face de l’église, dont les palourdes farcies, le homard à la crème, les crêpes'Mélanie sont de grandes choses. On déguste chez Mélanie, qui possède des parcs sur la rivière de Belon, des huîtres admirables»[25]. Pendant la guerre Curnonsky aurait avoué à son hôtesse avoir des difficultés à régler les additions, elle lui aurait répondu «quand on a aidé à bâtir une maison, on a bien droit à une ardoise»[26].

Son célèbre aphorisme est répété dans les derniers vers d'une poésie qu'il lui avait dédiée en souvenir d’une omelette inoubliable: La Cuisine ?… c’est quand les choses / Ont le goût de ce qu’elles sont[27].