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MĂ©diastinite

Une médiastinite est une infection rare et grave du médiastin, qui est l'espace du thorax contenu entre les deux poumons. Elle peut être la complication d'une cellulite de la face ou du cou, par diffusion locale de l'infection, mais aussi la complication d'une sternotomie.

MĂ©diastinite
SymptĂ´mes Inflammation
Classification et ressources externes
CIM-10 J98.5
CIM-9 519.2
DiseasesDB 7909
MedlinePlus 000081
eMedicine 425308
MeSH D008480
Patient UK Mediastinitis

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Le traitement nécessite une antibiothérapie intraveineuse à laquelle est souvent associé un drainage chirurgical.

Historique

Au début du XIe siècle, Avicenne fut le premier à décrire les médiastinites dans son Canon[1]. À la même période, l'andalous Avenzoar identifia lui aussi la maladie[2].

Formes cliniques

On distingue deux formes de médiastinite[3] : une forme abcédée, où une collection liquidienne est infectée, et une forme diffuse, appelée médiastinite nécrosante descendante. En absence de prise en charge, cette dernière a une mortalité de 10 à 40 %, par choc septique et défaillance multiviscérale.

Médiastinite nécrosante descendante

Une médiastinite nécrosante descendante est une infection de continuité, qui se propage depuis un point de départ[3] dentaire (36 à 47 %), pharyngé (surtout l'angine de Ludwig, 33 à 45 %) ou cervical (15 % des cas). Il peut également s'agir, plus rarement (5 % des cas) de la propagation d'une fasciite nécrosante de la région parapharyngée. En effet, les loges antérieures et latérales du cou sont en communication directe avec le médiastin, sans barrière anatomique.

Il existe des critères diagnostiques établis en 1983[3], et destinés à identifier tôt l'infection pour mettre en route le traitement au plus vite :

  • sepsis sĂ©vère ou choc septique ;
  • imagerie en faveur ;
  • constatations per opĂ©ratoires en faveur ;
  • point d'entrĂ©e cervical ou oropharyngĂ© retrouvĂ©.

On distingue plusieurs types de médiatinistes nécrosantes descendantes[4], en fonction de l'étendue de l'infection au scanner[3] :

  • type I (localisĂ©) : infection limitĂ©e au mĂ©diastin supĂ©rieur, au-dessus de la bifurcation trachĂ©ale ;
  • type II (diffus) : infection Ă©tendue au mĂ©diastin infĂ©rieur antĂ©rieur (type IIA) ou au mĂ©diastin infĂ©rieur et postĂ©rieur (type IIB).

Une pleurésie purulente est généralement associée[4].

MĂ©diastiniste post-sternotomie

L'infection du médiastin après sternotomie est la première complication infectieuse après chirurgie cardiaque[5].

Germes en cause

Il s'agit souvent d'infections polymicrobiennes[3], dans 30 à 75 % des médiastinites nécrosantes descendantes. Les cocci Gram positifs dominent : les streptocoques (43 à 62 % des cas) sont fréquemment en cause, ainsi que les germes anaérobies (46 à 78 % des cas). Les bacilles Gram négatifs sont plus rarement retrouvés, et il s'agit alors souvent de Klebsiella (4 à 8 % des cas)[6].

Les origines fongiques, généralement à Aspergillus fumigatus, sont exceptionnelles[7].

Diagnostic

Le diagnostic des médiastinites est radiologique[3] et se fait sur le scanner.

Le bilan biologique retrouve une élévation des globules blancs et de la CRP, marqueur d'inflammation. Il n'existe pas de marqueur spécifique à doser.

Les germes sont recherchés sur les prélèvements faits au moment de l'intervention, mais aussi les hémocultures.

Traitement

En raison de la rareté et de la gravité des médiastinites, en particulier les formes nécrosantes, aucun essai clinique randomisé n'a encore été réalisé en 2016[3]. Il n'existe pas de recommandation des sociétés savantes, et les standards de traitement sont issus d'analyse de cohortes rétrospectives. Il existe un consensus sur la nécessité d'un traitement rapide, dans les 15 à 72 heures après le début des signes cliniques[3] - [6] - [8] - [9]. Seules les médiastinites post-sternotomie et les médiastinites d'origine œsophagienne ont fait l'objet d'essais contrôlés, mais en raison de leur physiopathologie particulière les conclusions ne peuvent pas être étendues à tous les types de médiastinites[3].

Chirurgie

En cas d'abcès ou de mĂ©diastinite nĂ©crosante, le traitement chirurgical est nĂ©cessaire[3] - [6]. En effet, l'antibiothĂ©rapie seule est insuffisante, avec une mortalitĂ© de 87 %, qui s'abaisse Ă  55 % en cas de prise en charge chirurgicale associĂ©e[10]. Le traitement chirurgical peut ĂŞtre rĂ©alisĂ© par cervicotomie ou thoracotomie, selon le niveau de la loge Ă  drainer[11]. L'abord thoracique peut Ă©galement se faire par thoracoscopie, moins invasive qu'une thoracotomie, donc moins agressive, mais plus difficile techniquement chez un patient instable[10]. Lorsque le thorax est abordĂ©, le cĂ´tĂ© droit est gĂ©nĂ©ralement prĂ©fĂ©rĂ© en absence de latĂ©ralitĂ© des lĂ©sions. La sternotomie et la thoracotomie antĂ©rieure bilatĂ©rale, dite « clamshell Â», ont Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ©es[6].

Le choix de la voie d'abord a fait débat dans la communauté médicale. Les abords combinés, cervical et thoracique, semblent améliorer la survie globale[3] - [10] - [11].

Pronostic

Le pronostic est variable en fonction du type de médiastinite en cause, mais demeure dans l'ensemble sombre.

Le principal facteur de risque de mortalité est[3] la présence de comorbidités, en particulier le diabète et l'âge supérieur à 70 ans, qui entraîne 67 % de mortalité contre 36 % pour les patients sans antécédents. La présence d'une péricardite purulente, de même que la défaillance de deux organes ou d'un choc septique, avant même la prise en charge chirurgicale, est associée à un taux élevé de mortalité[8]. La persistance d'un syndrome inflammatoire important après le troisième jour postopératoire est un facteur de mauvais pronostic[3].

Références

  1. (en) Anwar Ul Haque, « Doctors’ Doctor: Ibn Sina (Avicenna) », International Journal of Pathology, vol. 2, no 2,‎ , p. 121-123 (ISSN 2079-7516, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Matthew E. Falagas, Effie A. Zarkadoulia et George Samonis, « Arab science in the golden age (750 - 1258 C. E.) and today », The FASEB Journal, vol. 20, no 10,‎ , p. 1581-1586 (ISSN 1530-6860, DOI 10.1096/fj.06-0803ufm)
  3. (en) Héctor M. Prado-Calleros, Edgardo Jiménez-Fuentes, Irma Jiménez-Escobar et David W. Eisele, « Descending necrotizing mediastinitis: Systematic review on its treatment in the last 6 years, 75 years after its description », Head Neck, Wiley-Blackwell, vol. 38, no S1,‎ , E2275-E2283 (ISSN 1043-3074, DOI 10.1002/hed.24183, lire en ligne).
  4. (en) Shunsuke Endo, Fumio Murayama, Tsuyoshi Hasegawa, Shinichi Yamamoto, Tsutomu Yamaguchi, Yasunori Sohara, Katsuo Fuse, Mamoru Miyata et Hiroshi Nishino, « Guideline of surgical management based on diffusion of descending necrotizing mediastinitis », The Japanese Journal of Thoracic and Cardiovascular Surgery, Springer Science + Business Media, vol. 47, no 1,‎ , p. 14-19 (ISSN 1344-4964, DOI 10.1007/bf03217934, lire en ligne).
  5. (en) Jan J van Wingerden, Dirk T Ubbink, Chantal MAM van der Horst et Bas AJM de Mol, « Poststernotomy mediastinitis: a classification to initiate and evaluate reconstructive management based on evidence from a structured review », J Cardiothorac Surg, Springer Nature, vol. 9, no 1,‎ (ISSN 1749-8090, DOI 10.1186/s13019-014-0179-4, lire en ligne).
  6. (en) G. J. Kocher, B. Hoksch, M. Caversaccio, J. Wiegand et R. A. Schmid, « Diffuse descending necrotizing mediastinitis: surgical therapy and outcome in a single-centre series », European Journal of Cardio-Thoracic Surgery, Oxford University Press (OUP), vol. 42, no 4,‎ , e66-e72 (ISSN 1010-7940, DOI 10.1093/ejcts/ezs385, lire en ligne).
  7. C. Masgnaux, H. Boukhiar, B. Dakhil et C. Raynaud, « Médiastinite à Aspergillus après lobectomie post immunothérapie pour un cancer du poumon oligométastatique », //www.em-premium.com/data/revues/07618425/v39i5/S0761842522001656/,‎ (ISSN 0761-8425, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Christophoros N. Foroulis, « Descending Necrotizing Mediastinitis: Review of the Literature and Controversies in Management », The Open Surgery Journal, Bentham Science Publishers Ltd., vol. 5, no 1,‎ , p. 12-18 (ISSN 1874-3005, DOI 10.2174/1874300501105010012, lire en ligne).
  9. (en) Richard K. Freeman, Theresa Giannini, Amy Vyverberg et Anthony J. Ascioti, « Descending Necrotizing Mediastinitis: Current Strategies for Diagnosis and Treatment », CRMR, Bentham Science Publishers Ltd., vol. 8, no 4,‎ , p. 263-267 (ISSN 1573-398X, DOI 10.2174/157339812802652224, lire en ligne).
  10. (en) Panagiotis Misthos, Stylianos Katsaragakis, Stamatis Kakaris, Dimitrios Theodorou et Ioannis Skottis, « Descending Necrotizing Anterior Mediastinitis: Analysis of Survival and Surgical Treatment Modalities », Journal of Oral and Maxillofacial Surgery, Elsevier BV, vol. 65, no 4,‎ , p. 635-639 (ISSN 0278-2391, DOI 10.1016/j.joms.2006.06.287, lire en ligne).
  11. (en) Sokouti M et Nezafati S, « Descending necrotizing mediastinitis of oropharyngeal infections », J Dent Res Dent Clin Dent Prospects, vol. 3, no 3,‎ , p. 82-85 (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • O. Leroy, « MĂ©diastinites », sur Site des services de Maladies Infectieuses et Tropicales de la rĂ©gion Nord-Pas de Calais, (consultĂ© le ).
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