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Loi de Kasha

Appelée ainsi d'après le spectroscopiste américain Michael Kasha, la loi de Kasha est un principe photochimique stipulant qu'après l'absorption d'un photon par une molécule dans l'état fondamental et le peuplement résultant des états excités, l'émission radiative qui s'ensuit (fluorescence ou phosphorescence) se fait depuis l'état excité de plus basse énergie. Il s'agit d'une règle empirique basée sur le fait que les processus de relaxation de l'énergie absorbée depuis les états excités, processus correspondant pour l'essentiel à une relaxation vibrationnelle intramoléculaire (RVI), sont bien plus rapides (de l'ordre de grandeur de ceux d'absorption radiative soit entre 10-15 et 10-12 s) que ceux d'émission photonique compris entre 10-9 s pour les processus autorisés par le spin, la fluorescence, et des temps beaucoup plus importants (jusqu'à plusieurs minutes ou heures) pour des processus interdits par le spin, comme la phosphorescence.

Principe

Schématisation de la loi de Kasha. Un photon d'énergie excite un électron du niveau fondamental d'énergie qui passe sur un niveau d'énergie excité ( ou , par exemple) ou sur un des sous-niveaux vibrationnels. Il y a ensuite relaxation vibrationnelle entre niveaux excités qui permet la dissipation d'une partie de l'énergie () pour une transition (conversion interne) vers le niveau excité le plus bas. L'énergie est ensuite dissipée par émission d'un photon d'énergie qui permet au système de rejoindre l'état fondamental.

Bien que l'on puisse expliquer cette règle Ă  partir des facteurs Franck-Condon entre transitions Ă©lectroniques et l'augmentation de probabilitĂ© de ces dernières avec le recouvrement vibrationnel, ce raisonnement n'est pas correct et la loi s'applique en rĂ©alitĂ© dans tous les cas, quel que puisse ĂŞtre le recouvrement. Les molĂ©cules peuplĂ©es dans des Ă©tats de plus grande Ă©nergie se dĂ©sexcitent Ă  grande vitesse. Entre chaque Ă©tat Ă©lectronique, l'Ă©nergie est dĂ©sactivĂ©e (en gĂ©nĂ©ral par dissipation dans le milieu, comme par exemple un solvant) par relaxation vibrationnelle, modifiant lors du processus la gĂ©omĂ©trie de la molĂ©cule. Durant ce procĂ©dĂ©, des structures dans lesquelles les Ă©nergies de deux Ă©tats Ă©lectroniques ou plus deviennent pratiquement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s d'un point de vue Ă©nergĂ©tique se produisent. En chimie quantique, ces structures sont appelĂ©es intersections coniques (IC), et traduisent des situations dans lesquelles les niveaux Ă©lectroniques et vibrationnels sont couplĂ©s (l'approximation de Born-Oppenheimer n'est plus valable) et le transfert Ă©nergĂ©tique entre Ă©tats devient maximale, se faisant de manière rapide, lors d'une « impulsion vibrationnelle Â». Ce processus est appelĂ© de manière gĂ©nĂ©rale conversion interne (s'il se produit entre Ă©tats de mĂŞme multiplicitĂ© de spin). La prĂ©sence frĂ©quente d'intersections coniques entre les Ă©tats de plus fortes Ă©nergies propice Ă  une dĂ©sactivation très rapide depuis l'Ă©tat excitĂ© le plus bas avant que toute Ă©mission radiative puisse se produire. Dans cet Ă©tat excitĂ© final, la prĂ©sence d'intersections coniques avec l'Ă©tat infĂ©rieur, le fondamental, est moins frĂ©quente (la diffĂ©rence d'Ă©nergie entre les deux Ă©tats Ă©tant bien plus importante), et ainsi la molĂ©cule peut atteindre un minimum d'Ă©nergie depuis lequel elle a le temps d'Ă©mettre. La dĂ©sactivation Ă©nergĂ©tique d'une molĂ©cule est toujours un Ă©quilibre entre processus radiatifs et non-radiatifs (voir rendement quantique).

Exceptions

La majorité des molécules de base en chimie possédant un état fondamental de type singulet à couche fermée, noté S0, et un état excité singulet de plus basse énergie S1, la loi de Kasha peut se formuler en indiquant que les molécules qui fluorescent le font à partir de leur état S1. Il existe des exceptions à la loi avec des cas comme celui de la fluorescence double que l'on peut observer depuis les états S1 et S2 dans l'azulène, mais de fait tous les cas de fluorescence double ne sont pas une traduction d'exception à cette règle. Cette fluorescence double peut se produire depuis deux minima distincts de la surface d'énergie potentielle de l'état S1, les deux présentant des géométries distinctes, comme dans le cas des aminobenzonitriles ou du phénylpyrrole par exemple.

Bibliographie

  • Mchale, J. L. « Molecular Spectroscopy Â», Prentice Hall, Upper Saddle River, 1999.
  • Turro, N. J. « Modern Molecular Photochemistry Â», University Science Books, Sausalito, 1991.
  • Serrano AndrĂ©s, L.; Merchán, M., « Vida y Luz: Una Perspectiva QuĂ­mico-Cuántica Â», Anales de QuĂ­mica, 100 (3), 16-31 (2004)
  • Merchán, M.; Serrano AndrĂ©s, L., « Ab Initio Methods for Excited States Â», dans « Computational Photochemistry Â». Ed. M. Olivucci, Elsevier, Amsterdam, 2004.
  • Serrano AndrĂ©s, L.; Merchán, M., « Quantum chemistry of the excited state: 2005 overview Â», Journal of Molecular Structure: THEOCHEM 729, 99–108 (2005)


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