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Livia Vajda

Lívia Vajda (ou Lilie Vadja[1]), née le à Nyíregyháza en Hongrie et morte le à Paris, est un peintre expressionniste franco-hongrois.

Livia Vajda
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Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Ancienne gare de Nyíregyháza, 1915

Biographie

Née en 1929 dans une famille juive hongroise, Lívia est la quatrième d'une fratrie de 5 enfants[2]. Son père est marchand de textiles. Elle remporte le premier prix d'un concours de dessin de la ville à l'âge de 14 ans[3]. Ses parents envoient alors leur fille suivre des études de dessin à Budapest ; Lívia y fréquenté l'école Atelier où elle noue des amitiés pour la vie avec le sculpteur Péter Székely ou la dessinatrice (en) Zsuzsa Balkányi[3].

Toute jeune adolescente, elle est arrêtée à Budapest puis déportée au camp d'extermination d'Auschwitz II, à Birkenau[4], où 434 000 juifs hongrois ont été déportés, puis elle est envoyée au camp de Ravensbrück[5] - [6]. Sur le bras, on lui tatoue le matricule 80524[6]. Sa bonne connaissance de la langue allemande la sauve des griffes mortifères du docteur Mengele, où elle devient commis et s'applique à recopier la liste quotidienne des personnes assassinées (par le gaz, une balle...) en lettres gothiques[2] - [6] - [3]. Son camp est libéré le 9 mai 1945 par un colonel juif russe du Birobidjan qui en ouvre la porte en pleurant, tout comme les prisonniers[7]. Elle fait partie des déportés de la marche de la mort qui suit en 1945. Vajda taira ce passé durant plus de quatre décennies[7] - [4].

Après la Libération, elle s’installe à Paris en 1947 mais souffre sporadiquement de dépression, et durant de longues périodes, l'obligeant à être hospitalisée[2] - [7]. Elle est notamment soignée à l'institut psychiatrique d'Epinay-sur-Seine[3]. Pour gagner sa vie, elle exerce différents métiers. Elle se marie en 1948 avec un tapissier dont elle a un enfant unique, Monique Gehler, née le 27 janvier 1949[8], date anniversaire de la libération d'Auschwitz[9]. Elle divorcera dix ans plus tard[10]. Elle acquiert alors la nationalité française[2].

Elle entreprend un chemin de guérison et de libération en se mettant à peindre : « Si je peux vivre une vie normale aujourd'hui, je le dois à la peinture - cela m'a libérée », dit-elle[2] - [3]. Installée dans un atelier sous verrière près du Pont Neuf, elle rencontre des peintres, des sculpteurs, des écrivains et des poètes du Paris des années soixante[10].

Dès 1963, elle expose au Salon des Indépendants puis dans une première galerie, la galerie Chassaigne sur la rive gauche dans le VIe arrondissement de Paris, puis en Normandie et à Metz[10]. Elle dit alors que son inspiration est expressionniste et est fière d’appartenir à l’École de Paris d’après-guerre. Parallèlement, elle s'intéresse vivement à l’abstraction qui est à la mode à l’époque[2]. Elle déménage et s’installe rue des Plantes puis dans un duplex près du cinéma le Rex sur les Grands Boulevards[10]. En 1966, elle expose au Musée de l'Athénée à Genève[10].

À partir des années 1970, Vajda abandonne les métiers alimentaires et s'engage totalement dans l'art : sa peinture les fait vivre, elle et sa fille[2]. La Galerie des Orfèvres sur l’île de la Cité à Paris et la galerie Horizons à Bruxelles la soutiennent[2] - [11]. Par la suite, ses toiles se retrouvent en Australie, à New York. En 1972, l’État belge fait l’acquisition d’une de ses huiles[10]. En 1975, la ville de Malines en Belgique organise une rétrospective de ses œuvres suivie d'une autre sur la grand place de l’Hôtel de Ville à Bruxelles, en 1988[2].

Ses liens grandissant avec la Belgique, Livia Vajda s’installe dans un atelier à Bruxelles en 1991[3]. Son travail au couteau anime ses toiles de couleurs et de lumière[2] et figure « un kaléidoscope aux métamorphoses infinies », dit le critique Jérôme Garcin qui évoque dans son travail « une poésie radieuse, lumineuse, à la frontière du réel et l’imaginaire »[12] - [6]. Ses thèmes de prédilection sur les moments joyeux de la vie et son jeu de couleurs riches cherchent à triompher des images d'horreur qu'elle a connues[3]. Elle peint des fêtes et des villages de Hongrie ainsi que des paysages et des natures mortes[3], ce qui fait dire à l'auteur-compositeur belge Paul Louka, dans l'un de ses poèmes : «Lívia, mère des couleurs, vous nous offrez un arc-en-ciel de la Hongrie… »[3].

Elle joue également du piano et anime des ateliers de peinture pour les enfants défavorisés ou immigrés et certains adultes[10] - [3].

Elle revient vivre à Paris près du bassin de la Villette en 2004, auprès de sa fille, et peint tous les matins dès l'aube[2].

En 2007, elle retourne momentanément en Hongrie pour exposer à Budapest et à Szentendre[2].

Livia Vajda meurt en 2011, renversée par un camion nacelle, près du canal de l'Ourq[2]. Quelque temps auparavant, elle avait cédé aux injonctions de sa fille unique, Monique Gehler - qui deviendra sa biographe -[4], en acceptant de lui raconter son passé de déportée juive qu'elle avait feint d'oublier[6].

Deux films du réalisateur belge Élie Rabinovitch retracent son parcours à travers notamment son portrait filmé intitulé Colors & Livia, en 1996[13] - [14] ainsi que deux monographies[2]. En 2012, une grande exposition lui est consacrée à la mairie du XIXe arrondissement[2].

Expositions Ă  titre personnel

  • 1967 : La Palette Bleue, Paris
  • 1968 : Galerie Racines, Bruxelles
  • 1969 : Galerie Racines, Bruxelles ; Galerie Gebo, Antwerpen (Belgique)
  • 1970 : Galerie des Orfèvres, Paris ; Galerie de Eik, Antwerpen
  • 1971 : Museum Leon de Smet, Deurle (Belgique) ; Galerie Racines, Bruxelles ; Galerie des Orfèvres, Paris ; If Galerij, Sint Niklaas (Belgique)
  • 1972 : Museum Leon de Smet, Deurle
  • 1973 : Galerie des Orfèvres, Paris
  • 1974 : Galerie d’Art du Printemps, Paris
  • 1975 : RĂ©trospective, Centre culturel de Malines (Belgique)
  • 1977 :  Galerie Horizons, Bruxelles
  • 1978 : Galerie Ro, Malines
  • 1979 : Galerie Horizons, Bruxelles
  • 1981 : Galerie Horizons, Bruxelles
  • 1982 : Galerie Gorosane, Paris
  • 1983 : Galerie Hutse, Bruxelles ; Salle des fĂŞtes, MĂŞle-sur-Sarthe, France
  • 1985 : Maison pour tous, Mortagne-au-Perche
  • 1986 : Galerie des Orfèvres, Paris
  • 1988 : Galerie Horizons, Bruxelles ; RĂ©trospective, HĂ´tel de Ville de Bruxelles
  • 1989 : Maison pour tous, Mortagne-au-Perche
  • 1990 : Galerie Horizons, Bruxelles
  • 1992 : Banque Cera, Bruxelles
  • 1994 : Club de l’ÉvĂ©nement du Jeudi, Paris
  • 2006 : Szentendre (Hongrie)
  • 2012 : mairie du XIXe arrondissement

Bibliographie

  • Monique Gehler, Un 27 janvier, Ă©ditions du Mauconduit, 2012, 130 pp. (ISBN 979-1090566019)[9]

Notes et références

  1. Insee, « Extrait de l'acte de décès de Lilie Vadja », sur MatchID
  2. « Livia VAJDA », sur Galerie Saphir (consulté le )
  3. (hu) « Vajda Lívia », sur artportal.hu (consulté le )
  4. Yann Plougastel, « Noces barbares », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) « Nyiregyháza Holocaust Memorial », sur www.memorialmuseums.org
  6. Jérôme Garcin, « Le secret de Livia Vajda », sur Bibliobs, (consulté le )
  7. JFB, « Beaux et amers », sur Le Journal Francophone de Budapest, (consulté le )
  8. Julia Cserba, « Lívia Vajda vient de mourir », sur Blog des Mardis hongrois de Paris, (consulté le )
  9. « UN 27 JANVIER Monique Gehler », sur mauconduit.com (consulté le )
  10. « biographie », sur Livia Vajda (consulté le )
  11. Paul Caso, « EXPO LIVIA VAJDA-ELY DENIES-LUCIENNE VANDERVINNEN », sur Le Soir, (consulté le )
  12. Jérôme Garcin, « L’Evénement du jeudi », 1990, Galerie Horizons, Bruxelles
  13. « Détail », sur www.cinematheque.cfwb.be, (consulté le )
  14. « film-documentaire.fr - Portail du film documentaire », sur www.film-documentaire.fr (consulté le )

Articles connexes

Liens externes

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