Limage des dents humaines
Le limage des dents humaines consiste en la taille manuelle de dent, généralement les incisives. Cette pratique est coutumière dans de nombreuses cultures.
Historiquement, ces modifications physiologique étaient faites à des fins spirituelles, avec toutefois quelques exceptions, mais ces pratiques contemporaines sont surtout perçues comme des cas extrêmes de manipulations corporelles[1].
Le limage des dents peut consister à donner une forme aux dents, ou à limer les dents jusqu'au gencives pour les rendre invisibles, les dents sont aussi parfois arrachées (extraction). Le limage des dents a un but cultuel décoratif et ne touche que les dents visibles : incisives, canines, prémolaires[2]. Le limage des dents a eu lieu un peu partout dans le monde: Afrique, Asie, Amérique, Europe[2]. Une étude indique que le limage des dents a pour but de ressembler à l'animal totem[2].
Une autre étude indique que le limage des dents est motivé par l'esthétique, le courage et la bravoure, la notabilité ou la hiérarchie sociale[3]. L'esthétique dentaire était la principale raison chez les jeunes filles[3].
Détail sur les pratiques
Le peuple Brau au Vietnam qui la pratique (do uốt bưng) mais qui pratique aussi le taille des oreilles (tavattơpit) ou encore le tatouage du front (chingkrackang)[4].
De nombreuses statuettes remojadas (Ier millénaire apr. J.-C.) trouvées pour une partie à Mexico ont les dents taillées. Les historiens estiment aujourd'hui que cette pratique devait être commune dans leur culture.
Le peuple Zappo Zap qui vit en République Démocratique du Congo est connu pour avoir les dents taillées.
À Bali, les dents sont limées car les habitants estimaient qu'elles représentaient la colère, la jalousie et autres émotions négatives. Les dents étaient aussi limées lors d'un rite de passage pour les adolescents[1].
Le limage de dents étaient aussi une pratique des aborigènes mais plutôt pour des raisons spirituelles, comme d'ailleurs certaines tribus vietnamiennes et soudanaises.
Dans la culture maya, les dents étaient limées et parfois sculptées pour marquer son appartenance à une classe sociale supérieure.
Beaucoup de peuples taillaient leurs dents pour imiter les animaux, comme la tribu Wapare d'Afrique Intertropicale qui taillaient leurs dents pour ressembler aux requins (et qui pratiquaient aussi l’arrachage de dents à la puberté)[5].
Dans la Chine ancienne, un groupe ethnique appelé les Ta-ya Kih-lau (打牙仡佬, littéralement 仡佬(Peuple Gelao), "ceux qui s'arrachaient leur dents"[6]) arrachait systématiquement deux des dents du mandibule des femmes pour "prévenir les dommages à la famille du mari".
Certaines cultures différenciaient leurs pratiques suivant le sexe des sujets. Ainsi, dans la région du centre du Congo, la tribu Upoto taillait une dent chez les hommes et deux dents chez les femmes[7].
Au vingt-et-unième siècle, sur le réseau social TikTok, il existe une mode des dents limées, les personnes se faisant limer les dents demandant des couronnes dentaires. Les opérations de limage ont lieu dans d'autres pays que la France (Turquie, Emirats Arabes Unis…). Un dentiste, estimant cette pratique dangereuse, alerte le public à son sujet[8].
Articles connexes
Références
- (en) Margo DeMello, Encyclopedia of Body Adornment, Greenwood Publishing Group, , Illustrated éd., 326 p. (ISBN 978-0-313-33695-9 et 0-313-33695-4, lire en ligne), p. 81
- Marcel Baudouin, « La signification véritable des mutilations dentaires ethniques et préhistoriques »
- « Étude des mutilations dentaires chez les peuples bantous et pygmées du Nord-Ouest du Congo-Brazzaville »
- (en-US) « Behel Gigi - A+ Dental Care », sur Aplus Dental Care, (consulté le )
- (en) James George Frazer, Totemism and Exogamy : A Treatise on Certain Early Forms of Superstition and Society, vol. 4, Kessinger Publishing, (ISBN 1-4254-9924-4), p. 191
- (en) James George Frazer, Totemism and Exogamy : A Treatise on Certain Early Forms of Superstition and Society, vol. 4, Kessinger Publishing, (ISBN 1-4254-9924-4), p. 187
- (en) James George Frazer, Totemism and Exogamy : A Treatise on Certain Early Forms of Superstition and Society, vol. 4, Kessinger Publishing, (ISBN 1-4254-9924-4), p. 193
- Inès de Rousiers, « «Il aura un dentier à 30 ans» : la tendance des dents limées inquiète les dentistes », Le Parisien,‎ (lire en ligne)