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Lilly Wust

Charlotte Elisabeth « Lilly » Wust ( – ) est une femme au foyer allemande, Ă©pouse d'un agent bancaire et soldat pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est connue pour son histoire d'amour tragique impliquant une relation lesbienne avec Felice Schragenheim. La relation entre Schragenheim et Wust est reprĂ©sentĂ©e dans le film de 1999, AimĂ©e et Jaguar, et dans un livre du mĂŞme nom Ă©crit par Erica Fischer.

Lilly Wust
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  92 ans)
Berlin
Nationalité
Activités
Vue de la sépulture.

Elle est dĂ©clarĂ©e Juste parmi les nations le par le mĂ©morial de Yad Vashem, pour ses efforts pour sauver des femmes juives et les protĂ©ger de la persĂ©cution nazie[1].

Seconde Guerre mondiale

RĂ©sidant Ă  Berlin-Schmargendorf avec ses quatre enfants et une femme de mĂ©nage au dĂ©but des annĂ©es 1940, tandis que son mari est Ă  la guerre. Elle est Ă©galement rĂ©cipiendaire de la MĂ©daille du mĂ©rite maternel, la plus haute distinction familiale de l'Allemagne nazie[2]. Elisabeth Wust est introduite par cette dernière auprès d'une femme nommĂ©e Felice Schragenheim (alias Felice Schröder). Après avoir passĂ© du temps avec elle et en ĂŞtre tombĂ©e amoureuse, Wust apprend que Schragenheim a besoin de protection contre les autoritĂ©s nazies en tant que membre de la RĂ©sistance allemande et en tant que femme juive[1].

Elles se font la cour de façon traditionnelle, selon Kate Connolly, la correspondante Ă  Berlin pour The Guardian US au moment de son entrevue de 2001 avec Lilly Wust. Après leur rencontre, Schragenheim « vient prendre le thĂ© chez Lilly presque tous les jours, apportant des fleurs et des poèmes. Entre chaque visite, les deux s'Ă©crivent ». Lorsque Wust est hospitalisĂ©e pour une septicĂ©mie dentaire en , Schragenheim « lui apporte des roses rouges tous les jours... Le , les deux se sont « engagĂ©es », signant des dĂ©clarations Ă©crites de leur amour, scellĂ© par un contrat de mariage trois mois plus tard »[3] - [2].

Le couple commence Ă  vivre ensemble après la sĂ©paration lĂ©gale de Wust et de son mari, en 1942 ; elles restent en couple jusqu'en juillet 1944 lorsque Schragenheim est signalĂ©e aux autoritĂ©s nazies et capturĂ©e par la Geheime Staatspolizei (Gestapo)[2]. ArrĂŞtĂ©e dans la maison qu'elle partage avec Wust, Schragenheim est emmenĂ©e au camp de transit de Berlin, sur la SchulstraĂźe ; elle y reste jusqu'au , jour oĂą elle est dĂ©portĂ©e au camp de concentration de Theresienstadt en TchĂ©coslovaquie. MalgrĂ© le danger, Wust fait des visites rĂ©pĂ©tĂ©es Ă  Schragenheim Ă  la SchulstraĂźe, et tente d'organiser une visite auprès d’elle Ă  Theresienstadt, mais le commandant du camp refuse[1].

Un peu plus d'un mois plus tard, le , Schragenheim est transportĂ©e au camp de concentration d'Auschwitz après avoir Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă  mort. Elle est probablement morte la nuit du , selon les historiens du mĂ©morial de Yad Vashem, qui dĂ©clarent que « Wust a pu Ă©chapper Ă  la sanction [pour avoir cachĂ© Schragenheim dans sa maison] parce qu'elle est mère de quatre enfants dont le père est sur le front ». D'autres historiens indiquent que, peut-ĂŞtre en , Schragenheim et d'autres prisonniers sont envoyĂ©s par les fonctionnaires d'Auschwitz pour une marche de la mort vers Gross-Rosen et peut-ĂŞtre aussi dans une seconde marche de la mort vers Bergen-Belsen. Bien que son sort exact soit inconnu, une cour de Berlin rend une dĂ©cision en 1948, qui dĂ©finit la date de son dĂ©cès comme le [4].

En raison de son implication avec Schragenheim, Elisabeth Wust fait face à une surveillance accrue et à une campagne de harcèlement par les fonctionnaires nazis. Elle doit se faire recenser par la police locale tous les deux jours après l'arrestation de Schragenheim, mais cela ne fait que renforcer la volonté de Wust de protéger les autres femmes d'un destin semblable à celui vécu par Schragenheim. Après sa rencontre avec Lucie Friedländer, Katja Lazerstein, et le Dr Rosa Ohlendorf trois semaines avant Noël 1944, Wust décide de cacher ces trois femmes dans un étage de sa maison à Berlin. Toutes les trois survivent à la guerre ; cependant, Friedländer, gravement traumatisée, se suicidera[1].

Après la guerre à Berlin, elle récupère l'étoile jaune de Schragenheim et emmène ses fils à la synagogue. Elle tente plusieurs fois de se convertir mais la communauté juive berlinoise la rejette[2].

Mort

Plus de soixante ans après la mort de sa bien-aimĂ©e, Felice Schragenheim, Elisabeth Wust succombe Ă  des complications de la vieillesse. Ă€ la suite de son dĂ©cès Ă  l'âge de 92 ans le , elle est inhumĂ©e au Dorfkirche Giesensdorf (le cimetière de l'Ă©glise du village de Giesensdorf), Ă  Lichterfelde (Berlin). Sa pierre tombale sert Ă©galement comme monument commĂ©moratif pour Schragenheim[5].

HĂ©ritage et honneurs

Au cours de la première moitiĂ© des annĂ©es 1990, Elisabeth Wust vend les droits de son histoire d'amour avec Felice Schragenheim Ă  la journaliste autrichienne Erica Fischer, qui Ă©tudie la poĂ©sie et les lettres du couple et publie un livre en 1994, AimĂ©e & Jaguar, qui est ensuite adaptĂ© Ă  l'Ă©cran en 1999 sous le titre AimĂ©e et Jaguar[6] - [7]. En 2018, le livre de Fischer est disponible en 20 langues.

Le , Elisabeth Wust est dĂ©clarĂ©e Juste parmi les nations par Yad Vashem, pour ses efforts pour protĂ©ger trois femmes juives de la persĂ©cution nazie[1].

InterrogĂ©e en 2001, Wust se souvient de son temps avec Schragenheim[3] :

« Cela a Ă©tĂ© le plus tendre amour que vous pouvez imaginer. J'ai Ă©tĂ© assez expĂ©rimentĂ©e avec des hommes, mais avec Felice j'ai atteint une comprĂ©hension du sexe bien meilleure qu'auparavant. Il y avait une attraction immĂ©diate, et nous flirtions outrageusement. J'ai commencĂ© Ă  me sentir en vie comme jamais. Elle Ă©tait ma moitiĂ©, littĂ©ralement mon reflet, mon image dans le miroir, et pour la première fois, j'ai trouvĂ© l'amour esthĂ©tiquement beau et tendre. Deux fois depuis qu'elle est partie, j'ai senti son souffle, et une prĂ©sence chaleureuse Ă  cĂ´tĂ© de moi. Je rĂŞve que nous allons voir encore une fois - je vis dans l'espĂ©rance. »

Références

Notes de bas de page

  1. Wust, Elisabeth, Yad Vashem
  2. Lorraine Millot, « Elisabeth Wust, 85 ans. Mariée à un nazi ordinaire, puis amoureuse d'une juive morte en camp qu'elle célèbre dans «Aimée et Jaguar». A Felice. », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Kate Connolly, « 'I still feel her breath' », sur theguardian.com,
  4. Erica Fischer, Das kurze Leben der JĂĽdin Felice Schragenheim, Deutscher Taschenbuch Verlag, 2002,
  5. (en) Tammy Barker, « Charolette Elisabeth “Lilly” Wust (1913–2006) », sur medium.com,
  6. (en-US) « An 85-Year-Old Nazi Bride Remembers Her Jewish Lover », Observer,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (de) Bad Vilbeler Neue Presse, « Lesbische Liebe im Holocaust », Frankfuerter Neue Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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