Lignereux
Lignereux est une maison française dâartisanat dâart, crĂ©Ă©e en 1787, et Ćuvrant dans la crĂ©ation dâobjets dâart. ImplantĂ©e historiquement Ă Paris et Ă Londres, la maison Lignereux est un acteur majeur dans les arts dĂ©coratifs. Les objets Lignereux sont destinĂ©s aux collectionneurs dâart. En 2015, aprĂšs un long sommeil, la maison Lignereux est ressuscitĂ©e pour proposer de nouvelles crĂ©ations prĂ©cieuses, Ă©laborĂ©es avec des artistes et artisans contemporains.
Lignereux | |
Création | 1787 |
---|---|
Fondateurs | Martin-Eloy Lignereux |
Direction | Gonzague MĂ©zin |
Activité | Arts Décoratifs, Luxe |
Site web | www.lignereux.com |
Histoire
De lâAncien RĂ©gime Ă lâEmpire
La maison Lignereux est fondĂ©e par le crĂ©ateur dâobjets dâart ou Marchand mercier Martin-Eloy Lignereux. En 1787, il sâassocie Ă Dominique Daguerre (en). Ainsi se dĂ©veloppe une maison dâenvergure internationale, spĂ©cialisĂ©e dans la crĂ©ation dâobjets dâart et dâarts dĂ©coratifs de luxe. Des boutiques Ă Paris et Ă Londres et des accords exclusifs avec les manufactures de cĂ©ramique de SĂšvres et Wedgwood, permettent de servir au mieux une clientĂšle europĂ©enne[1].
En , la reine Marie-Antoinette confie Ă Lignereux et Daguerre sa collection personnelle d'objets d'art et de curiositĂ©s, avec pour mission de la prĂ©server dâĂ©ventuels actes de vandalisme[2].
La boutique parisienne tenue par Martin-Eloy Lignereux acquiert le statut de destination touristique, prisée des riches étrangers de passage dans la capitale. Un rapport du Préfet de police précise en 1807 que « la maison Daguerre et Lignereux en temps de paix faisait avec l'étranger de 1 500 000 à 200 000 000 francs de chiffre d'affaires[3]. »
AprĂšs la mort de Daguerre en 1796, Martin-Eloy Lignereux poursuit et parachĂšve son activitĂ© de crĂ©ateur dâobjets dâart. Les meilleurs artisans parisiens sont invitĂ©s par la maison Lignereux Ă concevoir des meubles et objets « dâun goĂ»t nouveau »[4] - [5]. En 1802 et en 1803, la maison Lignereux est primĂ©e de la mĂ©daille d'or Ă l'Exposition des Produits de l'Industrie[6].
En 1804, la maison Lignereux sâendort lorsque Martin-Eloy Lignereux, malade, cĂšde son stock dâobjets au bronzier Pierre-Philippe Thomire[7].
Renaissance
En 2015, la maison Lignereux est ressuscitĂ©e pour proposer de nouvelles crĂ©ations dâobjets dâart Ă destination des collectionneurs dâart internationaux[8].
Définir le « goût du jour »
La maison Lignereux survit aux accidents de lâhistoire en anticipant et en rĂ©inventant constamment le « goĂ»t du jour » dans les arts dĂ©coratifs. De lâAncien RĂ©gime au Premier Empire, puis au XXIe siĂšcle, les crĂ©ations Lignereux sont les fruits de la rencontre de mĂ©tiers ancestraux, mais aussi dâune audace crĂ©ative sans cesse renouvelĂ©e[9].
Signatures
Les crĂ©ations de la maison Lignereux sont toutes le fruit dâassemblages complexes : Ă la genĂšse de chaque objet, des artistes collaborent pour crĂ©er un dialogue entre des matĂ©riaux nobles et rapprocher des cultures hĂ©tĂ©rogĂšnes[9].
Paris, Londres
La maison Lignereux se distingue des autres créateurs de luxe au XVIIIe siÚcle en ayant pignon sur rue à la fois à Paris et à Londres[10].
Cette double implantation, plus quâun choix commercial, traduit une ligne Ă©ditoriale qui est indissociable du « goĂ»t Lignereux » : la fascination mutuelle qui lie la France et lâAngleterre sâexprime dans un goĂ»t franco-anglais Ă la fois singulier et complexe[11].
Signatures
Aujourdâhui comme hier, chaque crĂ©ation de la maison Lignereux se distingue par une conversation entre les matĂ©riaux, signe dâun dialogue incessant entre les cultures[9].
Dans les crĂ©ations historiques, le bronze et les bois prĂ©cieux sont omniprĂ©sents. Ils servent dâĂ©crin Ă des tableaux de marbre[12], de porcelaine[13], de marqueterie de pierres dures[14]. Certains motifs apparaissent en signature : lâoctogone[15], le bambou stylisĂ©[16], le dragon aux ailes dĂ©ployĂ©es[17], la torche enflammĂ©e[18], la sphinge[13], le griffon accroupi[19], le pied de lion avec enroulement[20].
Aujourdâhui ces formes, motifs et coloris emblĂ©matiques inspirent les artistes contemporains qui Ă©laborent de nouvelles crĂ©ations pour la maison Lignereux.
Lâart dâhabiter selon Lignereux
Les crĂ©ations de la maison Lignereux sont un reflet fastueux de la personnalitĂ© du collectionneur, dĂ©couvreur de mondes, qui choisit dâhabiter son intĂ©rieur en lâornant avec des piĂšces dâexception. Les crĂ©ations Lignereux conjuguent audace, Ă©quilibre et refus du compromis. Ă la source de ces crĂ©ations, il y a lâambition de susciter lâĂ©merveillement et de proposer une rencontre personnelle avec le beau[21].
ClientĂšle
Rois et Reines
DĂšs son origine, Lignereux attire lâattention dâune clientĂšle princiĂšre, royale et impĂ©riale. Louis XVI et Marie-Antoinette, le Roi et la Reine de Naples, Paul Ier de Russie, le Prince de Galles (futur Georges IV dâAngleterre), puis NapolĂ©on et JosĂ©phine de Beauharnais comptent parmi les clients historiques de la maison Lignereux[4].
Notoriété
Au XXe siÚcle et au XXIe siÚcle, des objets Lignereux sont acquis par des collectionneurs majeurs, parmi lesquels Moïse de Camondo[22], le baron Alexis de Redé[23], le Professeur Guy Ledoux-Lebard[24], le baron Fould-Springer[25] - [26] et plus récemment Edmond et Lilly J. Safra[20].
Aujourdâhui
Certaines crĂ©ations historiques de la maison Lignereux sont conservĂ©es au sein dâimportantes collections privĂ©es. Dâautres objets crĂ©Ă©s, conservĂ©s ou vendus par la maison Lignereux au XVIIIe siĂšcle et au XIXe siĂšcle sont exposĂ©s dans des collections publiques. On peut citer notamment le chĂąteau de Versailles[27], le Metropolitan Museum of Art[28] - [29] - [30] - [31], le chĂąteau de Malmaison[32], le musĂ©e de l'Ermitage, le chĂąteau de Fontainebleau[33], les Collections Royales anglaises[14] - [17], Uppark House (en)[34], le musĂ©e Nissim-de-Camondo[22], le Rijksmuseum, le Victoria and Albert Museum[19], l'abbaye de Woburn[35].
Aujourdâhui les crĂ©ations contemporaines de la maison Lignereux sont proposĂ©es Ă des collectionneurs dâart internationaux.
Voir aussi
Articles connexes
- Martin-Eloy Lignereux
- Marchand mercier
- Dominique Daguerre (en)
- Pierre-Philippe Thomire
- Adam Weisweiler
Lien externe
Notes et références
- Le 22 avril 1787, Martin Eloy Lignereux et Dominique Daguerre signent avec Josiah Wedgwood un contrat de distribution exclusive Ă Paris des poteries de la Manufacture Wedgwood. Dâautre part, la Maison Lignereux obtient de la Manufacture de SĂšvres un mandat de distribution Ă Londres dans les annĂ©es 1790, puis de 1800 Ă 1801 et de 1802 Ă 1804, un mandat exclusif pour vendre les porcelaines de SĂšvres Ă Paris.
- âInventaire des laques anciennes et des objets de curiositĂ© de Marie-Antoinette confiĂ©s Ă Daguerre et Lignereuxâ. Cent quarante deux piĂšces en tout furent confiĂ©es Ă Lignereux et Daguerre : 6 objets en cristal de roche ; 6 en bois pĂ©trifiĂ© ; 7 de diverses matiĂšres ; 13 de pierres colorĂ©es ;14 porcelaines ; 96 laques essentiellement du Japon. https://archive.org/stream/archivesdelartfr08guifuoft/archivesdelartfr08guifuoft_djvu.txt
- http://www.christies.com/lotfinder/LotDetailsPrintable.aspx?intObjectID=5474045
- JĂ©rĂŽme Merceron, Martin-Eloy Lignereux, marchand-mercier Ă Paris Ă la fin du XVIIIe siĂšcle, Paris, MĂ©moire de DEA sous la direction de MM. Alain MĂ©rot et Bill Pallot,
- Martin-Eloy Lignereux met en exergue le caractĂšre innovant de ses crĂ©ations dans des annonces parues dans les âAffiches, Annonces et Avis Diversâ, en particulier lâannonce datĂ©e du 21 fructidor an XI (8 septembre 1803), citĂ©e in Merceron, 2000.
- (en) Sir Geoffrey de Bellaigue, « Martin-Eloy Lignereux and England », Gazette des Beaux-Arts,â , p. 283-294
- Martin-Eloy Lignereux sâĂ©teint cinq ans plus tard, le 30 janvier 1809. Son testament olographe prouverait quâil Ă©tait effectivement malade. Voir Merceron, 2000.
- « Maison Lignereux : CrĂ©ateur dâObjets dâArt depuis 1787 », sur www.lignereux.com (consultĂ© le )
- Pierre Verlet, « Le Commerce des Objets dâArt et les marchands merciers Ă Paris au XVIIIe siĂšcle », Annales. Ăconomies, SociĂ©tĂ©s, Civilisations,â (lire en ligne)
- La premiĂšre boutique parisienne de la Maison Lignereux est situĂ©e au 85, rue St-HonorĂ©. La premiĂšre enseigne londonienne quant Ă elle est sur Piccadilly, puis au 42, Sloane Street. Sous le Directoire, le Consulat et lâEmpire, la Maison Lignereux dĂ©place ses boutiques au 2, rue Christine, puis au 44 rue Vivienne, enfin au 44 rue Taitbout.
- Sur ce goĂ»t français influencĂ© par lâAngleterre, voir le dernier paragraphe de la notice du lot 330, vente Christieâs Londres 13-14 juin 2002 : http://www.christies.com/lotfinder/lot/a-pair-of-empire-ormolu-mounted-japanese-black-3933065-details.aspx?from=salesummary&intObjectID=3933065&sid=553c1413-563e-4539-a6c6-f73c6199683f#top
- Secrétaire à incrustation de panneaux de marbres et de verre églomisé par Weisweiler, sous la direction de Lignereux, Palacio De Oriente, Madrid : http://www.sothebys.com/content/dam/stb/lots/L13/L13303/622L13303_6YMNT-comp7.jpg.thumb.319.319.png
- Richard Antiques, « A magnificent and very rare Empire gilt bronze mounted console », sur www.richardreddingantiques.com (consulté le )
- « Pair of cabinets », sur www.royalcollection.org.uk (consulté le )
- Chez Lignereux, la forme octogonale revient de maniĂšre rĂ©currente, soit en support pour des objets (notamment pour la paire de vases en bois pĂ©trifiĂ© confiĂ©s par Marie-Antoinette Ă Lignereux et Daguerre et aujourdâhui au MusĂ©e Camondo http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/musees/musee-nissim-de-camondo/parcours/rez-de-chaussee-haut/le-grand-salon/paire-de-vases-couverts-en-bois ), soit en motif incrustĂ© dans des placages de bois prĂ©cieux (par exemple dans les tableaux de porcelaine de Wedgwood dont est parĂ©e la console Ledoux-Lebard : http://richardreddingantiques.com/collection/furniture/a-magnificent-and-very-rare-empire-gilt-bronze-mounted-console). Plus gĂ©nĂ©ralement, dans lâarchitecture et lâhistoire de lâart, lâoctogone est perçue comme Ă©tant la forme qui relie le visible et lâinvisible. Pour les alchimistes, lâoctogone mĂȘle parfaitement les forms du carrĂ© (l'humain) et du cercle (le divin).
- La maison Lignereux est à l'origine de la création de guéridons reposant sur des doubles colonnettes en forme de bambous stylisés. Ce type de meuble connut un grand succÚs et fut maintes fois imité. Un dessin préparatoire en est conservé au Musée des Arts Décoratifs à Paris. Voir la notice du Lot 116 de la vente Tajan, Paris, 5 avril 2001 : http://www.tajan.com/pdf/2001/moagourgaud05042001.pdf.
- « Vases à monter », sur www.royalcollection.org.uk (consulté le )
- Les correspondances entre une pendule des collections royales anglaises et la console du prince Esterhazy sont mises en Ă©vidence dans Bellaigue, 1968. http://www.royalcollection.org.uk/collection/2757/mantel-clock http://www.google.com/culturalinstitute/asset-viewer/console-table/ZwEV1_gQr_BkUw?hl=en
- « Table | Adam Weisweiler | V&A Search the Collections », sur collections.vam.ac.uk (consulté le )
- « A Highly Important late Louis XVI ormolu-mounted Japanese black and gilt lacquer and ebony commode à vantaux and secrétaire à abattant en suitelate 18th century, attributed to Adam Weisweiler and Pierre-Philippe Thomire, possibly under the direction of Martin-Eloi Lignereux | Lot | Sotheby's », sur www.sothebys.com (consulté le )
- Alain MĂ©rot, Retraites Mondaines, Paris, Le Promeneur,
- « musee-nissim-de-camondo », sur www.lesartsdecoratifs.fr (consulté le )
- Dans lâHĂŽtel Lambert se trouvait une console en marqueterie de pierres dures, provenant dâune cheminĂ©e crĂ©Ă©e Ă lâorigine par Lignereux pour la Reine Hortense : http://www.christies.com/lotfinder/LotDetailsPrintable.aspx?intObjectID=5474045
- « La Gazette Drouot - L'hebdo des ventes aux enchÚres », sur www.gazette-drouot.com (consulté le )
- « TABLE DE MILIEU D'EPOQUE CONSULAT | ATTRIBUEE A PIERRE-PHILIPPE THOMIRE, FIN DU XVIIIEME-DEBUT DU XIXEME SIECLE | Old Master & British Paintings Auction », sur www.christies.com (consulté le )
- « Un chùteau Rothschild aux enchÚres », sur lesechos.fr (consulté le )
- « Photos du Grand Trianon à Versailles - Voyager comme Ulysse » (consulté le )
- Alvar Gonzalez-Palacio a mis en lumiĂšre les commandes du Roi et de la Reine de Naples Ă Lignereux and Daguerre. Certaines piĂšces majeures de cet ensemble sont aujourdâhui conservĂ©es au Metropolitan Museum.
- « Adam Weisweiler | Drop-front secretary on stand (secrétaire à abattant or secrétaire en cabinet) (one of a pair) (part of a set) | French, Paris | The Metropolitan Museum of Art », sur The Metropolitan Museum of Art, i.e. The Met Museum (consulté le )
- « Adam Weisweiler | Commode (commode à vantaux) (part of a set) | French, Paris | The Metropolitan Museum of Art », sur The Metropolitan Museum of Art, i.e. The Met Museum (consulté le )
- « Adam Weisweiler | Drop-front secretary on stand (Secrétaire à abattant or secrétaire en cabinet) (one of a pair) (part of a set) | French, Paris | The Metropolitan Museum of Art », sur The Metropolitan Museum of Art, i.e. The Met Museum (consulté le )
- « Peintures des Musées de France: MALMAISON », sur notesdemusees.blogspot.co.uk (consulté le )
- Notamment une paire de bras de lumiĂšre en bronze patinĂ© et dorĂ©, Inventaire Inv. 671C. Une reproduction de ces bras de lumiĂšre apparaĂźt dans le communiquĂ© de presse de lâExposition âAu temps des Merveilleusesâ, MusĂ©e Carnavalet, Paris 2005, p. 29 : http://www.carnavalet.paris.fr/sites/default/files/dossier_de_presse_au_temps_des_merveilleuses.pdf
- « Candelabra, Martin-Eloy Lignereux 137836.2 | National Trust Collections », sur www.nationaltrustcollections.org.uk (consulté le )
- Certains objets Lignereux achetĂ©s par le duc de Bedford pendant la Paix dâAmiens restent conservĂ©s au sein des collections des ducs de Bedford (http://www.woburnabbey.co.uk/). Dâautres sont passĂ©s en vente en 2009 : http://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/2009/important-furniture-silver-ceramics-l09767/lot.17.html, http://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/2009/important-furniture-silver-ceramics-l09767/lot.16.html.