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Leyes Nuevas

Les Leyes Nuevas (« Lois Nouvelles Â»), officiellement Leyes y ordenanzas nuevamente hechas por su Majestad para la governaciĂłn de las Indias y buen tratamiento y conservaciĂłn de los Indios (« Lois et ordonnances rĂ©cemment faites par sa MajestĂ© pour le gouvernement des Indes et le bon traitement et la prĂ©servation des Indiens[1] ») sont un Ă©dit promulguĂ© le par le roi de Castille et d'Aragon, Charles Quint[2], Ă  l'instigation de BartolomĂ© de Las Casas, le « dĂ©fenseur des Indiens », Ă©vĂȘque de Chiapas Ă  partir de 1543, visant Ă  protĂ©ger les indigĂšnes des colonies espagnoles d'AmĂ©rique (vice-royautĂ© de Nouvelle-Espagne et vice-royautĂ© du PĂ©rou) contre les exactions des colons.

Couverture de l'Ă©dition de 1542 des Leyes Nuevas

Les Lois nouvelles, qui se substituent notamment aux Lois de Burgos de 1512, interdisent (une nouvelle fois) la réduction des Indiens en esclavage, soulignant qu'il s'agit de personnes à qui la religion catholique ouvrait ses portes.

Contexte

Législation antérieure aux Lois nouvelles

Les chĂątiments corporels avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© interdits par les lois de Burgos aux colons encomenderos, vivant au contact des indigĂšnes, qui devaient en rĂ©fĂ©rer Ă  une autoritĂ© administrative, et furent cette fois interdits, tandis que les encomienda Ă©taient abolies. Le travail dans les mines, les pĂȘcheries de perles du Panama et les campagnes fut interdit ou rĂ©glementĂ© pour protĂ©ger les principaux concernĂ©s, les AmĂ©rindiens[3].

Bartolomé de Las Casas et ses adversaires

Venu en 1502 à Hispaniola, alors seule véritable colonie espagnole dans le Nouveau Monde, il y devient encomiendero en 1503.

Il est touchĂ© par un sermon prononcĂ© le 21 dĂ©cembre 1511 par le dominicain Antonio de Montesinos Ă  l'encontre des pratiques habituelles des colons. Las Casas rentre en Europe et est ordonnĂ© prĂȘtre en 1512. RentrĂ© Ă  Hispaniola, il est appelĂ© Ă  Cuba, conquise en 1511, pour ĂȘtre l'aumĂŽnier des troupes espagnoles. Il bĂ©nĂ©ficie d'une nouvelle encomienda de la part du gouverneur Diego VelĂĄzquez de CuĂ©llar.

Un nouveau tournant a lieu en 1514 : prenant pleinement conscience des torts que subissent les Indiens, il repart de nouveau en Europe et se lance dans un combat en leur faveur. Ferdinand d'Aragon mourant en 1516, Las Casas s'adresse désormais à son petit-fils, Charles, nouveau roi de Castille et d'Aragon (élu empereur en 1520 sous le nom de Charles V ou Charles Quint).

Las Casas entre dans l'ordre des Dominicains en 1522.

Les Lois nouvelles

Élaboration

« Ă€ force de persĂ©vĂ©rance et de vertu, Las Casas avait atteint son but (...). Pour faire admettre las nuevas leyes (...) il eut Ă  lutter encore pendant une annĂ©e ; et comme il voyait les intĂ©rĂȘts des gentilshommes espagnols propriĂ©taires d'Indiens s'insurger contre lui et prĂȘts Ă  renverser l'Ă©difice de ses espĂ©rances, il porta un dernier coup qui lui assura la victoire. Il publia un livre, devenu cĂ©lĂšbre, dans lequel il exposait Ă  l'Europe la situation du nouveau monde et l'anĂ©antissement de ses populations : TrĂšs brĂšve relation de la destruction des Indes», Ă©crit sur cette Ă©poque MarĂ­a de las Mercedes Santa Cruz y Montalvo de Merlin, dans La Havane[4].

En 1542, Bartolomé de Las Casas allait repartir en Amérique du Sud avec les missionnaires franciscains et dominicains qu'il avait choisis, lorsque le président du conseil espagnol, Elaysa, lui ordonna, de la part de Charles Quint, de rester à Madrid, pour rédiger le code de la nouvelle législation.

Le Conseil des Indes est alors rĂ©formĂ© et une commission de treize membres est chargĂ©e d’élaborer une nouvelle lĂ©gislation.

Contenu

L'Ă©dit se compose de quarante articles qui peuvent se diviser en quatre dispositions principales :

  • la libertĂ© naturelle des AmĂ©rindiens et oblige la remise en libertĂ© des esclaves ;
  • la libertĂ© du travail, limitant les charges et interdisant les pĂȘcheries de perles ;
  • la libertĂ© de rĂ©sidence et la libre propriĂ©tĂ© des biens, punissant ceux qui seront violents ou agressifs envers les AmĂ©rindiens ;
  • l'abolition du systĂšme des encomiendas.

Application

Les Leyes Nuevas furent mieux respectées que les lois de Burgos, difficiles à appliquer dans une période d'expansion coloniale et de recherche effrénée de métaux précieux dans de nouveaux territoires.

Conséquences

Les Leyes Nuevas eurent une influence importante sur la dĂ©mographie de l'AmĂ©rique espagnole en favorisant un mĂ©tissage Ă  trĂšs grande Ă©chelle, et un peuplement assez rapide de tout le continent par des populations mĂ©tissĂ©es hispanophones, Ă  l'exception des rĂ©gions montagneuses du PĂ©rou, d'Équateur et de Bolivie, oĂč les populations amĂ©rindiennes conservĂšrent un dĂ©veloppement sĂ©parĂ©. En interdisant l'esclavage, elles ont aussi limitĂ© l'arrivĂ©e d'esclaves noirs, Ă  quelques exceptions prĂšs comme le sud du Venezuela et le nord de la Colombie.

Mal reçues par une partie des colons, ces lois ont entraĂźnĂ© une prise de distance des colonies par rapport Ă  la tutelle de Madrid. Les lois disposaient par exemple que tout homme blanc qui aurait participĂ© aux exactions de Francisco Pizarro pouvait se voir confisquer ses esclaves amĂ©rindiens. Les Leyes Nuevas ont en particulier entraĂźnĂ© en 1544, deux ans aprĂšs la prise du PĂ©rou, une rĂ©bellion menĂ©e par Gonzalo Pizarro, le plus jeune frĂšre de Francisco Pizarro, contre la tutelle de Madrid et son nouveau vice-roi Blasco NĂșñez Vela. DĂšs lors, il devenait plus difficile de contrĂŽler strictement l'Empire[5]. NĂșñez et Gonzalo Pizarro finirent tous deux dĂ©capitĂ©s : l'un par les partisans de Pizarro, l'autre sur ordre de Pedro de la Gasca, remplaçant de NĂșñez Ă  la vice-royautĂ© du PĂ©rou.

Notes et références

  1. En 1542, on sait qu'il s'agit de l'Amérique, pas des Indes d'Asie ; mais les nom d'« Indes » et d'« Indiens » utilisés en 1492 par Christophe Colomb restent en usage. On différencie cependant les Indes occidentales et les Indes orientales.
  2. Charles Quint (Charles V) est son nom d'empereur (1520) ; en Castille et en Aragon, il est Charles Ier (Ă  partir de 1516).
  3. (es) Isabel Lozano Renieblas et Juan Carlos Mercado, Silva, , 720 p. (ISBN 978-84-7039-864-3, lire en ligne), p. 208.
  4. Countess MercédÚs Merlin, La Havane, , 836 p. (lire en ligne), p. 141.
  5. Jean Pierre Minaudier, Histoire de la Colombie : de la conquĂȘte Ă  nos jours, , 363 p. (ISBN 978-2-7384-4334-2, lire en ligne), p. 43.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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