AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Lex Sempronia

La Lex Sempronia est une loi proposée par le tribun de la plÚbe Tiberius Gracchus en -133 à Rome. L'objectif de la loi est de mettre en place une réforme agraire, en limitant la grande propriété sur l'ager publicus et en redistribuant à la plÚbe les terres récupérées.

La loi agraire

En -133, le tribun de la plĂšbe TibĂ©rius Sempronius Gracchus tente une rĂ©forme agraire Ă  Rome (lex Sempronia) qui dispose qu’aucun citoyen ne peut occuper personnellement plus de 500 jugĂšres (125 ha) de l'ager publicus (terres publiques), avec un maximum de 1000 (250 ha) s’il avait deux fils et interdit de faire paĂźtre sur les pĂąturages publics plus de cent tĂȘtes de gros bĂ©tail ou cinq cents de petit. Les terres, reprises par l’État aux grands propriĂ©taires (indemnisĂ©s), devaient ĂȘtre distribuĂ©es en lots inaliĂ©nables de 30 jugĂšres aux citoyens pauvres. TibĂ©rius espĂ©rait inciter la plĂšbe inactive au retour Ă  la terre et lutter contre la dĂ©population.

TibĂ©rius pense faire passer sa loi en s’appuyant sur la tradition (la limitation Ă  500 jugĂšres est un retour Ă  la loi agraire de Caius Licinius Stolon) et sur la fraction libĂ©rale du SĂ©nat. La proposition est d’abord soutenue par le consul P. Mucius Scaevola, l’ancien consul Appius Claudius Pulcher, le grand pontife P. Licinius Crassus, Q. Metellus et quelques autres. Le tribun M. Octavius (en), qui s’oppose Ă  la rĂ©forme, est dĂ©posĂ© de sa charge Ă  l’unanimitĂ© par les comices convoquĂ©s par TibĂ©rius en violation de la constitution. La loi agraire passe dans une forme aggravĂ©e (TibĂ©rius fait disparaĂźtre le principe d’indemnitĂ©).

Application de la loi agraire

Une commission triumvirale[1], qui a pour mission de faire appliquer la loi agraire, est Ă©lue. Cette commission triumvirale est composĂ©e de Ti. Sempronius Gracchus, C. Sempronius Gracchus et Ap. Claudius Pulcher. Les amis libĂ©raux de TibĂ©rius au SĂ©nat, avant tout constitutionnels, l’abandonnent, ainsi qu’une grande partie de l’opinion. TibĂ©rius, devant l’opposition du SĂ©nat, prĂ©parait peut-ĂȘtre d’autres mesures concernant le recrutement des lĂ©gions et la judicature, et une proposition de loi pour ĂȘtre autorisĂ© Ă  exercer un second tribunat. Il se fait massacrer le jour du vote au cours d’une Ă©meute provoquĂ©e par les SĂ©nateurs, sous la conduite de Publius Cornelius Scipio Nasica.

La commission chargĂ©e d’appliquer la loi continue de fonctionner. P. Licinius Crassus, beau-pĂšre de CaĂŻus remplace TibĂ©rius aprĂšs son assassinat. Mais l’oligarchie gouvernementale multiplie les difficultĂ©s d’application. À la mort de P. Licinius Crassus et d’Appius Claudius en -130, ils sont remplacĂ©s Ă  la commission par Marcus Fulvius Flaccus et Caius Papirius Carbo, tribun de la plĂšbe[2]. Les assignations reprennent.

En -129, Scipion Émilien, qui pense peut-ĂȘtre revĂȘtir une dictature constituante, fait enlever, par une loi, les pouvoirs judiciaire des membres de la commission. Les pouvoirs sont transfĂ©rĂ©s aux consuls qui refusent d’en user sous prĂ©texte de partir en campagne. L’application de la loi agraire s’en trouve paralysĂ©e. Scipion meurt brusquement, la veille des FĂ©ries latines, jour oĂč il devait proposer l’abrogation de la loi agraire. On pense qu'il a Ă©tĂ© assassinĂ© par sa femme qui n'Ă©tait autre que la sƓur de Graccques.

La Lex sempronia de Caius Gracchus

Les années précédant la loi

Il semblerait que la loi frumentaire de 123 av. J.-C. Ă©tablie par Caius Gracchus, frĂšre de Tiberius Gracchus et Ă©lu tribun de la plĂšbe pour l’annĂ©e 123 av. J.-C. fut influencĂ©e par diffĂ©rents problĂšmes survenus les derniĂšres annĂ©es avant son tribunat. En effet, outre les problĂšmes d’approvisionnement de la ville de Rome en blĂ©, la citĂ© est confrontĂ©e Ă  un problĂšme d’ordre social. Ces annĂ©es sont marquĂ©es par diffĂ©rentes rĂ©voltes serviles survenues en raison des conditions de vie et de maltraitances des esclaves. Il est ainsi probable que les approvisionnements de Rome furent bousculĂ©s par ces rĂ©bellions et causĂšrent de graves prĂ©judices.

De plus, il s’avĂšre qu’une politique structurĂ©e de l’approvisionnement alimentaire de Rome n’ait pas Ă©tĂ© instaurĂ©e pendant la premiĂšre moitiĂ© du IIe siĂšcle av. J.-C.[3].

Lex sempronia

La Lex Sempronia est une loi frumentaire parmi un nombre relativement important durant la période 123-58 av. J.-C. En effet, une dizaine de lois sur le sujet furent établies pendant cette période de 65 ans.

La loi frumentaire de Caius Sempronius Gracchus prĂ©voyait que l’État rĂ©alisĂąt des achats de blĂ©s massifs, construise des silos et vende mensuellement aux citoyens une ration de blĂ© Ă  prix rĂ©duit, fixe, soit 6-1/3 as[4] par modius[5]. L’État Ă©vitait ainsi les spĂ©culations saisonniĂšres et pouvait se permettre une telle politique grĂące Ă  l’Afrique et la Sicile[6].

Une distribution de blé à Rome

Il est lĂ©gitime de se poser la question de l’organisation de ces distributions dans la ville de Rome. En effet, il serait raisonnable de penser qu’il n’apparaĂźt pas possible de distribuer une aussi grande quantitĂ© de blĂ©, entre 2.6 Ă  5 millions de modii, en une journĂ©e. (On estime que les bĂ©nĂ©ficiaires de la lex sempronia de 123 av. J.-C. sont entre 45000 et 86000) Cependant, il apparaĂźt que l’hypothĂšse admise est qu’il faut sĂ©parer le sujet en deux pĂ©riodes. Avant la Porticus Minucia frumentaria, les bĂ©nĂ©ficiaires recevaient leur ration de blĂ© le mĂȘme jour dans plusieurs lieux de la ville, diffĂ©rents portiques et greniers Ă©taient utilisĂ©s Ă  cet effet. Sous le rĂšgne de Claude, la porticus minucia frumentaria change le fonctionnement de la distribution. DĂ©sormais, elles ne se feront plus que dans un seul lieu, les bureaux de la porticus. C‘est un systĂšme rigoureux qui se met en place basĂ© sur un document prouvant le statut de bĂ©nĂ©ficiaire, les distributions sont ainsi rĂ©parties Ă  diffĂ©rents jours du mois[7].

Relance de la loi agraire

En -124, le tribun de la plĂšbe Caius Sempronius Gracchus, frĂšre de Tiberius, restitue Ă  la commission triumvirale chargĂ©e d’appliquer la loi agraire ses prĂ©rogatives (droit de dĂ©limitations) ralentie par la loi de -129. Il renforce la loi agraire en redistribuant l’ager publicus (domaine public) aux Romains comme aux Italiens, en Italie comme en Afrique ; il institue des distributions de blĂ© Ă  prix rĂ©duit (pour lutter contre la corruption Ă©lectorale), dĂ©cide la fondation de nouvelles colonies Ă  Tarente, Capoue, Carthage et Corinthe, fait construire des routes, des greniers en Italie, mesures destinĂ©es Ă  soulager la misĂšre du petit peuple. Caius Gracchus, qui se heurte Ă  l’oligarchie et aux SĂ©nateurs, s’appuie sur la plĂšbe, les Italiques et l’ordre Ă©questre dont la puissance Ă©conomique et politique s’accroĂźt.

Échec final

En -121, le SĂ©nat, invoquant des prĂ©textes religieux, tente de faire abroger la loi Rubria sur la colonie de Carthage. Fulvius Flaccus et Caius Sempronius Gracchus tentent de rĂ©sister et rassemblent leurs partisans. Lors d’une rixe au Capitole entre leurs partisans et ceux du consul Opimius, reprĂ©sentant de l’oligarchie, un licteur d’Opimius est tuĂ©. L’aristocratie se hĂąte d’exploiter ce meurtre. Le SĂ©nat vote le « sĂ©natus-consulte ultimum », la loi martiale qui donne aux consuls le droit de condamner sans appel des citoyens.

Caius Sempronius Gracchus et Fulvius sont tuĂ©s avec 3 000 de leurs partisans au cours d’une bataille sur l’Aventin contre les troupes du consul Opimius. Ses lois, ainsi que celles de son frĂšre, sont abrogĂ©es. L’oligarchie triomphante garde le pouvoir jusqu’en -108. Elle abroge la loi coloniale : la colonie de Carthage est supprimĂ©e et celle de Capoue n’est pas fondĂ©e. Celle de Tarente subsiste, mais perd de son importance.

Notes et références

  1. M.Christol et D.Nony, Rome et son Empire, Hachette supérieur, edition 2015/2016, 304 p. (ISBN 978-2-01-140320-9), p. 89/90
  2. Appien, Histoire des guerres civiles de la république romaine, Livre premier, XVIII
  3. François Thomas, L’approvisionnement alimentaire de la ville de Rome Ă  la fin de la rĂ©publique (123-36 av. J.-C.), Louvain-la-Neuve, 2011.
  4. « L’as de bronze, divisĂ© en douze onces pesait Ă  l’origine une livre romaine (environ 325 g). L’as a Ă©tĂ© par Ă©tapes considĂ©rablement diminuĂ© jusqu’à peser une once et se voir substituer au Ier siĂšcle comme monnaie de compte le sesterce. LECLANT Jean (dir.), Dictionnaire de l’AntiquitĂ©, Presses universitaires de France, Paris, 2005, p. 1435.
  5. Cette information est extraite d’un commentateur anonyme des Ɠuvres de CicĂ©ron qui Ă©crit au VIe siĂšcle apr. J.-C., il s’agit lĂ  que d’une unique source car ni CicĂ©ron, ni Plutarque ou Encore Appien n’y font rĂ©fĂ©rence. François Thomas, L’approvisionnement alimentaire de la ville de Rome Ă  la fin de la rĂ©publique (123-36 av. J.-C.), Louvain-la-Neuve, 2011, p. 55.
  6. Nicolet Claude, Les Gracques. Crise agraire et révolution à Rome, Julliard, Paris, 1980.
  7. Virlouvet Catherine, Tessera frumentaria. Les procĂ©dures de distribution du blĂ© public Ă  Rome Ă  la fin de la rĂ©publique et au dĂ©but de l’empire, Ecole française de Rome, Rome, 1995.

Voir aussi

Article connexe

Lien externe

Bibliographie

  • Claude Nicolet, Les Gracques, crise agraire et rĂ©volution Ă  Rome, Folio Histoire
  • Virlouvet Catherine, Tessera frumentaria. Les procĂ©dures de distribution du blĂ© public Ă  Rome Ă  la fin de la rĂ©publique et au dĂ©but de l’empire, Ecole française de Rome, Rome, 1995.
  • François Thomas, L’approvisionnement alimentaire de la ville de Rome Ă  la fin de la rĂ©publique (123-36 av. J.-C.), Louvain-la-Neuve, 2011.
  • Nicolet Claude, Les Gracques. Crise agraire et rĂ©volution Ă  Rome, Julliard, Paris, 1980.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.