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Les Vautours et les Pigeons

Les Vautours et les Pigeons est la septième fable du livre VII de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678.

Les Vautours et les Pigeons
Image illustrative de l’article Les Vautours et les Pigeons
Gravure de Pierre Quentin Chedel d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1678
Chronologie

Texte de la fable

Mars autrefois mit tout l'air en émûte.
Certain sujet fit naître la dispute
Chez les oiseaux ; non ceux que le Printemps
Mène à sa Cour, et qui sous la feuillée,
Par leur exemple et leurs sons Ă©clatants
Font que Vénus est en nous réveillée ;
Ni ceux encor que la Mère d'Amour
Met Ă  son char : mais le peuple Vautour
Au bec retors[N 1], Ă  la tranchante serre,
Pour un chien mort se fit, dit-on, la guerre.
Il plut du sang ; je n'exagère point.
Si je voulais conter de point en point
Tout le détail, je manquerais d'haleine.
Maint chef périt, maint héros expira ;
Et sur son roc Prométhée espéra
De voir bientĂ´t une fin Ă  sa peine.
C'Ă©tait plaisir d'observer leurs efforts ;
C'était pitié de voir tomber les morts.
Valeur, adresse, et ruses, et surprises,
Tout s'employa. Les deux troupes Ă©prises
D'ardent courroux n'Ă©pargnaient nuls moyens
De peupler l'air que respirent les ombres :
Tout élément remplit de citoyens
Le vaste enclos qu'ont les royaumes sombres.
Cette fureur mit la compassion
Dans les esprits d'une autre nation
Au col changeant, au cœur tendre et fidèle.
Elle employa sa médiation
Pour accorder une telle querelle ;
Ambassadeurs par le peuple pigeon
Furent choisis, et si bien travaillèrent,
Que les Vautours plus ne se chamaillèrent.
Ils firent trĂŞve, et la paix s'ensuivit :
Hélas ! ce fut aux dépens de la race
A qui la leur aurait dû rendre grâce.
La gent maudite aussitĂ´t poursuivit
Tous les pigeons, en fit ample carnage,
En dépeupla les bourgades, les champs.
Peu de prudence eurent les pauvres gens,
D'accommoder un peuple si sauvage.
Tenez toujours divisés les méchants ;
La sûreté du reste de la terre
DĂ©pend de lĂ  : Semez entre eux la guerre,
Ou vous n'aurez avec eux nulle paix.
Ceci soit dit en passant ; je me tais.

— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Les Vautours et les Pigeons, texte Ă©tabli par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la PlĂ©iade Â», 1991, p. 262

Notes

  1. Recourbé

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