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Les Toits de Paris (film, 2007)

Les Toits de Paris est un film français réalisé par Hiner Saleem et sorti en 2007.

Les Toits de Paris
Description de l'image Haussman paris immeuble.JPG.
RĂ©alisation Hiner Saleem
Scénario Hiner Saleem
Acteurs principaux
Sociétés de production Agat Films & Cie
Canal+
CinéCinéma
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Drame
Durée 101 min
Sortie 2007

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Sous les toits de Paris, on est témoin « des départs qui déchirent les cœurs. »[1] Il y a le départ d'Amar qui retourne au pays et que son voisin de misère, Marcel, ressent comme un abandon. Déjà, Marcel souffre du silence de son fils Vincent qui ne lui a pas rendu sa visite et, depuis, il ne parle qu'au répondeur téléphonique de celui-ci. Il y a eu, juste avant, le départ brutal de Bruno, un autre voisin de palier, mort d'une overdose au beau milieu du couloir et qui a laissé sa petite amie Julie désemparée. Heureusement, il reste à Marcel sa vieille amie de cœur Thérèse, serveuse au troquet du coin, la fidèle et bienveillante Thérèse qui lui offre un ventilateur, car sous les toits de Paris, la souffrance n'est pas que morale. Mais Thérèse, à son tour, va être mise à l'épreuve.

Fiche technique

Distribution

Distinctions

RĂ©compense

Point de vue de la critique

  • Nous ne vieillirons pas ensemble[3] : « Quand on a dĂ©passĂ© l'âge d'ĂŞtre productif et indĂ©pendant, quand la vie sociale se rĂ©sume en banalitĂ©s quotidiennes, on entre dans la salle d'attente de l'ultime trĂ©pas plus vraiment actif pour vivre, mais encore suffisamment pour ne pas mourir. Les Toits de Paris traite de la solitude et de la dĂ©liquescence des rapports entre les hommes, vaste sujet qui, comme vous pouvez l'imaginer, ne laisse guère de place Ă  la lĂ©gèretĂ©. Ce qui intĂ©resse ici le rĂ©alisateur, c'est l'Ă©tude d'un microcosme en marge, d'individus qui vivent dans des bulles hermĂ©tiques au monde qui les entoure, sorte de fantĂ´mes cachĂ©s et hors du temps. Pour appuyer son propos, les personnages apparaissent le plus souvent en gros plans, excluant du mĂŞme coup tout ce qui les entoure, renvoyant chacun Ă  sa triste solitude. On est mĂŞme gĂŞnĂ© par cet excès de didactique lorsque le film use (et abuse) de plongĂ©es qui semblent littĂ©ralement Ă©craser les personnages, les couchant prĂ©cocement sur cette terre marâtre qui ne va pas tarder Ă  les reprendre. MĂŞme observation quant Ă  l'utilisation spasmodique, et c'est un euphĂ©misme, des dialogues : ne pas parler, c'est dĂ©jĂ  ne plus vivre. Les quelques vellĂ©itĂ©s poĂ©tiques du film nous paraissent ainsi noyĂ©es sous un dĂ©luge de pessimisme devant lequel mĂŞme l'amour semble impuissant. Les beaux moments de tendresse entre Piccoli et Demongeot nous laissaient pourtant prĂ©sager du contraire ; l'anĂ©antissement des caresses nous prĂ©pare souvent Ă  la dissolution Ă©ternelle… Erreur de lecture, Hiner Saleem choisit une autre issue, et on reste finalement presque insensible Ă  la vue de ce corps qui va ĂŞtre consumĂ© sans l'avoir Ă©tĂ© dans l'amour. »

Thèmes et contexte

La lente narration d'Hiner Saleem ressemble à celle d'un conte oriental. La vie et la solitude des jeunes, moins jeunes et des vieux subtilement filmées par une aérienne caméra-plume pratiquement muette. L'émotion naît alors d'un sourire ou d'un rictus de la bouche, de regards qui s'égarent quand la mémoire part en flocons comme la « neige » qui envahit l'écran télé de Marcel après la fin des programmes. Incroyable force d'images illuminées d'instants de grâce comme quand Bruno, faisant l'amour avec une Julie radieuse, plane et que son visage se tourne et s'élève vers la caméra. Visages éperdus de bonheur du couple enlacé Marcel-Thérèse, défilant à toute allure dans les rues de Paris, comme porté par un vent de liberté. Julie, inconsolable de la mort de Bruno, se rapproche de Marcel, le seul lien vivant qui la relie encore à lui, et ils s'envolent ensemble dans un scintillement de paillettes agitées par les larges battements d'ailes de Marcel…
La pudeur et la dignité ne demandent pas beaucoup de mots. Dans le petit troquet où travaille Thérèse, quand le patron s'inquiète devant le tas de paperasses qu'un homme compulse nerveusement, le visage crispé et les yeux embués de Thérèse disent que cette faillite, à son âge, la met définitivement au rebut (dans tout le film, le texte de Mylène Demongeot se résume à trois phrases). À table, quand Amar évoque soudain son départ, la douleur de Marcel fuse en quatre mots « un verre de vin ? ». Et quand il vient faire ses adieux définitifs à Marcel, le déchirement de celui-ci est tel qu'il ne peut que l'embrasser brusquement et refermer immédiatement sa porte. Enfin, quand Marcel sombre dans la décrépitude, Julie sait qu'il ne lui ouvrira plus sa porte. Encore d'autres moments magiques qu'on ne peut pas décemment dévoiler, car il faut voir ce précieux film poétique et terrible sur la solitude et l'agonie de la vie.

Autour du film

Les protagonistes d'Hiner Saleem[4]

  • Marcel : « J'ai tout de suite pensĂ© Ă  Michel Piccoli pour interprĂ©ter le rĂ´le de Marcel, parce qu'avec son physique majestueux, il Ă©tait pour moi le seul Ă  pouvoir jouer un personnage plongĂ© dans la misère tout en gardant une grande dignitĂ© et une certaine classe. »
  • ThĂ©rèse : « Elle ressemble Ă  une quantitĂ© de femmes qui travaillent dans les cafĂ©s parisiens. Des femmes qui ont Ă©tĂ© très belles, et dont on se demande quelle vie elles ont pu avoir pour se retrouver lĂ , Ă  leur âge, Ă  servir dans un bar. J'ai retrouvĂ© chez Mylène Demongeot cette opacitĂ© et cette beautĂ©. »
  • Amar : « Pour le rĂ´le d'Amar, il me fallait trouver un acteur qui inspire de la tendresse et l'idĂ©e de confronter Michel Piccoli Ă  Maurice BĂ©nichou, plus petit, plus frĂŞle s'est imposĂ©e. »
  • Julie : « Une jeune fille un peu perdue vivait sur mon palier. Je voulais crĂ©er un personnage qui lui ressemble, et qui dans le mĂŞme temps ressemble Ă  tout le monde. Quelqu'un qu'on ne puisse pas « typer Â» sociologiquement, ni minette de banlieue, ni bourgeoise tombĂ©e dans la ruine. Il y a dans le visage de Marie Kremer un mystère qui se prĂŞtait bien au personnage. »

Paroles d'Hiner[4]

  • « Quand on a dĂ©passĂ© l'âge oĂą l'on est productif et indĂ©pendant, on entre dans la salle d'attente… Les humains sont Ă©tiquetĂ©s comme des denrĂ©es pĂ©rimĂ©es, et parquĂ©s avant le passage des poubelles. Comment, en Occident, le bien-ĂŞtre de certains peut-il cohabiter avec autant de souffrance ? »
  • « Tout le combat de l'homme se rĂ©sume Ă  ne pas mourir de faim, ni de froid, ni de dĂ©nuement. Nous sommes faits comme ça. Je pense que nous sommes très misĂ©rables, mais que cette misère est sublime. »
  • « Dans les grandes villes, tout est possible, et dans le mĂŞme temps les choses les plus simples sont impossibles. Des millions de gens de moins de 35 ans vivent seuls. Les sociĂ©tĂ©s très dĂ©veloppĂ©es fabriquent des gens sans travail, dont les rĂŞves sont comme rĂ©trĂ©cis, amputĂ©s. »
  • « Le film n'a pas l'ambition de dĂ©noncer quoi que ce soit. Personnellement, je n'ai pas de monde meilleur Ă  proposer. Je me contente de raconter les ĂŞtres. »

Notes et références

  1. Extrait d'Une saison en enfer d'Arthur Rimbaud.
  2. Son titre durant la préproduction et le tournage était Sous les toits de Paris, modifié en septembre 2007 par la production.
  3. (fr) Critique de nas/im parue dans l'hebdo Ventilo no 207 du 21 au 27 novembre 2007.
  4. Extrait de son interview parue dans Senioractu.com du .

Liens externes

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