Les Roches-Tranchelion
Le site des Roches-Tranchelion[1], constitué des ruines du château et de la collégiale du même nom, se trouve sur la commune d'Avon-les-Roches (Indre-et-Loire), à environ deux kilomètres à l'est du bourg. Il est classé au titre des monuments historiques depuis 1914.
Type | |
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Patrimonialité |
Classé MH () |
Localisation |
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Coordonnées |
47° 09′ 40″ N, 0° 28′ 26″ E |
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Historique
Le domaine, d'abord dénommé des « Roches » a changé de mains à plusieurs reprises, pour des raisons parfois documentées (notamment transmission par mariage avec dotation), sinon hypothétiques : legs entre parents plus ou moins éloignées, échanges ou achats. Cela explique aussi son changement de nom. L'histoire de sa propriété et de ses propriétaires n'est connue que d'une façon fragmentaire.
Le nom de famille Tranchelion a pour origine le bourg de Pierre-Buffière en Limousin, où se trouvait le château homonyme, à une vingtaine de kilomètres au sud de Limoges[2] - [3] - [4].
Avant 1365, Huguenin (alias Hugues) de Tranchelion épouse Jeanne Payen/Payenne (alias Péan/Péanne), qui tenait le fief de Palluau de sa mère Isabeau de Palluau (mariée à Jean Payen). Le , Huguenin fait aveu de la seigneurie de Palluau, qu'il tient de sa femme Jeanne[5].
Leur arrière-petit-fils Guillaume de Tranchelion, seigneur de Palluau, épouse, vers 1420, Guillemette Horric (alias Horry/Herrie/Henrie ou Oury/Ourry ou Ouvoie/Ouvoye/Urvoy)[7], fille de Guillaume Horric[11], dame et héritière du fief des Roches à Avon-les-Roches. Guillaume de Tranchelion en relève le titre et prend possession du domaine des « Roches », qui devient des « Roches-Tranchelion »[12] - [13] - [14].
Guillaume de Tranchelion fait construire le château, et le pourvoit en 1440 d'une chapelle castrale consacrée à Marie-Madeleine. En 1441, le roi Charles VII lui donne la permission d'en renforcer les fortifications[15] - [13].
En 1448 Hardouin de La Tousche (alias de la Touche) possède le domaine, dont il rend aveu le [16]. Il est peu probable que la raison de ce transfert de propriété provienne de la parenté entre Guillaume de Tranchelion et Hardouin de La Tousche, puisqu'ils n'ont que des liens éloignés, et par alliances : le fils de Hardouin et de Louise de Billy, Lancelot de la Tousche, est l'époux d'une petite-fille d'un cousin issu de germain de Guillaume de Tranchelion[17] - [18] - [19]... Mais Guillaume et Hardouin avaient eu l'occasion de se rencontrer en 1446 au pas d'armes de la « Joyeuse Garde » organisé à Saumur par René d'Anjou (le « roi René »)[20].
Charles VII tient les 17, puis au château des Roches-Tranchelion son Conseil, dont Guillaume deTranchelion est membre, Conseil où sont décidées la fin de la trêve, puis la reprise des hostilités contre les Anglais qui débutera, trois mois plus tard, par le siège de Rouen victorieux, se poursuivra par la reconquête de la Normandie en 1450, et qui mettra fin en 1453 à la guerre de Cent Ans. Des chroniqueurs relèveront que Charles VII a séjourné sept fois aux Roches-Tranchelion entre 1446 et 1461[21].
Hardouin de la Tousche[18], après avoir été en 1469 pannetier du roi Louis XI, qui visitera les Roches-Tranchelion le , se met au service du roi René, puis devient maître d'hôtel de Jeanne de Laval, seconde épouse de ce dernier et, à ce titre, reine de Sicile, puis il teste à Saumur le [13] - [14] - [22].
Son fils Lancelot de la Tousche[19] lui succède en 1508 en qualité de seigneur des Roches-Tranchelion. À l'emplacement de l'ancienne chapelle castrale, il lance vers 1510 l'édification de la collégiale, dont le chantier durera une quinzaine d'années, et qui sera consacrée le par Martin de Beaune, archevêque de Tours « en l'honneur de Dieu et de la benoîte Vierge Marie et de monseigneur saint Jean Baptiste [...et] qui s'appellera église collégiale de Monsieur Saint-Jean-Baptiste-des-Roches-Tranchelion » ; desservie par un collège de cinq chapelains, sa destination est non seulement funéraire ― accueillir en sa crypte les sépultures familiales[23] ― mais encore paroissiale[14] - [15].
Lancelot de la Tousche décède avant le [24]. Son fils, autre Lancelot, également seigneur des Roches-Tranchelion, a une fille Isabeau de la Tousche qui épouse en 1550 Gabriel de Montgommery, comte de Lorges, et seigneur des Roches-Tranchelion par son mariage, capitaine de la garde écossaise du roi Henri II, et auteur involontaire du régicide de ce dernier en 1559 au cours d'un tournoi à Paris. Craignant la vengeance de la reine-mère et régente Catherine de Médicis, il vend à la hâte le domaine des Roches-Tranchelion et s'exile en Angleterre. Son retour en France quelques années plus tard lui sera fatal[16].
La base généalogique universelle Roglo donne la liste des seigneurs des Roches-Tranchelion depuis Hardouin de la Tousche jusqu'à Renaud César de Choiseul-Praslin (1735-1791)[25].
Blason de Tranchelion
Deux sites généaloqiques donnent les différentes variantes du blason[26] - [2].
On peut aussi le trouver dans des armoriaux anciens manuscrits : l'armorial de Gilles Le Bouvier dit Berry (ca. 1455)[27], et l'armorial d'Hozier (ca. 1696)[28].
Par son blason, la commune de Palluau-sur-Indre a conservé la mémoire de son ancienne appartenance aux seigneurs de Tranchelion :
Blason de Palluau-sur-Indre
Époque contemporaine
Bien qu'en ruines, les deux monuments n'ont cependant ni le même âge, ni le même style, ni le même état de conservation : le château, datant du XVe siècle (bas Moyen Âge) ne présente plus que des vestiges épars, alors que la collégiale, bâtie au XVIe siècle (Renaissance) a conservé des ruines majestueuses[29].
Le château
Enfouis sous la végétation, ne subsistent que quelques pans de mur et les vestiges d'une tour d'angle de l'enceinte[21]. Déjà sur le plan cadastral de 1831 ne figuraient plus qu'un mur et deux tours[30] - [31]. Cela permet néanmoins d'évaluer la taille de l'édifice.
La collégiale
Collégiale des Roches-Tranchelion. Façade ouest (2014)
L'église a été édifiée sur le soubassement d'un ancien château, comprenant des salles basses munies de meurtrières. Les voûtes de la collégiale s'élèvent à plus de douze mètres[32].
L'église bâtie sur un plan en croix latine d'axe ouest-est selon la tradition, possède une large nef sans bas-côtés, à couvrement du type voûte d'ogive, éclairée par les baies du mur sud. Au-delà de la croisée du transept s'ouvre l'abside. Le bras nord du transept est flanqué d'une tour d'escalier hexagonale. Sous le chœur se trouve une crypte voûtée.
La façade occidentale, façade d'entrée principale, comporte sur toute sa hauteur une grande arcade, au décor associant le répertoire flamboyant à celui de la Renaissance primitive. De chaque côté de la grande arcade, qui occupe approximativement le tiers de la largeur, deux registres superposés sont divisés verticalement par des pilastres décorés de losanges et de rosaces. Les deux registres supérieurs sont ornés chacun de deux médaillons à profils et d'un à rosace à feuilles d'acanthe. Les compartiments de la voussure sont ornés de séraphins surmontés d'une coquille. Sous la clé de la voussure figure en haut-relief Dieu le Père représenté avec une longue barbe et coiffé d'une tiare, bénissant de la main droite et tenant le globe dans la main gauche. Il est servi par deux anges debout à ses côtés. Au-dessous, un oculus montre les amorces d'une structure disparue (lobes ?). Des niches à statues, maintenant vides pour la plupart[33], sont réparties sur cette façade[15].
Selon l'abbé Jean-Jacques Bourassé, historien et archéologue tourangeau, la collégiale des Roches-Tranchelion est contemporaine de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude, de celle du château d'Ussé et de l'église Saint-Jean-Baptiste de Montrésor, ce qui explique leur ressemblance de style et de décoration[34].
Après avoir souffert durant les guerres de religion, la collégiale est finalement désertée vers 1600, puis desservie épisodiquement jusqu'à la Révolution, avant d'être totalement abandonnée[15].
Classement MH
Par arrêté du , les ruines du château et de la collégiale des Roches-Tranchelion sont classées au titre des monuments historiques, sous le statut de propriété privée[32].
Mise en valeur et protection du site
Le est créée une association dénommée Les amis des Roches Tranchelion, dont l'objet déclaré est « la valorisation culturelle et touristique de la Collégiale des Roches Tranchelion »[35] - [36].
La presse régionale se fait l'écho des inquiétudes que l'état et la sécurite des ruines provoquent dans le public[37].
Bibliographie et sitographie
- Jean-Jacques Bourassé, La Touraine, histoire et monuments, Tours, Mame, , 610 p. (OCLC 1063661805, présentation en ligne), p. 10, 394, 414-416, 490, 502. .
- Auguste Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, roi de France, et de son Ă©poque (1403-1461), t. III, Paris, Jules Renouard, , 512 p. (OCLC 490225106, BNF 36433784, lire en ligne), p. 152-153, 244-255, 427. .
- Jacques-Xavier Carré de Busserolle, Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine, t. V, , 444 p. (BNF 30199803, lire en ligne), p. 403-410. .
- Ministère de la Culture, « Ruines du château et de la collégiale des Roches-Tranchelion » (Notice MH), sur www.pop.culture.gouv.fr, 1992-1993 (consulté le ). .
Notes et références
- Orthographié aussi « Roches Tranchelion ».
- Racines et Histoire, « Famille Tranchelion » [PDF], sur racineshistoire.free.fr, (consulté le ).
- Géoportail, « Carte de Cassini : Pierre-Buffière », Sur la carte de Cassini (ca. 1770) le nom est déformé en « Tranchillon », sur www.geoportail.gouv.fr (consulté le ).
- Archives départementales de la Haute-Vienne, « Fonds Auguste Bosvieux », sur archives.haute-vienne.fr (consulté le ) : « Antoine de Tranchelion, [...] abbé de Tranchelion [...] était Limousin. (Rabelais) », p. 253.
- Archives départementales de l'Indre, « Seigneurs et paysans au Moyen Âge à Palluau : Document 1 : La charte de l’aveu par Hugues Tranchelion de la seigneurie de Palluau (12 novembre 1365) » [PDF], sur www.indre.fr (consulté le ), p. 2-3.
- André Borel d'Hauterive, Annuaire de la noblesse de France : 38e année, , 416 p. (OCLC 763428670, BNF 34210355, lire en ligne), NP-3e vue (blason), 204 (orthographes).
- Le généalogiste André Borel d'Hauterive a consacré une notice à cette famille Horric, dans le volume de 1882 de son Annuaire de la noblesse française. Page 204, l'auteur a répertorié les principales orthographes qui figurent dans les textes en latin et en français pour la désigner. Et en tête du volume, on peut en trouver le blason[6].
- Jean-Marie Ouvrard, « Horric : Branche du Bois d'Ancenne, du Plessis-Bonnay et du Coudreau », sur wbboukv.cluster029.hosting.ovh.net (consulté le ).
- Base généalogique Roglo, « Arbre généalogique de Guillaume Horric : Jusqu'aux arrière-grands-parents », sur roglo.eu (consulté le ).
- Base généalogique Roglo, « Arbre généalogique de Jeanne Turpin : Jusqu'aux arrière-grands-parents », sur roglo.eu (consulté le ).
- On trouve sur un site de généalogie le couple « Guillaume de Tranchelion-Guillemette Horric », celle-ci étant dite fille de Guillaume Horric, seigneur du Bois d'Ancennes [ Mondion, Vienne ] et de Jeanne Turpin, et sœur d'autre Guillaume Horric[8], dont le site généalogique Roglo donne le titre, la charge de sénéchal de Châtellerault, et l'ascendance, y compris maternelle (Jeanne Turpin descend des seigneurs de Crissay-sur-Manse, village situé à trois kilomètres des Roches-Tranchelion)[9] - [10].
- Base généalogique Roglo, « Descendants de Huguenin de Tranchelion : Jusqu’aux arrière-petits-enfants », sur roglo.eu (consulté le ).
- Ministère de la culture, « Château » (Notice MH), sur www.pop.culture.gouv.fr, (consulté le ). .
- Jacques-Xavier Carré de Busserolle, Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine, t. V, , 444 p. (BNF 30199803, lire en ligne), p. 403-410. .
- Ministère de la culture, « Collégiale des Roches-Tranchelion » (Notice MH), sur www.pop.culture.gouv.fr, 2000-2007 (consulté le ).
- Jacques-Xavier Carré de Busserolle, Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine, t. III, 1878-1884 (OCLC 1254558998, lire en ligne), p. 136.
- Base généalogique Roglo, « Parenté entre Guillaume de Tranchelion et Lancelot de la Tousche », sur roglo.eu (consulté le ).
- Base généalogique Roglo, « Hardouin de la Tousche », sur roglo.eu (consulté le ).
- Base généalogique Roglo, « Lancelot de la Tousche », sur roglo.eu (consulté le ).
- Guillaume Bureaux, « Union et désunion de la noblesse en parade. Le rôle des Pas d’armes dans l’entretien des rivalités chevaleresques entre cours princières occidentales, XVe-XVIe siècles (Anjou, Bourgogne, France, Saint-Empire) : Volume 2 (Annexes) » [PDF] (Thèse d'université), sur theses.hal.science, (consulté le ), p. 38-39.
- Histoire à la carte, « Renaissance d'une collégiale Renaissance : (par une vidéo de réalité virtuelle) », sur www.histoire-a-la-carte.fr (consulté le ).
- Marquis de Brisay, La Maison de la Jaille, Paris, H. Champion, , 463 p. (OCLC 458716825, BNF 31874340, lire en ligne), p. 221.
- Atlas archéologique de Touraine, « Collégiales castrales et Sainte-Chapelle à vocation funéraire entre 1450 et 1560 », sur a2t.univ-tours.fr (consulté le ).
- Date à laquelle son épouse Madeleine de Menou est désignée veuve.
- Base généalogique Roglo, « seigneur des Roches-Tranchelion », sur roglo.eu (consulté le ).
- La langue du blason - Héraldique, armoiries et blasonnement, « Les mésaventures du lion de la famille Tranchelion », sur lalanguedublason.blogspot.com, (consulté le ).
- Gilles Le Bouvier (dit le héraut Berry), Armorial Le Bouvier dit Berry, ca. 1455, 429 p. (lire en ligne), folio 83v.
- Charles-René d'Hozier, Volumes reliés du Cabinet des titres - Recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques : Armorial général de France, ca. 1696, 831 p. (lire en ligne), p. 196.
- « Avon-les-Roches : Randonnée des lavoirs », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Archives d'Indre-et-Loire, « Commune d'Avon-les-Roches : Cadastre (dit) napoléonien - Section C1 des Sevaudières », Les Roches-Tranchelion sont au bas de la feuille, celle-ci étant orientée avec le nord à gauche (zoomer), sur archives.touraine.fr, (consulté le ).
- Touraine insolite, « La collégiale des Roches Tranchelion », sur touraine-insolite.clicforum.fr, 2008, 2015 (consulté le ).
- Ministère de la Culture, « Ruines du château et de la collégiale des Roches-Tranchelion » (Notice MH), sur www.pop.culture.gouv.fr, 1992-1993 (consulté le ). .
- Tours et culture, « Visiter les Roches Tranchelion », sur toursetculture.com, (consulté le ).
- Jean-Jacques Bourassé, La Touraine, histoire et monuments, Tours, Mame, , 610 p. (OCLC 1063661805, présentation en ligne), p. 10, 394, 414-416, 490, 502. .
- Journal-officiel.gouv.fr, « Les amis des Roches Tranchelion », (consulté le ).
- « Les amis des Roches Tranchelion », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Comment sauver les Roches Tranchelion ? », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne, consulté le ).