Lemtouna
Les Lemtouna, Lamtouna, Lamtuna (en amazighe : ⵉⵡⵉⵍⵍⵉⵎⵎⵉⴷⵏ, litt: Iwillimmidn)[1] sont une tribu berbère nomade issue des Sanhaja[1], qui habitait traditionnellement des zones allant du Souss au plateau de l'Adrar.
Les Lemtouna rejoignirent Abdellah ben Yassin pour porter les Almoravides au pouvoir.
Histoire
Avant d'être islamisés, les Lemtouna semblent correspondre aux "Lemtunes" qui selon Hérodote sont assignés aux Atlantes (peuple), qui vivaient sur les montagnes de l'Atlas (massif) localisées sur la côte de l'océan Atlantique soit sur la côte marocaine[2] - [3].
Les Lemtouna ont été tardivement islamisé et avec les Goudala, fonderont une confédération pour contrôler des routes caravanières du commerce transsaharien[4]. En 680, les Lemtouna sont signalés au sud de l'Oued Drâa au moment de l'expédition d'Oqba Ibn Nafi[5].
D'après le géographe Al Idrissi, les Lemtouna sont une composante de la branche des Lamta qui occupaient l'Oued Noun situé dans le sud du Maroc actuel[6]. En effet, les pays du Noul occidental dans la région de l'Oued Noun et de Tazukkaght dans la Seguia el-Hamra appartenaient aux Lemtouna[7].
Au début de l'ère almoravide, la confédération s'effondra, les Guddala seront les premiers à rejoindre Abdellah ben Yassin, fondateur des Almoravides et affronteront les Lemtouna, initialement réticents aux Almoravides, qui perdront la bataille de Tabfarilla mais les Lemtouna s'associeront ensuite définitivement aux Almoravides et surplanteront les Guddala en devenant dirigeants de la dynastie almoravide[4].
Les ancêtres des Almoravides originaires du Tafilalet et des montagnes de l'Atlas avaient été détournés du Maroc Atlantique par les Masmouda et durent réorienter leur migration vers le sud[8].
Au cours de la période almoravide, de nombreux Lemtounas ont émigré vers le Nord[9]. Les Banu Ghaniya, successeurs de cette dynastie à Tripoli et dans les monts Nafusa et les gouverneurs des îles Baléares espagnoles jusqu'au milieu du 13e siècle provenaient également de cette tribu.
L’examen des sources mĂ©diĂ©vales arabes, mĂŞme si elles sont quelque peu ambigĂĽes sur ce point, incite Ă assimiler les Lemtouna (LamtĂ»na) aux Lemta/Lamáąa en raison de leur gĂ©nĂ©alogie commune, de leurs localisations très proches (Ouest saharien), et de l’appartenance explicite de ces deux tribus berbères Ă l’ensemble des nomades sahariens porteurs du voile. Selon ces sources arabes, ils sont l’une des tribus berbères sahariennes (au sud de l’oued Souss : Sud du Maroc et actuelle Mauritanie), fondatrice de la dynastie des Almoravides[10] - [11].
En berbère, leur nom est bien conservé dans la tradition orale et l’ethnonymie touarègues sous la forme : elemtey (sing.), ilemteyen (plur.)[12]. Il désigne une petite tribu touarègue de la région Ghât, dans l'actuelle Libye. Selon Charles de Foucauld : « … bien que regardée comme touarègue, [elle] ne fait partie ni des Kel-Ajjer, ni d’aucun des autres groupements touaregs. Elle doit son nom à une femme nommé Lamtoûna. »[13]. À propos de cette Lamtoûna touarègue, de Foucauld ajoute[14] : « D’après les légendes touarègues, Lamtoûna serait la mère de tous les Touaregs, de la tribu des Ilemtéyen et de certaines tribus berbères établies à Ghadamès et dans le voisinage. ». Charles de Foucauld précise par ailleurs que dans le dialecte berbère des sédentaires du Touat et du Tidikelt, Ilemtiyen désigne l’ensemble des Touaregs[13] - [11].
Salem Chaker explique que dans l’ensemble des données issues de la tradition orale touarègue, on détecte ce qui est très certainement l’écho du souvenir historique d’une intégration, politique et/ou ethno-culturelle ( =les nomades sahariens voilés), des ancêtres des actuels Touaregs à l’ensemble Lamtûna/Almoravides. D'après lui, il est clair qu’il y a une identification interne (Lamtoûna = mère de tous les Touaregs) et externe (Ilemtiyen = Touaregs, pour les Berbères sahariens non touaregs)[11].
Lemtounas notables
Notes et références
- Mustapha Naïmi, « Conclusion », dans La dynamique des alliances ouest-sahariennes, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, coll. « Méditerranée-Sud », (ISBN 978-2-7351-1917-2, lire en ligne), p. 283–292
- Jacques-Paul Migne, Dictionnaire de linguistique et de philologie comparée: histoire de toutes les langues mortes et vivantes ou Traité complet d'idiomographie ..., J.-P. Migne, (lire en ligne)
- Jacques Collina-Girard, L'Atlandide retrouvée ?: Enquête scientifique autour d'un mythe, Humensis, (ISBN 978-2-7011-7841-7, lire en ligne)
- R. Benhsain and J. Devisse, Les Almoravides et l'Afrique occidentale xie-xiie siècle; Arabica T. 47, Fasc. 1 (2000), p. 1-36.
- French West Africa 1919, p. 386
- Antoine Ernest Hippolyte Carette, Recherches sur l'origine et les migrations des principales tribus de l'Afrique septentrionale et particulièrement de l'Algérie, Impr. royale, (lire en ligne)
- (en) Comité scientifique international UNESCO, Histoire générale de l'Afrique: L'Afrique du VIIe au XIe siècle, Unesco/NEA, (lire en ligne), p. 336
- Bernard Lugan, Histoire de l'Afrique du Nord: Des origines Ă nos jours, Editions du Rocher, (ISBN 978-2-268-08535-7, lire en ligne)
- Africanus, Leo; Brown, Robert; Pory, John: The History and Description of Africa: And of the Notable Things Therein Contained. Cambridge University Press, 2010, (ISBN 978-1-108-01289-8).
- ± 1048 à 1146 ; voir EB IV (1987, p. 539-541)
- S. Chaker, « Lemtouna, Lamtûna, Lemta, Lamta/Ilemteyen », Encyclopédie berbère, nos 28-29,‎ , p. 4364–4365 (ISSN 1015-7344, lire en ligne, consulté le )
- Ch. de Foucauld 1940, p. 153 et 1951, III, p. 1086-87
- 1940, p. 153
- 1940, p. 318
Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Francophone
- French West Africa. Comité d'études historiques et scientifiques, Bulletin du Comité d'études historiques et scientifiques de l'Afrique occidentale française : Volume 2, Librairie Larose,