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Le Premier Homme

Le Premier Homme est un roman autobiographique inachevé d'Albert Camus, publié en 1994 par sa fille Catherine Camus aux éditions Gallimard[1].

Le Premier Homme
Image illustrative de l’article Le Premier Homme
Vue d'Alger en 1881

Auteur Albert Camus
Pays France
Préface Catherine Camus
Genre Roman autobiographique
Éditeur Gallimard
Date de parution 1994
Nombre de pages 331
ISBN 2-07-073827-2

Genèse

Camus avait conçu ce livre comme la première partie[2] d'une trilogie, lorsqu'il fut victime d'un accident de la route le . Le projet de ce roman était connu d'écrivains de son entourage, dont Claude Roy, de la maison d'édition Gallimard, et de rares initiés, mais était méconnu du grand public bien que Camus eût déjà mentionné son projet dans un entretien à La Gazette de Lausanne publié le [3]. Ce roman posthume aura attendu 34 ans avant d'être publié, ce qui en fit donc l'un des principaux événements littéraires de l'année 1994.

Albert Camus y raconte son enfance de pied-noir algérien et la recherche de son père dans un décor fictif. Il établit un parallèle entre Camus adulte et Camus enfant.

Jacques Cormery, l'alter ego de Camus dans le roman, est un homme de 40 ans qui retourne dans son Algérie natale d'avant-guerre sur les traces de son enfance. Il y retrouve sa mère, une femme encore belle, mais sourde et distante.

Le livre devait explorer la situation de l'homme face au souvenir et le situer quand l'environnement familial est difficile ou singulier. Dans le roman, Camus évoque son père qu'il n'a pas connu, mort au tout début de la Première Guerre mondiale. Tout au long du roman, il cherchera comment exprimer son amour pour ce père invisible, tout en s'efforçant d'en rechercher la trace (Camus s'est rendu au cimetière où a été inhumé son père, dans un carré militaire). Le livre devait ensuite explorer le lien de l'homme à sa famille, Camus évoquant par exemple sa mère et son oncle. Il devait aussi évoquer la famille au sens plus large : explorer les liens avec les cousins, peut-être un prolongement de la fratrie, ou ses premiers ancêtres arrivés en Algérie. De ce fait, le livre suscitait une attente, car il ne pouvait manquer d'y évoquer la guerre d'indépendance de l'Algérie de 1954 à 1962, et d'y mettre en lumière sa position déchirée sur la question. Mais, dans Le Premier Homme tel que publié, la position de Camus n'apparaît pas clairement ; il ne fait en somme que jeter les bases d'une réflexion qu'il prévoyait, sans doute, de développer dans ce qui aurait dû être la seconde partie du roman.

La publication de 1994 indique que certains mots du manuscrit sont illisibles ; il a été décidé de publier le texte en l'état. Les éditions Gallimard envisagent de publier une nouvelle version, en complétant ces passages à l'aide de graphologues et de technologies qui n'existaient pas en 1994.

Par ailleurs, le texte publié ne constituait qu'une partie de l'œuvre que souhaitait publier Camus : il envisageait un livre d'un contenu largement biographique, construit à la manière de Mort à crédit de Céline, qui devait être publié en deux volumes par Gallimard.

À sa mort, Albert Camus n'avait pas encore donné de titre à son nouveau manuscrit, et Le Premier Homme ne désignait qu'un chapitre de l'ouvrage. Ce titre fut finalement retenu parce qu'il illustrait parfaitement le contenu du manuscrit, tout en laissant un sentiment d'inachevé.

L'ouvrage présenté par Gallimard présente un ensemble de notes laissées par Camus, qui devaient être utilisées en notes de travail, pour aborder et compléter les différents chapitres. Ces notes, qui ressemblent à des fragments de textes, vont de quelques mots à une page entière, souvent de souvenirs ou d'anecdotes sur l'Algérie.

Aussi, outre la partie manquante, dont le contenu ne sera jamais connu, il convient d'avoir à l'esprit qu'Albert Camus avait pour habitude de supprimer des passages, parfois importants, au cours de la création de ses œuvres, parce que le sens de l'évolution de son récit avait changé, ou parce que tel développement pouvait finalement être exprimé sous une forme plus concise. Auquel cas, ou bien il retirait les pages concernées, ou bien il masquait les passages défectueux par de longs traits d'encre noire. De tels passages, quand ils ont pu être déchiffrés, n'ont pas été intégrés dans le texte principal de l'édition de 1994, mais ont été ajoutés séparément, en fin de volume, avant les notes.

Résumé

En 1913, Henry Cormery arrive d'Alger pour prendre la gérance d'une ferme dans un petit village algérien près de Bône. Il est accompagné de sa femme sur le point d'accoucher. À leur arrivée, elle met au monde leur fils, Jacques.

Quarante ans plus tard, nous retrouvons Jacques, devenu adulte, qui tente de savoir qui était son père. Celui-ci, mort lors de la guerre, un an après sa naissance, lui est donc inconnu. Jacques se rend pour la première fois sur sa tombe à Saint-Brieuc.

Peu après, lors d'un voyage à Alger où il rend visite à sa mère, Catherine, il retourne à Bône pour tenter de savoir qui était son père. Tentative vouée à l'échec car les traces du passage de son père ont disparu. Sa mère, qui parle très peu, ne lui apprend rien de plus.

Jacques se souvient de son enfance dans la maison de sa grand-mère chez qui vit Catherine, depuis la mort de son mari, avec son frère sourd et son oncle. C'est une famille illettrée et très pauvre.

Jacques rentre à l'école où il côtoie des enfants de parents plus aisés et prend plaisir à étudier. Son instituteur remarque ses aptitudes et rend visite à sa famille pour la persuader de le laisser étudier au Lycée. La grand-mère commence par refuser dans la mesure où elle compte sur le futur travail de Jacques en apprentissage pour apporter un peu plus d'argent au foyer. L'instituteur réussit cependant à la convaincre de le laisser passer l'examen des bourses pour entrer au lycée. Il lui donne gratuitement le soir des leçons particulières avec quelques camarades. Jacques sera reçu au lycée.

Sa grand-mère tient à ce qu'il fasse sa première communion avant l'entrée au lycée. Elle lui fait donc suivre, à un rythme accéléré, un enseignement de catéchisme.

Avec le lycée d'Alger, il découvre un nouvel univers situé à l'autre bout de la ville dans un quartier bourgeois, où il se rend chaque jour par le tramway avec son ami Pierre.

Adaptations

Cinéma

Bande dessinée

Bibliographie

  • Baptiste Jacomino, « Camus et son maître d'école : la pédagogie républicaine de Monsieur Bernard est-elle désuète ? », Le Philosophoire, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, no 39 « La République », , p. 107-116 (DOI 10.3917/phoir.039.0107, lire en ligne).
  • Jean Sarocchi, Le dernier Camus ou Le premier homme, Paris, A.-G. Nizet, , 317 p. (ISBN 2-7078-1194-7, présentation en ligne).
  • Pierre-Louis Rey, Le Premier Homme d'Albert Camus, Paris, Gallimard, coll. « Foliothèque » (no 152), , 216 p. (ISBN 978-2-07-034099-6).
  • Paul Zawadzki, « « Un homme ça s'empêche » : sentiment moral et dimensions de la désobéissance », dans Gilles J. Guglielmi et Claudine Haroche (dir.), L'esprit de corps, démocratie et espace public, Paris, Presses universitaires de France, coll. « La politique éclatée », , 324 p. (ISBN 2-13-054659-5, DOI 10.3917/puf.gugli.2005.01.0119), p. 119-138.

Notes et références

  1. Albert Camus, Le Premier Homme, Paris, Gallimard, , 331 p. (ISBN 2-07-073827-2)
  2. Voir le tome III des Carnets de Camus où il évoque en particulier et à plusieurs reprises le mythe de Némésis.
  3. Cité dans la postface de Carl Gustav Bjurström aux Discours de Suède, p. 84.
  4. Fiche de l'album, sur le site de l'éditeur.
  5. Fiche de l'album, sur le site de l'éditeur.

Liens externes

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