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Le Feuillu (GenĂšve)

Le Feuillu est une fĂȘte populaire et folklorique du canton de GenĂšve en Suisse, se rattachant Ă  l'antique tradition du Feuillu. Cette fĂȘte a lieu le premier dimanche de mai dans plusieurs communes genevoises. Elle est reconnue comme faisant partie du patrimoine immatĂ©riel du canton de GenĂšve[1]. Elle fait Ă©galement partie des traditions vivantes de Suisse[2].

Le Feuillu (GenĂšve)
Onex, 2011
Onex, 2011

Observé par Canton de GenÚve, Suisse
Type FĂȘte paĂŻenne
Signification Rite paysan de type païen, célébration du retour du printemps
Date 1er dimanche de mai
Lié à Arbre de mai

Historique

Le Feuillu, aussi Ă©crit anciennement « Folliu », « Folhiu » ou « Foeillu »[3], est une fĂȘte qui se rattache Ă  l'antique tradition des « quĂȘtes de mai » rĂ©pandues dans toute l'Europe[4]. Elle peut Ă©galement ĂȘtre rapprochĂ©e de la « FĂȘte du Fou » (le fou Ă©tant dĂ©rivĂ© de fagus, hĂȘtre) ainsi qu'Ă  celle des « MaĂŻentzets » ou encore Ă  celle de l'arbre de mai[5].

Selon le Glossaire genevois[6], premiĂšre publication en 1851,

"Le folliu est une rĂ©jouissance que font les petits bouviers (...) le premier dimanche de mai. L'un se couvre le buste d'une enveloppe de feuillage garnie de fleurs et de rubans et va avec quelques camarades faire la quĂȘte chez les particuliers, (...). Ces jeunes gens s'amusent le reste de la journĂ©e Ă  friper le produit de leur quĂȘte."

Cette fĂȘte aurait Ă©tĂ© Ă  l'origine un rite paysan de type paĂŻen[7], probablement d'origine celtique[8] et dont le but est de cĂ©lĂ©brer le retour du printemps[3]. Au XVIe siĂšcle, Calvin la fit interdire dans les communes genevoises[3].

Dans un article sur l’usage et la disparition du patois dans le canton de GenĂšve, l’auteur met en relation la pratique de traditions telles que les « failles » et le « feuillu » et la prĂ©sence de patoisants et de natifs dans les villages. En 1925, la tradition aurait encore Ă©tĂ© active dans la rĂ©gion entre Lancy et Avully. Il serait aussi connu dans « la partie occidentale du Pays de Gex Â»[9].

L’article « Feuillu » paru en 1926 dans le Dictionnaire historique et biographique de la Suisse[10] atteste que cette coutume est encore pratiquĂ©e dans plusieurs communes du canton de GenĂšve : Plan-les-Ouates, Bardonnex, Onex, Confignon, Bernex, Cartigny et Avully. Les garçons construisaient alors « le Feuillu ou la BĂȘte, sorte de cage conique de deux mĂštres de haut, recouverte de feuillage, de fleurs et de rubans, dissimulant celui qui la transporte » ; ils vont de porte en porte et quĂȘtent des Ɠufs et des friandises. Les filles de leur cĂŽtĂ© « cĂ©lĂšbrent la Reine de mai, une des leurs habillĂ©e en Ă©pousĂ©e, qu’elles accompagnent aussi de maison en maison ». L'article prĂ©cise que sur les anciennes terres genevoise, la censure du Consistoire s’exerce contre ces divertissements : en 1614, les officiers doivent empĂȘcher « qu’on ne fasse de petites Ă©pouses, cela Ă©tant contraire Ă  la pudeur et aux bonnes mƓurs ».

Un groupe de danse populaire « Le Feuillu » est fondĂ© en 1956 Ă  Plan-les-Ouates par Jo Baeriswyl et Paul Pulh, Ă  la suite de reprĂ©sentations du « Jeu du Feuillu Â» d'Émile Jaques-Dalcroze[7] - [11].

Description

La « bĂȘte de mai » en 2011 Ă  Onex

Dans cette fĂȘte qui commence par un cortĂšge, ce sont les enfants qui sont mis en scĂšne : ceux de l'Ă©cole enfantine et de l'Ă©cole primaire[12]. Les plus petits sont pris en charge par les plus grands. Chacun porte sur la tĂȘte une couronne de fleurs. Deux enfants jouent le roi et la reine, ils se tiennent devant le cortĂšge et donnent le rythme et le pas du cortĂšge, suivis des porteurs de quenouillettes[13]. Une construction de branchages appelĂ©e « la bĂȘte »[4] ou « le Feuillu Â», recouverte de lierre et de fleurs, aussi de buis[12], mesurant prĂšs de 2 mĂštres de haut[12], symbolise le printemps vainqueur et est transportĂ©e au sein du cortĂšge. Le Feuillu peut aussi ĂȘtre « un mannequin façonnĂ© Ă  l’aide de branches et entiĂšrement couvert de feuilles qui ne laisse pas voir le jeune homme qui s’est glissĂ© Ă  l’intĂ©rieur »[14]. La bĂȘte Ă©voque sans doute l'ours sortant de son hivernation[3].

Pour l'occasion, les fontaines sont nettoyées et décorées[13] - [15].

Le cortĂšge fait le tour du village, parfois en chantant des chansons de la FĂȘte du Feuillu de Jaques-Dalcroze[13]. On rencontre Ă©galement les chansons « Beau mois de mai Â» ou encore « Il est revenu Â»[12].

Communes concernées

Communes oĂč se dĂ©roule le Feuillu
  • Tradition active
  • Tradition Ă©teinte
Le Feuillu à Onex en 2011: décoration des fontaines avec des fleurs
Roi et Reine de mai

Selon la « Liste des traditions vivantes en Suisse », cette fĂȘte populaire est connue dans les communes de : Avusy, Bardonnex, Cartigny, Confignon, Onex, Perly et Plan-les-Ouates[2].

Tradition se continuant de nos jours
  • Cartigny[17] - [18]
    En 1908, le rĂ©gent donne une nouvelle dynamique Ă  une fĂȘte sur le dĂ©clin, en utilisant les chants du « Jeu du Feuillu » d'Émile Jaques-Dalcroze[19]. La fĂȘte est prĂ©cĂ©dĂ©e par un nettoyage des fontaines. Une quĂȘte d’Ɠufs est destinĂ©e Ă  prĂ©parer des gĂąteaux.
    Un documentaire de 1978[15] recueille les tĂ©moignages des anciens, explique en dĂ©tail le dĂ©roulement de la fĂȘte, et montre que la tradition est bien vivante. Sont mentionnĂ©s les Feuillus se dĂ©roulant Ă  Plan-les-Ouates, et de maniĂšre Ă©tonnamment analogue Ă  Bad Ragaz[20] (canton de Saint-Gall).
  • Confignon[21]
    FĂȘte rĂ©introduite vers 1958 par madame Blanchet, institutrice[8] - [22], avec la « bĂȘte de mai » dĂšs les annĂ©es 1960.
    Un documentaire de 1964 montre la confection de la « bĂȘte de mai »[22].
    Le quartier moderne de Cressy le célÚbre depuis le [23].
  • Onex
    Le Feuillu n'était plus célébré depuis la fin des années 1960 et la forte urbanisation de la commune.
    Renaissance en avec un cortĂšge fleuri avec roi et reine et « bĂȘte de mai », dans le Vieil-Onex.
  • Perly-Certoux
    Au village de Perly[24] - [25]
    Célébré le premier samedi du mois de mai ; les élÚves de l'école primaire décorent le char du Feuillu la veille. Un élÚve du cycle élémentaire (environ 4-6 ans) est élu Roi ou Reine de Mai et défile avec son ou sa bien-aimé(e)[26].
Tradition Ă©teinte
France voisine

Cette tradition existait Ă©galement dans certains villages du Pays de Gex en France prĂšs de la frontiĂšre Suisse. À FeigĂšres, hameau de la commune de PĂ©ron dans l'Ain chaque annĂ©e dĂ©but mai, un chariot en forme de tipi, dĂ©corĂ© de branches et de fleurs de lilas tirĂ© par des jeunes tournait dans le village jusque dans les annĂ©es 1960 environ.

Dans la littérature

Émile Jaques-Dalcroze Ă©voque la fĂȘte du Feuillu dans son jeu du Feuillu[28].

Bibliographie

Filmographie

  • Traditions.ge : GenĂšve Ă  travers 30 traditions, SĂ©verin Bolle, 2007, chapitre « printemps ». Documentaire.
  • Yvette Perrin (journaliste), Jean-Pierre Moutier (rĂ©alisateur), « Cartigny en fĂȘte », Ă©mission Folklore de la RTS, , vidĂ©o 36 min[15]. Les enfants de Cartigny cĂ©lĂšbrent chaque printemps la fĂȘte du Feuillu. Images du Feuillu Ă  Plan-les-Ouates et Ă  Bad Ragaz.

Notes et références

  1. Tribune de GenĂšve, 30 avril 2012, La fĂȘte du Feuillu survit grĂące aux bĂ©nĂ©voles, par Caroline Zumbach, p.21
  2. « Le Feuillu », Traditions vivantes, Office fédéral de la culture (OFC) (consulté le ).
  3. « FĂȘte du Feuillu », in Conf'Infos (bulletin d'information de la municipalitĂ© de Confignon), n°41, juillet 2006, p.2.
  4. « Le Jeu du Feuillu », site de l'Orchestre de Chambre de Carouge.
  5. « La tradition de la FĂȘte du Feuillu »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), site de la commune de Plan-les-Ouates.
  6. Jean Humbert, Glossaire genevois, GenĂšve, Slatkine, , 268 p. (ISBN 2-05-100516-8), p. 212-213
  7. « FĂȘte du Feuillu », site du groupe de danse populaire genevois « Le Feuillu ».
  8. Le premier week-end de mai, on fĂȘte le Feuillu ; RĂ©tablie dans le bassin genevois, cette tradition celtique perdure dans plusieurs communes du canton, site de la Tribune de GenĂšve, 28.4.2004.
  9. Giuliano Broggini, « Le souvenir du patois dans le Canton de GenĂšve », Le Globe. Revue genevoise de gĂ©ographie, vol. 124,‎ , p. 75-110 (lire en ligne).
  10. Dictionnaire historique et biographique de la Suisse.
  11. [PDF] Â« Catalogue Â» du groupe des archives La mĂ©moire de Plan-les-Ouates. Voir cotes 3.15 (groupe de danse), 4.1.3 (20e du Feuillu), 4.2.10 (groupe de danse), 4.3.1 (Le Feuillu et cycle de mai), 5.2.1 et 5.3.1/6 (Le Jeu du Feuillu, Jaques-Dalcroze, hors Plan-les-Ouates), 7.2.6/3.5 (restaurant Le Feuillu).
  12. Nouvelles Onex Bernex Confignon Plan-les-Ouates Lancy Champagne, n°354, mai 2011, La fĂȘte du Feuillu Ă  Confignon, p.31
  13. Alvise Pinton, « Le Feuillu », in L'Onésien, n°362, mai 2010, p.15.
  14. L'Homme sauvage, Tristan Mandon, 2001-2004.
  15. Yvette Perrin, Jean-Pierre Moutier, « Cartigny en fĂȘte », Ă©mission Folklore de la RTS, 14 mai 1978, 36 min.
  16. « Vive le Feuillu », in Bulletin d'information, juin 2000, n°13, p.12.
  17. Calendrier des manifestations communales, site de la commune de Cartigny.
  18. « Le Feuillu », in L'Écho de Cartigny, mai 2009, p.5.
  19. CĂ©cile Danayrouse, « La fĂȘte aux origines paĂŻennes qui a horrifiĂ© Jean Calvin », Tribune de GenĂšve,‎ 3-4 mai 2014, p. 23
  20. Sous le nom de MaibĂ€r soit « ours de mai », voir le site www.maibaer.ch.
  21. « Venez au Feuillu le 6 mai 2007 », in Conf'Infos, n°44, mars 2007, p.8.
  22. « C'est le Feuillu! », Ă©mission Carrefour de la RTS, 4 mai 1964, 3 min. Plus sur madame Blanchet dans Alexandre Lachavanne, « La riviĂšre et l’enfant », Passe-moi les jumelles, sur www.rts.ch, RTS, (consultĂ© le ).
  23. Le Feuillu 2007 Ă  Cressy, site de l'Association des habitants de Cressy.
  24. Calendrier des manifestations communales, Commune de Perly-Certoux : procÚs-verbal de la séance du conseil municipal du 18 octobre 2007, p.7].
  25. Jean-Marc Membrez, « Perly-Certoux » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  26. « Activités », sur Appertoux (consulté le ).
  27. Traditions.ge : GenÚve à travers 30 traditions, Séverin Bolle, 2007, chapitre « printemps ». Documentaire.
  28. Émile Jaques-Dalcroze et son temps, par Alfred Berchtold, Éditions L'Âge d'Homme, p.68.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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