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Le Bonnet rouge

Le Bonnet rouge est un pĂ©riodique français, sous-titrĂ© « Organe de la dĂ©fense rĂ©publicaine » (Paris, no 1, - 1922), hebdomadaire (1913), puis quotidien (1914) satirique rĂ©publicain et anarchiste français, dirigĂ© par Maurice FourniĂ© et ayant pour rĂ©dacteur en chef Miguel Almereyda.

Le Bonnet rouge fut impliqué dans divers scandales lors de la Première Guerre mondiale, étant accusé notamment de défaitisme. Il fut une cible privilégiée de l'Action française, mouvement royaliste d'extrême droite.

Historique

Ce journal d'extrême-gauche reste attaché aux polémiques qu'il suscita durant la Première Guerre mondiale, notamment par Léon Daudet et l'Action française qui lui reprochaient d'avoir défendu un rapprochement avec les Allemands. En effet, Almereyda était un militant antimilitariste et internationaliste qui s'était longuement opposé au conflit armé.


L'affaire Caillaux

Le Bonnet Rouge, Les rois de la RĂ©publique, 1914.

L'enquĂŞte et la fermeture du journal

Le capitaine Pierre Bouchardon, magistrat dĂ©tachĂ© comme juge d'instruction auprès du 3e conseil de guerre fut chargĂ© d'enquĂŞter sur l'origine des fonds versĂ©s au journal après qu'on eut dĂ©couvert des transferts allemands, en lien avec l'affaire Bolo Pacha. Il dĂ©couvrit en mĂŞme temps des correspondances entre Almereyda et Caillaux[1]. Ce dernier sera contraint de s'expliquer sur les relations qu'il entretenait avec les dirigeants de ce journal. Il fut arrĂŞtĂ© en 1917 pour « intelligence avec l'ennemi Â».

Le , Émile-Joseph Duval est arrĂŞtĂ© Ă  la frontière suisse avec un chèque de 150 000 francs[2] du banquier allemand Marx de Mannheim[3]. Selon les souvenirs de LĂ©on Daudet, militant de l'Action française, ayant en premier lieu prĂ©textĂ© une affaire de liquidation des « Bains de mer de San Stefano »[4], il fut tout d'abord inculpĂ© de commerce avec l'ennemi.

L'affaire des fonds étrangers versés au Bonnet rouge conduisit également à l'arrestation de Miguel Almereyda et à son décès dans des circonstances mystérieuses, en détention.

Plusieurs thèses

Dans son livre L'Offensive morale des Allemands en France pendant la guerre - L'Assaut de l'âme française, le lieutenant Louis Marchand dĂ©crit le Bonnet rouge comme un « journal subventionnĂ© par le gouvernement français et organe du grand Ă©tat-major allemand Â» et indique qu'il n'y aurait pas eu une thèse du journal de propagande allemand en langue française, La Gazette des Ardennes, que le Bonnet rouge n'aurait pas tentĂ© d'imposer.

Selon un autre livre écrit par des militants de l'Action française après la Seconde Guerre mondiale, le nom du ministre de la guerre, Paul Painlevé, aurait figuré dans la liste des contributeurs du journal, sans qu'il en ait écrit un seul article de sa main . Il n'aurait pourtant pas protesté contre ce soi-disant usage de son nom[5].

L'affaire aujourd'hui

Cette série d'affaires est loin d'être claire, de nombreuses zones d'ombres demeurent. Selon son fils, le cinéaste Jean Vigo, Almeyreda n'avait rien d'un espion ni d'un traitre. Il aurait mis fin à ses jours à cause de ces rumeurs tenaces. En résumé, on y découvrirait la jalousie de ses collègues anarchistes et la gêne qu'il aurait représentée pour certains membres du gouvernement qui en effet avaient contribué au journal quand ils étaient plus jeunes et pacifistes de gauche .

Bibliographie

  • Louis Marchand, L'Offensive morale des Allemands en France pendant la guerre - L'Assaut de l'âme française, prĂ©face de Maurice Barrès, 1920.
  • Bruno Besnier, L'affaire du Bonnet Rouge, MĂ©moire de Master II d'Histoire, École pratique des hautes Ă©tudes, 2006.
  • Noel Bothorel, Contribution Ă  l'Ă©tude de l'inadaptation sociale du Breton, thèse de Doctorat en MĂ©decine, universitĂ© de Paris, 1963.
  • C.E. Ladjimi Affaire du « Bonnet rouge », inventaire, master 2 de sociologie politique, UniversitĂ© de Paris 10, annĂ©e universitaire 2007-2008, lire en ligne.
  • LĂ©on Daudet Le poignard dans le dos http://www.histoireebook.com/index.php?post/Daudet-Leon-Le-poignard-dans-le-dos
  • Anne Steiner, RĂ©volutionnaire et dandy : Vigo dit Almereyda. L'Ă©chappĂ©e, 2020. Analyse de l'ouvrage
  • Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir : ouvriers et rĂ©volutionnaires face Ă  la guerre : 1909-1914, Montreuil et Paris, L'Insomniaque et Libertalia, impr. 2016, dl 2016, 558 p. (ISBN 978-2-918059-82-0, 2-918059-82-X et 2-918059-54-4, OCLC 951904684, lire en ligne)

Notes et références

  1. Site du Sénat français, L'affaire « Bonnet Rouge »
  2. Yves Charpy, Paul-Meunier : Un député aubois victime de la dictature de Georges Clemenceau, Editions L'Harmattan, 2011, 392 p., p. 242
  3. Bibliothèque numérique de la BnF
  4. LĂ©on Daudet, Souvenirs politiques, Ă©ditions Albatros, 1974, p.90
  5. Histoire de l'Action française, Lazare de Gérin-Ricard et Louis Truc, Fournier Valdès, 1949, p.104

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