AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Langues dakota

Le dakota (ou sioux ou dakotan ou dakota-assiniboine-stoney) est une chaĂźne dialectale (continuum linguistique) de la famille des langues siouanes rassemblant les dialectes parlĂ©s par l’ensemble des peuplades amĂ©rindiennes d’AmĂ©rique du Nord qui sont passĂ©es Ă  l’histoire avec le nom de Sioux, ainsi que par d’autres groupes (Assiniboines, Stoneys[1]) qui se sont anciennement dĂ©tachĂ©s des premiĂšres. Ces parlers s'Ă©tendent du Minnesota Ă  l'est jusqu’aux Rocheuses canadiennes, au nord-ouest.

Dakota
Pays États-Unis, Canada
RĂ©gion Dakota du Sud, Dakota du Nord, Minnesota, Nebraska, Montana, Saskatchewan, Alberta, Manitoba
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau du Dakota du Sud Dakota du Sud (États-Unis)
(langue autochtone officielle)
Codes de langue
IETF dak, lkt, asb, sto
ISO 639-3 dak – dakota
lkt – lakota
asb – assiniboine
sto – stoney

Évolution des Ă©tudes

Traditionnellement, et d’une façon bien consolidĂ©e, la langue dakota originale Ă©tait subdivisĂ©e en trois grands groupes dialectaux :

  • dakota (au sens strict) : parlĂ© par les quatre tribus orientales qui se nommaient Isanyati ou Isanti et qui sont connues avec l’appellation europĂ©anisĂ©e de Santee ;
  • nakota : qu’erronĂ©ment on supposait parlĂ© par les deux tribus centrales des Yanktons et des Yanktonais, aussi bien que par les Assiniboines qui s’étaient anciennement dĂ©tachĂ©s des Yanktonais ;
  • lakota : parlĂ© par la tribu occidentale des Lakotas (Tetons) qui s’étaient dĂ©placĂ©s sur les grandes prairies en Ă©poque historique.

Alors qu’au cours des annĂ©es cette rĂ©partition avait Ă©tĂ© parfois critiquĂ©e, premiĂšrement par la grande anthropologue d’origine yanktonne, Ella Deloria (en)[2], en 1978, Douglas R. Parks, David S. Rood, et Raymond J. DeMallie entreprirent une enquĂȘte linguistique systĂ©matique dans les rĂ©serves sioux et assiniboines pour en Ă©tablir la dialectologie prĂ©cise[3].

De leurs Ă©tudes, il a rĂ©sultĂ© que la connaissance du dakota a reposĂ© sur une erreur, souvent rĂ©pĂ©tĂ©e depuis le XIXe siĂšcle, que les trois supposĂ©es subdivisions de cette langue Ă©taient basĂ©es sur une opposition phonologique /-n-/ , /-d-/ et /-l-/ montrĂ©e dans l'autonyme prĂ©sumĂ© des Sioux: dakhota, nakhota et lakhota. Ce qui n’était pas tout Ă  fait correct, ainsi qu’il est tĂ©moignĂ© par ces exemples, qui montrent l'inexistence d'une correspondance systĂ©matique « n-d-l »[4] - [5] :

françaiscecitrÚsjeune fillevomirtricher
sisseton-santeedenĂ­nawičhÄŻÌyąda / wičhÄŻÌyąna[6]hdĂ©pahnĂĄyą
yankton-yanktonaidenĂ­na / dĂ­na[7]wičhÄŻÌÄanakdĂ©pa / gdĂ©pa[8]knĂĄyą
lakotalelĂ­lawičhÄŻÌÄalaglĂ©pagnĂĄyą
assiniboinenenĂ­nawičhÄŻÌÄanaknĂ©paknĂĄyą
stoneynenĂ­nawÄŻyą́nhnĂ©bahną

Cependant l'enquĂȘte susdite montre incontestablement qu'Ă  prĂ©sent les groupes intĂ©ressĂ©s s'auto-dĂ©signent ainsi (et il n'existe pas d’élĂ©ments pour penser qu’auparavant cela ait pu ĂȘtre diffĂ©rent)[9] - [10] :

  • DakhĂłta - les Santees
  • DakÈŸĂłta - les Yanktons et les Yanktonais
  • LakÈŸĂłta - les Tetons
  • NakhĂłta ou nakhĂłna - les Assiniboines
  • NakhĂłda - les Stoneys

Par consĂ©quent, l’attribution aux Yanktons et aux Yanktonais de l’appellation de Nakotas doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e dĂ©finitivement dĂ©nuĂ©e de tout fondement[11].

Bien que la littĂ©rature suivante, surtout celle qui ne vient pas de spĂ©cialistes en linguistique, ait montrĂ© plus que quelques rĂ©sistances Ă  partager pleinement les conclusions de Parks et DeMallie[12], elles ont Ă©tĂ© entiĂšrement confirmĂ©es par l’étude qui a durĂ© plus de vingt ans qui a Ă©tĂ© achevĂ©e « sur le terrain » par Jan Ullrich et qui a portĂ© Ă  la rĂ©daction de son dictionnaire lakota, publiĂ© en 2008[13].

SIL International classifie la chaĂźne dialectale dakota comme une branche autonome du sous-groupe « VallĂ©e du Mississippi » des langues siouanes ; selon le SIL, cette branche serait formĂ©e par quatre langues, dont l’une, nommĂ©e (elle aussi) « dakota » (code ISO 639-3 dak), serait subdivisĂ©e, en deux dialectes ultĂ©rieurs appelĂ©s respectivement santee-sisseton (ou dakota[14]) et yankton-yanktonai (encore aussi dĂ©signĂ©, par la force de l’inertie, nakota)[15].

Cependant les enquĂȘtes de Parks/Rood/DeMallie et d’Ullrich Ă©tablissent d'une maniĂšre toute convergente que le continuum linguistique compte cinq dialectes :

Le long de la chaĂźne dialectale, l'Ă©coulement du temps a crĂ©Ă© une rupture de la comprĂ©hensibilitĂ© mutuelle entre les cinq dialectes : selon Ullrich, « le dialecte [language] nakoda des Assiniboines n’est pas intelligible aux gens de langue lakota et dakota Ă  moins qu’ils n’aient Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  ce parler dans une mesure fort Ă©tendue. La version stoney de la langue nakoda est complĂštement inintelligible aux gens de langue lakota et dakota. Comme tels, les deux parlers nakodas ne peuvent pas ĂȘtre considĂ©rĂ©s de dialectes de la langue lakota et dakota »[2].

Notes et références

  1. Nom utilisé au Canada pour beaucoup de groupes ayant pour origine des Assiniboines.
  2. Ullrich 2008, p. 2.
  3. Une prĂ©sentation rapide de l'enquĂȘte est faite dans Parks et DeMallie 1992.
  4. Tous les exemples sont tirés de Parks et DeMallie 1992.
  5. L'orthographe utilisée est la transcription traditionnelle des linguistes siouanistes, pour la comprendre voir : Lakota (langue)
  6. En sisseton
  7. En upper yanktonai
  8. En yanktonai
  9. Parks et DeMallie 1992.
  10. L’orthographe utilisĂ©e est l’orthographe lakota standard adoptĂ©e par le dictionnaire de Jan Ullrich (Ullrich 2008).
  11. Pour un exposĂ© plus large de l’histoire de l’erronĂ©e dĂ©nomination des Yanktons et des Yanktonais, voir l’article Nakotas.
  12. Voir, à pur titre d’exemple, les ouvrages de Guy E. Gibbon et de Jessica Dawn Palmer (Gibbon 2008 et Palmer 2011).
  13. Ullrich 2008.
  14. Avec quoi la confusion des termes devient la plus grande : le mot « dakota » est utilisé soit pour la chaßne de toutes les langues sioux, soit pour l'ensemble des dialectes parlés par les Sioux orientaux et centraux (dak), soit pour une subdivision interne de cet ensemble (pas codifiée ISO 639-3) qui est placée à cÎté du yankton-yanktonai (pas codifié non plus).
  15. Lewis 2009.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) M. P. Lewis, Ethnologue : Languages of the World, SIL International, , 16e Ă©d. (lire en ligne).
  • (en) Douglas R. Parks et Raymond J. DeMallie, « Sioux, Assiniboine, and Stoney Dialects: A Classification », Anthropological Linguistics, vol. 34, nos 1/4,‎ , p. 233-255 (ISSN 0003-5483, lire en ligne).
  • (en) Jan F. Ullrich, New Lakota Dictionary : LakÈŸĂłtiyapi-English, English-LakÈŸĂłtiyapi & Incorporating the Dakota Dialects of Yankton-Yanktonai & Santee-Sisseton, Lakota Language Consortium, , 1100 p. (ISBN 0976108291 et 9780976108290, prĂ©sentation en ligne).
  • (en) Guy Gibbon, The Sioux : The Dakota and Lakota Nations, John Wiley & Sons, , 328 p. (ISBN 0470754958 et 9780470754955, prĂ©sentation en ligne, lire en ligne).
  • (en) Jessica Palmer, The Dakota Peoples : A History of the Dakota, Lakota and Nakota through 1863, McFarland & Company, (ISBN 0786451459 et 9780786451456, prĂ©sentation en ligne).

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.