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Lamidat de Banyo

Le lamidat de Banyo est une chefferie traditionnelle située dans la commune de Banyo, dans le département du Mayo-Banyo une localité de la région de l'Adamaoua du Cameroun. Ce lamidat est le siège final d'un vaste mouvement de conquête, en Afrique subsaharienne, déclenché au XIXe siècle par le sultan Foulbé Othman Dan Fodio. Cette période marque aussi le début des conflits entre les éleveurs eux-mêmes, et entre les éleveurs et les agriculteurs du Nord Cameroun. Ces conflits prendront fin avec l'arrivée des européens en Afrique centrale durant l'époque coloniale.

Lamidat de Banyo
Lamidat de Banyo
Façade du lamidat de Banyo.
Administration
Pays Drapeau du Cameroun Cameroun
RĂ©gion Adamaoua
DĂ©partement Mayo-Banyo
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 6° 45′ nord, 11° 49′ est
Localisation
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Lamidat de Banyo
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Lamidat de Banyo
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Lamidat de Banyo

    Les grands dignitaires du Lamidat de Banyo

    Les grands dignitaires du lamidat de Banyo peuvent être classifié en deux grandes catégories dont les premiers portèrent le titre de Ardo au rang desquels figure :

    • Ardo yadji
    • Ardo Hama djam
    • Ardo Djabboule
    • Ardo Hama Dicko
    • Ardo Boulo
    • Ardo Bah Oumarou 1810-1815
    • Ardo Oussamatou 1815-1823
    • Ardo Zahimou 1823 (3mois).

    La seconde catégorie est celle des dignitaires portant le titre de Lamido. Parmi ces derniers, on peut avoir :

    • Ardo Hamma gabdo, fils de Ardo Oussamatou, règne avec succès de 1823-1875, il fut le fondateur du Lamidat de Banyo. A 53 ans au trĂ´ne, il meurt Ă  Kontcha-Banyo-Gaschaka. Après lui,
    • Modibbo Oussoumanou, fils de Ardo Hama Gabdo, arriva au trĂ´ne il regna de 1875-1893 soit 18 and au trĂ´ne. Par la suite,le trĂ´ne de ce lamidat sera occupĂ© par 05 enfants de modibbo Oussoumanou dont:
    • Hamadjam Yamba qui rĂ©gna pendant l'annĂ©e 1893 soit 40 jours au trĂ´ne. Elle fut occupĂ© par son frère le feu
    • Ardo Oumarou qui tua de ses propres mains Hermann Nolte. il rĂ©gna de 1893-1902, Martyrs de l'histoire de ce lamidat , il fut arrachĂ© a la vie par les Allemands et son règne durera que 9ans. La mĂŞme annĂ©e, son illustre frère
    • Dewa Ibrahima accĂ©da a la dignitĂ© de cette chefferie entre 1902-1903. Il rĂ©gna pendant 10 mois et mourut a Banyo.son frère
    • Mohaman Gabdo fils de Modibbo Oussoumanou prit le pouvoir ente 1903-1904 mais son règne fut plus court que celle de son prĂ©dĂ©cesseur. Car ne durera que 8 mois.c'est dans cette Ă©poque troublĂ©e qu'apparu le feu
    • Modibbo Yahya entre 1904-1911 mais ce dernier fut destituĂ© a 7 ans de règne par l'administration coloniale qui investit a sa place
    • Mohaman Dicko qui Ă©tait le fils du feu Ardo Oumarou entre les annĂ©es 1911-1913, a 3ans de règne, il mourut en dĂ©portation. Et ce fut le tour de
    • Aboubakar fils de Modibbo Oussoumanou qui rĂ©gna de 1913-1917. Il mourut en dĂ©portation a 4ans de règne a Banyo. Par la suite,
    • Modibbo Yahya est encore rappelĂ© au trĂ´ne entre 1917-1934, il mourut en dĂ©portation.
    • Bobbowa Adamou rĂ©gna durant 8ans après lui entre les annĂ©es 1934-1942. Son règne fut connue pour une Ă©poque de paix et de tranquillitĂ©. Il mourut Ă  Banyo et fut remplacĂ© par
    • Elh. Iyawa Adamou, premier lamido parlementaire de 1947-1966, il rĂ©gna de 1942-1966 ou il mourut Ă©tant dĂ©putĂ© a l'ARCAM.
    • Aboubakar Garba le succĂ©da au trĂ´ne et rĂ©gna de 1966-1978 oĂą il mourut a Banyo Ă  la suite d'ennuis de santĂ©. Son frère
    • Djidjiwa Djoubeirou 1978-1988 mourut aussi a Banyo a 10ans de règne. Laissant place au parlementaire
    • Mouhaman Soudi Yaya qui occupa le trĂ´ne de 1988-1997 il est mort parlementaire.
    • Elh.Mohaman Gabdo Yaya arrive au trĂ´ne le 24 octobre 1997, dernier d'une lignĂ©e des fils du lamido Yahya, il fut maire de 2007 a 2013 dans la commune de Banyo et SĂ©nateur de l'Adamaoua de 2013 jusqu'Ă  nos jours.

    GĂ©ographie

    Localisation et climat

    Le lamidat se trouve dans la rĂ©gion de l'Adamaoua, Ă  une altitude moyenne de 1 000 Ă  1 500 mètres, une rĂ©gion composĂ©e principalement de granites et de migmatites[1]. Le climat de Banyo est de type tropical avec une pluviomĂ©trie annuelle de 1 740 mm. Le mois le plus sec est celui de janvier avec mm de prĂ©cipitation et le mois le pluvieux est celui de septembre avec 292 mm[2]. La tempĂ©rature moyenne annuelle de 22,7 °C, cependant, le mois de fĂ©vrier est le plus chaudde l'annĂ©e avec une tempĂ©rature moyenne de 26,7 °C, tandis que le mois d'aoĂ»t est le plus froid avec une tempĂ©rature de 21,3 °C[2]. Le lamidat s'Ă©tend sur une superficie d'environ 6 200 km2.

    Végétation

    La végétation du plateau est la forêt sèche, serpentée par les galeries forestières et des cours d'eau. La déforestation continue de cette forêt par les habitants, à des fins de subsistance (feux de brousse, piétinement des troupeaux) a eu pour effet de remplacer progressivement la forêt par la savane. En 1969; seulement 2 % de la surface totale du plateau sont cultivables[1].

    Histoire

    Le Lamidat de Banyo est issu d'un vaste mouvement de conquête déclenché par le sultan Othman Dan Fodio au XIXe siècle. Selon la tradition orale son origine se situe entre 1820 - 1825 et son fondateur est Hamagabdo. Celui ci annexe les peuples de cultivateurs animistes : les Vouté et les Wawa (au Nord), les Kondja et les Mambila (au sud)[1] pour installer la première capitale à Kontcha (Kondja) dans la plaine Koutine[3]. Une fois atteint par le poids de l'âge, son fils Hamassoumou perpétue son œuvre de conquête en envahissant la plaine de Tikar et le plateau de Mambila. Les mouvements de conquête sont initiés en 1830 de la région de Sokoto au Nigeria et prennent fin vers 1840 avec la création du Lamidat de Banyo. Ces conquêtes s'étendent jusqu'aux limites de la région de l'Ouest du Cameroun en territoire Bamilélké, et celle du Littoral, aux abords de la Sanaga Maritime[4]. Des peuples conquis, seuls les Wawa se soumettent sans combattre, contrairement aux autres tribus qui opposent une résistance farouche. Les chefferies Boutés sont conquises progressivement et réduits à l'esclavage, les Mambila et les Kondja se réfugient dans la plaine des tikar ou les Foulbés ne purent les poursuivre; se contentant d'y effectuer des sanglantes razzias. Ces incessantes razzias entrainent leur soumission et un versement annuel d'un tribut d'esclaves, jeunes gens et filles. Les conquêtes prennent fin en 1902 avec la colonisation du Cameroun par les allemands; ceux-ci interdisent également la vente d'esclaves. Les français quant à eux, mettent fin aux razzias en 1925. Les allemands, après la soumission du lamido, scindent le Lamidat de Banyo en deux zones géographiques en rattachant le plateau de Mambila au Nigeria[4].

    Population

    Période du XIXe siècle

    Les longues conquĂŞtes Ă  travers de vastes territoires favorisèrent un brassage ethnique consĂ©quent. Le recensement de 1954 fait Ă©tat de 64 ethnies diffĂ©rentes, pour 12 factions se rĂ©clamant strictement FoulbĂ©[3]. En 1969, le village compte une population de 26 000 habitants pour une surface de totale de 6 200 km2[1]. Le système d'asservissement mis en place par les FoulbĂ©s Ă  l'ensemble des habitants ne reconnaĂ®t que deux catĂ©gories de personnes: les libres et les non-libres, cette dernière catĂ©gorie est essentiellement composĂ©e des non musulmans (captifs ou maccube). Cette distinction stricte est propre au droit Malike qui est la rĂ©fĂ©rence juridique des FoulbĂ©s [4]. Durant la pĂ©riode des conquĂŞtes, la coutume peul de l'Adamaoua n'admet pas de distinction entre les populations animistes et les esclaves importĂ©s.

    Les serfs

    Les serfs sont les membres de communautés rurales asservies. Le groupement des serfs est appelé les maccubes (matchoubé[3]. Parmi les serfs, ceux qui sont issus des communautés isolées ou les serfs détribalisés s’appellent les tokkal (Tokke au pluriel). Parmi les privilèges que possèdent les serfs comparativement aux esclaves, ils peuvent choisir les noms de leurs enfants.

    Les esclaves

    Les esclaves sont les individus extraits de la communauté des serfs pour être mis à disposition des personnes libres, non libres ou des dignitaires ; on leur préfère plutôt l’appellation de serviteurs. Les concubines des serviteurs appartiennent à leur maître, cependant si la progéniture de cette dernière est de son maître et pas de son concubin, les enfants naissent par conséquent libres. Il est interdit aux serviteurs de posséder, et leur mariage nécessite l'accord préalable de leur maître. Néanmoins, une recommandation tacite relève de ne pas vendre les serviteurs adultes nés dans l'habitation de leur maître ou d'un dignitaire « maccube saare » [5]. La nomenclature des serviteurs est restée l'apanage des maîtres jusqu'aux années trente.

    Affranchissement

    Du fait de l'interdiction des conquêtes et de l'esclavage par les Allemands et les Français, le statut des esclaves finit par évoluer et les groupements asservis se désagrègent. Ce phénomène s'est accentué par la recherche de nouveaux pâturages pour les troupeaux de bœufs, l'assimilation aux coutumes des conquérants et l'invasion des maladies vénériennes[1]. Une des conséquences indirecte est le fort recul des populations animistes.

    « L'invasion des maladies vénériennes, et spécialement de la blennorragie qui entraine la stérilité des femmes, a amené une rapide régression numérique de ces populations, autre fois très nombreuses. Cette régression dont témoignent unanimement les anciens du pays, et que confirme de nombreux indices (L'enceinte de la ville de Banyo, construite vers 1880, correspond à une population dix fois supérieure à celle recensée en 1954) a, sans nul doute, considérablement accéléré la dissolution des groupements animistes. »

    — Jean Hurault

    Période du XXe siècle

    En 1969, le peuplement du Lamidat comporte trois groupes distincts[1]:

    • Un groupement de cultivateurs animistes composĂ© des Wawa (2 000 habitants) au Nord-Est du Lamidat et les Kondja (1 200 habitants) ;
    • Les bergers FoulbĂ©s dissĂ©minĂ©s en petits groupes autour des rivières et diffĂ©rents points d'eau;
    • Les cultivateurs dĂ©tribalisĂ©s donc certains demeurent au service de leurs maitres FoulbĂ©s, ou effectuent des taches moyennant rĂ©tribution.

    Un recensement de 1966 fait Ă©tat de 19 950 habitants dissĂ©minĂ©s dans tout le territoire Ă  l'exception des trois centres de marchĂ©s du bĂ©tail que sont Sombolabo, Mba, et Mbanti-Djoum-BarĂ© dont la population totale est de 1 130 habitants.

    Administration et politique

    Administration

    Femme peul

    Durant la période des conquêtes, les communautés asservies sont rattachées au lamido par l'intermédiaire des dignitaires serviteurs ou des chefs de groupements. L'organisation du village était une organisation décentralisée, chaque habitant dépend individuellement d'un Tokkal issu de l'entourage du lamido. La division en secteurs territoriaux débute après la colonisation en 1954, et se poursuit jusqu'en 1960, le lamidat est alors divisé en 149 secteurs territoriaux placé chacun sous le commandement d'un chef responsable (le Djauro)[1]. Ces regroupement favorisent une amélioration progressive des conditions de vie et la mise sur pied d'une administration beaucoup plus efficace. Cependant certains obstacles demeurent du fait de la différence du mode de vie des animistes à celle des musulmans, cette différence est beaucoup plus marquée au niveau du statut de la femme.

    Politique

    À la tête, on y trouve un Lamido qui est chef spirituel et suprême. Les hommes autour de ce dernier étaient classés en trois catégories dont la première était celle des Nobles qui regroupait les imams, la deuxième celle des ministres assurant chacun une fonction bien définie et la dernière celle des notables ayant chacun une tâche précise. Le Lamidat de Banyo, à la différence des autres Lamidats, comptait 31 notables dans sa cour selon SM. Mohaman Gabdo Yaya dans : le Lamidat de banyo épreuves d’hier et défis d’aujourd’hui et aussi selon E.Mohamadou dans Archives du Lamidats de banyo. Pour tout dire, la ville de Banyo, qui était un petit empire sous la domination du royaume de Kontcha, a pu délimiter ses frontières grâce à la conquête des territoires menée par Ardo Haman Gabdo dit Haman Dandi, qui obtiendra une victoire sur le lamidat de Kontcha afin de rendre à Banyo son autonomie en 1830 (date qui est reconnue comme celle de sa fondation). Ainsi le nouveau territoire de Banyo quitte d'allat vers le sud et Sambolabo au Nord. Demeuré ainsi jusqu’à nos jours.

    Économie

    En 1969, l'agriculture est y est peu pratiquĂ©e. Du fait des risques liĂ©s aux maladies, de l'altitude et de l'insalubritĂ© (paludisme, trypanosomiase bovine), les Ă©leveurs ne s'Ă©tablissent pas au-dessous de 1 000 m sauf en saison sèche oĂą la raretĂ© de l'eau les contraint Ă  la transhumance[1]. L'Ă©levage bovin occupe une place prioritaire auprès des populations foulbĂ©, en effet cette activitĂ© est considĂ©rĂ©e comme seule activitĂ© digne d'un homme libre, et constitue un moyen sur de s'enrichir. En 1969, l'on dĂ©nombre 120 000 bĂŞtes environ.

    Annexes

    Bibliographie

    • Jean Hurault, Histoire du lamidat peul de Banyo (Cameroun), Paris, Maisonneuve et Larose, 1975, 44 p., 2 cartes.
    • Jean Hurault, Journal des africanistes Les noms attribuĂ©s aux non-libres dans le lamidat de Banyo : Édition critique par RĂ©jean Robidoux, , 107 p. (lire en ligne)
    • Jean Hurault, Eleveurs et cultivateurs des hauts plateaux du Cameroun. La population du lamidat de Banyo, , 963-994 p. (lire en ligne)
    • Jean Hurault; Antagonisme de l'agriculture et de l'Ă©levage sur les hauts plateaux de l'Adamaoua. (Cameroun). Le lamidat de Banyo, 1964; 22-71 p.
    • Mohaman Gabdo Yahya, Le lamidat de Banyo : Ă©preuves d'hier et dĂ©fis d'aujourd'hui, AfrĂ©dit, YaoundĂ©, 2009, 251 p. (ISBN 978-995-642825-0)
    • Bobbowa Adamou Yaya, la ville de Banyo entre rĂ©formisme et traditionalisme, Vol 1, p124

    Articles connexes

    Notes et références

    1. Jean Hurault, Éleveurs et cultivateurs des hauts plateaux du Cameroun. La population du lamidat de Banyo, , 994 p. (lire en ligne)
    2. « Climat: Banyo - Diagramme climatique, Courbe de température, Table climatique - Climate-Data.org », sur fr.climate-data.org (consulté le )
    3. Jean Hurault, Les noms attribués aux non-libres dans le Lamidat de Banyo, Persee, , 107 p. (lire en ligne), p. 91-107
    4. Jean Hurault 1994, p. 91.
    5. Jean Hurault 1994, p. 92.
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