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Lac de Cazaux et de Sanguinet

Le lac de Cazaux et de Sanguinet est l'un des grands lacs landais, se succédant le long du littoral aquitain. Il se situe à cheval sur les départements français de la Gironde et des Landes, bordé au nord par le quartier de Cazaux, qui appartient à la commune de La Teste-de-Buch, à l'est par la commune de Sanguinet et au sud par celle de Biscarrosse.

Lac de Cazaux et de Sanguinet
Image illustrative de l’article Lac de Cazaux et de Sanguinet
Vue aérienne du lac de Cazaux et de Sanguinet.
Administration
Pays Drapeau de la France France
Subdivision Gironde
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 44° 29′ 15″ N, 1° 09′ 48″ O
Type Naturel
Superficie 55 km2
Altitude 12 m
Profondeur 23 m
Hydrographie
Alimentation Gourgue
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Lac de Cazaux et de Sanguinet
GĂ©olocalisation sur la carte : Gironde
(Voir situation sur carte : Gironde)
Lac de Cazaux et de Sanguinet
GĂ©olocalisation sur la carte : Landes
(Voir situation sur carte : Landes)
Lac de Cazaux et de Sanguinet

Le lac de Cazaux et de Sanguinet se situe entre le pays de Buch (au nord) et le pays de Born (au sud). Le canal des Landes, construit entre 1834 et 1838, le relie au lac de Parentis-Biscarrosse. La partie de canal le reliant au bassin d'Arcachon n'est, aujourd'hui, praticable que sur quelques kilomètres, mais ne permet plus la liaison.

Il se situe sur le territoire de la communauté de communes des Grands Lacs.

Historique

Il s'est formé par accumulation des eaux venant de la plaine landaise, en particulier grâce à la Gourgue, un cours d'eau au bord duquel s'était établi le village antique de Losa avant de disparaître sous les eaux.

Le site de Sanguinet a été progressivement exploré, minutieusement mesuré et inventorié à partir des années 1970. Les plongeurs du CRESS (Centre de recherches et d'études sublacustres de Sanguinet) ont identifié plusieurs sites de l’âge du fer dans l’ancien lit de la Gourgue. Le niveau des eaux du lac s’est en effet élevé aux temps historiques, recouvrant constructions et mobilier, en particulier plusieurs pirogues monoxyles en pin maritime et chêne.

Classement

Le lac de Cazaux et de Sanguinet est un site inscrit par arrĂŞtĂ© du au titre des Étangs landais nord[1]. Les rives marĂ©cageuses du lac, principalement Ă  l'est, font l'objet d'un inventaire ZNIEFF de type 1[2]. Il est enfin constitutif du site Natura 2000 « Zones humides de l'arrière dune du Pays de Born et de Buch[3] Â».

Sites archéologiques

La naissance des lacs littoraux de la côte aquitaine est due à la formation de la chaîne de dunes qui fait obstacle à l'écoulement des nombreuses rivières côtières drainant le littoral au sud de la Garonne. La formation des dunes est la conséquence de phénomènes concomitants dont les acteurs sont les courants océaniques du golfe de Gascogne, les alluvions de l'ensemble du réseau fluvial aquitain et les vents d'ouest dominants. Les rivières côtières voient leurs estuaires s'obstruer progressivement et leurs seuils d'écoulement se surélèvent provoquant, à l'est de ces barrages naturels, des accumulations d'eau douce. Cette montée inéluctable des eaux prisonnières des sables connaît de longues périodes de stabilité s'étendant sur plusieurs siècles, suivies d'accélérations brutales qui, en quelques décennies, obligent les populations à abandonner leurs espaces de vie pour s'installer plus en amont. Au sein du système des lacs littoraux, seul le Bassin d'Arcachon a conservé une communication permanente avec la mer grâce au débit relativement important de la Leyre et à son étendue qui fait qu'à chaque changement de marée, d'énormes volumes d'eau transitent par la passe.

Trois villages jalonnant le lit de la Gourgue sont engloutis sous les eaux du lac, les plus profonds Ă©tant les plus anciens.

Village gallo-romain de Losa (Ier – IIIe siècle apr. J.-C.)

Pour atteindre le village de Losa, la voie romaine littorale venant du nord devait franchir la rivière dont la vallĂ©e se trouve actuellement Ă  7 mètres de profondeur. Des pieux de chĂŞne ou de pin implantĂ©s dans la partie basse dessinent le tracĂ© de ce « long pont »[4] qui s'aligne parfaitement sur la voie reconnue Ă  terre. Losa occupait un large plateau bien drainĂ©, Ă  l'abri des crues, Ă  deux mètres environ au-dessus du niveau de la rivière. Il s'agissait d'une mansio, c’est-Ă -dire d'une station routière oĂą le voyageur trouvait le gĂ®te et le couvert. Le village s’articulait autour d’un petit temple dont les fondations dessinent un plan très proche de ceux des nombreux fana que l'on connaĂ®t en France et tout particulièrement en Aquitaine. Le mobilier de cĂ©ramique domestique est abondant (assiettes, coupes tripodes, cruches, gobelets…). Ă€ cĂ´tĂ© de cela, quelques poteries plus « nobles » comme les cĂ©ramiques sigillĂ©es, les gobelets Ă  parois fines ou les amphores, tĂ©moignent d'Ă©changes commerciaux dans un espace gĂ©ographique assez vaste. Mais la masse la plus importante du mobilier archĂ©ologique est constituĂ©e par des tessons de cuviers et de grandes jarres qui tĂ©moignent d’une industrie de production de goudron Ă  partir du bois de pin. Les monnaies très nombreuses trouvĂ©es sur le site permettent de dĂ©finir avec une assez grande prĂ©cision la pĂ©riode d'occupation de Losa.

Le fanum de Losa (12 x 10 m) est un site archéologique sublacustre qui se présente sous la forme d’édifice rectangulaire, dont l’entrée s’ouvre sur un vestibule qui donne accès à une galerie de circulation faisant le tour de la pièce centrale du temple, la cella. Les murs épais de 45 cm sont constitués de blocs de garluche. Divers éléments archéologiques indiquent une période d’utilisation assez longue, entre le IIe et IIIe siècles apr. J.-C. L’abandon du fanum pourrait être lié à l’apparition du christianisme au IVe siècle.

Village fortifié de l'Estey du Large (IIIe – Ier siècle av. J.-C.)

Le village de l'Estey du Large est installĂ© sur la rive gauche de la rivière, qui, Ă  cet endroit, n'excède pas 150 m de largeur. La partie haute et plane de cet espace est actuellement, Ă  7 m de profondeur moyenne. Une pente d'environ 10 % permet d'atteindre le lit de la rivière antique Ă  11 m de profondeur. Le site de l'Estey du large se prĂ©sente comme un vaste espace elliptique de plus de 3 000 m². Une centaine de pieux de chĂŞne ou de pin subsistent des deux enceintes qui assuraient la protection du village. Une Ă©norme accumulation de troncs constituait une assise solide pour ces palissades. Le sol d'occupation, riche en tessons de cĂ©ramique, atteint 20 Ă  30 cm d'Ă©paisseur. Sur cet espace vaste et dĂ©gagĂ© quelques foyers importants mais aussi un très grand nombre de feux secondaires ont Ă©tĂ© repĂ©rĂ©s. L'espace intĂ©rieur ne comporte aucune trace d'habitat. Cependant, au niveau de l'enceinte on relève les indices les plus significatifs montrant que quelques habitations Ă©taient intĂ©grĂ©es Ă  l'ouvrage de dĂ©fense Le mobilier de cĂ©ramique typique de la fin de l’âge du fer est extrĂŞmement abondant. Parmi les poteries non tournĂ©es, les jattes Ă  anses internes sont spĂ©cifiques Ă  la rĂ©gion littorale au sud du bassin d'Arcachon. Ce type de poterie a perdurĂ© jusqu'Ă  l'Ă©poque gallo-romaine sur le village de Losa. Les objets mĂ©talliques mis au jour par les fouilles sont rares, ce qui tĂ©moigne de la faiblesse des Ă©changes Ă©conomiques. Seuls les alliages de cuivre ou d'argent ont rĂ©sistĂ© Ă  la corrosion des eaux du lac. Une douzaine de fibules et des anneaux ont Ă©tĂ© inventoriĂ©es. Plus de dix annĂ©es de fouilles n'ont permis la dĂ©couverte que de deux monnaies datables au Ier siècle av. J.-C. Ă€ l’intĂ©rieur de l’enceinte, un entassement de blocs d’un minerai de fer très riche, le « fer des marais », a Ă©tĂ© repĂ©rĂ©. De très nombreux fragments de scories de rĂ©duction, d’affinage ou de forgeage du fer ont Ă©galement Ă©tĂ© relevĂ©s. L’Estey du large semble donc avoir Ă©tĂ© un centre de production de fer. Quelques fragments de la paroi d’argile de bas-fourneaux ont Ă©tĂ© inventoriĂ©s parmi les scories de rĂ©duction. C’est Ă  la fin du Ier siècle av. J.-C. que les habitants de l'Estey du large doivent abandonner leur territoire atteint par la montĂ©e des eaux pour s'installer en amont,

Village de Put Blanc (VIIe –IVe siècle av. J.-C.)

Le site de Put Blanc couvre une superficie de plus de 3 ha, à une profondeur moyenne de 13 m. Les vestiges d’habitats sont dispersés à la pointe est du lac primitif dans sa phase du 1er âge du fer. Ce qui est assez remarquable, c'est que les hommes aient choisi de s'installer sur de très modestes surélévations de terrain dans les zones de marais proches du lac. Il s'agit vraisemblablement d'un souci de protection par rapport à un environnement jugé hostile, puisque des zones à l'abri des variations du niveau des eaux, existent à proximité.

Ă€ 12 m de profondeur, Put Blanc I et Put Blanc II prĂ©sentent d'importants ensembles de pieux. Ces deux zones, distantes d'une dizaine de mètres l'une de l'autre, correspondent Ă  deux habitats construits sur une lĂ©gère surĂ©lĂ©vation de terrain par rapport au niveau du plan d'eau primitif. Put blanc III correspond Ă  un habitat plus structurĂ©. Il s'agit du plancher d’une hutte amĂ©nagĂ©e sur un promontoire de superficie rĂ©duite. Construisant sur le sable très meuble, les hommes ont rĂ©alisĂ© une assise solide, constituĂ© de petits troncs superposĂ©s. Ces platelages, recouverts d'une couche d'argile, constituaient ainsi un sol de terre battue, bien isolĂ© des remontĂ©es humides. Il s’agit d'une pièce rectangulaire de 4,60 m de longueur sur 3,30 m de largeur. Cet espace de 15 m². Au centre de cet habitat on peut noter la prĂ©sence d’une sole de foyer en argile d’un mètre de diamètre. Les tessons de poterie sont abondants sur l'ensemble de la zone archĂ©ologique, mais leur densitĂ© est beaucoup plus importante sur les espaces d'habitat. Les coupes ou les vases de formes et de tailles très variĂ©es s'apparentent Ă  ceux bien connus sur les sites du premier âge du fer. On rencontre en particulier des dĂ©cors rubanĂ©s en relief, prĂ©sents dĂ©jĂ  Ă  l'âge du bronze. Les datations effectuĂ©es sur les pieux confirment une occupation du site de Put Blanc pendant toute la pĂ©riode du premier âge du fer.

Les pirogues

Trente pirogues monoxyles ont à ce jour été répertoriées sous les eaux du lac de Sanguinet. Trois d'entre elles sont voisines du village de Losa. Trois autres ont été découvertes dans le lit de la rivière antique, hors du contexte des sites ayant fait l'objet de fouilles archéologiques. 24 de ces embarcations ont été répertoriées sur la zone archéologique de Put blanc. Sur les trente pirogues découvertes dans le lac de Sanguinet, vingt-six sont creusées dans des troncs de pin, quatre seulement étant en chêne. Deux d’entre elles ont été sorties du lac en et ont fait l’objet d’un traitement de conservation dans le laboratoire Art-Nucléart de Grenoble. Ces deux pirogues (n° 5 et n° 20) sont revenues sur Sanguinet le et ont été installées dans leur nouvelle salle vitrine (température et hygrométrie régulées) pour être présentées au public.

La pirogue n° 20 (âge du bronze) est en chĂŞne et est âgĂ©e d'environ 3 270 ans, elle est la partie arrière mesurant 4,80 m d'une pirogue et comporte Ă  sa poupe une planche amovible en pin. La pirogue n° 5 est entière en pin pour une longueur de 8 m et date d'environ 2 700 ans (âge du fer).

Ces deux pirogues vont retrouver au musée la pirogue n° 1 trouvée avant le début des recherches archéologiques et remontée des eaux du lac. Ce fragment de pirogue (fond de la pirogue) en chêne mesure un peu moins de m et date du Moyen Âge.

Musée

Le musée archéologique municipal de Sanguinet, situé sur la place de la mairie a fait l'objet en 2008 de travaux de réhabilitation et d'agrandissement pour recevoir les deux pirogues sorties du lac. Une nouvelle muséographie a été conçue qui présente notamment les différents objets remontés du lac depuis plusieurs années (poteries, bijoux, outils...) et bien entendu les trois pirogues. Ce musée municipal fait partie des musées de France et ses collections sont placées sous la responsabilité du conservateur départemental.

Tourisme

Sanguinet est un site touristique qui a toujours été apprécié. Ainsi, le poète Ausone jouissait-il peut-être déjà d'une villa pour s'y reposer ; une résidence secondaire en plus de sa résidence bordelaise (burdigalienne). Nombreux sont ceux aujourd'hui qui vont y faire de la planche à voile ou du bateau, ou simplement se baigner l'été.

Sports nautiques

Plage de la Gemmayre Ă  Cazaux.

Notes et références

  1. « Fiche site inscrit "Etangs landais nord" », sur donnees.aquitaine.developpement-durable.gouv.fr (consulté le )
  2. « Fiche ZNIEFF 1 "Rives marécageuses de l'étang de Cazaux-Sanguinet" », sur inpn.mnhn.fr (consulté le )
  3. « Fiche Natura 2000 "Zones humides de l'arrière dune du Pays de Born et de Buch" », sur inpn.mnhn.fr (consulté le ).
  4. Les “Longs Ponts” de Losa
  • MusĂ©e de Sanguinet - Voir site internet du CRESS
  • MusĂ©e de Mimizan

Articles connexes

Liens externes

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