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La Sonate Ă  Kreutzer

La Sonate à Kreutzer est un roman court en langue russe de Léon Tolstoï écrit dans sa maison de Moscou et publié en 1889. Il paraît pour la première fois en France aux éditions Lemerre[1] en 1890, dans une traduction d'Isaac Pavlovski et J.-H. Rosny aîné[2] et une autre d'Ely Halpérine-Kaminsky[3] aux éditions Marpon & Flammarion.

La Sonate Ă  Kreutzer
Image illustrative de l’article La Sonate à Kreutzer
La Sonate Ă  Kreutzer dans une Ă©dition de 1901
Publication
Auteur LĂ©on TolstoĂŻ
Langue Russe
Parution 1889
Intrigue
Lieux fictifs Saint-PĂ©tersbourg
Personnages Le narrateur
Pozdnychev, le mari assassin
L'Ă©pouse de Pozdnychev
Troukhatchevski, violoniste et amant de l'Ă©pouse

Le titre fait référence à la Sonate pour violon et piano no 9 en la majeur, dite « Sonate à Kreutzer », de Beethoven, que joue l’un des protagonistes de l’ouvrage. Le texte a inspiré par la suite plusieurs œuvres musicales, dont le premier quatuor de Leoš Janáček. Il a également été porté plusieurs fois à l'écran, notamment par le réalisateur russe Vladimir Gardine en 1914.

Sophie Tolstoï répondit aux positions sur le mariage et la place de la femme défendues par son mari dans la Sonate à Kreutzer par deux ouvrages : À qui la faute ? et Romance sans paroles. Léon Tolstoï fils fera de même en publiant Le Prélude de Chopin.

Résumé

Le roman de Tolstoï a inspiré au peintre René-Xavier Prinet la toile La Sonate à Kreutzer, exécutée en 1901.

Au début du printemps, lors d’un voyage de plusieurs jours en train, le narrateur est dans un compartiment avec trois personnes depuis le départ du train. Une femme déjà âgée, un ami à elle qui se révèlera être un avocat et un homme sans âge aux cheveux blancs.

La femme et l’avocat parlent des relations homme-femme et de l’augmentation du nombre de divorces, l’homme aux cheveux blancs qui était jusque-là taciturne se joint à la conversation et prétend que l’amour n’existe pas, qu'il s’agit tout au plus d’une attirance physique qui ne dure pas. Puis il se présente, il s’appelle Pozdnychev et il a tué sa femme.

Pozdnychev raconte au narrateur sa vie. Il a commencé à fréquenter les prostituées alors qu’il n’avait pas encore seize ans. À trente ans, il se considère comme un fornicateur mais, n’ayant pas abandonné l’idée de se marier, il choisit la jeune fille la plus pure qu’il puisse trouver. La lune de miel est un échec après trois jours et « l’épuisement de la sensualité ». Sa femme se retrouve enceinte immédiatement, elle aura cinq enfants en huit ans.

L’incompréhension dans le couple fait place au dédain puis à la haine. Après une dispute particulièrement orageuse, sa femme fait une tentative de suicide.

C’est à ce moment que Pozdnychev présente Troukhatchevski à sa femme. C’est un excellent joueur de violon et justement elle s’est remise depuis peu au piano. Les deux parlent musique et décident de faire une répétition puis un petit récital chez le couple. Lors de la soirée, Troukhatchevski et sa femme jouent la sonate à Kreutzer de Beethoven. La soirée est une réussite, mais Pozdnychev ressent la morsure de la jalousie en constatant l’entente qui s'est créée entre sa femme et Troukhatchevski. Il est convenu que ce dernier doit repasser dans une semaine.

Le surlendemain, Pozdnychev part en province. Il reçoit une lettre de sa femme. Elle a reçu la visite de Troukhatchevski. Cette visite non prévue rend Pozdnychev fou de jalousie. Il ne dort pas de la nuit, repart à l’aube à Moscou et, pendant le long voyage, imagine des scénarios entre sa femme et Troukhatchevski. Dans le train, il est comme un fauve en cage.

Quand il arrive chez lui à minuit, il prend un poignard, rentre dans la pièce où sont sa femme et Troukhatchevski. Ce dernier fuit, Pozdnychev poignarde sa femme et s’enferme dans son cabinet. Deux heures plus tard, sa belle-sœur lui demande de venir parler à la mourante, il lui demande pardon.

Il fera onze mois de prison avant le procès et sera acquitté : c’est un drame de la jalousie et il était le mari trompé.

Ses enfants sont maintenant dans sa belle-famille. Il vient d’aller les voir, mais on ne les lui confiera pas.

Postface

L'auteur veut répondre aux nombreux courriers reçus.

  • Premier point : La sociĂ©tĂ© a la conviction que les rapports sexuels sont indispensables Ă  la santĂ©. Comme tout le monde ne peut pas se marier, cela pousse les hommes Ă  frĂ©quenter des prostituĂ©es et sacrifier par lĂ  mĂŞme la santĂ© de ces femmes. C'est possible par un rĂ©gime alimentaire appropriĂ©, l'interdiction morale de rapport avec les femmes d'autrui et la continence.
  • Deuxième point : L'infidĂ©litĂ© conjugale, il faut la combattre par l'Ă©ducation de la jeunesse et la rĂ©probation par l'opinion publique.
  • Troisième point : Les moyens de contraception et les rapports sexuels pendant la grossesse et l'allaitement sont Ă  proscrire.
  • Quatrième point : Il faut se soucier de l'Ă©ducation morale des enfants et non pas seulement de leur corps.
  • Cinquième point : Les jeunes gens dĂ©pensent trop d'Ă©nergie et de temps Ă  chercher Ă  plaire. Il faut que la chastetĂ© soit un idĂ©al.

Les personnages

  • Le narrateur, il recueille la confession de Pozdnychev dans le train.
  • Pozdnychev, l’homme aux cheveux blancs, il a tuĂ© sa femme.
  • La femme de Pozdnychev, mère de cinq enfants, poignardĂ©e par son mari.
  • Troukhatchevski, violoniste, Pozdnychev le soupçonne d’être l’amant de sa femme.

Extraits

  • « Poursuivit-elle en rĂ©pondant, selon l’habitude de beaucoup de dames, non aux paroles de son interlocuteur mais Ă  celles qu’elle pensait qu’il allait prononcer. »
  • Pozdnychev : « La dĂ©bauche, la vraie, consiste prĂ©cisĂ©ment dans le fait de se libĂ©rer des rapports moraux avec la femme avec laquelle on a un commerce physique. »
  • Pozdnychev en comparant les femmes du monde et les prostituĂ©es : « Aucune diffĂ©rence, les prostituĂ©es Ă  court terme sont habituellement mĂ©prisĂ©es, les prostituĂ©es Ă  long terme respectĂ©es. »
  • Pozdnychev en parlant de sa femme : « Je regardais parfois comment elle versait le thĂ©, comment elle balançait son pied ou portait sa cuillère Ă  sa bouche, le bruit qu’elle faisait en aspirant le liquide, et je la haĂŻssais pour cela. »
  • Pozdnychev en rentrant dans la pièce oĂą se trouve sa femme et Troukhatchevski : « Je me rappelle l’expression de leurs visages… C’était une expression d’effroi. C’était prĂ©cisĂ©ment ce qu’il me fallait. »

Édition française

traduit par Ely Halpérine-Kaminsky, Flammarion, 1906

  • La Sonate Ă  Kreutzer, traduit par Isaac Pavlovski et J.-H. Rosny aĂ®nĂ©, Lemerre, 1933 (rĂ©Ă©d. 1942)
  • La Sonate Ă  Kreutzer, traduit par Sylvie Luneau, Bibliothèque de la PlĂ©iade, Ă©ditions Gallimard, 1960 (ISBN 2 07 010565 2).
  • La Sonate Ă  Kreutzer, traduit par Michel Aucouturier, suivi des rĂ©ponses romanesques de Sofia TolstoĂŻ, Ă€ qui la faute ? et de LĂ©on TolstoĂŻ fils, Le prĂ©lude de Chopin, Editions des Syrtes, 2010.

Adaptations

Au théâtre

Au cinéma

À la télévision

Notes et références

  1. Après avoir été publié sous forme de roman-feuilleton, sous le titre La Sonate de Kreutzer, dans Le Figaro du au .
  2. Catalogue de la BNF
  3. Catalogue de la BNF
  4. « La Sonate à Kreutzer. », sur kinoglaz.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Dominic Pettman, « Tolstoy's Bestiary: animality and animosity in the kreutzer sonata », Angelaki, vol. 18, no 1,‎ , p. 121-138 (lire en ligne, consultĂ© le ).

Liens externes

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