La PĂ©ri (Dukas)
La Péri est un poème dansé (un ballet) en un tableau composé par Paul Dukas entre et [1]. Dédiée à la ballerine Natacha Trouhanova, l'œuvre fut créée le au théâtre du Châtelet à Paris, sur une chorégraphie d'Ivan Clustine avec le décor exécuté par Georges Mouveau et les costumes de René Piot et l'orchestre des Concerts Lamoureux dirigé par Paul Dukas.
La PĂ©ri | |
Décor de René Piot (1921). | |
Genre | Ballet |
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Musique | Paul Dukas |
Chorégraphie | Ivan Clustine |
Durée approximative | 20 min |
Dates de composition | – |
Création | Théâtre du Châtelet, Paris |
Interprètes | Alfred Bekefi (Iskender) et Natacha Trouhanova (la Péri), orchestre des Concerts Lamoureux, Paul Dukas (dir.) |
Scénographie | René Piot |
L'argument de l'œuvre met en scène Iskender (le nom d'Alexandre le Grand en persan[2]), qui part à la recherche de l'immortalité et rencontre une péri tenant entre ses mains la Fleur d'immortalité. La Fanfare pour précéder La Péri composée par Paul Dukas, faisant appel aux cuivres de l'orchestre, est aujourd'hui souvent jouée seule en concert. L'exécution de l'œuvre avec sa fanfare dure approximativement vingt minutes.
Genèse et création
La Péri fut composée à la demande de Serge Diaghilev pour les Ballets russes, avec le décor et les costumes de Léon Bakst, Natacha Trouhanova dans le rôle de la Péri et Vaslav Nijinsky dans celui d'Iskender. Mais Diaghilev ne trouvait pas que Trouhanova fût une partenaire assez talentueuse pour danser avec Nijinsky, et la production fut annulée.
Néanmoins, Trouhanova demanda à Ivan Clustine de réaliser la chorégraphie, et le ballet fut créé le au théâtre du Châtelet à Paris, avec Alfred Bekefi dans le rôle d'Iskender, le décor et les costumes de René Piot et l'orchestre des Concerts Lamoureux dirigé par Dukas. Celui-ci avait composé une Fanfare pour précéder La Péri. En effet, les premières pages de La Péri étant très calmes, l'intérêt d'une telle fanfare était de permettre à l'auditoire habituellement bruyant de s'installer dans la salle avant que ne commençât le ballet proprement dit. Très sévère à l'égard de ses propres œuvres, Dukas avait failli jeter sa partition au feu avant la première représentation du ballet, mais ses proches l'en empêchèrent.
Argument
Il advint qu'à la fin des jours de sa jeunesse, les Mages ayant observé que son astre pâlissait, Iskender parcourut l'Iran, cherchant la Fleur d'immortalité.
Le soleil séjourna trois fois dans ses douze demeures sans qu'il la trouvât, jusqu'à ce qu'il parvînt enfin aux extrémités de la Terre, au point où elle ne fait plus qu'un avec la mer et les nuages.
Et là , sur les degrés qui conduisent aux parvis d'Ormuzd, une Péri était étendue, dormant dans sa robe de pierreries. Une étoile scintillait au-dessus de sa tête, son luth reposait sur son sein et dans sa main la Fleur brillait.
Et c'Ă©tait un lotus pareil Ă l'Ă©meraude, ondoyant comme la mer au soleil du matin.
Iskender se pencha sans bruit vers la Dormeuse et, sans l'Ă©veiller, lui ravit la Fleur.
Qui devint soudain, entre ses doigts, comme le ciel de midi sur les forĂŞts du Ghilan.
Mais la PĂ©ri, ouvrant les yeux, frappa les paumes de ses mains l'une contre l'autre et poussa un grand cri.
Car elle ne pouvait, à présent, remonter vers la lumière d'Ormuzd.
Cependant Iskender, la considérant, admira son visage qui surpassait en délices celui même de Gurdaferrid.
Et il la convoita dans son cœur.
De sorte que la Péri connut la pensée du Roi ;
Car dans la droite d'Iskender, le lotus s'empourpra et devint comme la face du désir.
Ainsi, la servante des Purs sut que cette fleur de Vie ne lui était pas destinée.
Et pour la ressaisir s'élança, légère comme l'abeille.
Pendant que le Seigneur Invincible éloignait d'elle le Lotus, partagé entre sa soif d'immortalité et la délectation de ses yeux.
Mais la PĂ©ri dansa la danse des PĂ©ris.
S'approchant toujours davantage, jusqu'à ce que son visage touchât le visage d'Iskender.
Et qu'à la fin il lui rendît la fleur sans regret.
Alors le lotus sembla de neige et d'or comme la cime de l'Elbourz au soleil du soir.
Puis la forme de la Péri parut se fondre dans la lumière émanée du calice et bientôt plus rien n'en fut visible, si ce n'est une main, élevant la fleur de flamme, qui s'effaçait dans la région supérieure.
Iskender la vit disparaître.
Et comprenant que, par là , lui était signifiée sa fin prochaine,
Il sentit l'ombre l'entourer.
Alors que les mages lui prédisent une fin proche, Iskender part rechercher la Fleur d'immortalité. Aux confins de la Terre, il rencontre une péri endormie qui détient la Fleur. Il la lui dérobe, et ce faisant, il réveille la Péri malencontreusement. Sans cette Fleur, elle ne peut rejoindre le ciel et trouver sa place dans la lumière d'Ormuzd. Alors la Péri envoûte son voleur par une danse séductrice et reprend son bien. Iskender comprend qu'il doit mourir.
Musique
Style
La Péri est la dernière partition publiée de Dukas. Bien qu'elle soit beaucoup moins connue que L'Apprenti sorcier, elle est considérée comme beaucoup plus mûre et encore plus raffinée que toutes ses autres œuvres. Le style musical est un mélange d'harmonie tonale romantique et de techniques d'orchestration impressionnistes. C'est une œuvre importante dans l'histoire de la musique symphonique du début du XXe siècle.
Instrumentation
Instrumentation de La PĂ©ri |
Cordes |
premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses, 2 harpes |
Bois |
3 flûtes (la troisième joue le piccolo), cor anglais, 2 hautbois, 2 clarinettes (en la), clarinette basse (en si bémol), 3 bassons |
Cuivres |
4 cors, 3 trompettes en ut, 3 trombones (deux ténors et un basse), tuba |
Percussions |
3 timbales, cymbales, grosse caisse, caisse claire, tambour de basque, triangle, xylophone, célesta |
Représentations
Le ballet entra au répertoire de l'Opéra de Paris en 1921, avec Anna Pavlova et Hubert Stowitts dans les rôles de la Péri et d'Iskender et le costume et les décors de René Piot, sous la direction de Philippe Gaubert[3]. Le rôle de la Péri fut dansé par Juliette Bourgat en 1922[4] - [5].
Notes et références
- Simon-Pierre Perret et Marie-Laure Ragot.
- Jacques Helbé, p. 83.
- Jean Bernier, p. 494-495.
- La Revue de Paris, (lire en ligne)
- Pierre Michaut, Le ballet contemporain 1929-1950, (lire en ligne)
Bibliographie
- Jacques Helbé, Paul Dukas : 1865-1935 (lire en ligne).
- Jean Bernier, « À l'Opéra », Comœdia illustré,‎ (lire en ligne).
- Simon-Pierre Perret et Marie-Laure Ragot, Paul Dukas, Fayard, (lire en ligne).
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives Ă la musique :
- La partition de la fanfare, partitions libres sur l’International Music Score Library Project.