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La Musique aux Tuileries

La Musique aux Tuileries est une peinture réalisée en 1862 par Édouard Manet.

La Musique aux Tuileries
Artiste
Édouard Manet
Date
1862
Type
Scène de genre (en)
Technique
Huile sur toile
Dimensions (H Ă— L)
76 Ă— 118 cm
Propriétaire
No d’inventaire
NG3260, 3260
Localisation

L’univers à la fois huppé et raffiné dans lequel évoluait Manet à Paris, est remarquablement rendu par ce tableau, qui dépeint un concert donné au jardin des Tuileries et dans lequel le peintre représente des personnes qui lui sont proches.

Description

On distingue, de gauche à droite, un premier groupe de personnages masculins parmi lesquels son ancien compagnon d'atelier Albert de Balleroy, Zacharie Astruc (assis), Charles Baudelaire debout, et derrière Baudelaire, à gauche : Fantin-Latour[1]. Parmi les hommes, Manet a placé son frère Eugène, Théophile Gautier, Champfleury, le baron Taylor, Aurélien Scholl[2], Charles Monginot. La première dame habillée en blanc en partant de la gauche est Mme Valentine Lejosne, femme du commandant Hippolyte Lejosne chez lequel Manet a fait la connaissance de Baudelaire et d'Edmond Maître. Ceux qui fréquentaient Lejosne étaient tous des amis de Manet : Félix Bracquemond, Zacharie Astruc, Alfred Stevens notamment[3]. À côté de Mme Lejosne se trouve Mme Offenbach.

Le peintre s’est lui-même représenté sous les traits du personnage barbu le plus à gauche de la composition. À sa droite, assis contre le tronc, on reconnait « celui que Manet appelait le Mozart des Champs-Élysées : Gioacchino Rossini[4] ». Quant à son frère, Eugène Manet, le tableau le dépeint légèrement incliné vers la gauche, devisant avec une autre femme.

Histoire

Exécution

Il est possible que Manet ait travaillé d'après photos[1]. Tout ce monde déjeunait chez Tortoni[1], posait chez Nadar, avait ses abonnements aux Italiens et faisait un triomphe aux spectacles espagnols alors mis à la mode par l'empereur Napoléon III à cause de son mariage avec Eugénie de Montijo[2].

RĂ©ception critique

Le tableau fut jugĂ© sĂ©vèrement par Baudelaire qui n'en parla pas en 1863[5] et il fut vivement attaquĂ© par Paul de Saint-Victor : « Son concert aux Tuileries Ă©corche les yeux comme la musique des foires fait saigner l'oreille[5]. » Hippolyte Babou parle de la « manie de Manet de voir par taches (...) la tache-Baudelaire, la tache-Gautier, la tache-Manet [6]. »

Dans ses cours au Collège de France en 2000, Pierre Bourdieu voit dans ce tableau « une rĂ©ponse Ă  Baudelaire faisant l’éloge de Constantin Guys et disant « il n'y a pas encore de peintre de la vie moderne ». Â» Il propose par ailleurs une analyse dĂ©taillĂ©e de ce tableau dans ce mĂŞme cours au Collège de France[7].

Postérité

La Musique aux Tuileries est en fait le premier modèle de toutes les peintures impressionnistes et post-impressionnistes qui représentent la vie contemporaine en plein air. Il a inspiré dans les décennies suivantes : Frédéric Bazille, Claude Monet, et Auguste Renoir[5]. Sa postérité fut immense.

Notes et références

  1. Cachin, Moffett et Wilson Bareau 1983, p. 122
  2. Monneret 1987, p. 478
  3. Monneret 1987, p. 437
  4. Cachin, Moffett et Wilson Bareau 1983, p. 123
  5. Cachin, Moffett et Wilson Bareau 1983, p. 126
  6. Les dissidents de l'exposition. M. Édouard Manet, Revue libérale II, 1867, p. 284 et suivantes
  7. Bourdieu, P., Manet. Une révolution symbolique. Cours au Collège de France (1998-2000), Seuil, 2013, p. 501 et 512-516

Bibliographie

  • Françoise Cachin, Charles S. Moffett et Juliet Wilson Bareau, Manet : 1832-1883, Paris, RĂ©union des MusĂ©es Nationaux, , 544 p. (ISBN 2-7118-0230-2)
  • Sophie Monneret, L'Impressionnisme et son Ă©poque : Noms propres A Ă  T, vol. 2, t. 1, Paris, Robert Laffont, , 997 p. (ISBN 2-221-05412-1)

Liens externes

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