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La Maladie d'Antiochus

La Maladie d'Antiochus appelé aussi Antiochus et Stratonice est un tableau peint par Jean-Auguste-Dominique Ingres conservé au Musée Condé de Chantilly. Il représente l'amour du prince séleucide Antiochos pour Stratonice, l'épouse de son père Séleucos.

La Maladie d'Antiochus ou Antiochus et Stratonice
Artiste
Date
Type
Huile sur toile
Technique
Peinture
Dimensions (H Ă— L)
57 Ă— 98 cm
Mouvement
Propriétaire
No d’inventaire
PE 432
Localisation
Musée Condé, Salle de la Tribune, Chantilly (Drapeau de la France France)

Historique du tableau

En 1834, Ferdinand-Philippe d'OrlĂ©ans commande Ă  Ingres un tableau qu'il destine Ă  faire le pendant d'un tableau de Paul Delaroche : L'Assassinat du duc de Guise, actuellement conservĂ© aussi au musĂ©e CondĂ©. Cependant, cette mĂŞme annĂ©e, Ingres part pour Rome oĂą il vient d'ĂŞtre nommĂ© directeur de l'AcadĂ©mie de France. Il tarde ainsi Ă  rĂ©aliser sa commande. Il commence tout d'abord Ă  rĂ©aliser une Ă©bauche, aujourd'hui conservĂ©e au Cleveland Museum of Art, sans doute vers 1838. Lady EglĂ© Charlemont sert, selon son tĂ©moignage, de modèle pour Stratonice, Madame Ingres pose pour le mĂ©decin, Hippolyte Flandrin pour le bras d'Antiochus et enfin Ingres lui-mĂŞme pour SĂ©leucos. Le tableau est achevĂ© Ă  Rome en 1840, sans doute avec l'aide de Victor Baltard, architecte-pensionnaire Ă  l'acadĂ©mie qui dessine les dĂ©cors, et avec celle de deux de ses Ă©lèves, les frères Paul et Raymond Balze qui rĂ©alisent la peinture d'une partie de l'architecture. Ingres est payĂ© 6 000 francs par le duc qui s'en montre satisfait. Il lui commande aussitĂ´t un portrait. Le tableau est exposĂ© Ă  la galerie du Palais-Royal[1].

Le duc d'OrlĂ©ans meurt en 1842 et le tableau devient propriĂ©tĂ© de sa veuve, HĂ©lène de Mecklembourg-Schwerin. Après la RĂ©volution de 1848, le tableau est mis en vente Ă  Paris en 1852 oĂą il est acquis par le prince Demidoff pour 63 000 francs. Il est de nouveau mis en vente aux enchères en janvier 1863 toujours Ă  Paris. Le duc d'Aumale, alors en exil Ă  Londres, fait acheter l'ancien tableau de son frère par l'intermĂ©diaire d'Édouard Bocher pour la somme de 93 000 francs. Le tableau revient en France en 1871 oĂą le duc d'Aumale le fait exposer dans la salle de la Tribune de son château de Chantilly, oĂą il se trouve toujours actuellement[2].

Description

Cette scène est extraite de la Vie de Démétrios de Plutarque[3], épisode par ailleurs évoqué par de nombreux auteurs antiques : Diodore de Sicile[4], Pline l'Ancien[5], Lucien de Samosate, Appien[6], Valère Maxime[7]. Cet épisode est également mentionné dans la Suda[8].

Antiochos Ier (325-261 av. J.-C.) est le fils de Séleucos Ier, général d'Alexandre le Grand et fondateur de la dynastie des Séleucides. Il tombe secrètement amoureux de la nouvelle épouse de son père, Stratonice, fille du roi de Macédoine Démétrios Ier Poliorcète. La passion coupable le ronge et il en tombe malade. Alors qu'il est mourant, le médecin Érasistrate découvre la source de sa maladie : il s'agite et son cœur s'accélère lorsque Stratonice rentre dans la pièce. Son père s'effondre alors au pied du lit[9].

Les sources d'inspiration

Ce sujet est traité par Jacques-Louis David dans le tableau qui lui permet d'obtenir le prix de Rome en 1774 : Érasistrate découvrant la cause de la maladie d’Antiochius. Ingres, élève de David, reprend cette scène dans plusieurs dessins dont le premier, conservé au musée du Louvre, remonte à 1807[9].

Une autre source d'inspiration potentiel réside dans la musique et l'opéra. L'orchestre du Capitole de Toulouse reprend à plusieurs reprises l'opéra Stratonice de Étienne-Nicolas Méhul alors qu'Ingres y est violoniste. La scène du tableau reprend un moment de l'opéra de Méhul : le solo de l'héroïne. Enfin, cette inspiration expliquerait la présence au premier plan d'une lyre. Il faut noter que le pendant de ce tableau, L'Assassinat du duc de Guise, est lui aussi tiré d'un opéra : Les Huguenots de Giacomo Meyerbeer[10].

Le décor et les personnages sont pour leur part inspirés de modèles antiques. Stratonice est très proches de la statuaire romaine. Le lit est inspiré d'un Naiskos, édifice funéraire remontant au IVe siècle av. J.-C. dessiné sur un vase découvert à Canosa et dont le relevé est publié en 1816[11].

Ĺ’uvres en rapport

Ingres a réalisé au moins quatre autres versions de ce sujet[12] :

  • une grande esquisse peinte entre 1807 et 1825. Son Ă©lève Amaury-Duval voit le tableau dans l'atelier du maĂ®tre Ă  cette date. Il disparaĂ®t Ă  la suite de la vente du fonds de l'atelier d'Ingres en 1867. Il est beaucoup plus grand que les autres versions (155 Ă— 190 cm)
  • le tableau du Cleveland Museum of Art, esquisse de la version de Chantilly (48 Ă— 64 cm), peinte en 1834
  • une rĂ©pĂ©tition du tableau de Chantilly avec quelques variantes, datĂ©e de 1860. ConservĂ© dans la collection Schauensee Ă  Philadelphie. Papier marouflĂ© sur toile (35 Ă— 46 cm)
  • une rĂ©pĂ©tition Ă  la composition inversĂ©e et avec quelques variantes, en partie rĂ©alisĂ©e par Raymond Balze, datĂ©e de 1866 et actuellement conservĂ©e au musĂ©e Fabre de Montpellier. Peinture sur calque marouflĂ©e sur toile (61 Ă— 92 cm).
  • Le buste d'Erasistrate, Ă©tude prĂ©alable conservĂ©e au MusĂ©e Ingres-Bourdelle de Montauban; huile sur toile marouflĂ©e sur bois, vers 1860.

Voir aussi

Bibliographie

  • Nicole Garnier-Pelle, Chantilly, musĂ©e CondĂ©. Peintures des XIXe et XXe siècles, Paris, RĂ©union des musĂ©es nationaux, coll. « Inventaire des collections publiques françaises », , 445 p. (ISBN 978-2-7118-3625-3), p. 211-215 (notice 148)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Garnier-Pelle 1997, p. 213-214.
  2. Garnier-Pelle 1997, p. 211.
  3. Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Vie de Démétrios, 38.
  4. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne].
  5. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], XXIX, 3.
  6. Appien, Livre Syriaque, 59-61
  7. Valère Maxime, Faits et dits mémorables, V, 7.
  8. Suda, « Érasistrate ».
  9. Garnier-Pelle 1997, p. 213.
  10. Garnier-Pelle 1997, p. 214-215.
  11. Analyse de l'œuvre sur le site du musée Condé, p. 2.
  12. Garnier-Pelle 1997, p. 212-213.
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