L'HĂ´pital (Savoie)
L'Hôpital, anciennement L'Hôpital-sous-Conflans, est un ancien bourg, puis commune du duché de Savoie (Royaume de Sardaigne), créé au XIIIe siècle. Il a fusionné avec la cité fortifiée de Conflans pour former la ville nouvelle d'Albertville, le .
L'Hôpital incorporée à Albertville | |
Administration | |
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Pays | Duché de Savoie |
GĂ©ographie | |
Coordonnées | 45° 40′ 17″ nord, 6° 23′ 50″ est |
Divers | |
Date de fondation | vers 1200 |
Date de dissolution | 1835 |
Localisation | |
GĂ©ographie
Le bourg de L'Hôpital se développe sur la rive droite de la rivière de l'Arly[1], un peu en amont de sa confluence avec l'Isère[2]. Il appartient à la région naturelle de la haute Combe de Savoie. Ce bourg est situé sur les hauteurs de la rivière, afin d'éviter les crues, sur le plateau du Chaudan[3]. Il se trouve aussi à proximité de l'ancien pont des Adoubes[1].
Il se développe en face du bourg de Conflans et à la confluence de la combe de Savoie et de la Tarentaise — la vallée de l'Isère et l'ancienne voie romaine In Alpe Graia en provenance du col du Petit Saint-Bernard —, mais aussi, l'accès au Beaufortain et au val d'Arly, avec la cité d'Ugine. Le contrôle ainsi d'une certaine façon ce que la géographie appellera plus tard le « X albertvillois »[4], même si « [celle-ci] ne matérialise que trois des quatre directions »[5].
Histoire
Fondation par les Hospitaliers
L'histoire de L'Hôpital débute « probablement » avec l'installation d'un hôpital appartenant aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem[6] - [1]. En effet, ces derniers auraient établis un hospice à destination des voyageurs ou des pèlerins[1], plus précisément un hôpital « au sens de maison vouée à l'accueil, l'hébergement, le soutien aux pauvres et aux pèlerins »[7]. Il se trouve sur la route menant depuis la combe de Savoie aux vallées de Tarentaise, de Beaufort et de l'Arly.
Le chanoine Adolphe Gros souligne ainsi que d'après une publication au Congrès des Sociétés savantes de Savoie de 1883, « rien n'indique qu'il y ait jamais eu, dans cette localité, un hôpital ou un hospice, au sens moderne du mot »[2]. L'hôpital, en tant qu'étape, est cependant mentionné le (« hospitalis de Jerusalem »), dans une donation de Béatrice de Vienne, comtesse de Savoie à la chartreuse de Vallon (Chablais)[8], de même qu'une mention d'un commandeur de « la maison de l'Hôpital de Conflans » en 1235[9]. Cette étape des Hospitaliers appartiendra ensuite à la commanderie de Chambéry, qui dépendait, tout comme celle des Échelles et de Compesières du grand prieuré d'Auvergne[10]. En réalité, il n'existe, à ce jour, aucun acte connu de fondation du site[8].
Une bourgade se développe sur le site[1], face au bourg fortifié de Conflans, sous protection de l'archevêque de Tarentaise. Elle se place sous la protection du comte de Savoie[6] - [1]. Elle est promue ville libre par le comte Amédée V de Savoie, qui tient à contrôler le passage par le pont sur l'Arly[11].
En 1285, le bourg apparait dans des comptes de châtellenies comme la ville neuve de L'Hôpital-sous-Conflans[6]. Louis Falletti, qui la mentionne dans son article « Éléments d'un tableau chronologique des franchises de Savoie »[12], ne précise cependant pas à quelle châtellenie le bourg est attaché[6]. Le bourg obtient à cette période une charte de franchises, sous le nom de Villefranche-de-L'Hôpital, dans un contexte de tension entre le comte de Savoie et ses voisins du Genevois et du Dauphiné[1]. Le président des Amis du Vieux Conflans, Jean-Pierre Dubourgeat, lors de son discours de réception à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, nuance « cet accord de franchises car rien n'a été octroyé »[13]. Le bourg devient une paroisse « membre de Rhôdes », placée sous la dépendance des Hospitaliers[1], « certainement avant 1502 »[14].
Avec l'affirmation du pouvoir comtal et la main mise sur Conflans, L'Hôpital est placé dans la châtellenie de Conflans[1].
PĂ©riode moderne
Après leur installation à Malte[1], les Hospitaliers vendent leurs possessions de l'Hôpital au couvent de l'ordre cistercien des Bernardines de Conflans, le [1] - [14].
Malgré une relative prospérité, le noyau urbain reste très modeste, gardant la dimension d'un village[13]. La présence de Conflans, chef-lieu d'une châtellenie, maintient le bourg de L'Hôpital à un rôle secondaire[13]. D'ailleurs, au milieu du XIIIe siècle, elle ne compte qu'à peine 400 habitants[13].
Toutefois, la situation va s'inverser avec la création d'une grande route carrossable[13], dans la plaine, mais surtout déviant de la cité de Conflans[15]. Dès lors, la courbe de population va augmenter (voir ci-dessous)[13].
PĂ©riode contemporaine
L'Hôpital devient un comté le , par décisions du roi Charles-Emmanuel III[1]. Au cours de cette même année, un incendie détruit plusieurs immeubles[1]. Reconstruit, le bourg s'apparente à un village-route, le long de la Grande Rue, aménagée parallèlement à l'Arly, dont une rue perpendiculaire permettait de rejoindre le pont et la cité de Conflans[1]. Son rôle routier se retrouvent notamment dans la sociologie du bourg, pour laquelle, les auteurs de Histoire des communes savoyardes : Albertville et son arrondissement (1982), précisent qu'en 1758 il était « composé de 98 familles et il n'y en a pas 10 dont les chefs ne soient marchands, aubergistes ou artisans »[16]. L'année suivante, un marché hebdomadaire ainsi que trois foires annuelles sont instituées, portant une sérieuse concurrence à Conflans[1] - [15].
Les habitants de la commune émettent le vœu de changer de nom en 1814, envoyant notamment un écrit au roi de Sardaigne Victor-Emmanuel Ier, et proposant le toponyme de Saint Victor[15]. Quelques années plus tard, alors que le roi Charles-Félix de Savoie vient inauguré l'endiguement de l'Isère, l'idée d'une fusion de L'Hôpital avec les communautés de Conflans et de Saint-Sigismond[15]. Le nom de Charles-ville est proposée[15]. Jean-Pierre Dubourgeat, souligne le « rejet du nom de l'Hôpital, dû plus à la connotation « hospice » du mot », expliquant ainsi notamment le « désintérêt voir à l'oubli de l'Hôpital dans l'historiographie » contrairement à sa voisine Conflans[15].
Le a eu lieu la bataille de l'Hôpital, entre les troupes françaises du colonel Thomas Robert Bugeaud et les troupes austro-sardes, pendant les Cent-Jours.
Entre 1829 et 1841, les deux rivières de l'Isère et de l'Arly font l'objet d'aménagement permettant leur endiguement général[15].
Comme l'analyse Jean-Pierre Dubourgeat le développement de L'Hôpital, depuis le XVIIIe siècle « soutire peu à peu à sa rivale tous ses avantages jusqu'à la détrôner et finalement l'absorber »[15].
Le , le duc Charles-Albert de Savoie réunit les bourgs de Conflans et de L'Hôpital, pour former la commune d'Albertville, à laquelle on donna son nom[17] - [18]. La création prend effet officiellement le [18].
DĂ©mographie
Personnalités
- Henri Ract (1813-1883), natif, député de la Savoie au Parlement sarde (1848-1849)
Voir aussi
Bibliographie
- Les Cahiers du vieux Conflans consacrent des articles sur l'ancienne commue dans les n° 55, 76 et 128.
- Joseph Garin, Une ville morte : Conflans en Savoie. Guide historique et archéologique avec illustrations et plans précédé d'une Petite Histoire de l'Hôpital et de Conflans et d'un guide rapide de l'Hôpital-Albertville, vol. 7, Moûtiers, Recueil des mémoires et documents de l'Académie de la Val d'Isère, , 113 p. (lire en ligne)
- Marius Hudry, Histoire des communes savoyardes : Albertville et son arrondissement (vol. 4), Roanne, Éditions Horvath, , 444 p. (ISBN 978-2-7171-0263-5). ([PDF] lire en ligne).
- François Charles Uginet, Conflans en Savoie et son mandement du XIIe au XVe siècle, , 379 p. thèse de l'École nationale des chartes, prix de la meilleure thèse de l'année
Articles connexes
Liens externes
- « L'Hôpital », sur le site de mutualisation des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - sabaudia.org, Ressources - Les communes.
- [PDF] Jean-Pierre Dubourgeat, « Discours de réception de M. Jean-Pierre Dubourgeat, président de la société des Amis du Vieux Conflans - L'Hôpital-sous-Conflans aux derniers temps des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (XVIe – XVIIe siècles) », sur le site Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie - www.academiesavoie.org, , p. 11
Notes et références
- Hudry 1982, p. 49.
- Chanoine Adolphe Gros, Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie, La Fontaine de Siloé (réimpr. 2004) (1re éd. 1935), 519 p. (ISBN 978-2-84206-268-2, lire en ligne), p. 24..
- Discours Dubourgeat, 2016, p. 6.
- Louis Chabert et Lucien Chavoutier, Une vieille vallée épouse son siècle. Petite géographie de la Tarentaise, Gaillard (imp.), , 190 p. (ASIN B0014MF2PQ), p. 140.
- Louis Chabert, Les grandes Alpes industrielles de Savoie, Imprimerie Gaillard, 559 p., p. 52.
- Ruth Mariotte Löber, Ville et seigneurie : Les chartes de franchises des comtes de Savoie, fin XIIe siècle-1343, Librairie Droz - Académie florimontane, , 266 p. (ISBN 978-2-600-04503-2, lire en ligne).
- Discours Dubourgeat, 2016, p. 3.
- Discours Dubourgeat, 2016, p. 5.
- Discours Dubourgeat, 2016, p. 6 ; Abbé J. Gremaud, Documents relatifs à l'histoire du Vallais, t. 1, Lausanne, Georges Bridel, (lire en ligne), p. 319-320 (N°406)1235: frère guillaume de Chaumont, commandeur de la maison de l'Hôpital de Conflans, du consentement de Pierre de la Cluse, commandeur de la maison de l'hôpital de Salquenen et de Bernard, maître de la maison de l'Hôpital du Simplon. (la): « frater Willermus de Chomunt commendator domus hospitalis de Conflens, de consensu fratris Petri de la Clusa commendatoris domus hospitalis de Salqueno et fratris Bernardi, magistri domus hospitalis de Semplon ».
- Discours Dubourgeat, 2016, p. 4.
- Discours Dubourgeat, 2016, p. 7.
- Louis Falletti, « Éléments d'un tableau chronologique des franchises de Savoie », Revue savoisienne, t. 78, 1937, p. 133-215 (lire en ligne).
- Garin 1932, p. 7.
- Garin 1932, p. 6.
- Discours Dubourgeat, 2016, p. 2.
- Hudry 1982, p. 50.
- sabaudia.org.
- Hudry 1982, p. 38.