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L'Argent (film, 1928)

L'Argent est un film muet impressionniste réalisé par Marcel L'Herbier en 1928. Il adapte le roman éponyme d'Émile Zola, en le transposant dans la réalité contemporaine des années 1920. La haine de l'argent et de la spéculation sont mis en avant dans ce film qui mélange la réalité documentaire et une histoire fictive. Il est célèbre pour ses mouvements de caméra, dans un montage dynamique et subjectif.

L'image pulsion et l'esthétique du contemplatif caractérisent ce document cinématographique. Le parlant n'est pas encore là mais le cinéaste va suggérer le son par une perception subliminale en incorporant des images d'un orchestre, de danse, des vrombissements d'avion...

Résumé

Ă€ la bourse de Paris, la sociĂ©tĂ© Caledonian Eagle, en difficultĂ©s, veut lancer une augmentation de capital. Salomon Massias, actionnaire majoritaire, s'y oppose. Ă€ court de liquiditĂ©s, la Caledonian chute en bourse et entraĂ®ne dans son sillon la Banque Universelle de Nicolas Saccard, très exposĂ©e Ă  la Caledonian. Le banquier n'est pas dupe : Salomon Massias travaille pour une banque rivale, celle d'Alphonse Gunderman, qui souhaite mettre Saccard en difficultĂ©s[1] - [2] - [3].

En parallèle, le pionnier de l'aviation Jacques Hamelin est amenĂ© Ă  chercher des financements dans le cadre de ses expĂ©ditions aux outre-mers. Parvenant Ă  cacher l'Ă©tat rĂ©el de ses comptes, Saccard annonce ĂŞtre en mesure de trouver l'argent nĂ©cessaire pour recapitaliser sa banque et doubler ses fonds propres Ă  hauteur de 100 millions de francs. La rumeur se rĂ©pand : Saccard, que l'on croyait au bord de la ruine, aurait toujours des projets de dĂ©veloppement. Un intermĂ©diaire de Jacques Hamelin le rencontre le soir-mĂŞme pour lui proposer de financer les expĂ©ditions de l'aviateur pour la Guyane. Aux dires d'Hamelin, le territoire serait rempli de pĂ©trole. Le banquier y voit une occasion Ă  saisir. Saccard rencontre Gunderman pour lui proposer une paix mutuelle, mais la rencontre tourne Ă  l'aigre. Gunderman affirme Ă  son rival qu'il s'opposera toujours Ă  ses opĂ©rations spĂ©culatives. MalgrĂ© cet Ă©chec, Saccard parvient Ă  laisser croire aux financiers qu'il cĂ´toie que Gunterman est devenu son alliĂ©. Il s'associe Ă  Jacques Hamelin pour financer son expĂ©dition et devenir propriĂ©taire de la concession pĂ©trolière qui sera Ă©tablie en Guyane. Il mise ses dernières ressources sur cette opĂ©ration. Mais il ne se serait pas engagĂ© dans cette aventure s'il ne convoitait pas aussi l'Ă©pouse de Jacques Hamelin, Line[2] - [3].

L'annonce de cette opĂ©ration lui offre une formidable publicitĂ©. La Banque Universelle lance son augmentation de capital pour financer ce projet. Les souscripteurs affluent en masse pour participer Ă  l'Ă©mission d'actions nouvelles. Gunderman lui-mĂŞme achète 20 000 titres, qui progressent en bourse avec l'envolĂ©e d'Hamelin pour l'AmĂ©rique du sud. Une première information annonce le succès du voyage de l'aviateur : en ralliant la Guyane depuis Paris en 40 heures, Hamelin aurait Ă©tabli un record du monde. La foule fĂŞte cet exploit dans les rues de Paris. Mais le lendemain, Radio-Paris dĂ©ment et annonce que l'avion d'Hamelin aurait pris feu en terminant dans l'ocĂ©an. C'est la consternation. Saccard apprend cependant par tĂ©lĂ©gramme que son protĂ©gĂ© a bel et bien atterri Ă  un point diffĂ©rent de celui attendu. Le banquier profite de cette information privilĂ©giĂ©e pour faire des affaires : alors que les actions de la Banque Universelle chutent en bourse Ă  cause de l'Ă©chec prĂ©sumĂ© de l'expĂ©dition, Saccard envoie ses commis acheter massivement des titres de sa propre banque. L'annonce tardive du succès de l'aviateur fait ensuite remonter la valeur des titres, permettant Ă  Saccard de s'enrichir.

En Guyane, Hamelin dĂ©marre comme annoncĂ© une exploitation de pĂ©trole, mais les conditions climatiques sont rudes : sa santĂ© se dĂ©grade. En France, Saccard cherche pour sa part Ă  se rapprocher de Line, la femme d'Hamelin. Pour ce faire, il lui permet d'effectuer des dĂ©penses somptuaires Ă  crĂ©dit. Mais lorsque ses avances deviennent plus pressantes, Line le repousse. Saccard cherche alors Ă  la conquĂ©rir par le chantage : si elle l'accepte, il reprendra Ă  son compte les dettes qu'elle a contractĂ©es au nom de son mari. Sinon, Hamelin devra payer. Line rencontre alors la comtesse Sandorf, ancienne maĂ®tresse de Saccard, dĂ©sormais proche de Gunderman. Celle-ci pousse Line Ă  porter plainte contre Saccard pour falsification des comptes.

Pour la Banque Universelle, c'est la catastrophe. Le dépôt de plainte entame la confiance des investisseurs envers la banque, qui chute en bourse. Saccard est arrêté. Jacques Hamelin, qui revient en France pour des raisons de santé, est également emmené par la police du fait qu'il fait partie des associés de l'établissement. Gunderman propose alors de venir en aide à la Banque Universelle, à condition d'en devenir actionnaire majoritaire. Saccard est obligé d'accepter et se retrouve dépossédé de son affaire. Hamelin est acquitté au procès, Saccard condamné à six mois de prison. Mais lors de son incarcération, il promet à son gardien de lancer une nouvelle affaire qui pourrait les rendre riches l'un comme l'autre. L'homme accepte de prêter l'oreille au nouveau plan du banquier. Le film se termine sur cette image illustrant l'insatiable désir des hommes pour le pouvoir et l'argent.

Fiche technique

  • RĂ©alisateur : Marcel L'Herbier[2] - [4]
  • ScĂ©naristes : Arthur Bernède, Marcel L'Herbier[4] d'après l’œuvre d'Émile Zola[2]
  • Photographie : Jules Kruger
  • Direction artistique : AndrĂ© Barsacq, Lazare Meerson
  • Costumes : Jacques Manuel. Des bijoux de la comtesse Sandorf sont crĂ©Ă©s par Raymond Templier, des crĂ©ations gĂ©omĂ©triques, Ă©purĂ©es, Ă©tonnantes par leur modernitĂ©[2].
  • SociĂ©tĂ©s de production : SociĂ©tĂ© des CinĂ©romans, CinĂ©graphic. Ă€ propos de L'Argent, reconnu par la critique comme un film majeur de l'histoire du cinĂ©ma, Marcel CarnĂ© dĂ©nonça Ă  l'Ă©poque une certaine censure sur ce film « composĂ© en six mille mètres par son auteur et rĂ©duit Ă  trois mille par la volontĂ© de l'Ă©diteur ». Les producteurs ont souhaitĂ© adapter le film aux exigences d'une sortie commerciale[3]
  • Format : Muet - Noir et blanc - 1,33:1 - 35 mm
  • Genre : Film dramatique - romance
  • DurĂ©e : 195 minutes
  • Date de sortie :

Plusieurs scènes d'envergure sont filmĂ©es au Palais Brongniart, laissĂ© Ă  disposition du cinĂ©aste pendant plusieurs jours, avec 2 000 figurants pour illustrer la frĂ©nĂ©sie spĂ©culative pouvant rĂ©gner en ce lieu[2].

Distribution

Notes et références

  1. Peter Szendy, Le Supermarché du visible: Essai d'iconomie, Minuit (lire en ligne), « Scène coupée : les fluctuations de la caméra déchaînée (L'Herbier) »
  2. Pauline Castellani, « L’Argent de Marcel L’Herbier (1928), l’avant-garde de la création », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  3. « L'Argent, un film de marcel L'Herbier », sur DvdClassik
  4. « L"Argent », sur Première

Liens externes

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