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L'Affiche rouge (chanson)

L'Affiche rouge est une chanson s'inspirant d'un poème de Louis Aragon, chanté en 1961 d'abord par Monique Morelli, et ensuite par Léo Ferré qui en est le compositeur[1]. Il raconte l'histoire du « Groupe Manouchian » et s'inspire de Pages de gloire des 23 , livre constitué de nombreuses illustrations et informations exclusives, paru en février 1951, ce qui en fait la première publication rappelant l'action des combattants des FTP-MOI, résistants parisiens fusillés le 21 février 1944[2], dont le tiers était polonais. Leur chef de file était l'Arménien Missak Manouchian, d'où leur nom de "Groupe Manouchian".

Histoire

Quelques jours après la publication en 1951 du livre "Pages de gloire des 23", le conseil municipal de Paris débat le [3] d'une proposition, pour qu'une rue de Paris reçoive le nom de « Groupe Manouchian ». Un comité de soutien à la proposition réunit les conseillers municipaux du XXe arrondissement Albert Ouzoulias, ex soldat de Michel Manouchian, et Madeleine Marxin, rejoint par le FTP MOI de Toulouse, Claude Lévy. Mais sans succès.

Deux ans après, Claude Lévy, devenu un collaborateur du célèbre biologiste Frédéric Joliot-Curie, rédige en 1953 avec son frère aîné, l'éditeur d'art Raymond Lévy qui était dans la même 35e brigade FTP, dix nouvelles reprenant des épisodes authentiques de la Résistance[4]. La première raconte l'histoire de Michel Manouchian et son groupe. Communistes, les deux frères rejettent les offres de différents éditeurs pour s'adresser à Louis Aragon, directeur des Éditeurs français réunis mais il leur répond : « On ne peut pas laisser croire que la Résistance française a été faite comme ça, par autant d'étrangers. Il faut franciser un peu[5] ». Aragon avait en août 1951 préfacé la réédition d'un livre de lettres de fusillés, déjà paru en 1946, mais prenant la décision d'expurger celles des combattants FTP MOI.

Finalement, le [6], la mairie de Paris vote la réunion des impasses Fleury et du Progrès, dans le XXe, en une unique rue du Groupe-Manouchian. Louis Aragon est invité à l'inauguration mais le directeur des Lettres françaises, étant à Moscou, ne reçoit pas l'invitation à temps. A son retour, il écrit à Claude Lévy. « Utilisez mon nom, demandez-moi ce que vous voulez[7] » et ce dernier lui suggère d'écrire un poème

Aragon termine celui-ci pour que L'Humanité le publie à l'inauguration de la rue du Groupe Manouchian à Paris[8], le 6 mars 1955[9], en le titrant "Strophes pour se souvenir", puis l'inclue dans son recueil "Le roman inachevé" de 1956[10], ce qui apparat ensuite comme un « épisode insolite, sans lendemain » pour « consigner l'histoire de l'Affiche rouge (...) au purgatoire des affaires classées », le poème tombant ensuite dans l'oubli, avant d'émerger quand Léo Ferré le met en musique avec une série d'autres oeuvres d'Aragon.

Ce projet, évoqué dans l'émission radiophonique Avant-premières sur Paris-Inter en , ne sort finalement que dans l'album Les Chansons d'Aragon, en février 1961, sous le titre L'Affiche rouge, « l'une des chansons les plus célèbres » du répertoire de Léo Ferré[11], qui fait décoller son succès[12] - [13].

Références

  1. "Léo Ferré. Amour, anarchie", par Dominique Mira-Milos, en 1989
  2. "Retour sur l’Affiche rouge – Aimer la vie à en mourir", par Jean Pierre Debourdeau, 19 février 2004
  3. Table des débats. 1949-1959., p. 121, Hôtel de ville de Paris.
  4. R. & Levy , Une histoire vraie : nouvelles., Les Éditeurs français réunis, Paris, 1953.
  5. J. P. Liégeois, « Censure : Communistes, si vous saviez… », in L'Unité, no 607, p. 4 Parti socialiste français, Paris, 7 juin 1985.
  6. Table des débats. 1952-1955., p. 1776, Hôtel de ville de Paris.
  7. J. P. Liégeois, « Censure : Communistes, si vous saviez… », in L'Unité, no 607, p. 5 Parti socialiste français, Paris, 7 juin 1985.
  8. "Un "terroriste" arménien en France : Missak Manouchian", par Jacques Poitou, en 2018
  9. L. Aragon, « Groupe Manouchian », in L'Humanité, p. 1, Paris, 6 mars 1955.
  10. "Le roman inachevé" par Louis Aragon aux Editions Gallimard, en 1956.
  11. "Rino Della Negra, footballeur et partisan. Vie et mort d’un jeune footballeur des FTP-MOI du « groupe Manouchian » (1923-1944)" par Jean Vigreux et Dimitri Manessis, chez Libertalia en 2022
  12. "Dictionnaire amoureux de la chanson française" par Bertrand Dicale en 2016 chez Place des éditeurs en 2016
  13. "Jean Ferrat, le charme rebelle" par Raoul BellaĂŻche, en 2013 chez L'Archipel

Liens externes

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