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L'Écume des jours (film, 2013)

L'Écume des jours est un film français réalisé par Michel Gondry, sorti en 2013. C'est une adaptation cinématographique de l’œuvre de Boris Vian.

L'Écume des jours
Description de cette image, également commentée ci-après
Logo du film
RĂ©alisation Michel Gondry
Scénario Luc Bossi
Michel Gondry
Acteurs principaux
Sociétés de production Studiocanal
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Comédie dramatique, romance, fantastique
DurĂ©e 125 minutes
Sortie 2013

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Colin (Romain Duris) a une vie très agréable : il est riche, il aime les plats de son cuisinier Nicolas (Omar Sy) et il adore son pianocktail[1] et son ami Chick (Gad Elmaleh). Un jour, alors qu'il déjeune avec Chick, il apprend que celui-ci a rencontré une jeune fille prénommée Alise (Aissa Maiga) et avec qui il a une passion commune : l'écrivain Jean-Sol Partre.

Colin rencontre Chloé (Audrey Tautou) lors d'une soirée à laquelle Nicolas l'a invité. Ils tombent amoureux et se marient, mais Chloé tombe très malade pendant le voyage de noces. Au fur et à mesure, Chloé va de plus en plus mal, alors que la relation entre Chick et Alise se détériore…

Fiche technique

Icône signalant une information Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Production déléguée : Geneviève Lemal
Producteur associé : Julien Seul
Drapeau de la France France, Drapeau de la Suisse Suisse et Drapeau de la Belgique Belgique :

Distribution

L'actrice Audrey Tautou, pour la projection du film au Festival de Cannes 2013.

Production

Genèse et développement

Le roman L'Écume des jours de Boris Vian est publié en 1947. Il est porté à l'écran dans le film de 1968 de Charles Belmont. Michel Gondry avait découvert le roman grâce à son frère aîné. Il raconte : « Difficile de savoir ce qu'il reste de ma première lecture, de faire la part du souvenir réel et du souvenir reconstitué. Une image : la boucherie à la patinoire… Le sentiment que le livre appartient à une tradition du roman d’amour où l’on perd l’être aimé. Et puis cette idée, une idée de cinéma que j’ai eue bien avant d’être réalisateur : la couleur qui laisse peu à peu la place au noir et blanc[3]. » Luc Bossi propose à Michel Gondry de l'adapter et lui présente une ébauche de scénario. Michel Gondry déclare à ce propos : « On a retravaillé ensemble, mais on a gardé cette idée qu’il avait lui : ce grand atelier où le livre est fabriqué, au début de l’histoire. Cela montre pour moi que le livre est incontournable. Il est en acier, il est indestructible. Et cet endroit dit aussi que tout est écrit d’avance. Parce que, quand on lit L’Écume des jours, on sent que l’histoire est sur des rails, il y a un fort sentiment d’inéluctable. » Luc Bossi rapporte que « beaucoup de gens pensaient le livre inadaptable, il y a un jeu de mots à chaque phrase ! Mais de nombreux chapitres du roman étaient aussi naturellement cinématographiques, parce que Boris Vian était imprégné de pop culture, marqué par le cinéma, la science-fiction, le jazz[3]. »

Distribution des rĂ´les

Léa Seydoux et Jamel Debbouze ont été approchés pour jouer dans le film, mais ils étaient pris par d'autres projets. Les rôles principaux reviennent à Audrey Tautou et Romain Duris, qui s'étaient déjà croisés pour la trilogie de Cédric Klapisch : L'Auberge espagnole (2002), Les Poupées russes (2005) et Casse-tête chinois (2013).

Jacques Dutronc devait jouer le docteur Mangemanche. Il est finalement indisponible pour le tournage et Michel Gondry décide de le remplacer lui-même.

Tournage

Le réalisateur Michel Gondry à Paris, l'année de tournage du film.

Le film a été en partie tourné à Paris, notamment dans le 1er arrondissement sur le chantier des nouvelles Halles (lieu préféré de Colin). La scène de danse du Biglemoi a été tournée dans le Palais des Mirages du musée Grévin dans le 9e. Le tournage a également eu lieu dans le 19e : la Butte Bergeyre - rue Hecht (pour les extérieurs de l'appartement de Colin), escaliers entre les rues Manin et Lardennois, le siège du PCF (pour la salle des dactylos), la station Botzaris ou encore la voie ferrée de la ligne de Petite Ceinture. La scène du corbillard a été tournée rue Émile-Desvaux dans le 19°. Le mariage de Colin et Chloé a été tourné dans l'église Notre-Dame-de-la-Croix, dans Paris 20e.

Le tournage a également eu lieu en Seine-Saint-Denis : dans les studios Éclair à Épinay-sur-Seine, au marché aux puces de Saint-Ouen[4], à la patinoire de Saint-Ouen ainsi que dans l'hôpital Maison-Blanche à Neuilly-sur-Marne.

L'équipe s'est également rendue en Belgique. À Bruxelles, des scènes ont été tournées à l'Aegidium (conférence de Jean-Sol Partre), dans la Brasserie Verschueren (assassinat de Jean-Sol Partre) et l'Institut royal du patrimoine artistique (entretien d'embauche de Colin). À Seraing, une usine ESB a servi de décors à une usine d'armement. Le Jardin botanique national de Belgique à Meise a été utilisé pour les serres.

Paul McCartney, avec qui Michel Gondry avait déjà collaboré pour le clip de la chanson Dance Tonight en 2007, joue de la basse sur 4 morceaux de la musique originale, et il a également utilisé son instrument pour réaliser quelques effets sonores du film : par exemple, on peut l'entendre quand Colin joue avec les rayons du soleil comme si c'étaient les cordes d'une contrebasse[5].

Version internationale

En dehors de la France et de quelques pays, le film a été exploité en salles dans une version plus courte de 36 minutes, remontée par Tariq Anwar (nommé à l'Oscar du meilleur montage pour American Beauty). Cette version se veut plus « grand public » et plus éloignée de l'œuvre originale de Boris Vian[6]. Cette version sortira quelque temps plus tard en France en exclusivité dans le cinéma Publicis. Si 36 minutes ont été coupées, deux scènes ont été ajoutées. Michel Gondry explique : « Je ne crois pas qu’un film puisse exister sous une seule forme. Cette nouvelle version de L’Écume des jours est une proposition qu'on m’a donné l’opportunité et le temps de faire. Ce n’est pas du tout dans mon esprit une amputation mais plutôt une continuation du processus de montage »[7].

Accueil

Accueil critique

Les critiques sont relativement partagées, et donc le film reçoit un accueil relativement mitigé[8] - [9] dans de nombreux grands quotidiens[10]. Plusieurs titres comme Le Monde, Le Parisien et Télérama ont cependant publié deux critiques, une positive et une négative.

Critiques positives

  • Dans Le Monde, Isabelle Regnier loue la crĂ©ativitĂ© de Michel Gondry, qui selon elle a bien rendu l'univers foisonnant et surprenant de Boris Vian[11].
  • Dans Le Parisien : « Vous en avez rĂŞvĂ©, Michel Gondry l'a fait. L'ovni du cinĂ©ma français a osĂ© porter Ă  l'Ă©cran l'histoire d'amour de Colin et de ChloĂ©, minĂ©e par un nĂ©nuphar grossissant dans le poumon de la belle. L'univers perpĂ©tuellement fantasque du livre peut donner le vertige, notamment dans la première partie. La seconde, plus calme, plus tragique, dans un superbe noir et blanc, est d'une infinie beautĂ©. Les acteurs forment chacun une facette de ce rĂŞve Ă©veillĂ© »[12].
  • Dans Paris Match, Alain Spira vante « Bien secouĂ©, le cocktail cinĂ©matographique onirico-poĂ©tico-foldingue est dĂ©licieusement frappĂ©. Quel voyage extraordinaire il nous offre ! »[13].
  • Dans 20 Minutes, Caroline ViĂ© voit le film « Ă©blouissant visuellement et transporte le spectateur dans un univers loufoque et fascinant »[14]
  • Dans TĂ©lĂ©rama, Jacques Morice se dit convaincu que « le fameux roman de Boris Vian stimule l'imaginaire de Gondry, tout en le contraignant Ă  une certaine rigueur qui lui faisait parfois dĂ©faut encore. » Selon lui, « ce cinĂ©ma de visions est d'autant plus troublant qu'il est orchestrĂ© avec une apparente simplicitĂ©. Michel Gondry ne recourt pas Ă  une armada d'effets numĂ©riques. Son film est tout sauf spectaculaire. Car la mise en scène, très artisanale sinon archaĂŻque, porte sur le concret du quotidien. Le rĂ©alisateur ne s'attarde jamais sur ses inventions, il les filme comme en passant. C'est cette magie furtive, souterraine, qui sĂ©duit. »[15]
  • Dans les Cahiers du cinĂ©ma, pour Thierry MĂ©ranger « la force du film, schizophrène, mal aimable et fascinant, est de se tenir encore plus près de Vian qu'on aurait pu l’imaginer. »[16]

Critiques mitigées

  • Dans L'Express, Éric Libiot dĂ©crit Gondry « attachĂ© Ă  bricoler des images pour dĂ©caler le cours des choses, et rĂ©aliser, Ă  partir d'un drame amoureux, une jonglerie visuelle dont chacun ferait son miel secret. [...] Mais cette Écume des jours fonctionne surtout grâce Ă  un bricolage gĂ©nial et gondriesque (gondrique ?, gondriule ?) -dĂ©cors mouvants, jambes qui s'allongent, chaussures marchant seules, pianocktail, tourne-disque Ă  main, voiture-nuage -, qui tient lieu de parti pris esthĂ©tique, narratif, dramatique, formel, et finalement un peu formol. Ă€ force de clous, de cales et de vis, le film se montre de guingois et peine Ă  trouver sa juste place. Il en fait trop, s'Ă©puise, s'Ă©tire, s'ennuie, enchaĂ®ne les idĂ©es par peur d'en manquer, puis meurt Ă  cause d'un nĂ©nuphar qui, lui, n'a jamais eu le temps de s'Ă©panouir. »[17]

Critiques négatives

  • Dans Le Monde, Thomas Sotinel dĂ©plore que « L'Ecume des jours [...] lit le roman de Vian avec un enthousiasme qui n'est pas toujours communicatif. [...] On dirait que le film Ă©puise toute son Ă©nergie Ă  la construction d'un monde qui ne fait plus beaucoup de place Ă  ses habitants. »[18]
  • Dans Elle, Philippe TrĂ©tiack trouve que « Michel Gondry a tirĂ© un film qui est d'abord un tsunami d'images, de clips de pubs qui sĂ©duisent et enchantent puis finissent par noyer le spectateur. Dommage. »[19]
  • Dans Le Nouvel Observateur, Pascal MĂ©rigeau trouve que « tout cela sent l'effort et le rĂ©chauffĂ© [...] mais pour ne pas trouver ça niais, peut-ĂŞtre convient-il de n'avoir pas atteint encore les 13 ou 14 ans, bref d'avoir l'âge des lecteurs de L'Écume des Jours, qui est aussi celui qu'il plaĂ®t Ă  Gondry de donner Ă  croire qu'il ne l'a pas dĂ©passĂ©. »[20]
  • Dans Marianne, Danièle Heymann conclut : « Il faut se rendre Ă  l'Ă©vidence, dans la version Gondry du livre que nous avons tant aimĂ© ne demeure que l'Ă©cume... »[21]
  • Dans LibĂ©ration, Didier PĂ©ron intitule son article L'enclume des jours : « Si Gondry trouve des traductions bricolĂ©es aux images de Vian, s'il sature chaque plan d'idĂ©es, d'astuces, de surprises, de gadgets et de changements d'Ă©chelle, il ne peut jamais surmonter l'Ă©cueil d'un casting problĂ©matique [...]. Le règne des agents sur le cinĂ©ma français [...] s'illustre ici dans le blindage absurde du moindre recoin du film par des tĂŞtes d'affiche que plus grand monde n'a spĂ©cialement envie de voir en peinture. [...] La mise en scène ne parvient jamais en rĂ©alitĂ© Ă  amalgamer ces acteurs Ă  la pâte bizarre de l’imaginaire Gondry. Ils sont comme des corps investis de la seule poĂ©sie de leur notoriĂ©tĂ© et de la cote d’amour que leur prĂŞtent les producteurs. [...] Difficile de fabriquer de l'idĂ©al avec ce genre d'ingrĂ©dients. »[22].
  • Dans Les Inrockuptibles, Serge Kaganski est sans appel en titrant sa critique “L'Écume des jours”, une adaptation ratĂ©e avec en sous-titre « SaturĂ©e d’effets visuels en surface, jamais Ă©mouvante sur le fond, l’adaptation ratĂ©e du classique de Boris Vian. », et dĂ©nonce « le trop-plein de rĂ©tro et le trop-plein d’épate visuelle ». Il dĂ©crit : « Sur le papier, un Ă©vĂ©nement. Un livre patrimonial, qui n’est certes pas un grand roman mais la lecture obligĂ©e de tout ado français depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations, Ă©crit par le Beigbeder ou le ManĹ“uvre de l’ère jazzy Saint-Germain-des-PrĂ©s. Un casting [...] bankable [...]. Aux manettes, le rĂ©alisateur français le plus hollywoodien-virtuose-techno-chouchou mĂ©diatique, abonnĂ© au buzz. Tout cela faisait beaucoup pour un seul film et, après avoir vu le rĂ©sultat sur l’écran, voilĂ  notre sympathique et cher Michel Gondry mĂ»r Ă  point pour le proverbial retour de bâton. » Selon lui, les personnages sont « rĂ©duits Ă  des figurines, Ă©crasĂ©s par la dĂ©bauche d’effets spĂ©ciaux et de friandises visuelles qui saturent chaque centimètre carrĂ© de l’écran et chaque minute du film ». Il conclut « L’orgie visuelle dĂ©ployĂ©e par Gondry n’est pas une Ă©cume mais une vague, un puissant rouleau qui engloutit tout (acteurs, personnages, Ă©motions, spectateurs…) et nous laisse sur le sable, Ă©tourdi et hagard. »[23].
  • Dans TĂ©lĂ©rama, FrĂ©dĂ©ric Strauss se lamente : « On pouvait se rĂ©jouir que l'imaginatif Gondry se mette au service de l'imaginaire de Vian. Mais c'est l'inverse qui se produit. L'univers de l'Ă©crivain ne semble lĂ  que pour justifier les fantaisies d'un cinĂ©aste qui en rajoute dans le farfelu bricolĂ©, jusqu'Ă  Ă©touffer L'Écume des jours sous un amas de trouvailles bordĂ©lique. La signature de Gondry vampirise tout. Son art des petits mĂ©canismes merveilleux sombre dans un systĂ©matisme qui tue la poĂ©sie en la produisant Ă  la chaĂ®ne. [...] C'est plutĂ´t laid et ça ne produit pas de magie. A rendre vivants les moindres objets, le cinĂ©aste en oublie ce qui vit : les acteurs ; qu'il intègre Ă  ses installations, comme des jouets sur son manège. [...] les comĂ©diens ne semblent lĂ  que pour leur valeur marchande. Ă€ eux d'attirer le public. [...] Mauvaise donne. »[15].

Box-office

Le film n'attire que 47 000 spectateurs le premier jour de sa sortie française, un chiffre dĂ©cevant par rapport au budget de 20 millions d'euros mis sur le projet[24]. En France, Ă  la fin de son exploitation, le film totalisera 831 376 entrĂ©es[25].

Distinctions

RĂ©compenses

Nominations

Notes et références

  1. Le pianocktail est une contraction de piano et cocktail, une invention de Boris Vian
  2. (en) Dates de sortie sur l’Internet Movie Database
  3. « Secrets de tournage », sur Allociné (consulté le )
  4. Par Le 1 juin 2012 à 07h00, « La librairie des puces, héroïne de « l'Ecume des jours » », sur leparisien.fr, (consulté le )
  5. « «L'Écume des jours» sur la basse de Paul McCartney », sur RFI, (consulté le )
  6. L’Écume des jours amputé d'une demi-heure pour l'étranger ! - AlloCiné.fr
  7. L’Écume des jours : Michel Gondry sort en salles une version remontée - AlloCiné.fr
  8. « L'Ecume des jours : Les critiques presse » [vidéo], sur Allociné (consulté le ).
  9. « Mood Indigo (2013) - IMDb » [vidéo], sur IMDb (consulté le ).
  10. Voir la recension des critiques sur le site Allociné.
  11. Michel Gondry rêve l'écran sur Le Monde.fr, consulté le 9 mai 2013
  12. Le Parisien, « « l'Ecume des jours » : Un rêve éveillé * * », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Voir le rapport sur le site Allociné.
  14. Voir le rapport sur le site Allociné.
  15. Voir la critique sur le site de Télérama.
  16. Voir le rapport sur le site Allociné.
  17. Voir la critique sur le site de L'Express.
  18. Voir le rapport sur le site Allociné.
  19. Voir le rapport sur le site Allociné.
  20. Voir le rapport sur le site Allociné.
  21. Voir le rapport sur le site Allociné.
  22. L’enclume des jours de Gondry par Didier Péron, Libération, 23 avril 2013. Voir le rapport sur le site Allociné.
  23. L'écume des jours, une adaptation ratée par Serge Kaganski, sur LesInrocks.fr, consulté le 9 mai 2013
  24. L'écume des jours prend l'eau sur Le Figaro.fr, consulté le 9 mai 2013
  25. Box-office de l'Écume des jours

Liens externes

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