Krach boursier de 1882
Le krach de la bourse de Paris de 1882 est un krach des marchés financiers en France. C’est la plus grosse crise économique qu’ait connu la France au cours du XIXe siècle[1]. Le krach est dû à l'effondrement de l'Union générale en janvier. Environ un quart des courtiers en bourse étaient au bord de la faillite. La fermeture de la bourse fut empêchée grâce à un prêt de la Banque de France à la Compagnie des agents de change qui a permis à celle-ci de disposer de suffisamment de liquidités pour maintenir le fonctionnement du marché.
Raisons
Le cours de l’action de l’Union générale est passé de plus de 3 000 francs à son apogée à 500 francs en 1879[2]. Les investisseurs, voyant l'essor du marché, se sont engagés. Les spéculateurs ont également imprimé de la fausse monnaie ; ils ont renouvelé leurs contrats à terme dans l'espoir d'une hausse continue des prix[3].
Au fur et à mesure de la croissance du marché, les taux d'intérêt ont commencé à augmenter et les prêteurs ont commencé à exiger une prime. Les investisseurs, ne voulant pas payer cette prime, ne contractèrent plus aucun emprunt à des taux d'intérêt élevés. De ce fait, lourdement déficitaire et sans trésorerie, la banque fut rapidement surévaluée sur les marchés, et s'est effondrée. Des éléments très similaires à ceux qui ont déterminé le krach de 1929 s’étant produits, le cours de l'Union générale a commencé à chuter. La banque n'a pas remboursé tous ses fonds, et a fourni des rapports publics falsifiés, de façon que le cours ne s'effondre pas totalement. Entre le et le , le prix comptant de l’action est passé de 3 040 à 800 francs[3].
Après le krach
Le krach de 1882 a entraîné une récession qui a duré jusqu'à la fin des années 1880. Immédiatement après celui-ci, le fondateur de la banque, Paul Eugène Bontoux, a attribué sa chute au complotisme de la « finance juive » et de son alliée « la franc-maçonnerie gouvernementale », dont l’objectif aurait été de détruire les banques soutenant des programmes politiques conservateurs et catholiques, antienne reprise par le Moniteur de Lyon évoquant un « complot orchestré par une société de banquiers juifs « et un « complot germano-juif »[4].
Il est aujourd'hui admis qu'il n'y a pas eu de complot en vue de la destruction de la banque, mais on ignore toujours pourquoi son effondrement a été si dévastateur.
Lors du krach, 14 des 60 courtiers en valeurs semblaient être en situation de péril imminent, et 7 d'entre eux étaient complètement en faillite[5] - [6].
Anecdote
C'est après ce krach que le peintre Paul Gauguin, qui travaillait alors comme courtier en valeurs, décida de se consacrer à temps plein à la peinture.
Voir aussi
Références
- (en) Eugene N. White, « The Crash of 1882 and the Bailout of the Paris Bourse », Cliometrica, Journal of Historical Economics and Econometric History, Association Française de Cliométrie (AFC), vol. 1, no 2,‎ , p. 115-144 (lire en ligne, consulté le ).
- « Comment le Crédit Lyonnais devint sage », sur LExpansion.com, (consulté le ).
- « L’histoire des banques françaises, un éternel recommencement : le krach de l’Union générale désavoue la "banque à tout faire" (1/5) », sur La Tribune (consulté le ).
- (en) Niall Ferguson, The House of Rothschild : The World’s Banker : 1849-1999, t. 2, Penguin, , 544 p. (ISBN 978-1-10115-357-4, lire en ligne), p. 381.
- « Les krachs boursiers, une vieille histoire », lemonde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- David Le Bris, « Les Krachs boursiers en France depuis 1854 », Revue économique, vol. 61,‎ , p. 421-430 (lire en ligne).
Bibliographie
- Jean Bouvier, Le Krach de l'Union Générale (1878-1885), Presses universitaires de France, 1960
- Pierre-Cyrille Hautcoeur et Angelo Riva, "The Paris financial market in the nineteenth century: complementarities and competition in microstructures", Economic History Review, 2012
- Edouard Richard, "L'argent de Zola et le krach de l'Union Générale", document de travail disponible sur HAL SHS
- (en) Eugene N. White, The crash of 1882, counterparty risk, and the bailout of the Paris Bourse, Cambridge, Mass., National Bureau of Economic Research, , 38 p. (OCLC 255801281).