King Camp Gillette
King Camp Gillette, né le à Fond du Lac et mort le à Los Angeles, est un ingénieur et homme d’affaires américain, fondateur de la Gillette Company.
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(Ă 77 ans) Los Angeles |
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King Camp Gillette |
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(en) www.gillette.com |
Distinction |
Rasoir jetable (d) (), Gillette Company () |
Biographie
Issu d’une famille dont les ancêtres paternels de Gillette étaient des huguenots français qui ont trouvé refuge en Angleterre en 1572, après la Saint-Barthélemy, une ou deux générations plus tard, Nathan Gillette a quitté l’Angleterre, en 1630, pour rejoindre la nouvelle colonie de la baie du Massachusetts en Amérique du Nord, et certains de ses descendants ont participé à l’expansion des États-Unis vers l’Ouest[1].
Né dans le Wisconsin, Gillette grandit à Chicago, où sa famille a survécu au grand incendie de Chicago du 8 au 10 octobre 1871[2], mais le commerce familial est anéanti. Sa famille déménage à New York[3].
Dans les années 1890, alors qu’il vend des bouteilles pour l’entreprise Crown Cork & Seal Company, la vue des capsules de bouteilles, munies d’un sceau de liège jetées par les consommateurs après ouverture de la bouteille, lui fait voir l’intérêt de fonder une entreprise de produits réutilisables et jetables après plusieurs usages. À l’époque, on se rasait avec des rasoirs droits dont le fil exigeait d’être égalisé tous les jours sur un cuir à rasoir[4]. Les lames de rasoir existantes étaient relativement chères et s’émoussaient rapidement malgré l’affutage continu qu’elles nécessitaient. Un rasoir dont, seule, la lame pouvait être jetée lorsqu’elle serait émoussée répondrait à un besoin réel et serait probablement rentable.
Il existait déjà , avant la conception de Gillette, plusieurs modèles de rasoirs de sureté mais ceux-ci, développés au milieu du XIXe siècle, utilisaient toujours une lame forgée. Dans les années 1870, les frères Kampfe avaient introduit un type de rasoir dans ce sens[5] - [6]. Gillette a amélioré ces conceptions antérieures de rasoir de sécurité en introduisant la lame de rasoir emboutie à partir d’une feuille d’acier au carbone, dont la marge de profit était élevée. Le rasoir de Gillette s’est vendu par millions, au prix non négligeable de 5 $[7], qui correspondait alors à la moitié du salaire hebdomadaire moyen d’un ouvrier.
La conception des lames a représenté la partie la plus difficile du développement, car l’acier fin et bon marché était difficile à travailler et à affuter, ce qui explique le délai entre l’idée initiale et l’introduction du produit. Steven Porter, un machiniste travaillant avec Gillette, a utilisé les dessins de Gillette pour créer le premier rasoir jetable fonctionnel. William Emery Nickerson, un machiniste expert et partenaire de Gillette, a changé le modèle d’origine, en améliorant la poignée et le cadre afin qu’il puisse mieux supporter la lame en acier mince. Nickerson, qui devait, par la suite entrer au conseil d’administration de Gillette a conçu les machines pour produire en série les lames, et il a reçu des brevets pour durcir et affuter les lames[8] - [9] - [10].
Pour vendre son produit, Gillette a fondé l’American Safety Razor Company, le , avant de changer le nom en Gillette Safety Razor Company, en juillet 1902. Il a également déposé [11] son portrait ainsi que sa signature sur l’emballage du produit pour le protéger. Lorsque la production a commencé en 1903, il a vendu un total de 51 rasoirs et 168 lames[12]. La deuxième année, il a vendu 90 884 rasoirs et 123 648 lames[12], en partie grâce à bas prix, aux techniques de fabrication automatisée et à la bonne publicité. Les ventes et la distribution étaient gérées par une société distincte, Townsend and Hunt, qui a été absorbée par la société mère pour 300 000 $ en 1906. En 1908, la société avait établi des installations de fabrication aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne. Les ventes de rasoirs ont atteint 450 000 unités et les ventes de lames ont dépassé 70 millions d’unités en 1915. En 1917, lorsque les États-Unis sont entrés dans la Première Guerre mondiale, la société a fourni à tous les soldats américains un ensemble de rasoirs de campagne, payé par le gouvernement.
Gillette a mis son veto à un projet de vente des droits de brevet en Europe, estimant à juste titre que l’Europe fournirait à terme un très grand marché. À la suite d’un affrontement avec John Joyce, un autre directeur, pour le contrôle de l’entreprise, Gillette a fini par vendre à celui-ci, mais son nom est resté sur la marque. Dans les années 1920, alors que le brevet expirait, la Gillette Safety Razor Company a mis l’accent sur la recherche pour concevoir des modèles toujours améliorés, réalisant que même une légère amélioration inciterait les hommes à l’adopter[13].
Par la suite, il a beaucoup voyagé et sa photo sur les paquets de lames de rasoir l’a fait reconnaitre universellement. Les gens étaient surpris qu’il soit une vraie personne plutôt qu’une simple image de marketing[15].
Bien qu’il soit souvent cité comme inventeur du rasoir de sureté moderne, il est clair qu’il a eu des précédécesseurs. Il n’a fait qu’en inventer une version où le succès commercial a été au rendez-vous[16]. Sa vraie innovation réside en effet dans sa lame mince en acier estampé, peu couteuse et jetable[17] . Il est également souvent cité pour avoir inventé le soi-disant modèle commercial, où les rasoirs sont vendus à bas prix pour augmenter le marché des lames[18], mais en fait la Gillette Safety Razor Company n’a adopté ce modèle qu’après que ses concurrents l’ont fait[19]. À la fin des années 1920, Gillette était un habitué fréquent de Nellie Coffman, propriétaire du Desert Inn à Palm Springs, en Californie. On le voyait souvent errer dans le parc et le hall dans un vieux peignoir en lambeaux. Lorsqu’on a demandé à Coffman pourquoi elle permettait à ce pauvre type de trainer dans son établissement, elle a répondu : « Parce que c’est King C. Gillette. Il a pratiquement gardé cet endroit dans le noir ces dernières années[20]. » Pourtant, il était presque en faillite parce qu’il avait dépensé de grosses sommes d’argent pour sa propriété et que ses actions avaient perdu une grande partie de leur valeur à la suite de la Grande Dépression.
À sa mort, il a été enterré dans le Grand Mausolée du Cimetière de Forest Lawn Memorial Park à Glendale, Californie[21].
De Alanta « Lantie » Ella Gaines (12 octobre 1868-28 aout 1951), épousée en 1890, il a eu un enfant, King Gaines Gillette (18 novembre 1891-18 juin 1955).
Politique
Gillette était un adepte du socialisme utopique[22]. Il a publié un livre intitulé The Human Drift (en) (1894) préconisant la reprise de toute l’industrie américaine par une seule société publique nommée the United Company et que tout le monde aux États-Unis devrait vivre dans une ville géante appelée Metropolis alimentée par les chutes du Niagara. En 1910, il a publié World Corporation[23], prospectus pour une société créée pour créer cette vision. il a offert la présidence de la société, avec une rémunération d’un million de dollars à Théodore Roosevelt, qui a décliné son offre[24]. Le dernier ouvrage de Gillette, The People’s Corporation (1924)[25], co-écrit avec Upton Sinclair, a inspiré plus tard le sénateur Glen Hearst Taylor (en).
Gillette a été initié au rite d'York de la franc-maçonnerie[26] - [27] - [28] - [29] et initié au 3e degré in Adelphi Lodge à Quincy en juin 1901[20], jusqu’à son élévation au plus haut degré de Grand Maitre.
Publications
- (en) The Human Drift, .
- (en) World corporation, (lire en ligne).
- (en) The People’s Corporation (avec Upton Sinclair), .
Bibliographie
- (en) Russell B. Adams, The Man and His Wonderful Shaving Device, Boston, Little, Brown & Co., , 311 p. (ISBN 978-0-31600-937-9, lire en ligne).
- (en) « Advertising, Utopia, and Commercial Idealism : The Case of King Gillette », Cambridge Journals (consulté le ).
- (en) Gordon McKibben, Cutting Edge : Gillette's Journey to Global Leadership, Harvard Business School Press, , xi, 48 pl., 429 (ISBN 978-0-87584-725-2, OCLC 502984586, lire en ligne), p. 52 (légende)
Notes et références
- (en) Chaim M. Rosenberg, The Great Workshop : Boston’s Victorian Age, , 176 p. (ISBN 978-0-73852-468-9, lire en ligne), p. 43.
- (en) Russell B. Adams, The Man and His Wonderful Shaving Device, Boston, Little, Brown & Co., , 311 p. (ISBN 978-0-31600-937-9, lire en ligne).
- « Biography of King Gillette by Ron Kurtus - Succeed through Studying Biographies : School for Champions », sur www.school-for-champions.com (consulté le ).
- Art du Barbier, « Cuirs à rasoir », sur artdubarbier.com (consulté le ).
- (en) Frederic Kampfe et Otto F. Kampfe, « Safety-razor : U.S. patent no. 228,904 (filed : May 8, 1880 ; issued : June 15, 1880) », sur United States Patent and Trademark Office (consulté le ).
- (en) « The First Safety Razor », (version du 28 mai 2003 sur Internet Archive).
- Équivalent à 142 $ en 2019.
- (en) William E. Nickerson, « Abrading machine », sur U.S. patent no. 793,604 (filed: 19 March 1902 ; issued: 27 June 1905, (consulté le ).
- (en) William E. Nickerson, « Method of hardening », sur U.S. patent no. 812,442 (filed: 26 September 1903 ; issued: 13 February 1906), 1906) (consulté le ).
- Adams (1978).
- 0056921.
- (en) Joseph P. Spang, Look Sharp ! Feel Sharp ! Be Sharp !, Boston, Massachusetts, Newcomen Society of England, , 28 p. (lire en ligne), p. 15.
- Frank N. Magill, Great Events from History II : Business and Commerce Series, vol. 1:1897–1923, Paris, (lire en ligne), p. 75–79.
- (en) Gordon McKibben, Cutting Edge : Gillette's Journey to Global Leadership, Harvard Business School Press, , xi, 48 pl., 429 (ISBN 978-0-87584-725-2, OCLC 502984586, lire en ligne), p. 52 (légende).
- Une histoire de la société Gillette a déclaré que dans les pays non anglophones, les gens demandaient souvent des lames « du genre avec le visage de l’homme ».
- « K.C. Gillette Dead », New York Times,‎ (lire en ligne) :
« Made Safety Razor. His Invention Led to Output by His Company of Nearly a Billion Blades Annually. Fame Became World Wide. Wrote Books Favoring Organization of Super-Socialistic Concern to Abolish Competition's Evils… »
- Brevet US 775134 "Razor".
- Voir, par exemple, Richard Martin, « The Razor's Edge », The Industry Standard,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
- (en) Randal C. Picker, « The Razors-and-Blades Myth(s) », John M. Olin Law & Economics Working Paper, University of Chicago Law School, no 532,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Today in Masonic History : King Camp Gillette Passes Away », sur masonrytoday.com, (consulté le ).
- (en) Scott Wilson, Resting Places : The Burial Sites of More Than 14,000 Famous Persons, McFarland, , 3e Ă©d., 452 p. (ISBN 978-1-47662-599-7, lire en ligne), p. 280.
- (en) « Advertising, Utopia, and Commercial Idealism : The Case of King Gillette », Cambridge Journals (consulté le ).
- King Camp Gillette, World corporation, (lire en ligne).
- « No. 738 : King Camp Gillette » (consulté le ).
- King Camp Gillette, The people's corporation, Paris, (lire en ligne).
- (en) « Famous men members of Masonic Lodges » [archive du ], sur American Canadian Grand Lodge ACGL.
- (en) « Famous members of Masonic Lodges » [archive du ], sur Bavaria Lodge No. 935 A.F. & A. M..
- (en) « List of Famous Masons in the history » [archive du ], sur Highland Lodge No 762 F& A. M., Fort Wayne IN (consulté le ).
- (en) « Famous Freemasons in the course of history » [archive du ], sur St. John Lodge No 11 F.A.A.M. (consulté le ).
Liens externes
- (en) Site officiel
- Ressources relatives à la littérature :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :