Accueil🇫🇷Chercher

Khanasser

Khanasser (arabe : خناصر[1]), est un gros village du Nord de la Syrie qui dĂ©pend administrativement du canton (nahiĂ©) du mĂŞme nom et du district d'al-Safira dans le gouvernorat d'Alep. C'est l'un des vingt-quatre villages de la vallĂ©e de Khanasser qui comprend elle-mĂŞme une population de 11 000 habitants environ[2]. Khanasser comprenait 2 397 habitants au recensement de 2004. Il est Ă  60 kilomètres au sud-est d'Alep.

Khanasser
Administration
Pays Drapeau de la Syrie Syrie
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 35° 47′ 00″ nord, 37° 29′ 00″ est
Localisation
GĂ©olocalisation sur la carte : Syrie
Voir sur la carte administrative de Syrie
Khanasser

    Le village se trouve sur le site antique de la cité d'Anasartha, entourée de remparts; Malalas indique qu'il s'agissait d'un kastron (colline fortifiée et colonisée) qui reçoit le statut de polis sous l'empereur Justinien II. Un qanat datant de l'époque byzantine qui desservait en eau toute la zone était en service depuis cette époque, jusqu'au XXe siècle. Selon Robert L. France, des vestiges byzantins d'Anasartha « sont visibles dans les rues, dans les murs nouvellement construits, et à l'intérieur des maisons d'habitation » dans le Khanasser d'aujourd'hui[3].

    Histoire

    Stèle de la déesse Al-Lat (Ier siècle) mise à jour aux environs de Khanasser.

    La cité d'Anasartha appartenait à la province romaine de Syria Prima et avec les villages environnants, l'endroit connaît une période florissante entre le IVe siècle et le VIe siècle. La majorité des maisons et églises découvertes dans les fouilles archéologiques datent de cette période. L'église d'Anasartha, elle-même, date de l'an 426[4].

    Son évêque Maras prit part au concile de Chalcédoine en 451, et son successeur Cyrus fut l'un des signataires la supplique adressée par les évêques de la province en 458 à l'empereur Léon le Thrace afin de protester contre le meurtre de Protérius d'Alexandrie[5] - [6].

    Un autre évêque fit construire un « refuge » à Bouz al-Khanzir, situé non loin, en 506-507[7]. Anasartha n'est plus aujourd'hui qu'un siège titulaire de l'Église catholique[8]. La ville est abandonnée au moment des invasions perses et arabes.

    Histoire récente

    C'est au début du XXe siècle que l'endroit est de nouveau habité et les vestiges archéologiques servent de pierres. Il est alors colonisé par des immigrants circassiens[9] venant de Manbij.

    Le qanat a cessĂ© de fournir en eau le village, après la mise en fonctionnement de puits animĂ©s par des pompes en 1975, Ă  l'ouest de la vallĂ©e de Khanasser. Cette structure de 12 kilomètres de longueur a Ă©tĂ© dĂ©crite par HamidĂ© en 1959, comme pouvant dĂ©charger 8 litres par seconde, irriguant ainsi une surface de 0,15 km2 (37 acres)[10].

    En 2013, lors de la guerre civile syrienne, Khanasser est prise par les rebelles le , mais le régime syrien la reprend le [11] - [12].

    En 2016, Khanasser est prise par l'État islamique le , puis reprise par le régime le 25[13] - [14]

    Épigraphie

    Plusieurs inscriptions sur pierre et épigraphes ont été découvertes sur le site d'Anasartha. Par exemple, une inscription de l'an 425 marque le lieu d'inhumation de la reine Mavia, qui fut à la tête des tribus tanukhides dans leur révolte contre les autorités romaines à la fin du IVe siècle[15]. Des inscriptions datant de la fin du VIe siècle et du début du VIIe siècle comprennent un linteau sur lequel on peut lire:

    Par les dons de (sa) majesté (la) cité, méprisant l'incursion des barbares, a inscrit sur ses portes le nom de ses bienfaiteurs, (le) Christ Sauveur, (ses) souverains glorieusement victorieux, (le) fameux (commandant), les préfets du prétoire, aussi ? son très saint évêque, (et le?) très glorieux architecte, au mois de Gorpieos (septembre), de la 906e (?) année, indiction 13. + Jésus-Christ, Emmanuel. + Dieu au-dessus de tout[16].

    Une autre inscription à la porte de la cité mentionne:

    + (Phocas) et Léontia, nos souverains très pieux, que Dieu les protège ! + rameau pieux issu d'une race noble, Grégoire, le renommé, paré des fruits de sa vertu, a présenté à Dieu ce rempart, en défense de son propre pays. Indiction 8, de l'année 916e[17].

    Geoffrey Greatrex et Samuel N. C. Lieu ont observé que les constructions se sont poursuivies à Anasartha au VIIe siècle et que les épigraphes ont révélé une certaine résistance des autorités romaines face à l'invasion des Perses.

    Notes et références

    1. (en) France, 2007, p. 243
    2. (en) T.L. Nielsen et M.A. Zöbisch, « Multi-factorial causes of land-use change: land-use dynamics in the agropastoral village of Im Mial, northwestern Syria », John Wiley & Sons, vol. 12, no 2,‎ , p. 143–161 (DOI 10.1002/ldr.445, lire en ligne)
    3. (en) France, op. cité, p. 244
    4. (en) Kennedy, 2006, p. 165.
    5. (la) Michel Lequien, Oriens christianus in quatuor Patriarchatus digestus, Paris 1740, vol. II, coll. 787-788
    6. Siméon Vailhé, v. Anasartha, in Dictionnaire d'Histoire et de Géographie ecclésiastiques, vol. II, Paris 1914, col. 1439
    7. (en) Kennedy, 2006, p. 166.
    8. (it) Annuario Pontificio 2013 (Libreria Editrice Vaticana 2013 (ISBN 978-88-209-9070-1)), p. 832
    9. (en) Alois Musil, Palmyrena, A Topographical Itineray, American Geographical Society, 1928
    10. (en) France, 2007, p. 244.
    11. Syrie: prise stratégique pour les rebelles, Le Figaro et AFP, 26 août 2013.
    12. Syrie : les forces de Bachar Al-Assad rouvrent une voie d'accès à Alep, Le Monde avec AFP et Reuters, 7 octobre 2013.
    13. Syrie: l'EI coupe une route vitale pour le régime près d'Alep, AFP, 22 février 2016.
    14. L'armée syrienne reprend Khanasser à l'EI, Le Figaro avec Reuters, 25 février 2016.
    15. (en) Ball, 2001, p. 98–102.
    16. (en) Greatrex et Lieu, 2002, p. 244, 245.
    17. (en) Greatrex p. 244

    Bibliographie

    • (en) Robert France, Handbook of Regenerative Landscape Design, 2007, CRC Press. (ISBN 0-8493-9188-1), (ISBN 978-0-8493-9188-0).
    • (en) Geoffrey Greatrex & Samuel N. C. Lieu, The Roman Eastern Frontier and the Persian Wars, 2002, Routledge. (ISBN 0-415-14687-9), (ISBN 978-0-415-14687-6).
    • (en) Hugh Kennedy, The Byzantine and Early Islamic Near East, 2006, Ashgate Publishing, Ltd. (ISBN 0-7546-5909-7), (ISBN 978-0-7546-5909-9).
    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.